Comme le tonnerre au loin : Histoire de la conservation du bison au Canada

Parc national Elk Island

Table des matières

Photographie historique d’un cow‑boy âgé sur un cheval blanc dans un corral entourant une harde de bisons.

Remerciements

Je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont aidée à trouver des documents et des images, qui ont fait des commentaires et des suggestions, qui ont repéré mes coquilles, qui m’ont donné des conseils stylistiques et qui ont offert, à l’équipe du parc national Elk Island et à moimême, le soutien dont nous avions besoin pour mener à terme ce projet. Il s’agit des personnes suivantes, en ordre alphabétique :

David Britton, Jonathan DeMoor, Tristan Drozdiak, Stephen Flemming, Caroline Hedin, Karsten Heuer, Johane Janelle, Cameron Johnson, Dale Kirkland, Janelle Lane, Harvey Locke, Scott Mair, Marie-Eve Marchand, Alexandra Mosquin, Scott Nesbitt, Wes Olson, Barry Robinson, Pinette Robinson, Lindsay Rodger, Karen Routledge, Todd Shury, Meg Stanley, Scott Stephen et Fern Yip.

This document is available in English.

CAT NO. R62-546/2017E-PDF
ISBN 978-0-660-24251-4
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada représentée par le directeur général de l’Agence Parcs Canada, 2017

Un bison mâle broute dans un champ entouré d’arbres aux couleurs de l’automne.
Scott Mair / © Parcs Canada

Haut de page


Introduction : Plus d’un siècle de conservation du bison

La préservation à long terme des bisons est l’une des plus grandes réussites de Parcs Canada. Le réseau canadien de parcs nationaux a participé activement à la protection des bisons depuis la création de la première harde d’exhibition dans le parc national Banff en 1897, l’arrivée de la harde de bisons reproducteurs au parc national Elk Island en 1907, et la fondation du parc national Wood Buffalo en 1922, qui devait permettre de protéger la dernière harde de bisons des bois sauvages en liberté dans le monde. Un certain nombre de parcs nationaux ont été fondés pour protéger le bison, et beaucoup d’autres ont depuis réintroduit cet animal, longtemps après sa disparition de la région. En procédant à des transferts d’individus vivants pour établir des hardes d’exhibition et d’autres hardes de conservation, Parcs Canada a contribué pendant plus d’un siècle à la survie du bison dans l’ensemble de l’Amérique du Nord, ce qui a permis à l’espèce d’échapper à l’extinction.

Comme le tonnerre au loin relate l’histoire généalogique des hardes de bisons de Parcs Canada. Même si bien des choses ont été écrites sur l’histoire des bisons et des peuples autochtones, sur la destruction des grandes hardes de bisons au cours du XIXe siècle et sur des hardes de conservation données, peu d’ouvrages dépeignent le travail de conservation des bisons dans son ensemble réalisé par Parcs Canada. Le présent document a donc pour but de réunir ces filons disparates pour former un récit cohésif sur les hardes de bisons gérées par le Canada.

Bien que les bisons aient déjà erré en liberté par dizaines de millions sur le continent nord-américain, le XIXe siècle a vu leur nombre diminuer à moins d’un millier d’individus répartis en hardes isolées. Le gouvernement du Canada a joué un rôle actif dans l’achat de bisons provenant de particuliers qui les élevaient, et a fondé de nombreuses hardes de conservation dans les parcs nationaux pour protéger ces animaux. Au cours du siècle dernier, les bisons ont dû surmonter de nombreuses difficultés, notamment la disponibilité limitée de l’habitat et la menace posée par les maladies. Toutefois, pendant des générations, les parcs nationaux du Canada ont joué un rôle prépondérant dans les projets de conservation du bison. Les bisons des parcs nationaux canadiens ont d’ailleurs été utilisés pour créer ou élargir des hardes de conservation un peu partout en Amérique du Nord et ailleurs.

Haut de page

Arbre généalogique du bison depuis la préhistoire

Le bison qui vit aujourd’hui en Amérique du Nord a d’abord évolué en Eurasie avant de migrer vers le continent nord-américain en passant par l’isthme paléogéographique de Béring (ou Béringie) au cours de l’une des dernières ères glaciaires, il y a entre 130 000 et 75 000 ans. Le bison sibérien et le bison nordaméricain ont un ancêtre maternel commun qui a vécu il y a 160 000 ans; il s’agirait d’un bison des steppes (Bison priscus) qui portait une seconde bosse et de grandes cornes recourbées.Note de fin de document 1 Le bison, sous quelque forme que ce soit, vit sur le continent nord-américain depuis des dizaines de milliers d’années. Il y a 12 000 ans, le Bison latifrons paissait dans les prairies du centre de l’Amérique du Nord. Ce bison gigantesque était 25 % plus gros que le bison actuel, et ses cornes avaient une envergure de plus de deux mètres d’une pointe à l’autre.Note de fin de document 2 Plus tard, le Bison latifrons a évolué pour devenir le Bison antiquus, puis le Bison occidentalis, prédécesseur de tous les bisons modernes de l’Amérique du Nord.Note de fin de document 3

Squelette de bison aux cornes incroyablement longues.
Squelette de Bison latifrons au Royal Alberta Museum.
Lauren Markewicz / © Parcs Canada

Deux jeunes bisons mâles s’affrontant dans un champ.
Cameron Johnson / © Parcs Canada
Bison ou buffle?

Lorsque les anglophones sont arrivés dans les Prairies, ils n’avaient pas de mot pour désigner cet animal. Ils ont donc adopté un mot existant, « buffalo » (en français « buffle »), issu du mot français « boeuf ». Il y a un peu plus de cent ans, les taxonomistes, désireux de mieux distinguer le buffle d’Afrique et d’Asie de celui de l’Amérique du Nord, ont recommandé l’emploi du terme latin « bison ». Toutefois, le mot anglais « buffalo » revêt toujours une grande importance culturelle, particulièrement pour les peuples autochtones. On pourrait dire que « buffalo » est le nom commun et « bison », le nom scientifique. En français, néanmoins, le nom « bison » est plus largement répandu, le mot « buffle » étant rarement employé pour désigner un bison.

