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Un botaniste à l’archipel de Mingan

Le frère Marie-Victorin tenant un chardon de Mingan (Cirsium minganense) lors d’une herborisation à la Grande Île à la Vache-Marine, 1928. © Division des archives de l’Université de Montréal
Monolithes de calcaire à l’Anse des Érosions sur l’île Quarry. © Parcs Canada. Tous droits réservés. / Éric Lajeunesse

Pour la semaine du 27 juillet 2020.

Le 28 juillet 1924, le frère Marie-Victorin et son collaborateur Rolland-Germain répertorient le chardon de Mingan, une plante aujourd’hui emblématique de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan, territoire faisant partie du Nitassinan. Ce fut la constatation scientifique « la plus spectaculaire de nos explorations de l’Anticosti-Minganie », selon le frère Marie-Victorin.

Né Conrad Kirouac en 1885 à Kingsey Falls, au Québec, il étudie à l’école commerciale de Québec, puis au Mont-de-la-Salle, noviciat des Frères des Écoles chrétiennes à Montréal, où il reçoit le nom de frère Marie-Victorin en 1901. Après deux ans au noviciat, il devient enseignant à Saint-Jérôme puis au Collège commercial et industriel de Longueuil. Pendant ces mêmes années, le frère Marie-Victorin développe une véritable passion pour la botanique, qui l’amène à publier des articles scientifiques et un premier volume, La flore du Témiscouata (1916), qui décrit ses herborisations dans la région.

C’est dans le but d’inventorier la flore du Québec qu’il entreprend, en 1924, une exploration de l’archipel de Mingan, qui fait partie du territoire ancestral des Innus alors peu visité par les botanistes occidentaux. À bord du Virginia, aidé par le frère Rolland-Germain, Marie-Victorin fait son premier de plusieurs voyages en Anticosti-Minganie. Les premiers jours dans la région s’avèrent fructueux. Les deux botanistes y répertorient plusieurs espèces de plantes intéressantes et identifient des formations rocheuses particulières à la Minganie : des monolithes de calcaire témoins de l’érosion par l’eau et le vent.

Toutefois, le 28 juillet est certainement pour Marie-Victorin la journée la plus mémorable du voyage. Herborisant sur l’île Quin (île du Fantôme dans la toponymie actuelle), il repère un chardon inconnu jusqu’alors des botanistes au Québec, qu’il nomme chardon de Mingan ou Cirsium minganense, convaincu qu’il s’agit d’une nouvelle espèce pour la science. Ses recherches ultérieures lui apprennent toutefois qu’un chardon presque identique se trouve à quelques milliers de kilomètres plus loin dans les montagnes Rocheuses. Les données scientifiques recueillies par Marie-Victorin demeurent importantes non seulement pour la botanique canadienne, mais aussi pour l’archipel de Mingan. Elles témoignent du caractère unique de la flore de ces îles calcaires de la région.

Frère Marie-Victorin est désigné personne historique nationale. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) conseille le gouvernement du Canada sur la commémoration de personnes historiques nationales – des individus qui ont apporté des contributions uniques et durables à l’histoire du Canada.

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