Des merveilles d'ingénierie

Lieu historique national du Col-Rogers

Deux ans plus tard, avant la fin de la saison de construction, on avait tracé l'empreinte du chemin de fer jusqu'au passage qui avait récemment été baptisé col Rogers, et le campement des ouvriers travaillant tout au bout de la voie ferrée n'était pas loin derrière. James Ross supervisa les travaux de ses équipes, qui construisirent huit grands ponts à l'est du col, notamment le pont du ruisseau Stoney (le pont le plus haut au monde à l'époque) et le pont du ruisseau Mountain (dont la construction exigea des millions de pieds-planches de bois d'oeuvre). 

Le pont du ruisseau Stoney
Le pont du ruisseau Stoney
© Musée et archives de Revelstoke

 

La construction de la ligne de chemin de fer fut terminée à l'automne 1885; le dernier crampon fut posé à Craigellachie, à seulement 118 km à l'ouest du col Rogers. Le rêve d'une nation transcontinentale que chérissait Sir John A. Macdonald avait été réalisé moins de 14 ans après qu'il en ait fait la promesse à la Colombie-Britannique. Le Pacific Express, le premier train de voyageurs transcontinental régulier, quitta Montréal le 26 juin 1886 et arriva à Port Moody, près de Vancouver, le 4 juillet.

Chasse-neige rotatif au col Rogers
Chasse-neige rotatif au col Rogers
© Musée et archives de Revelstoke

 

Chaque hiver, il tombait en moyenne 12 m de neige sur la voie ferrée. En 1886-1887, pendant la première année d'exploitation du chemin de fer, le service fut interrompu pendant des mois. James Ross avait mis Van Horne en garde contre les énormes accumulations de neige et les risques d'avalanche au col Rogers. Il finit par le convaincre de construire à grands frais un impressionnant réseau de pare-avalanches, inspirés de ceux que la société ferroviaire Central Pacific avait construits dans le col Donner, en Californie.

Gare de triage au sommet du col Rogers
Gare de triage au sommet du col Rogers
© Musée et archives de Revelstoke

 

Si la construction d'une voie ferrée par le col Rogers fut difficile, il fut encore plus difficile de l'exploiter. Les premières locomotives à vapeur avaient du mal à grimper par le col. Des pousseurs de charge furent garés à l'est et à l'ouest du col pour aider les trains à franchir les tronçons les plus à pic. Les ponts et chevalets de bois finirent par être remplacés par des structures de pierre et d'acier pour les protéger du feu. Inventés en Ontario en 1885, des chasse-neige rotatifs, qui ressemblaient en plus massif à nos charrues modernes, furent ajoutés au matériel roulant en 1888. Mais tout cela ne suffisait pas à faciliter l'exploitation dans le col Rogers; les trains restaient régulièrement coincés dans les avalanches et ils déraillaient. En dépit de ces défis incroyables cependant, la ligne principale était vue dans le monde entier comme un triomphe du transport ferroviaire.


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