Aujourd’hui, seules deux sous-espèces de bisons subsistent en Amérique du Nord, et Parcs Canada gère des hardes des deux sousespèces : le bison des prairies (Bison bison bison) et le bison des bois (Bison bison athabascae).Note de fin de document 4 Les chercheurs croient que la lignée du bison des bois et celle du bison des prairies se sont séparées il y a environ 5 000 ans, et les populations des deux sous-espèces sont donc encore très étroitement apparentées.Note de fin de document 5 Le bison des bois est le plus grand mammifère terrestre de l’Amérique du Nord, suivi de près par son cousin, le bison des prairies. L’aire de répartition du bison des bois a déjà couvert tout le Nord de l’Alberta, l’Alaska, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon.Note de fin de document 6 Le bison des bois est environ 20 % plus gros que le bison des prairies et possède une bosse très rectangulaire et proéminente, placée loin devant les épaules. En comparaison, le bison des prairies a été présent jusqu’au Mexique, au sud, et jusqu’en Floride, à l’est, bien qu’il fût plus abondant dans les Grandes Plaines.Note de fin de document 7 Le bison des prairies a une bosse plus arrondie, dont le point le plus élevé se trouve directement au-dessus des omoplates. Le bison des prairies et le bison des bois diffèrent aussi par leur pelage (ou fourrure). Le bison des prairies mâle a une ligne très distinctive qui délimite la « cape » de sa fourrure d’été, cette ligne n’étant pas apparente sur le bison des bois mâle.Note de fin de document 8

Les deux sous-espèces ont évolué au cours du dernier âge glaciaire et sont particulièrement bien adaptées aux conditions hivernales extrêmes. Leur bosse musculaire distinctive, soutenue par une immense vertèbre dorsale, leur permet de soutenir leur tête volumineuse, qu’ils utilisent pour dégager la neige afin de brouter plus efficacement malgré la profondeur du manteau neigeux. Leur peau a une telle capacité isolante que la neige qui colle sur leur dos ou le frimas qui se forme sur leur fourrure fond rarement, peu de chaleur s’échappant de leur corps. Les bisons sont parfaitement adaptés au climat glacial des hivers canadiens.Note de fin de document 9

Haut de page

Protéger le bison pour protéger les Grandes Plaines

Au cours du dernier siècle, l’évolution des objectifs en matière de conservation a influé sur la protection des populations de bisons, en particulier sur la raison de cette protection et sur la manière de protéger l’espèce. Dans les premiers temps, les efforts étaient motivés par le but immédiat de préserver l’espèce de l’extinction.Note de fin de document 10 Toutefois, plus récemment, les conservationnistes ont commencé à insister sur l’importance du bison, non seulement sur le plan de l’espèce ellemême, mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème. Le bison est une espèce clé de la prairie, car il crée des conditions idéales pour la faune et la flore de cet écosystème. Le broutage et le piétinement exercés par le bison, ses excréments et le fait qu’il se roule sur le sol produisent toute une gamme de conditions et d’habitats qui profitent aux autres espèces. Le tétras, le chien de prairie, la chevêche des terriers et de nombreuses espèces de graminées dépendent de cette organisation de l’écosystème. En fin de compte, le bison accroît la biodiversité animale et végétale dans l’écosystème des Grandes Plaines. Aujourd’hui, la conservation du bison est motivée non seulement par la protection du bison lui-même, mais également par la restauration de l’un des écosystèmes les plus menacés de l’Amérique du Nord : les Grandes Plaines.Note de fin de document 11

Bison mâle sur le dos, battant l’air de ses sabots en se roulant dans la poussière.
Steve Edgerton/ © Parcs Canada
Esquisse d’une immense harde de bisons remplissant une vallée entière.

« […] il y avait des bisons en quantités innombrables. Tout le paysage en était noirci, les masses de bisons qui le couvraient étant si compactes qu’on ne pouvait entrevoir un seul carré de verdure. Notre route nous conduisit en plein milieu de la harde, qui s’ouvrit devant nous et se referma derrière le convoi de charrettes comme l’eau qui enveloppe un navire[…] La terre tremblait jour et nuit au rythme de leur déplacement en bataillons qui, comme des vagues, suivaient les ondulations de la plaine[…] » Isaac Cowie, de la Compagnie de la Baie d’Hudson, décrivant la harde de bisons massive qu’il a croisée près du lac Last Mountain en juillet 1869.

« The Herd », dessiné de mémoire, par Martin S. Garretson. Image reproduite avec l’autorisation des archives de l’Université de l’Alberta.

Haut de page


Comme le tonnerre au loin : 30 millions de bisons

Pendant des milliers d’années, les bisons ont prospéré de manière extraordinaire, leur abondance ayant pu atteindre 30 millions d’individus dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Des hardes de plus de 10 000 individus, voire 100 000, étaient fréquemment observées et décrites vers le milieu du XIXe siècle.Note de fin de document 12 En 1843, un homme a conduit une charrette « pendant six jours successifs à travers des masses de buffles… Il a vu l’immense prairie… qui était noire jusqu’au sommet des collines, bien que le sol fût couvert de neige, tellement ces animaux y étaient surabondants ».Note de fin de document 13 Bien des voyageurs du XIXe siècle ont comparé le bruit des hardes encore invisibles au loin à celui « du tonnerre au loin » ou du « grondement lointain de l’océan » .Note de fin de document 14

Nombreux sont ceux qui, dans leurs travaux de recherche, ont tenté d’expliquer le déclin des hardes de bisons au XIXe siècle en citant des chiffres précis et absolus, habituellement dans les dizaines de millions, mais aucun n’explique comment il est parvenu à ces chiffres. Comme le fait valoir Dale F. Lott, le chiffre de « 60 millions de bisons » en Amérique du Nord à l’apogée de l’espèce est répété comme un fait avéré dans bien des ouvrages, mais souvent cité sans explication; il fait partie de la « conscience collective » des chercheurs et des interprètes. Toutefois, ce nombre ne repose pas sur un fondement solide et est remis en cause. Il pourrait avoir été avancé par le naturaliste Ernest Thomson Seton, qui s’est servi du recensement agricole de 1900 pour évaluer la capacité biotique des plaines. Les historiens et les chercheurs ont depuis mis en doute les conclusions de Seton. Ce dernier n’a pas tenu compte du fait que les bisons ne mangent pas toutes les herbes trouvées dans les plaines, et il a inclus dans ses calculs des régions où les bisons étaient rares, comme les montagnes Rocheuses, y supposant une population tout aussi dense qu’ailleurs. Le chiffre de 60 millions semble provenir des données de Seton, mais comme la plupart de ceux qui l’emploient ne citent pas leur source, son origine n’est pas claire. Des estimations éventuellement biaisées comme celle de Seton sont souvent acceptées d’emblée par des chercheurs et des interprètes d’une époque plus récente.Note de fin de document 15

