Mieux cohabiter avec les bélugas

Le rapport de Parcs Canada sur la conservation de 2018 à 2023

Priorité en matière de conservation
La restauration et le rétablissement
Emplacement
Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, Québec

Parcs Canada et la Société des établissements de plein air du Québec, cogestionnaires du Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, collaborent avec plusieurs partenaires, les communautés locales et autochtones, les usagers du parc et des entreprises d’observation des baleines afin d'offrir un environnement plus calme pour les bélugas du Saint-Laurent, protéger le milieu marin et s’assurer qu’il soit utilisé de façon durable.

La mise en place et le respect des mesures de gestion du trafic maritime élaborées conjointement avec les utilisateurs ainsi qu’une augmentation des efforts de sensibilisation ont permis de réduire le dérangement, les risques de collision entre les embarcations et les baleines et le bruit sous-marin.

Ce travail collaboratif permet de protéger l'habitat essentiel des bélugas du Saint-Laurent, un effort essentiel pour rétablir leurs populations et pour protéger l’aire d’alimentation des baleines migratrices.

Points saillants du projet

  • Un respect de 98 % à l’égard de la fermeture saisonnière de la baie Sainte-Marguerite à la navigation.
  • Une hausse de 135 % du respect de la mesure de réduction de vitesse à l’embouchure du fjord du Saguenay.
  • Un taux d’adhésion de 100% des entreprises d’excursions aux baleines de ne pas naviguer dans le secteur de conservation de l'estuaire moyen.
Deux bélugas nagent côte à côte dans une eau ridée. L’un d’eux lève la tête au-dessus de la surface tandis que le dos incurvé de l’autre émerge.

Deux bélugas nagent dans les eaux riches du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Photo : Renaud Pintiaux/Parcs Canada

Contexte

Un groupe de cinq bélugas, dont seul le dos blanc incurvé émerge de l’eau, nage en ligne dans des eaux calmes et grises.
Des bélugas au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Photo : Sophie Deschamps/Parcs Canada
Un groupe de cinq bélugas nage en formation serrée, près de la surface, montrant la forme complète de leur corps blanc.
Étant une espèce sociale, les bélugas se déplacent souvent en groupe. Photo : Renaud Pintiaux/Parcs Canada

Inauguré en 1998, le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent a été créé pour protéger la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent, la plus au sud du monde. Situé à la confluence du fjord du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent, le parc marin est reconnu à l’échelle mondiale pour l’observation des mammifères marins, tant sur l’eau que sur les rives. Les eaux riches de la région soutiennent une grande abondance d’espèces de proies, ce qui en fait le cœur de l’habitat essentiel du béluga et une aire d’alimentation importante pour les baleines migratrices.

Un groupe de baleines fait surface au premier plan, soufflant de l’eau dans l’air. Un très grand navire marchand flotte derrière elles, à proximité.
Un trafic maritime encadré est nécessaire pour protéger les baleines de la pollution sonore et des collisions potentielles. Photo : Jocelyn Praud/Parcs Canada

Dans cet habitat de grande biodiversité se trouve la voie maritime reliant l’océan Atlantique au Grands Lacs. Ce trafic maritime élevé ainsi que la présence d’une industrie d’observation commerciale aux baleines et les embarcations de plaisance ont des répercussions sur les populations des baleines. Ces activités augmentent la pollution sonore sous-marine et les risques de collision entre les embarcations et les baleines, tout en modifiant les activités vitales des baleines telles que l’alimentation, la socialisation et le repos.

Résultats

Un bateau de recherche blanc, avec plusieurs personnes à bord, flotte dans une baie calme. Des montagnes sont visibles à l’arrière-plan.
Des membres de l’équipe de Parcs Canada à bord de leur navire de recherche effectuent des analyses de l’eau dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent pour suivre la qualité de l’habitat du béluga. Photo : Nicole McFadden/Parcs Canada

Depuis 2018, la baie Sainte-Marguerite dans le fjord du Saguenay est fermée à la navigation du 21 juin au 21 septembre. Pendant la fermeture, les bélugas peuvent profiter de plus grande tranquillité dans cette zone afin que les femelles puissent se nourrir, se reposer et prendre soin de leurs petits. La protection de ce lieu où se déroulent ces activités vitales joue un rôle crucial dans l’amélioration de l’état de santé de la population. Avec l’appui des patrouilles de sensibilisation en mer et aux lieux de mise à l’eau, le déploiement de campagnes promotionnelles et le développement de nouveaux outils éducatifs, le taux de respect à la mesure a atteint 98 %.

