Les paysages vivants de SG̱ang Gwaay : renforcer la terre et ses habitants dans un climat changeant

Le rapport de Parcs Canada sur la conservation de 2018 à 2023

Priorité en matière de conservation
Le leadership autochtone en conservation
Emplacement
Réserve de parc national, réserve d’aire marine nationale de conservation et site du patrimoine haïda Gwaii Haanas, cogéré par la Nation haïda et le Canada par l’entremise du Conseil de gestion de l’archipel, Colombie-Britannique

Lorsque les vents de la force d’un ouragan ont abattu plus d’une centaine d’arbres à SG̱ang Gwaay en 2018, de précieux matériaux archéologiques et des renseignements sur l’histoire écologique de l’île ont été révélés. La Nation haïda et Parcs Canada ont profité de l’occasion pour commencer à restaurer le système écoculturel de l’île en appliquant un cadre de connaissances fondé sur plus de 12 000 ans d’utilisation et de gestion des ressources haïdas.

Le projet « Les paysages vivants de SG̱ang Gwaay » a soutenu le renforcement des terres et de ses habitants dans un climat changeant, travaillant à l’atteinte de l’objectif à long terme de restauration du paysage écoculturel de SG̱ang Gwaay, qui était autrefois florissant.

Points saillants du projet

  • La réalisation de trois années de recherche avec les Haïdas et des partenaires externes pour examiner les archives écologiques et culturelles.
  • Une amélioration de la résilience aux changements climatiques grâce à l’atténuation du nombre d’arbres abattus par les vents et au nettoyage des débris.
  • Une protection et promotion accrues de la croissance de la végétation importante sur le plan culturel.
Quatre poteaux en bois se dressent parmi des rondins couverts de mousse, au milieu d’une forêt. L’arrière-plan est une petite baie protégée, avec l’océan au-delà.

Le village haïda de SG̱ang Gwaay Llnagaay dans la réserve de parc national, la réserve d’aire marine nationale de conservation et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas. Photo : Brady Yu/Parcs Canada

Contexte

Panorama aérien de nombreuses petites îles boisées se détachant du littoral. Des îles parsèment l’horizon, tandis que des montagnes se profilent au loin.
La réserve de parc national, la réserve d’aire marine nationale de conservation et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas sont un archipel reconnu pour ses forêts pluviales tempérées, sa faune diversifiée et sa culture haïda. Photo : Rogier Gruys/Parcs Canada

La réserve de parc national, la réserve d’aire marine nationale de conservation et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas sont gérés conjointement par la Nation haïda et Parcs Canada par l’entremise du Conseil de gestion de l’archipel, qui est composé d’une représentation égale des deux parties. SG̱ang Gwaay est une île plus grande entourée de 27 petits îlots, situés dans le coin sud-ouest exposé de Gwaii Haanas.

Une douzaine de poteaux en bois couverts de mousse se dressent dans un pré, alignés le long d’une plage rocheuse. De grands arbres sont visibles dans l’arrière-plan boisé.
Des mâts monumentaux se dressent dans le village haïda de SG̱ang Gwaay Llnagaay. Photo : Peter Moore/Parcs Canada

Le village haïda de SG̱ang Gwaay Llnagaay, désigné site du patrimoine haïda et site du patrimoine mondial de l’UNESCO, se trouve dans le creux d’une baie abritée du côté est de l’île. Il est important pour les Haïdas, car les restes et les esprits de nombreux ancêtres y résident. Le village, qui se compose maintenant de mâts mortuaires, frontaux et commémoratifs dressés et tombés, de fosses de maisons et de poteaux et de poutres de maisons longues, a été occupé jusqu’au XIXe siècle, lorsque la population haïda a été décimée par des épidémies. Les gardiens de Haida Gwaii occupent encore ce village et en prennent soin du printemps à l’automne. Ils protègent des zones sensibles d’une grande importance culturelle et renseignent les visiteurs sur l’histoire haïda.