Plusieurs chercheurs ont récemment établi une estimation plus conservatrice de 30 millions de bisons, en extrapolant à partir du nombre d’acres de terres dont le bison a besoin pour prospérer dans le parc national Yellowstone, par exemple, ou d’autres recensements agricoles historiques de bétail paissant dans les plaines du Nord.Note de fin de document 16 Aujourd’hui, bon nombre de chercheurs, dont des historiens, des archéologues et des biologistes, acceptent cette estimation de 30 millions de bisons, mais reconnaissent que toute estimation du genre relève, par définition, de la spéculation.Note de fin de document 17 Needless to say: centuries ago in North Nul besoin de préciser qu’il y a plusieurs siècles, en Amérique du Nord, on trouvait des dizaines de millions de bisons de plus qu’aujourd’hui.

Photo historique d’une petite harde d’une trentaine de bisons marchant dans une vaste prairie ouverte, avec des montagnes se dessinant à l’horizon.
« Bisons broutant dans le “Big Open”, dans le Nord du Montana. » Vers 1901. Photographie de L.A. Huffman. Numéro de catalogue 981-11.
Catalog #981-11. Archives photographiques du centre de recherche de la Montana Historical Society, Helena, Montana.
Haut de page

Bisons et premiers peuples de l’Amérique du Nord

Note sur la terminologie :

Dans le présent document, le terme « Autochtones » désigne collectivement les Premières Nations, les Métis, les Américains autochtones et les Inuits. L’appellation « Premières Nations » renvoie aux peuples autochtones du Canada d’aujourd’hui à l’exclusion des Métis et les Inuits. Le terme « Américains autochtones » désigne les peuples autochtones des États Unis actuels, à l’exception des Métis. Quant au mot « Indien », il s’agit d’un terme juridique ou d’un nom propre dans les noms de lieux ou d’organisations, ou les titres de lois. Dans la mesure du possible, le nom de la Nation, du groupe ou de la bande, individuellement, est utilisé en remplacement des termes généraux.Note de fin de document 18

Les groupes autochtones de l’Amérique du Nord vivant dans les prairies parlent du bison comme s’il existait depuis des temps immémoriaux et associent presque toujours cet animal au genre humain dans leurs récits : les humains ont été créés pour chasser le bison, ou le bison a été créé pour la subsistance des humains. Certains groupes autochtones comme les Lakotas disent que les humains sont nés du sang des bisons.Note de fin de document 19Le conteur Pied-Noir Percy Bullchild décrit comment le Créateur a façonné le bison avec de la boue et lui a insufflé la vie, comme il l’a fait pour les gens, afin de nourrir ses enfants humains.Note de fin de document 20 Le bison est plus qu’un animal : c’est un parent, et il mérite le respect.

Pour les groupes autochtones qui vivaient dans l’Ouest, le bison représentait la plus importante source de nourriture et d’autres matériaux.Note de fin de document 21 Comme bon nombre d’Autochtones dépendaient du succès de la chasse pour leur survie, les rites et les cérémonies étaient d’une importance cruciale. Durant l’époque qui a précédé l’arrivée du cheval dans les prairies, la chasse au bison était une affaire collective. La communauté tout entière était mise à contribution pour diriger les animaux vers les enclos à bisons ou les précipices à bisons, et pour en dépecer les carcasses par la suite.Note de fin de document 22 Durant des centaines de générations, les peuples de plaines ont acquis, sur les bisons et leur comportement, des connaissances d’une ampleur inégalable aujourd’hui. Leur survie même était intrinsèquement liée à la chasse de cet animal à la fois gros, rapide et intelligent. Les chasseurs piedsnoirs savaient, par exemple, que les bisons étaient plus lents dans l’eau et plus faciles à tuer lorsqu’ils nageaient. Ils tiraient avantage de la curiosité naturelle de l’animal pour l’attirer dans les voies menant aux enclos à bisons ou aux précipices à bisons, et portaient attention à la direction du vent pour éviter que les bêtes perçoivent l’odeur des chasseurs et soient effrayées. Ils savaient que les fragiles barrières en bois de leurs enclos à bisons ne retiendraient les animaux que si les murs avaient l’air solides, et ils recouvraient les obstacles de peaux de bisons ou de couvertures pour faire croire aux bisons qu’il n’y avait aucune issue. Grâce à cette connaissance du comportement de ce mammifère, les chasseurs autochtones ont su faire en sorte que l’animal ne tente même pas de défoncer les murs fragiles.Note de fin de document 23

Côté tanné d’une peau de bison sur laquelle est dessinée une série de pictogrammes montrant des humains et des chevaux.
« Tunique de guerrier Pied Noir, illustrant l’histoire de ses guerres et de ses chasses au bison, et montrant le nombre de scalps pris à ses ennemis. » Photo prise en 1858. Tirée d’une série de photos de l’expédition de H.Y. Hind en 1857-1858.
MIKAN 3243331, numéro de reproduction e004155607, Bibliothèque et Archives Canada

Le mode de vie des peuples des plaines reposait sur le bison; l’animal était souvent appelé, de manière évocatrice (et simpliste), un « gardemanger qui marche ».Note de fin de document 24 Un seul bison peut fournir, en moyenne, entre 200 et 250 kg (entre 400 et 550 lb) de viande; il s’agissait donc de la principale source de nourriture de bien des groupes. Les Pieds-Noirs appelaient le bison natapi waksin – « vraie nourriture » – et tous les autres aliments kistapi waksin – « fausse nourriture ».Note de fin de document 25 Outre la grande quantité de viande que donnait chaque bison, la peau de l’animal pouvait être convertie en toile de tipi, en couverture ou en sac de rangement; les tendons servaient à coudre ou à attacher des objets; les os pouvaient être sculptés et transformés en outils; les cornes devenaient des cuillères ou des tasses, parmi une foule d’autres utilisations. Les usages possibles étaient presque infinis.Note de fin de document 26

Aquarelle d’un Métis à cheval, armé d’un fusil, sa monture frôlant un énorme bison en pleine course.
« Approche d’un bison retardataire, 5 août 1858. » Aquarelle tirée du carnet de croquis de George Seton.
MIKAN 2837786, numéro de reproduction C-001068, Bibliothèque et Archives Canada.