La réglementation qui prévoit cette fermeture inclut également une nouvelle zone de réduction de vitesse à l’embouchure du fjord du Saguenay, le lieu le plus achalandé du parc marin et le plus bruyant de l’habitat du béluga. Le suivi du ralentissement est réalisé au moyen d’une approche innovante fondée sur les données du système d’identification automatique (AIS) du trafic maritime. L’envoi de rapports réguliers produits avec des données de ce système à l’industrie d’excursions aux baleines, les principaux utilisateurs de la zone, leur permet de prendre connaissance du bilan de leurs vitesses et de l’améliorer. Les données démontrent que depuis l’implantation de cette approche rétroactive en 2021, le respect de la limite de vitesse à l’embouchure est passé de 40 % à plus de 94 %, réduisant ainsi les risques de collision et leur gravité ainsi que le bruit sous-marin.

Catherine Blanchette, en uniforme, debout sur une plateforme d’observation, écrit sur une planchette à pince, à côté d’un télescope, de radios et de jumelles.
Catherine Blanchette, étudiante en Conservation des ressources, effectue un relevé visuel du béluga et du trafic maritime à partir du rivage du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Photo : Michael Lecchino/Parcs Canada

En 2019, le secteur de l’estuaire moyen dans le parc marin, qui s’étend de Baie-Sainte-Catherine jusqu’à Gros cap à l’Aigle dans Charlevoix, a été établi comme une aire de conservation en collaboration avec les entreprises d’excursions aux baleines. Les femelles bélugas et leurs petits utilisent intensivement cette partie de l’estuaire. Avec l’ajout de ce secteur de conservation, c’est maintenant 44% de la superficie du parc marin qui est exempte d’excursions commerciales aux baleines, permettant de rehausser la protection sur 21 % de l’habitat essentiel du béluga. En 2023, l’ensemble des entreprises d’observation aux baleines (100 %) ont respecté la mesure en ne naviguant pas dans cette zone.

Dans l’estuaire maritime, entre Tadoussac et Les Escoumins, on constate une amélioration continue de l’adhésion de l’industrie maritime à une mesure volontaire de réduction de vitesse visant les navires marchands et de croisière internationale. Depuis 2023, des mesures supplémentaires et complémentaires visant à réduire le risque de collision avec d’autres types de bateaux dans ce secteur sont en cours d’élaboration pour augmenter les zones de tranquillité autour des baleines.

Portrait de Cristiane Albuquerque en uniforme de Parcs Canada.
« Ce projet nous a permis de mesurer pour la première fois un changement de culture, notamment nos façons de naviguer, qui découle de cette prise de conscience sur l’importance de mieux partager l’habitat des baleines, les eaux du Saint-Laurent, avec ces créatures si fascinantes qui y habitent depuis des milliers d’années. »
—Cristiane Albuquerque, scientifique des écosystèmes, Parcs Canada

Video

Regardez comment la fermeture saisonnière de la baie Sainte-Marguerite a profité aux bélugas.

Transcription

Logo du castor de Parcs Canada

Une carte illustrée vert foncé du Québec montre un point orange au-dessus de la forme vert pâle du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. La carte fait un gros plan pour se concentrer sur la baie Sainte-Marguerite et la rivière Saguenay.

La date « 2016 » est indiquée dans le coin supérieur gauche. Un regroupement dense de lignes vertes et de points bleus apparaît partout dans la rivière Saguenay. Une illustration d’un béluga du Saint-Laurent ainsi qu’une étiquette en dessous indique que ces données représentent « la distribution du béluga et des bateaux avant la fermeture de la zone ». Les points bleus sont regroupés où la baie Sainte-Marguerite se mêle à la rivière Saguenay. Les lignes vertes sont largement réparties dans la rivière Saguenay. Une légende dans le coin supérieur droit explique que chaque point représente « l’observation d’un groupe de bélugas » et que chaque ligne verte représente le « passage d’un bateau ». Un astérisque apparaît au bas de l’écran et le texte explique : « Les passages de bateaux ont été réduits à 10 %. Les données montrent que les passages de bateaux forcent les groupes de bélugas à demeurer concentrés dans une petite zone. »

La date change et indique 2018. Une ligne rouge trace le contour d’où la baie Sainte-Marguerite rejoint la rivière Saguenay. Il s’agit de la même zone où les observations de groupes de bélugas sont concentrées. La ligne rouge indique la fermeture d’une zone qui est interdite au passage des bateaux.