La tempête de 2018

De nombreux arbres tombés, racines exposées, gisent parallèlement à une petite baie. Ils sont entourés d’une grande forêt et d’une promenade en bois.
Les conséquences des vents de la force d’un ouragan qui a frappé SG̱ang Gwaay en 2018 ont fait tomber des arbres, révélé des matériaux archéologiques cachés et fourni de nouvelles informations sur l’histoire écologique de l’île. Photo : Rogier Gruys/Parcs Canada

Les dommages causés par la tempête de 2018 produisant des vents de la force d’un ouragan ont eu une incidence importante sur les caractéristiques culturelles et naturelles de SG̱ang Gwaay Llnagaay. Le déracinement d’arbres massifs a exposé l’histoire écologique de l’île et perturbé les anciens planchers de maisons longues, déterrant des milliers de biens culturels, y compris des outils d’os de mammifères, des perles de troc et des banques de semences.

Travailler ensemble

À côté d’une boîte en bois remplie de terre, Gusdagang Mary Hart étudie un objet couvert de terre dans sa main. Jaahljuu Graham Richard se penche pour regarder.
Gusdagang Mary Hart, agente de la gestion des ressources culturelles, et Jaahljuu Graham Richard, membre du conseil d’administration du musée de Haida Gwaii, examinent une découverte lors de l’excavation de la maison 10 de SG̱ang Gwaay. Photo : Peter Moore/Parcs Canada

Avec la permission du Haida Hereditary Chiefs Council, le Conseil de gestion de l’archipel a approuvé l’excavation et la cartographie des zones perturbées sur le site. Depuis 2019, le musée de Haida Gwaii et les gardiens de Haida Gwaii ont guidé les archéologues de Parcs Canada avec leurs connaissances traditionnelles pour entreprendre en collaboration des travaux sur le terrain.

Résultats

Sous un arbre déraciné, Ian Sellers, Jenny Cohen et Katie Dierks quadrillent le site, prennent des notes et coupent des racines, avec des seaux à portée de main.
Les membres de l’équipe d’archéologie de Parcs Canada, Ian Sellers, Jenny Cohen et Katie Dierks, s’attaquent au retrait des racines à la maison 10, SG̱ang Gwaay. Photo : Stephanie Fung/Parcs Canada
Une main tient une roche de couleur sombre, de la taille de la paume, sculptée de motifs complexes.
Une sculpture d’argilite trouvée dans les planchers exposés de Naa G̱a Agang is Guuda (la maison des gens qui souhaitent être là). Photo : Parcs Canada

À compter de 2023, les matériaux archéologiques découverts sur le site sont traités et analysés au musée de Haida Gwaii, le domicile légitime des biens culturels haïdas.

Les données de référence écologiques sont liées aux données archéologiques. L’analyse des banques de semences déterrées a permis de commencer à déterminer les concentrations de semences et la matière végétale. L’histoire écologique révélée par les arbres déracinés éclairera les stratégies de restauration future de l’habitat, comme la replantation d’arbres et d’arbustes d’importance culturelle dont le nombre a été réduit par l’envahissement du K’aad (cerf à queue noire de Sitka), et pour la réduction des effets futurs des changements climatiques à Gwaii Haanas en renforçant le sous-bois forestier.

L’équipe du projet a collaboré avec la société forestière haïda Taan Forest, qui a fourni des conseils sur la protection des Ts’uu (cèdres rouges de l’Ouest) de la région et de leurs futurs semis. Sur le site du village, 25 semis Ts’uu ont été protégés, 24 semis K’ay (pommetier du Pacifique) ont été plantés, et des boutures de quatre chèvrefeuilles à involucres, quatre Yaanang xilG̱a (gadellier laxiflore) et quatre Jiitl’l (sureau à grappes) ont été plantées. De plus, huit K’aad invasifs ont été retirés de SG̱ang Gwaay pour mieux protéger et promouvoir la croissance de la végétation culturellement importante sur l’île.