Néanmoins, s’il est vrai que toutes les parties du bison avaient une utilité quelconque pour les peuples autochtones, ces derniers n’utilisaient pas toujours « toutes les parties du bison », comme on le dit souvent. L’archéologue Jack Brink explique ce qui suit : Je considère qu’on ne rend pas justice à la culture autochtone si l’on prétend que ces chasseurs utilisaient systématiquement toutes les parties de chaque animal après l’avoir tué, sans tenir compte des facteurs circonstanciels tels que le degré de faim, le nombre de personnes disponibles pour faire le travail et le nombre d’animaux tués. Une telle assertion équivaudrait à nier leur humanité ainsi que leur capacité de prendre des décisions rationnelles et de faire preuve de jugement devant diverses conditions de vie.Note de fin de document 27 En effet, les groupes autochtones étaient très polyvalents dans leur utilisation des produits du bison, et leurs décisions sur la façon d’utiliser l’animal étaient prises en fonction des circonstances quotidiennes.

Pour les peuples autochtones des plaines, le bison était un élément essentiel du mode de vie. Lorsque les grandes hardes de bisons ont pratiquement disparu à la fin du XIXe siècle, la vie des peuples autochtones qui dépendaient de ce grand bovidé a été tout aussi bouleversée et a changé radicalement.Note de fin de document 28

Photographie historique d’un homme assis sur des peaux de bisons, jambes croisées, tenant un fusil dans un sac de cuir à franges.
Métis du nom de Wigwam, photographié en 1858 à la colonie de la Rivière-Rouge, au Manitoba. Il est assis sur des peaux de bisons.
hoto tirée de la collection de Humphrey Lloyd Hime, MIKAN 3243328, Bibliothèque et Archives Canada.
Entassement massif de crânes et d’os de bisons avec deux hommes posant pour montrer l’échelle. L’amas d’ossements fait plus de deux étages de haut.
© Glenbow Archives NA-2242-2

Haut de page


Destruction des grandes hardes de bisons

Vers le milieu du XIXe siècle, beaucoup de gens ne voyaient pas le bison comme un élément essentiel de la vie dans les prairies, mais comme un obstacle à l’avenir « inévitable » de la colonisation de la région par les Blancs. En 1890, il restait moins d’un millier de bisons sur le continent nordaméricain.Note de fin de document 29 Ceux-ci se tenaient pour la plupart en petites hardes isolées sur des terres privées. Seuls quelques rares groupes de bisons sauvages subsistaient dans le parc national Yellowstone, nouvellement créé, et sur les territoires plus au nord de ce qui constitue aujourd’hui l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest.Note de fin de document 30 En l’espace d’une seule vie humaine, le bison, jadis le représentant le plus abondant de la mégafaune dans le monde, a été poussé au bord de l’extinction.

Le bison a été chassé pendant des milliers d’années par des peuples autochtones qui exerçaient cette activité à pied, le plus souvent à des sites de chasse comme des parcs et des précipices à bisons.Note de fin de document 31 Même si des milliers de bisons pouvaient être tués à la fois par l’une de ces méthodes, l’accroissement naturel des populations de bisons donne à penser que les Premières Nations n’y ont jamais effectué un prélèvement important.Note de fin de document 32 L’introduction du cheval et des armes à feu dans les prairies à la fin du XIXe siècle a permis aux chasseurs de tuer de manière sélective des femelles en âge de se reproduire, ce qui pourrait avoir exercé une contrainte supplémentaire sur les populations de bisons.Note de fin de document 33

Des facteurs environnementaux pourraient également avoir joué un rôle dans ce déclin, une sécheresse ayant sévi dans bien des régions au XIXe siècle, ce qui aurait réduit la quantité de fourrage à la portée des hardes de bisons.Note de fin de document 34 En outre, les grands troupeaux de bétail introduits, dont les têtes se comptaient par millions aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, ont fait concurrence aux bisons, leur laissant moins de fourrage à brouter pour leurs subsistance.Note de fin de document 35 Toutefois, la chasse excessive s’est avérée la force la plus destructrice dans le déclin des bisons.

Esquisse couleur d’un cavalier pivotant sur lui-même pour tirer avec un long fusil sur un énorme bison mâle.
L’introduction du cheval et des armes à feu dans les prairies a marqué un changement dans les méthodes de chasse au bison.
« Chasse au bison, Ouest des Prairies (Kansas) ». Peint vers 1840 par sir Henry James Warre. MIKAN 2834161, numéro de reproduction C 031264, Bibliothèque et Archives Canada.

Le XIXe siècle a également vu augmenter la demande pour des produits du bison, notamment le pemmican, une préparation de viande de bison attendrie et séchée mélangée avec de la graisse de bison fondue et, à l’occasion, des baies séchées ou fraîches. Le pemmican, confectionné par des groupes autochtones pendant des milliers d’années, prolongeait la durée de conservation de la viande de bison. Sa préparation rendait possible et productive la chasse à grande échelle puisque la viande n’avait pas besoin d’être consommée immédiatement sur le lieu d’abattage. À l’époque de la traite des fourrures, même si les Autochtones ont continué de produire du pemmican pour leur propre usage, on a observé une explosion de la demande de ce produit. Chaque année, des groupes de chasseurs métis basés à la colonie de la Rivière-Rouge, près de l’actuelle ville de Winnipeg, produisaient des dizaines de milliers de livres de pemmican et les échangeaient aux compagnies de traite des fourrures.Note de fin de document 36

