Les passerelles Hall et Wellington : véritables chefs-d’œuvre d’innovation

Lieu historique national du Canal-de-Lachine

Le saviez-vous? Le canal de Lachine a été creusé vers 1825 pour faciliter le transport fluvial entre Montréal et Lachine. Du même coup, il est venu compliquer les déplacements terrestres entre sa rive nord et sa rive sud. Pour passer d’une rive à l’autre, une solution s’est vite imposée : les ponts et passerelles, dont certains sont aussi anciens que le canal qu’ils traversent. 

D’abord fixes puis mobiles, les ponts routiers du canal de Lachine sont majoritairement construits en bois; certains autres, jugés assez importants, sont construits en pierre de taille. Plus tard, la presque totalité des ponts de bois sera remplacée par des structures métalliques, pivotantes pour la plupart. Durant la période contemporaine, les passerelles cyclables se multiplieront avec l’aménagement progressif de la piste du canal de Lachine.

Aujourd’hui, ce sont donc 17 passerelles qui ponctuent le tracé du canal sur toute sa longueur; six enjambent le canal à proprement dit, les 11 autres traversent des parcelles de terrain, le canal des déversoirs ou des sections non navigables du canal. À celles-là s’ajoutent quatre ponts routiers, cinq chemins de fer et sept ponts/autoroutes qui appartiennent à la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain, à la Ville de Montréal ou au Ministère des Transports du Québec.

Hall et Wellington : orientées vers le futur

Les passerelles Hall et Wellington font partie du décor du canal depuis 1977. Elles y ont été installées dans le cadre du grand projet de réaménagement du canal de Lachine à des fins récréotouristiques. Construites à l’origine en treillis métallique et d’une largeur de 3,05 mètres, elles ont assuré le passage de plus de 7 000 cyclistes chaque jour pendant plus de 40 ans.

Imaginez!

En 2018, ces passerelles ont atteint leur fin de vie utile. Après mure réflexion, leur remplacement a été préféré à leur restauration, Parcs Canada ayant planifié ces travaux dans une perspective à long terme. La durée de vie des nouvelles structures est estimée à 75 ans, alors que la restauration de la structure actuelle n’aurait prolongé sa durée de vie utile que de 10 à 15 ans.

Remplacer les passerelles, oui, mais à quoi pourraient-elles ressembler? Et surtout, comment relever le défi de remplacer deux passerelles identiques, multifonctionnelles et non conventionnelles en si peu de temps? C’est avec l’aide du concepteur et surveillant WSP Canada, de même qu’avec l’entrepreneur général Simdev inc., que le projet a pris vie.

Lien vers la vidéo Passerelles piétonnes Hall et Wellington

Remplacement des passerelles piétonnes Hall et Wellington

Parcs Canada et la firme WSP ont défini des solutions novatrices pour remplacer ces passerelles piétonnières. Découvrez le processus de remplacement des passerelles Hall et Wellington en visionnant la vidéo créée par WSP lors de la conception des passerelles.

En aluminium

passerelle en aluminium dans une usine
Préfabrication des passerelles en usine.

Les ponts qui traversent le canal de Lachine sont majoritairement construits en acier. Cependant, au cours des dernières années, nous avons assisté à une évolution spectaculaire des types de matériaux utilisés dans la réalisation des différents travaux d’infrastructures au canal de Lachine.

Ainsi, dans une perspective de réduction des coûts d’entretien (l’aluminium nécessite beaucoup moins d’entretien que l’acier!) et pour accélérer le processus de construction, Parcs Canada a choisi d’utiliser l’aluminium comme matériau principal pour la structure des deux passerelles, à la suite des recommandations du consultant et des avantages à long terme. Ceci est peu commun au Canada, mais beaucoup plus courant en Europe et aux États-Unis.

Un projet aux mille particularités

Fait intéressant, la préfabrication des unités de fondation et des passerelles a été imposée à l’entrepreneur comme technique de construction afin de réduire au maximum le temps de fermeture pour les usagers. Ainsi, toutes les composantes des structures des passerelles ont été préalablement fabriquées en usine, avant d’être transportées par camion puis installées sur le site.

photo aérienne en noir et blanc d'un pont qui traverse un canal
Le pont Wellington du Canadien National (à droite) vu du sud. Photo © David Miller, 1985

Une forme particulière a été retenue pour donner un aspect intéressant d’un point de vue architectural. En effet, les concepteurs ont conservé la géométrie des ponts ferroviaires et routiers traversant le canal du début du 19e siècle pour rappeler le riche patrimoine de l’ère industrielle. La membrure supérieure en aluminium a été courbée pour reproduire la déviation typique observée sur les vieux ponts ferroviaires. Le pont CN-Wellington à proximité des deux structures est un témoin de ce style de structure.

Le cintrage n’est pas une pratique courante dans l’industrie pour la construction de ponts. Ce procédé mécanique de déformation d’une membrure d’aluminium, suivant un rayon et un angle précis, permet de « plier » le matériau plutôt que de souder deux morceaux distincts ensemble. En effet, les structures en aluminium de 27 m x 4,5 m en treillis poney sont faites en un seul morceau et n’ont nécessité aucun assemblage sur place, ce qui est en soi un exploit étant donné les contraintes imposées par ce matériau.

Et l’installation?

Rouler plusieurs heures avec à son bord une passerelle longue de 27 mètres, c’est possible, pourvu que l’on fasse preuve de prudence… et de patience! Une fois arrivé sur le site, le conducteur de la remorque qui trainait la lourde cargaison (chaque passerelle pesant près de 40 000 livres, soit le poids moyen de 3 éléphants d’Afrique, de 12 bélugas ou de… 703 castors!) a dû nous démontrer ses talents afin de bien se positionner. Puis, une grue devait prendre la passerelle pour la déposer dans l’espace demeuré vacant par l’ancienne, préalablement retirée. L’alignement devait être parfait, ce qui n’était en soi pas une mince tâche! Sous l’œil vigilant des ingénieurs regroupés (et anxieux!), l’installation s’est déroulée avec précision, et sans incident!

passerelle sur une remorque
L’une des deux passerelles fabriquées au Saguenay, en direction de Montréal!
vue arienne d'une grue qui tiens une passerelle près du canal
2 travailleurs qui vissent une passerelle
L’installation des passerelles, un exercice de précision!

Se tourner vers le futur

Deux travailleurs qui se serre la main
Éric Filion-Paquette (à droite), ingénieur chargé de projet à l’Unité des Voies navigables au Québec, aux côtés du consultant de WSP, tous les deux bien fiers du résultat!

Le lieu historique national du Canal-de-Lachine est une vitrine exceptionnelle sur l’histoire et l’innovation. Bien collectif et laboratoire par excellence, il propose une programmation d’activités riches et variées, qui mise sur la participation d’intervenants, de professionnels et d’experts de tous horizons. Pour maintenir un tel niveau de service, l’Unité des Voies navigables au Québec s’adjoint des meilleurs techniciens, consultants et ingénieurs pour s’assurer que les infrastructures soient toujours à niveau. Grâce à eux, Parcs Canada peut regarder vers l’avenir et miser sur des projets novateurs et porteurs pour les communautés.

Bravo à toute l’équipe responsable du remplacement des passerelles Hall et Wellington au lieu historique national du Canal-de-Lachine. On vous lève notre chapeau (de construction)! 

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