Quatre petits oiseaux de mer gris-bleu, au corps massif et au ventre blanc, décollent de l’eau et volent très près de la surface.
Le guillemot à cou blanc prend l’envol dans la réserve de parc national, la réserve d’aire marine nationale de conservation et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas. Photo : Carita Bergman/Parcs Canada

En collaboration avec la Laskeek Bay Conservation Society, le projet a également cartographié les colonies de S̲Gin X̲aana (guillemot à cou blanc) près du village et élaboré des mesures d’atténuation pour les travaux effectués à proximité de cette espèce préoccupante. La protection de cette espèce comprenait également la mise en œuvre de mesures actives d’éducation et de biosécurité pour maintenir à zéro la présence de Kaagan (rat) envahissant SG̱ang Gwaay.

Portrait de Camille Collinson en uniforme de Parcs Canada.
« La vision consiste à restaurer SG̱ang Gwaay d’une manière qui soit guidée par la loi haïda et qui favorise une utilisation culturelle continue du village. » [Traduction]
—Camille Collinson, gestionnaire de projet CoRe, Parcs Canada

Vidéo

Regardez comment la Nation haïda et Parcs Canada plongent dans l’histoire de SG̱ang Gwaay grâce au projet « Les paysages vivants : renforcer la terre et ses habitants dans un climat changeant ».

Transcription

*bruits de vagues qui se brisent sur une plage* *Chant Haida comme musique de fond tout au long de la vidéo*

SG̱ang Gwaay est vraiment un endroit spécial.

C’est un site magnifique où l’on trouve des pièces d’architecture et d’art

ainsi que des vestiges de l’histoire

Par exemple, les poteaux encore debout racontent une belle histoire sur des personnes qui ont vécu ici.

En 2018, il y a eu une violente tempête de la force d’un ouragan.

De nombreux arbres ont perdu leur cime et de nombreux autres sont tombés.

Tous ces arbres sont tombés derrière le village et autour de la promenade, ce qui a causé beaucoup de dégâts.

L’un des sites les plus sacrés que je connaisse sur Haida Gwaii a subi des dommages.

Quand je me suis rendu sur la plage à l’arrière et que j’ai vu le nombre d’arbres qui étaient tombés d’un seul coup

cela m’a donné l’impression d’être dans un endroit complètement différent, ce n’était plus le même.

Lorsque je regarde autour de moi, que je m’arrête à ce que je ressens, je suis triste pour ce site.

Mais vous savez, face à la tragédie, vous pouvez parfois trouver une façon de tirer le meilleur parti d’une situation.

Ces arbres tombés, bien que cela soit tragique, offrent une occasion de comprendre

le mode de vie de notre peuple à une période de transition.

Ces arbres ont soulevé des planches de planchers

et dévoilé un instantané de cette vie au quotidien, ce qui nous a permis d’interpréter la vie de nos ancêtres et de communiquer très clairement avec eux.

C’était très excitant parce que cela nous a permis en quelque sorte de découvrir ce que les gens faisaient dans leur maison à cette époque.

Cela nous donne vraiment l’occasion d’explorer SG̱ang Gwaay d’une tout autre manière que dans le passé.

Pour des raisons de sensibilité spirituelle et culturelle, aucune fouille vraiment approfondie n’avait été réalisée.

C’est une première... et c’est vraiment passionnant.

C’est la première année d’un projet de trois ans. Cette année, nous nous sommes concentrés sur deux endroits prioritaires identifiés en 2019

la maison 3 et la maison 10. La maison 10, qui est la maison des gens qui souhaitent être là, est celle que vous voyez juste derrière moi.

C’était une maison de chef. Elle se trouvait en quelque sorte au centre du village

juste à côté d’un petit ruisseau qui le traverse et qui débouche sur la plage.

- Nous avons aussi trouvé cette palourde pigmentée

Je veux en examiner toutes les parties. - Bon!

Il s’agit d’une maison dont le plancher de l’espace habitable a été soulevé par deux arbres qui sont tombés.