Toutefois, bien que la demande commerciale pour le pemmican ait effectivement fait augmenter le nombre de bisons tués chaque année, le déclin radical de l’espèce a surtout été causé par un abattage à grande échelle assorti d’un gaspillage marqué : l’animal était chassé pour sa langue et sa peau, et à des fins sportives.Note de fin de document 37 On a assisté, au XIXe siècle, à la naissance d’un marché pour des produits particuliers du bison. Si, auparavant, on avait chassé l’animal pour sa viande et d’autres attributs en évitant presque toute perte, des membres de Premières Nations, des Métis et des Européens abattaient maintenant le bison pour prélever une seule partie de l’animal et laissaient le reste pourrir sur place. Les langues de bisons étaient considérées comme un mets délicat en Europe, tout comme parmi les Premières Nations, et si on les salait, on pouvait les expédier dans des barils vers l’est, à grands profits.Note de fin de document 38Les adeptes de chasse sportive (qui chassaient pour le plaisir ou pour le trophée, mais pas pour leurs besoins) sont devenus de plus en plus nombreux à s’en prendre au bison, en particulier après la construction des chemins de fer Union Pacific, Northern Pacific et Southern Railroads dans l’Ouest américain. Nombreux sont les témoignages qui font état de personnes tirant sur des troupeaux de bisons depuis des trains en marche pour contrer l’ennui d’un long voyage ou pour le plaisir; ils laissaient mourir tous les animaux touchés et leurs carcasses demeuraient inutilisées.Note de fin de document 39 Au cours des années 1860 et 1870, le gouvernement américain était en guerre contre des groupes autochtones comme les Sioux, les Lakotas et les Cheyennes, et aux dires de nombreux témoins de l’époque, les troupes américaines étaient délibérément encouragées à pratiquer une chasse excessive sur le bison pour affamer les Américains autochtones et les « pacifier » de force en les confinant dans des réserves.Note de fin de document 40 Comme les bisons ne se souciaient guère de la frontière artificielle du 49e parallèle et que les hardes de bisons tuées aux États-Unis auraient normalement migré vers le nord, la politique américaine a également eu des répercussions sur le territoire « canadien ».

Deux grosses carcasses de bisons et une tête de bison décapité reposent sur le sol enneigé d’un champ. Deux chevaux sellés auxquels sont attachés des fusils se tiennent derrière.
Ci contre : Dès le début des années 1880, lorsque cette photographie a été prise, les populations de bisons s’étaient effondrées. Ce déclin a sonné la fin des grandes chasses au bison.
« Après la chasse, après la course des bisons. Nord du Montana. » Janvier 1882. Photographie de L.A. Huffman. No de catalogue : 981-010. Archives photographiques du centre de recherche de la Montana Historical Society, Helena, Montana.

Durant les années 1840 à 1870, ceux qui chassent le bison pour sa peau précipitent le déclin radical des populations de bisons. Note de fin de document 41Les armes à feu européennes facilitent l’abattage d’animaux sains, soigneusement sélectionnés.Note de fin de document 42 Après l’avènement des bateaux à vapeur sur le cours supérieur de la rivière Missouri et l’achèvement des chemins de fer dans l’Ouest américain, le prix de l’expédition des lourdes peaux volumineuses diminue, et l’entreprise devient plus profitable.Note de fin de document 43 Les bateaux à vapeur et les trains amènent un nombre inégalé d’Européens plus loin que jamais auparavant vers l’Ouest, jusqu’au territoire des bisons, et rendent l’extraction des ressources de l’animal – viande, peaux et, plus tard, os – viable sur le plan financier. On découvre que les peaux de bisons sont idéales pour fabriquer des courroies d’entraînement dans les nouvelles machines industrielles.Note de fin de document 44 Dès 1840, 100 000 peaux sont expédiées chaque année vers l’aval depuis le cours supérieur du Missouri, et selon des estimations « conservatrices », des années 1872 à 1874 dans la région de Santa Fe, plus d’un million de peaux y auraient été livrées.Note de fin de document 45 Ce nombre ne représente cependant qu’une partie des animaux tués lors de la chasse puisque les peaux sont souvent atteintes par la pourriture, attaquées par des charognards, abîmées par le peaussier ou, pour toute autre raison, de trop mauvaise qualité pour être récoltées ou vendues. Comme l’observe le colonel Richard Dodge en 1883, « en raison du manque d’habiletés de tir et du manque de connaissances dans la préservation des peaux de ces animaux abattus, une peau envoyée sur le marché représentait trois, quatre ou même cinq bisons morts ».Note de fin de document 46 Les chasseurs de peaux de bisons harcelaient les hardes même durant le rut, ce qui a fait diminuer le nombre de bisonneaux nés dans les années 1870. Non seulement ils tuaient les bisons vivants, mais ils empêchaient aussi la naissance de la prochaine génération de cet animal.Note de fin de document 47 Le dernier bison des prairies sauvage observé en territoire canadien l’aurait été en 1881.Note de fin de document 48

Reçu d’achat d’ossements de bisons, vendus à la tonne, daté de 1894.
À droite : Reçu pour des os de bison, vendus à la tonne et expédiés en train sur les nouveaux chemins de fer.
Glenbow Archives NA-2311-2.

Dans les années 1890 et 1900, les nouveaux agriculteurs et les nouveaux colons ramassaient encore les os des bisons tués depuis longtemps et blanchis par le soleil. Ceux-ci étaient envoyés vers l’est pour servir au raffinage du sucre ou à la création de fertilisants et de poudre à canon. Les nutriments qu’ils renfermaient ont ainsi été retirés de l’écosystèmeNote de fin de document 49 Par suite de l’exploitation de masse de cette ressource soidisant renouvelable à l’infini, en 1890, la population de bisons s’était presque complètement effondrée; il ne restait plus que de rares individus errants et quelques tas d’ossements dispersés dans la prairie.

Groupe d’hommes debout autour de grands tas d’ossements sur le point d’être chargés dans un wagon.
Ci contre : Les premiers colons des prairies ratissaient la terre et rassemblaient les os de bisons pour les vendre. Les os étaient expédiés en train et, en fin de compte, servaient de fertilisants ou étaient utilisés dans les raffineries de sucre. « Récolte d’os de bisons dans les Prairies Alberta, Canada »
PC009268. Image reproduite avec l’autorisation de Les Prairies selon Peel (peel.library.ualberta.ca), une initiative numérique des Bibliothèques de l’Université de l’Alberta.
Haut de page

Ramenés à Banff par des hommes politiques : James McKay, Samuel Bedson, Lord Strathcona et la harde d’exhibition de Banff (1897 à 1997)

Au fil du déclin des hardes de bisons, certaines personnes ont tenté de protéger l’espèce en capturant des individus sauvages et en en faisant l’élevage domestique. Note de fin de document 50 L’actuelle population mondiale de bisons vient d’une poignée de populations distinctes qui ont toutes été capturées à la fin du XIXe siècle.

L’un de ces groupes, connu sous le nom de « harde de Bedson », constitue la source principale des bisons des prairies qui allaient aboutir dans l’enclos à bisons de Banff, où la harde a ensuite évolué pendant près d’un siècle.

