Personnage historique national d'Olivier Le Jeune

Illustration de deux hommes, un garçon et un navire
Représentation artistique d'Olivier Le Jeune. Le matériel de The Kids Book of Black Canadian History écrit par Rosemary Sadlier et illustré par Wang Qijun, est utilisé avec la permission de Kids Can Press Ltd., Toronto. Illustrations
© Wang Qijun, 2003 

Olivier Le Jeune a été désigné personnage historique national en 2022.

Importance historique : Première personne d’ascendance africaine documentée à vivre de manière permanente au Canada (Nouvelle-France), fournit un aperçu des expériences vécues par des personnes soumises à l’esclavage selon les documents historiques.

Plaque commémorative : Lieu historique national Cartier-Brébeuf, 175 rue de l'Espinay, Québec, Québec Footnote 1

Olivier Le Jeune (décédé en 1654)

Né à Madagascar ou sur la côte de Guinée, Le Jeune est la première personne d’ascendance africaine documentée à vivre en permanence dans ce qui est aujourd’hui le Canada. Il est soumis à l’esclavage dès l’enfance et arrive à Québec durant l’occupation anglaise (1629-1632) où il est vendu et ensuite donné à Guillaume Couillard. C’est sur ce lieu que le jésuite Paul Le Jeune lui apprend le français. Il reçoit le baptême catholique en 1633. Tout cela contribue à sa rupture avec son identité africaine. Sa vie offre un aperçu du vécu des personnes soumises à l’esclavage plusieurs décennies avant que la Nouvelle-France participe à la traite des esclaves.

La Commission des lieux et monuments historiques du Canada
Inscription de plaque en français

Olivier Le Jeune

Plaque commémorative en bronze avec texte doré
Plaque commémorative en bronze de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada pour le personnage historique national d'Olivier Le Jeune, située à Québec

Olivier Le Jeune est la première personne d’ascendance africaine documentée à vivre de manière permanente au Canada (Nouvelle-France) pendant la première moitié du XVIIe siècle et à y être soumise à l’esclavage, plusieurs décennies avant la participation de la Nouvelle-France à la traite des esclaves de l’Atlantique. La vie de Le Jeune, depuis sa naissance à Madagascar ou sur la côte de Guinée, jusqu’à sa venue forcée aux Amériques, en passant par sa réduction à l’état « de bien meuble », fournit un aperçu des expériences vécues par des personnes soumises à l’esclavage selon les documents historiques. À Québec, par exemple, il apprend les rudiments du catéchisme et de la langue française avant d’y être baptisé en 1633, une opération qui participe au processus de dépersonnalisation des personnes d’ascendance africaine soumises à l’esclavage, et qui représente une rupture significative quant à leur sentiment d’identité et de connexion avec leurs communautés en Afrique.

Il subsiste très peu d’informations sur Olivier Le Jeune. On présume qu’il serait originaire soit de Madagascar, soit de la côte de Guinée. Soumis à esclavage dès sa prime enfance, il est transporté vers l’Europe, où il est « donné », à une date inconnue, à l’un des trois frères Kirke. Entre 1629 et 1632, l’un de ces corsaires anglais « vend » Le Jeune pour 50 écus à Le Baillif, un commis français au service des Anglais. Lors de la rétrocession de Québec à la France par l’Angleterre, soit en juillet 1632, il est « donné » à Guillaume Couillard de Lespinay. Celui-ci l’envoie auprès du jésuite Paul Le Jeune afin qu’il apprenne les rudiments du catéchisme et qu’il se familiarise avec la langue française.

« Olivier Le Jeune incarne beaucoup de choses. Il est certes la première personne à être asservie au Canada, mais il est aussi le premier Africain à y vivre de manière permanente. Il nous permet de comprendre la pluralité de notre passé et ce, depuis les débuts de la colonie française. »
Aly Ndiaye (alias Webster), artiste hip-hop, activiste et conférencier, a proposé la candidature d’Olivier Le Jeune à la désignation comme personnage d’importance historique nationale.

Devant l’offre d’être baptisé, vers le début d’août, ce jeune Africain exprime au Père Le Jeune et à Guillemette Hébert sa crainte d’y perdre son identité. Cette crainte est suffisamment forte pour que le Père Le Jeune reporte son baptême au 14 mai 1633. Il est alors baptisé Olivier, d’après Olivier Le Tardif, commis général de la Compagnie des Cent-Associés. C’est probablement à partir de ce moment qu’il est connu sous le nom d’Olivier Le Jeune.

« Partager l’histoire d’Olivier Le Jeune, c’est reconnaître le premier esclave africain (pour lequel nous avons un nom), et cela souligne la réalité selon laquelle l’esclavage a existé sur les terres que nous appelons aujourd’hui le Canada depuis près de 200 ans. Nous honorons Olivier Le Jeune car il représente une partie douloureuse de notre passé alors que nous travaillons pour une plus grande inclusion et équité pour tous. »
Rosemary Sadlier, auteure sur l’histoire des Noirs, éducatrice et ancienne présidente de l’Ontario Black History Society, a proposé la candidature d’Olivier Le Jeune à la désignation comme personnage d’importance historique nationale

En 1638, Olivier Le Jeune est accusé d’avoir tenu des propos diffamatoires. Il affirme que Nicolas de Saint-Aignan Marsolet a reçu une lettre de Le Baillif, considéré comme un traître pour avoir collaboré avec les Anglais. Marsolet est un ancien interprète devenu seigneur de Bellechasse (Berthier). Pour défendre sa réputation et ne voulant pas être connu comme une personne ayant correspondu avec un présumé traître, Marsolet intente une poursuite contre Le Jeune. Ce dernier est reconnu coupable de diffamation et le tribunal lui ordonne de demander pardon à Marsolet en plus de le condamner au supplice des fers pendant 24 heures.

Olivier Le Jeune décède le 10 mai 1654, alors dans la trentaine. Dans le registre de sépulture, le prêtre inscrit seulement que Le Jeune était un domestique.

Cette fiche d’information a été préparée au moment de l’annonce ministérielle en 2023.

Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

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