
Pour la semaine du dimanche 30 mai 2021.
Le 30 mai 1902, les membres de la Chinese Consolidated Benevolent Association décident de vendre leur parcelle située sur la colline Christmas, près de Victoria, en Colombie-Britannique, et de chercher un nouvel emplacement pour aménager leur cimetière.
Les possibilités économiques attirent des milliers de personnes d’origine chinoise en Colombie-Britannique à la fin du XIXe siècle. En 1886, plus de 3 000 personnes d’origine chinoise vivent à Victoria, qui accueille la plus grande communauté chinoise au Canada. Leur main-d’œuvre est accueillie favorablement par certaines personnes, mais suscite l’amertume chez d’autres. Un sentiment antichinois pousse la ville de Victoria et la province de la Colombie-Britannique à empêcher maintes fois des ouvriers chinois de participer à des projets de travaux publics et à leur imposer des taxes ciblées. La situation aboutit, en 1885, à l’adoption par le gouvernement fédéral de la Loi de l’immigration chinoise, imposant un droit d’entrée de 50 $ à toute personne chinoise désirant venir au Canada; ce droit s’élèvera plus tard à 500 $.
La Chinese Consolidated Benevolent Association est établie en 1884 pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables, notamment les chômeurs, les pauvres, les personnes âgées et les personnes socialement isolées, et pour représenter les intérêts de la communauté chinoise au Canada avant la création du consulat de Chine à Ottawa en 1908. La Chinese Consolidated Benevolent Association dénonce les lois discriminatoires en adressant des pétitions directement à l’ambassadeur de Chine en Angleterre et au ministre chinois des Affaires étrangères, et intente une action en justice lorsque cela s’avère nécessaire. Au niveau local, l’Association aide également la communauté à subvenir à ses besoins. Principalement en réaction à la ségrégation des enfants chinois, une pratique qui sévit dans les écoles publiques, elle fonde l’école publique chinoise à Victoria en 1909.
La Chinese Consolidated Benevolent Association établit le premier cimetière chinois à Victoria. À la fin du XIXe siècle, le cimetière Ross Bay est le seul lieu d’inhumation possible. Par contre, les personnes d’origine chinoise victimes de ségrégation se font enterrer dans des zones basses exposées aux inondations lors de tempêtes. Ces endroits sont mal adaptés aux pratiques d’une grande importance sur le plan culturel, comme le dépôt d’offrandes sur les tombes pendant la fête de Qingming et le brûlage de faux billets de papier, pratique considérée comme un risque d’incendie, et controversée par des non Chinois. En 1891, la Chinese Consolidated Benevolent Association achète sur la colline Hill un terrain surplombant le lac Swan, en y prévoyant l’aménagement d’un cimetière chinois. L’opposition des résidants locaux faisant obstacle à cette démarche, l’association décide de vendre le terrain en 1902 et de chercher un nouvel emplacement. Elle obtient finalement une parcelle de 3,5 acres au bord de la mer, à la pointe Harling. Le lieu de sépulture se trouve sur un terrain plat sous le flanc sud-ouest de la colline Gonzales surplombant le détroit de Juan de Fuca. L’emplacement est conforme aux principes du Feng Shui qui sont au cœur des croyances spirituelles chinoises traditionnelles.
Le cimetière chinois à la pointe Harling a été désigné lieu historique national. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada conseille le gouvernement du Canada sur la commémoration des lieux historiques nationaux, qui peuvent inclure un large éventail de lieux patrimoniaux tels que des jardins, des cimetières, des ensembles de bâtiments et des paysages culturels.
Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens pour identifier des lieux, des personnes et des événements d’importance historique nationale. Tout membre du public peut proposer un sujet à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Voyez comment participer à ce processus.