Les seuls bisons d’origine canadienne à Banff proviennent de la Saskatchewan. En 1873 et en 1874, James McKay, député manitobain métis, interprète dans le cadre des Traités numérotés et guide de chasse, ainsi que son partenaire Charles Alloway, capturent des bisons dans la région de Battleford. Ils élèvent ceux-ci bisons près de la ville actuelle de Winnipeg.Note de fin de document 51 Au décès de McKay en 1879, cette harde de 13 bisons est vendue à l’encan. Plus de 1 500 spectateurs y sont présents. C’est Samuel Bedson qui achète les bisons, pour la somme totale de 1 000 $, dont il doit emprunter une partie à sir Donald Smith, lord Strathcona, l’homme barbu apparaissant sur la célèbre photographie de la pose du dernier crampon du chemin de fer Canadien Pacifique quelques années plus tard. Bedson, directeur du pénitencier fédéral de Stony Mountain, près de Winnipeg, fait aménager un enclos pour sa harde de bisons à proximité. Les gens de la région appellent cet enclos « le château », et Bedson, par extension, est surnommé « le roi du château ». Sa harde de 13 bisons a tôt fait d’en compter un de plus, car l’une des femelles met bas juste après l’encan. Les bisons sont conduits à leur nouveau domicile, au pénitencier, mais rapidement, ils s’échappent et doivent être rassemblés et ramenés dans leur enclos. Le bisonneau demeure avec la harde durant tout le périple : une centaine de kilomètres parcourus en 36 heures. Les derniers bisons des prairies canadiens proviennent donc d’un troupeau robuste.Note de fin de document 52

La harde de Bedson s’agrandit jusqu’à compter 118 animaux, à tel point qu’il devient de plus en plus en plus difficile de conserver la harde. Bedson offre certains animaux à sir Donald Smith en guise de remboursement de sa dette d’achat initiale, et quelques autres sont vendus ailleurs. Bedson vend la majeure partie de sa harde à Charles « Buffalo » Jones, du Kansas. Avec cette vente, la plus vaste harde canadienne de bisons des prairies prend le chemin du sud et des États-Unis. La modeste harde demeurée entre les mains de sir Donald Smith servira à fonder la harde de bisons d’exhibition à Banff et une autre petite harde, destinée au parc Assiniboine de Winnipeg.Note de fin de document 53

Photo célèbre de la pose du dernier crampon dans le chemin de fer transcanadien par un homme à la barbe blanche coiffé d’un haut-de-forme.
L’homme à la longue barbe blanche est lord Strathcona, sir Donald Smith. Il est ici photographié en train de poser le dernier crampon du chemin de fer Canadien Pacifique. Il s’agit peut être de l’une des photographies les plus célèbres de l’histoire du Canada. Sir Donald Smith a contribué à réunir les différentes régions du Canada grâce au chemin de fer, mais au delà de ses actions dans le domaine industriel, il a joué un rôle intéressant dans les premiers temps de l’histoire de la conservation du bison. Photo prise le 7 novembre 1885 à Craigellachie, en Colombi e-Br i t annique.
MIKAN 3194528, numéro de reproduction C-003693, Bibliothèque et Archives Canada.

Le gouvernement du Canada participe à la conservation du bison dès 1897, lorsque la première harde de bisons d’exhibition est installée dans le parc national Banff, appelé à l’époque parc des Montagnes Rocheuses. La harde de bisons de Banff naît du modeste don, par T.G. Blackstock (un avocat de Toronto), de trois bisons (un mâle et deux femelles) provenant de la harde de Charles Goodnight, au Texas. Les bêtes sont placées dans un enclos improvisé, à l’ancien poste de la Police à cheval du Nord-Ouest. L’année suivante, la harde est enrichie de 13 bisons donnés à Banff par lord Strathcona et placés dans un nouvel enclos à l’est de la gare du Chemin de fer Canadien Pacifique. En 1902, deux bisons mâles provenant de la harde de Corbin, dans le New Hampshire, sont amenés à Banff. Ceux-ci avaient auparavant été achetés de Buffalo Jones, au Texas. Note de fin de document 54Même dans les premières années, Banff sert de source de bisons pour d’autres hardes canadiennes. En 1907, sept bisons de Banff sont envoyés au parc Elk (aujourd’hui le parc national Elk Island) en échange de 16 mâles, et 77 autres sont expédiés au parc national Buffalo, à Wainwright, pour alimenter la harde locale.Note de fin de document 55 Une tradition de transferts de bisons entre parcs nationaux est donc établie tôt dans l’histoire de la conservation de cet animal.

Les bisons font partie de l’expérience et de la mémoire populaires du parc national Banff pendant la majeure partie du XXe siècle. Beaucoup de cartes postales des premières années de la harde d’exhibition de Banff montrent un grand bison mâle, capturé en 1873 près de Prince Albert et nommé « Sir Donald » en l’honneur de lord Strathcona. Lorsque ce bison meurt en 1909 à l’âge vénérable de 36 ans, sa tête est empaillée et accrochée dans le bureau du commissaire des parcs. Note de fin de document 56 Pendant un siècle, à l’instar de l’antilocapre, du wapiti, du mouflon d’Amérique et d’autres animaux, le bison est conservé dans un enclos fermé sur trois côtés par de hautes clôtures grillagées. Le quatrième côté de l’enclos se trouve à être le roc abrupt du mont Cascade. Les effectifs de bisons sont contrôlés par des abattages sélectifs, qui fournissent de la viande pour les « Banff Indian Days » (jours de festivités indiennes à Banff) et pour les employés du parc. En 1909, la population atteint un sommet à 107 bisons, mais dans les années 1960, malgré l’apport de bisons supplémentaires du parc national Elk Island, il n’en reste plus que quelques-uns dans l’enclos. Même avec une dizaine de bisons seulement, l’enclos subit un broutage excessif. Note de fin de document 57

Carte
« Sir Donald » était un bison mâle absolument massif considéré par beaucoup de gens comme étant le dernier et le plus âgé des bisons en captivité capturés à l’état sauvage. Pris par James McKay en 1873, il a été donné à Banff par sir Donald Smith en 1898 et a vécu dans l’enclos à bisons jusqu’à ce qu’il soit encorné à mort par des mâles plus jeunes en 1909.
PC010047. Image reproduite avec l’autorisation de Les Prairies selon Peel (peel.library.ualberta.ca), une initiative numérique des Bibliothèques de l’Université de l’Alberta