Nous faisons des fouilles pour mieux comprendre ce qu’était cet espace, et quelles activités y étaient menées.

Donc cet arbre est tombé et a soulevé toutes les planches du plancher de cette maison longue.

C’est comme si on ouvrait un coffre aux trésors. On ne sait jamais ce que l’on va trouver.

L’un des aspects extraordinaires de ce projet, c’est que mon équipe possède des connaissances diverses

et qu’en travaillant avec les gardiens et le personnel du Haida Gwaii Museum, j’ai appris sur les perspectives locales

ce qui m’aide vraiment à comprendre ce que signifient ces artefacts que l’on trouve dans le sol.

Dans le monde haïda, avoir une telle chose comme un... C’est le seul endroit que j’ai visité où on utilise le quartz de cette façon. Oui.

La préservation est étonnante ici.

Habituellement, les éléments comme le bois, les graines et les matières organiques ne se conservent pas si bien sur la côte.

Mais dans cette maison, ils sont très bien conservés.

Cela nous donne une idée de ce qui s’est passé avant que les habitants quittent le village.

La maison 3 est la maison du tonnerre qui gronde

et c’est la maison du chef Nansdins

Elle se caractérise par sa structure semi-souterraine

qui comporte deux plateformes creusées dans le plancher de la maison.

- Ces hommes avaient l’habitude d’y descendre. Ce mur avait probablement déjà un angle de 45 degrés. - Bien, c’était juste comme celui-là, comme celui en avant.

Grâce à nos fouilles, nous nous sommes rendu compte que le sol est principalement constitué d’ancien gravier de plage bien drainé.

Donc, il y a quelques milliers d’années, le niveau de la mer était un peu plus élevé dans cette zone et cela aurait laissé une plage.

- Cela a été enlevé. - C’était le lieu d’entreposage de l’argilite.

Ils sont en fait au niveau du plancher de la maison en ce moment.

On pourrait en fait voir les planches du plancher et les sangles qui les maintenaient ensemble.

Il y a quelques artefacts provenant de la maison 10 qui nous emballent vraiment.

Des ornements de mousquet et des articles tombés dans les fentes entre les planches. Des boutons, des perles... tout ce à quoi vous pouvez penser.

J’aime vraiment ça. J’aime beaucoup voir un bouton que je pourrais avoir sur ma couverture et qui est incrusté dans une planche de plancher d’une maison longue.

Mon esprit s’envole directement vers le potlatch qui s’est déroulé dans cette maison, où cette personne dansait et où le bouton s’est détaché

j’imagine la scène et j’adore la sensation. Tu sais ce que je veux dire? Oui, bonne sensation.

C’est tellement amusant d’être témoin de la continuité de la culture.

- Donc c’est exactement le même endroit.

Les pièces d’argilite sont vraiment intéressantes à mon avis, parce que je suis aussi sculpteur et que voir quelque chose, vous savez

vous savez, vous fait vous demander qui l’a touchée en dernier ou qui était la personne qui l’a rangée sous le plancher avec ses outils

en prévoyant manifestement de revenir.

- Regarde de l’autre côté! C’est le visage, probablement celui de cette sculpture originale en argilite.

- Oh mon Dieu!

- C’est la section correspondante. - Oui, super!

- C’est trop bien!

- Super! C’est magnifique!

- Ça concorde pas mal bien!

La présence humaine à SG̱ang Gwaay remonte à 10 700 ans

Entre cette époque et aujourd’hui, il y a de nombreux intervalles non documentés, et il serait très intéressant de voir

comment nous pouvons les combler.

- Quelle est la prochaine étape?

- À mi-chemin dans la pente de cette colline? - Bien sûr.

J’ai hâte d’aller de l’avant cette année avec le groupe et d’établir une chronologie plus précise sur le plan scientifique

qui correspond à notre chronologie très détaillée tirée de l’histoire orale.

Pour en savoir plus

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