Le fort Numéro-Un: avant-garde technologique

Lieu historique national des Forts-de-Lévis

Le Fort-Numéro-Un en chantier ? Non, il s'agit plutôt du Fort Staddon au sud de l'Angleterre, en janvier 1863.
Vue du Fort Staddon au sud de l'Angleterre, en janvier 1863.
© Royal Engineers Library, Angleterre

Dès le début des travaux de construction du fort Numéro-Un, la fébrilité règne sur le site. De nombreuses innovations technologiques contribuent à l'ingéniosité du chantier.

Sous les ordres des ingénieurs royaux, près de 500 soldats, artisans et manœuvres travaillent à coups de masse et d'invention. Pendant les sept années du chantier, les ingénieurs militaires suivent l'actualité industrielle. Ils adoptent les innovations techniques et les adaptent aux besoins du chantier.

À diverses étapes de la construction, on assiste à des primeurs canadiennes. Ainsi, lorsque des arpenteurs font le relevé topographique de la région en 1864, ils mesurent la pointe de Lévy à la chaîne d'arpenteur et aux théodolites, méthode utilisée en Irlande et en Angleterre. Résultat : une carte assez précise pour montrer les croix de chemin et les lignes télégraphiques. Du jamais vu au Canada !

Les travaux débutent durant l'été 1865. Aux trois forts s'ajoute le camp des ingénieurs royaux, un quai et un réseau de communication entre les berges du fleuve.


La fabrication du béton, maquette de Bernard Brière
Maquette d'ouvriers travaillant à la fabrication du béton

Nouveaux produits, nouvelles expériences

Construit par les militaires, le fort Numéro-Un est achevé en 1872, alors que les deux autres, construits par l'entreprise privée, sont terminés en 1869. Une fois le fossé creusé et déblayé, il faut le ceinturer de murs pour empêcher l'affaissement des côtés. Pour parer au manque de main-d'œuvre spécialisée, les ingénieurs se tournent vers l'industrie. Ils optent pour un mur intérieur en ciment noir «Gauvreau» de Québec, coulé dans un coffrage en pierre. Une autre première au Canada ! En plus des innovations techniques apparaissent de nouveaux équipements lourds et des matériaux de construction. Des moteurs à vapeur actionnent les machines du chantier. Des concasseurs et mélangeurs activent la préparation du béton. Plusieurs expériences portent sur la réaction des matériaux au gel. Le béton est-il armé pour résister aux hivers québécois ? Le ciment noir de Québec peut-il remplacer le ciment Portland ? L'asphalte est-il un imperméabilisant fiable ?

Ce chantier militaire n'est cependant pas gardé sous le sceau du secret. Il attire un flot de visiteurs, dont un grand nombre de touristes... américains.

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