Histoire de Grand-Pré

Lieu historique national de Grand-Pré

Le lieu historique national de Grand-Pré commémore la région de Grand-Pré en tant que lieu et établissement des Acadiens de 1682 à 1755 et la Déportation des Acadiens qui a débuté en 1755 et continua jusqu'en 1762.

En classant Grand-Pré lieu historique national en 1982, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a également reconnu l'attachement indéfectible des Acadiens et Acadiennes à Grand-Pré, que bon nombre considèrent comme le cœur de leur patrie ancestrale. Grand-Pré est le symbole des liens qui les unissent.

De 1682 environ jusqu'en 1755, la région des Mines, située autour du bassin du même nom, est un centre de peuplement des Acadiens. En tout, quelque 2200 hommes, femmes et enfants des Mines sont déportés, soit près d'un tiers des 6000 Acadiens qui ont été arrachés à leur foyer en Acadie en 1755.

L'enracinement

Les premières familles françaises s'établirent en Acadie au cours des années 1630. Au début des années 1680, Pierre Melanson, Marguerite Mius d'Entremont et leurs enfants quittent Port-Royal pour fonder Grand-Pré, sur le plateau qui surplombe le grand marais salé ou pré, dont l'établissement tire son nom. D'autres personnes leur emboîtent le pas et bientôt une communauté acadienne, active et prospère, fait son apparition le long des rivières et des rives du bassin des Mines.

Au début du 18e siècle, la région des Mines est le plus grand centre de population en Acadie. En 1750, quelque 2450 Acadiens et Acadiennes y vivent, sans compter les 2500 autres installés dans les régions de Pisiquid et de Cobequid, autrefois intégrées à la région des Mines. Grand-Pré, qui compte environ 1350 habitants, est le plus grand établissement de l'Acadie. Le village, qui s'étire sur deux kilomètres et demi le long du plateau, est formé de maisons, de bâtiments agricoles, d'entrepôts, de moulins à vent et de l'église paroissiale Saint-Charles-des-Mines.

L'agriculture est en plein essor. Les familles acadiennes ont aménagé des digues pour contenir les eaux d'importantes sections du marais salé et ont mis en culture les terres fertiles asséchées. Elles obtiennent d'excellentes récoltes et expédient leur surplus de céréales et de bétail en Nouvelle-Angleterre et, après 1720, à Louisbourg, capitale de l'île Royale.

Les conflits et les guerres

Sous les régimes français et anglais, les résidents des Mines affichent un fort esprit d'indépendance, en raison, en partie, de la distance qui les séparent du pouvoir situé à Port-Royal/Annapolis Royal.

La région des Mines n'est pas à l'abri des luttes de suprématie qui opposent l'Angleterre à la France dans cette partie de l'Amérique du Nord. Pendant la guerre de Succession d'Autriche (1744-1748), plusieurs expéditions françaises successives installent leur campement dans la région des Mines alors que les troupes vont livrer bataille à Annapolis Royal.

Grand-Pré se trouve au cœur de la mêlée en 1747. Des troupes françaises, auxquelles sont alliés des Autochtones, attaquent des troupes britanniques et des troupes de la Nouvelle-Angleterre qui occupent provisoirement le village acadien en route vers Beaubassin, où ils ont l'intention de surprendre les Français. Cet affrontement est commémoré par la plaque de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, située à quelques centaines de mètres au sud du lieu historique national. Le Centre d'accueil et d'interprétation présente aussi cet événement dans la salle d'exposition.

La déportation

Tout au long de cette période difficile, la plupart des Acadiens adoptent une politique de neutralité reconnue par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, qui trouve son expression dans un serment d'allégeance prêté devant le gouverneur Philipps en 1729 et en 1730. Cependant, en 1755 à l'aube de la guerre de Sept Ans, le gouverneur intérimaire et le conseil exécutif de la Nouvelle-Écosse décident de forcer les Acadiens à prêter le serment d'allégeance inconditionnelle et, en cas de refus, de les déporter. Les représentants acadiens refusèrent de prêter allégeance.

Le lieutenant-colonel John Winslow, de la Nouvelle-Angleterre, est chargé d'organiser la déportation des Acadiens de la région des Mines. En tout, quelque 2200 hommes, femmes et enfants sont déportés de Grand-Pré et de la région environnante. Ce nombre représente à peu près un tiers des quelque 6000 Acadiens et Acadiennes qui ont été déportés de la Nouvelle-Écosse en 1755.

En 1764, les autorités britanniques accordent finalement aux Acadiens la permission de s'établir de nouveau en Nouvelle-Écosse. Leurs anciennes terres sont cependant occupées par les « Planters » venus de la Nouvelle-Angleterre. Ils sont donc obligés de s'installer ailleurs en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Edouard et au Québec.

L'héritage de Grand-Pré

On associe Grand-Pré à la Déportation plus que tout autre lieu en raison du journal détaillé tenu par Winslow en 1755. C'est également ce lieu que choisit Henry Wadsworth Longfellow comme cadre de son poème épique Evangeline : un conte d'Acadie publié en 1847.

Le poème de Longfellow va provoquer l'éveil du peuple acadien. L'histoire d'une jeune acadienne de Grand-Pré, séparée de son fiancé, à touché des millions de lecteurs partout dans le monde. Évangéline, bien plus qu'un personnage fictif, symbolise le courage et la persévérance du peuple acadien.

John Frederic Herbin achète l'emplacement de l'église et du cimetière Saint-Charles-des-Mines en 1907 et y crée un parc à la mémoire des Acadiens et Acadiennes. Deux ans plus tard, Herbin fait installer une croix en pierre pour indiquer l'emplacement du cimetière. En 1917, il vend le parc à la compagnie de chemin de fer Dominion Atlantic Railway, à condition que le terrain de l'église soit remis au peuple acadien. La compagnie de chemin de fer prend en charge le parc et aménage le terrain la même année. En 1920, la compagnie inaugure la statue d'Évangéline à l'entrée du parc qui se situe, à l'époque, près de la gare.

Lors d'une cérémonie spéciale à Grand-Pré, tenue au cours de la Convention nationale acadienne de 1921, la Société mutuelle L'Assomption se voit remettre le titre officiel du terrain de l'église-souvenir. En 1922, la Société construit l'église-souvenir grâce à des dons de compatriotes des quatre coins de l'Amérique du Nord. L'intérieur est terminé en 1930.

Grand-Pré reste un symbole important de la renaissance acadienne tout au long des années 1920 et par la suite. L'entente conclue en 1956, entre le gouvernement fédéral et la Société Nationale l'Assomption, qui agit au nom du peuple acadien, reconnaît que « le parc de Grand-Pré constitue le foyer historique le plus important du peuple acadien, qu'il évoque ses heures les plus douloureuses et les plus héroïques et qu'il doit rappeler aux générations futures l'exemple d'un peuple courageux, dont la culture et les actions ne cesseront d'enrichir la nation canadienne ».

Le gouvernement du Canada se porte acquéreur du parc commémoratif de Grand-Pré en 1957 et le classe lieu historique national en 1982.

Site du patrimoine mondial de l'UNESCO

L’UNESCO a déterminé que le Paysage de Grand-Pré englobe les caractéristiques culturelles qui sont si exceptionnelles, qu’ils sont d’une grande importance pour les générations présentes et futures de l’humanité tout entière. Le lieu historique national de Grand-Pré est au cœur du Paysage de Grand-Pré qui est reconnu pour sa valeur universelle exceptionnelle.

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