Expédition de la rivière Rouge de 1870
En mai 1870, le colonel Garnet J. Wolseley quitte Toronto (Ontario) à la tête d'une expédition qui se dirige vers la colonie de la rivière Rouge, dans ce qui est aujourd'hui le Manitoba, pour superviser la passation des pouvoirs entre le gouvernement provisoire dirigé par Louis Riel et le gouvernement fédéral. Il s'agit de la dernière opération militaire britannique en sol nord-américain. C'est une opération politiquement utile tant sur le plan international que sur le plan intérieur. Cette manifestation ferme de la souveraineté du Canada permet de bien faire comprendre aux expansionnistes américains que le Canada a l'intention d'imposer sa mainmise, avec l'appui des Britanniques, sur le territoire nouvellement acquis de la Compagnie de la Baie d'Hudson. L'envoi de cette expédition a aussi pour effet d'apaiser la colère que les actions du gouvernement provisoire avaient déclenchée chez certains protestants de l'Ontario.
Sous le commandement de Wolseley sont déployés deux bataillons de la milice, soit le 1st (Ontario) Rifles et le 2nd (Quebec) Rifles, et un bataillon de réguliers britanniques (373 soldats et officiers du 60th Rifles), de même que de petits détachements de la Royal Artillery, des Royal Engineers, de l'Army Hospital Corps et de l'Army Service Corps. En tout, 1 214 soldats et officiers sont mobilisés. Les troupes se déplacent principalement par bateau à vapeur de Toronto à Port Arthur (Thunder Bay), car la liaison routière à partir du lac Supérieur n'est pas encore terminée. Le périple de 94 jours couvrant plus de 1 100 km par voie terrestre est d'autant plus ardu qu'il manque de routes, de ponts ou de dépôts de ravitaillement. L'expédition atteint finalement Upper Fort Garry (Winnipeg), sous une pluie diluvienne, le 24 août 1870.
À l'époque, la colonie de la rivière Rouge compte 13 000 habitants, ce qui représente le plus grand regroupement de population à l'ouest du lac Supérieur. Environ 90 pour cent des habitants sont d'ascendance mixte autochtone et européenne, et certains sont Métis. Bon nombre de familles vivent sur ces terres depuis plusieurs générations. Un gouvernement provisoire dirigé par Louis Riel a été constitué en décembre 1869, et Ottawa a en ordonné le maintien jusqu'à l'été 1870, après quoi l'administration de la colonie serait transférée aux autorités fédérales, notamment à un nouveau lieutenant-gouverneur civil. Cependant, ce nouveau lieutenant-gouverneur est retardé en cours de route, et Wolseley gagne la colonie en premier. Incertains de ce qui se déroulerait à l'arrivée des troupes dans la colonie, Louis Riel et d'autres membres responsables du gouvernement provisoire quittent Upper Fort Garry peu de temps avant l'arrivée de Wolseley et de ses hommes.
L'exécution de Thomas Scott par le gouvernement provisoire suscite de la rancœur à l'endroit de Riel en Ontario. L'expédition militaire de Wolseley y est donc largement considérée comme un moyen de rappeler les « rebelles » à l'ordre. Certains des membres de l'expédition, dont Wolseley lui-même, ne cachent pas leur déception de voir que Riel est parti avant qu'ils n'aient gagné Upper Fort Garry. À leur arrivée au Manitoba, l'absence de pouvoir civil effectif crée un vide politique et juridique. Plusieurs Métis deviennent victimes d'altercations et d'agressions physiques, et la plupart des suspects ne sont pas punis. Quant aux suspects qui sont punis, ils ne se voient infliger que des peines légères ou de faibles amendes. Bon nombre d'habitants de la rivière Rouge éprouvent une grande anxiété dans cet environnement chaotique, au point où certaines familles métisses liquident leurs biens et quittent la région pour pouvoir échapper aux nouveaux venus.
Les troupes régulières britanniques retournent rapidement dans l'Est, mais les régiments de la milice demeurent sur place pour former la garnison de la nouvelle province du Manitoba. Le démantèlement des régiments au cours de l'été 1871 ne fait pas nécessairement disparaître le problème. Bon nombre de miliciens restent au Manitoba, où ils s'installent dans les villages en pleine croissance ou s'approprient de bonnes terres agricoles, dont certaines sont déjà occupées par des Métis.
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