La harde de lord Strathcona et les bisons qui en descendent auront été conservés à Banff pendant près d’un siècle. En 1981, cinq bisons des bois du parc national Elk Island remplacent la harde de bisons des prairies en déclin. À l’époque, le bison des bois est considéré comme une espèce en voie de disparition, et la harde de Banff devient la troisième harde de conservation du bison des bois dans le monde, après le parc national Elk Island et la Réserve de bisons du Mackenzie. Cette petite harde d’exhibition à Banff fournit quelques individus permettant de soutenir les programmes de réhabilitation du bison des bois ailleurs. Toutefois, cette harde ne prendra jamais d’expansion. En 1997, l’enclos à bisons est retiré pour encourager le libre déplacement de la faune. Note de fin de document 58 À l’époque, les bisons encore présents dans l’enclos sont éliminés, et il n’y aura plus de bisons à Banff au cours des 20 années suivantes. Note de fin de document 59

Photo historique coloriée à la main de sept bisons mâles dans un champ entouré de montagnes.
Des bisons ont vécu dans l’enclos du parc national Banff pendant près d’un siècle.
PC007473. Image reproduite avec l’autorisation de Les Prairies selon Peel (peel.library.ualberta.ca), une initiative numérique des Bibliothèques de l’Université de l’Alberta

Au parc national Banff, on tire une grande fierté du fait qu’il s’agit non seulement du premier parc national du Canada, mais aussi de l’emplacement de la première harde de bisons destinée à la conservation. En février 2017, un petit groupe de femelles gestantes et de mâles d’un an provenant du parc national Elk Island a été réintroduit dans la vallée de la Panther, un secteur isolé du parc national Banff. Note de fin de document 60 Ces jeunes bisons sont appelés à former le noyau d’une harde en semiliberté dans les vallées montagnardes qu’ils ont autrefois fréquentées pendant des milliers d’années.

Quatre jeunes bisons près d’un conteneur d’expédition, courant dans la neige en direction du photographe.
Ci contre : Jeunes bisons d’Elk Island relâchés dans le parc national Banff, février 2017. Ces individus portent des tubes de caoutchouc collés sur leurs cornes avec du ruban adhésif pour empêcher les blessures durant le transport.
Dan Rafla / © Parcs Canada
Haut de page

Harde de Pablo-Allard (1884 à 1906)

Onze cow‑boys à cheval, alignés côte à côte.
« Bouviers de bisons de M. Pablo. » Stéréogramme de N.A. Forsyth
Catalog No de catalogue : ST001.049. Archives photographiques du centre de recherche de la Montana Historical Society, Helena, Montana.

Une bonne partie des bisons des prairies présents au Canada aujourd’hui ne viennent pas de Banff, mais d’une source unique : la harde de Pablo-Allard. Certains chercheurs estiment que 80 % des bisons des prairies d’aujourd’hui sont des descendants de cette seule harde. Note de fin de document 61 Celle-ci proviendrait d’un homme appelé Samuel Walking Coyote, un Autochtone du groupe appelé Kalispel (Pend d’Oreille) ayant vécu et chassé dans le Montana et dans ce qui est aujourd’hui le Sud de l’Alberta. Toutefois, l’histoire orale récemment mise au jour raconte les choses différemment. Selon l’auteur Harvey Locke, un homme appelé Atatitsa (« Plumage du Faucon Pèlerin ») aurait conçu l’idée de sauver les bisons, et son fils Latatitsa (« Plumage du Petit Faucon Pèlerin ») aurait capturé et élevé ces bisons.ENote de fin de document 62 Pour revenir à l’histoire d’origine, en 1873 ou 1874, Walking Coyote capture quatre bisonneaux après une chasse : deux mâles et deux femelles. Les bisonneaux orphelins auraient suivi son cheval jusque chez lui, du fait qu’ils ont été séparés de leurs mères. Walking Coyote les élève à la Mission St Ignace, au milieu de la réserve Flathead, où ils deviennent pratiquement domestiqués. En 1884, la harde comporte 13 individus, à tel point que Walking Coyote décide de les vendre à deux éleveurs métis : Charles Allard et Michel Pablo. Note de fin de document 63

Allard et Pablo font paître leurs bisons sur les terres de la réserve Flathead et consolident leur stock génétique par l’achat de bisons auprès de Charles « Buffalo » Jones en 1893. Bien que Jones ait capturé quelques bisons au Kansas et au Texas, certains de ses bisons ont été achetés à Samuel Bedson et ont été capturés à l’origine par James McKay en Saskatchewan. Note de fin de document 64 Avec autant de lieux d’origine différents, la harde de bisons de Pablo et Allard constitue un stock génétique issu des quatre coins du continent : Saskatchewan, Texas, Kansas et Montana. Ces animaux ne sont pas contaminés génétiquement par des boeufs, parce que les hybrides entre bisons et boeufs que les éleveurs ont achetés de Jones « n’ont jamais été autorisés à s’accoupler avec les bisons “pur-sang” dans le pâturage, mais ont été séquestrés sur l’île Horse située sur le lac Flathead ». Note de fin de document 65La harde d’origine est donc petite, mais les bisons des prairies conservés par Pablo et Allard présentent une grande diversité génétique.

Après la mort d’Allard en 1896, la harde est divisée entre les familles Pablo et Allard; la succession d’Allard vend quelques bêtes à Charles Conrad, ce qui constituera le noyau de la harde du National Bison Range au Montana. En 1904, le gouvernement américain ouvre la réserve indienne Flathead aux colons blancs, et Pablo ne peut plus faire paître ses bisons sur ces 1,3 million d’acres, comme il l’a toujours fait. Note de fin de document 66Il tente de vendre la harde au gouvernement américain, mais sa demande est rejetée. C’est finalement le gouvernement du Canada qui accepte d’acheter ce qui est considéré comme la harde de bisons la plus importante et la meilleure sur le continent. Note de fin de document 67 Howard Douglas, à l’époque directeur du parc national des Montagnes Rocheuses (Banff), est tout à fait ravi d’avoir la possibilité d’acquérir cette harde des Américains, et souligne « [qu’]avec le troupeau sauvage se trouvant au Nord [bisons des bois] et celui-ci, le Canada posséderait les huit dixièmes de tous les bisons vivants ».Note de fin de document 68

Il faut plusieurs années et de multiples expéditions de rassemblement des bêtes pour finalement récupérer tous les bisons de Pablo et les faire monter à bord de wagons spécialement construits et renforcés, expédiés au nord de la « Medicine Line » : le 49e parallèle.Note de fin de document 69 La tâche n’est pas aisée, les bisons étant des bêtes sauvages. Pablo a initialement estimé sa harde à environ 400 animaux; il en possède en réalité près de 800. Le rassemblement, qui ne doit initialement durer qu’un été, prendra finalement cinq ans.