La date change pour indiquer 2022, quatre ans après la fermeture de la zone. Les passages de bateaux sont maintenant plus concentrés sur le côté de la rivière Saguenay à l’opposé de la baie Sainte-Marguerite. Les points bleus représentant les observations de groupes de bélugas sont maintenant davantage répartis dans la rivière Saguenay.

Logo du gouvernement du Canada

Regardez comment Parcs Canada étudie l’habitat essentiel du béluga dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

Transcription

Bon matin, nous voilà à la marina de Tadoussac.

On a une super journée !

Les conditions de mer sont idéales, il n'y a pas de vent,

donc ça va parfait pour faire les opérations dans l’estuaire moyen.

[Texte] Le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent se trouve en plein cœur de l’habitat essentiel du béluga du Saint-Laurent, une espèce en voie de disparition.

[Texte] Parcs Canada et la Sépaq travaillent étroitement avec plusieurs partenaires et les communautés côtières pour assurer la protection des bélugas.

Donc, aujourd'hui sur l'Alliance

c’est une grosse journée.

Il y a beaucoup de gens à bord, donc on va les accompagner.

En fait, on va aller les rejoindre à l'aide de notre Zodiac, le Uapamekᵁ.

[Titre] Étudier l’habitat du béluga pour mieux le protéger, Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent

Aujourd'hui, les travaux vont se réaliser dans un secteur

bien particulier qui est l’estuaire moyen, qui est un secteur hyper important.

d'ailleurs, pour le béluga.

[Texte] L’habitat essentiel du béluga du Saint-Laurent correspond aux secteurs utilisés par les femelles et les nouveau-nés pour les naissances et le soin des jeunes.

[Texte] Dans le parc marin, les scientifiques de Parcs Canada et leurs partenaires étudient entre autres la disponibilité de la nourriture, les niveaux de bruit sous-marin, la contamination et la présence d’espèces aquatiques envahissantes.

Notre navire de recherche,

l'Alliance, est sur le point d'arriver,

donc, on va l'attendre ici dans cet environnement enchanteur.

Donc, on vient juste de rejoindre l’Alliance en plein milieu du fleuve,

dans l'estuaire moyen.

Nous allons entrer à bord, voir d'un peu plus près les opérations.

[Texte] Le projet d’étude des espèces aquatiques envahissantes est mené en collaboration avec Pêches et Océans Canada.

C'est un équipement qui prend des conditions

physico-chimiques de l'eau ou le filet a été envoyé.

Donc, on va voir des informations comme la température,

la salinité, la conductivité et la profondeur.

Les espèces aquatiques envahissantes sont des espèces non indigènes

du milieu. Pour mesurer la présence de ces espèces aquatiques envahissantes,

nous avons utilisé une panoplie de techniques.

[Texte] Le suivi d’indicateurs comme celui sur les espèces aquatiques envahissantes permet de surveiller les changements qui s’opèrent dans l’habitat du béluga et de mettre en place des mesures pour minimiser leurs impacts.

Eliza va bien rincer afin de s'assurer que tout va s'écouler dans le godet.

On a un échantillon, de phytoplancton.

Donc, de cet échantiollon d'eau là récolté on va retrouver

des particules d'ADN qui peuvent provenir de sécrétions, d'écailles

de poisson, de déjections des différents organismes.

Jusqu'à ce jour, aucune espèce aquatique envahissante n'a été retrouvée

dans le parc marin.

[Texte] Les changements climatiques et l’augmentation du transport maritime créent des conditions propices à l’établissement d’espèces aquatiques envahissantes. Il est donc indispensable de poursuivre cette surveillance.

[Texte] Les connaissances acquises grâce à la recherche et la surveillance écologique depuis la création du parc marin ont permis d’adapter les mesures de protection des bélugas.

[Texte] Découvrez d’autres actions de Parcs Canada pour protéger les baleines en péril : parcs.canada.ca/baleines

Pour en savoir plus

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