Les photographies suivantes ont été prises par N.A. Forsyth durant le rassemblement. Elles proviennent de stéréogrammes, des images qui produisent un effet tridimensionnel lorsqu’on les regarde au moyen d’une visionneuse. Les citations sont tirées de journaux contemporains, qui décrivent les événements entourant le dernier grand rassemblement de bisons.

Harde de bisons dans un enclos, avec un mâle et une femelle au premier plan.
#ST001.035. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.

« Il y a 30 ans, on a cru que les chasses au bison appartenaient à l’histoire lorsque les derniers représentants dispersés de ces hardes autrefois innombrables, qui parcouraient un vaste territoire s’étendant de la vallée du Mississippi aux montagnes Rocheuses et du Rio Grande au Grand lac des Esclaves, ont été abattus de façon impitoyable et gratuite […] Par conséquent, une vraie chasse au bison de nos jours, alors que la population a appris à parler du bison comme d’une race disparue, serait un événement à la fois unique et intéressant […] ».

«Superbe couple dans la harde de bisons la plus belle du monde.»

D.J. Benham. « The Round Up of the Second Herd of Pablo's Buffalo. » The Edmonton Bulletin, 8 novembre 1907 : 9-11.
Cow-boy âgé sur un cheval blanc dans un corral entourant une harde de bisons.
#ST001.045. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.

« Il appartient à l’époque des grands élevages et illustre à merveille ce qu’un homme déterminé peut accomplir dans l’adversité, dans des circonstances qui décourageraient la majorité. D’un physique splendide sculpté par le travail ardu de toute une vie au grand air, grand et le dos toujours bien droit, il porte ses 68 ans avec une légèreté telle qu’on lui en donnerait 50. Une détermination tranquille émane de toute sa personne, tandis que ses autres caractéristiques dominantes auraient fait de lui un chef dans n’importe quelle collectivité […] Là bas, il est comme un roi, à sa manière, n’ayant personne pour lui disputer sa suprématie […] Aux dires de ceux qui le connaissent le mieux, M. Pablo incarne l’honneur et jouit en retour de l’estime des autres. »

« Lorsque la vente à un pays étranger a été confirmée, un vent d’opposition et de critiques s’est levé, en particulier au Montana, où la transaction était vue comme une immense perte, notamment sur le plan national […] M. Pablo reçut des offres équivalant au double, voire au triple du montant que le Canada devait payer officiellement, sans doute dans l’espoir que le facteur financier, soit près d’un quart de million de dollars, s’avère une motivation suffisante pour qu’il rompe son engagement […] Mais M. Pablo […] est un homme d’une remarquable intégrité, qui n’a qu’une parole […] Toutes les offres alléchantes reçues pour ses bisons, même celle à 700 $ par tête, furent tranquillement refusées, et c’est tout à son honneur, pour la simple raison qu’un marché a été conclu, et qu’à ce titre, il est sacré. Il avait la ferme conviction que le Canada […] devait être récompensé pour ses efforts et sa négociation honnête.

«M. Pablo, le Roi des bisons.»

D.J. Benham. « The Round Up of the Second Herd of Pablo's Buffalo. » The Edmonton Bulletin, 8 novembre 1907 : 9-11.
Sept cow-boys à cheval pourchassent un groupe de neuf bisons dans un corral clôturé en dépassant une rangée de chariots.
#ST001.019. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.

« Les rassemblements […] étaient ce qu’on pouvait voir de plus spectaculaire dans la prairie. Le champ de bataille se trouvait dans les badlands des Pend d’Oreille et dans les contreforts des montagnes, où chaque homme jouait sa vie dans une folle ruée à travers passages et ravins, sur les crêtes et les contreforts ou au creux des vallées sillonnées de cours d’eau asséchés d’anciens torrents de montagnes, dans la poursuite effrénée des bandes de bisons […] »

« Parfois, les cow-boys étaient les poursuivants, et parfois ce sont eux qui étaient poursuivis. Lorsque leur détermination à faire bifurquer un bison les menait plus près de l’animal que ce que celui ci pouvait tolérer, une charge brutale pouvait s’ensuivre, et le cavalier devait éloigner son cheval le plus loin possible pour échapper aux cornes de ce monstre en furie. »

D.J. Benham. "The Round Up of the Second Herd of Pablo's Buffalo." The Edmonton Bulletin, 8 novembre 1907 : 9-11.

 

Stéréogramme historique de deux cow-boys à cheval pourchassant un groupe de sept bisons mâles dans un corral.
#ST001.040. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.
Stéréogramme historique de quatre cow-boys à cheval dans un corral, pourchassant quatre bisons qui dévient de leur course en se retournant soudainement.
#ST001.024. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.
Gros bison mâle dans un étroit chariot en bois. Plusieurs hommes sont grimpés sur l’extérieur du chariot et regardent l’animal.
#ST001.025. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.

« Pour avoir une bonne idée des difficultés que comportait ce travail, prenez le boeuf le plus “têtu” du troupeau, multipliez son caractère sauvage par 10, son entêtement par 15, sa force par 40 et son endurance par 50, puis additionnez tous ces produits : vous aurez une idée de la patience et de la compétence que requiert le chargement d’un bison dans un wagon à bestiaux. »

« Loading the Allard buffalo for shipment to the North », The Daily Missoulian, mercredi matin, 29 mai 1907 : 2.
Stéréogramme historique d’un bison mâle franchissant un étroit passage en direction d’un wagon sous la surveillance de plusieurs hommes.
#ST001.036. Montana Historical Society Research Center Photograph Archives, Helena, MT.
Haut de page

Escale au parc Elk (1907 à 1909)

Un homme pose debout dans un studio de portrait, portant un Stetson et un mouchoir de cou. Ses gants, ses bottes et sa culotte servent à monter à cheval.
Garde chasse Victor Hiscock en uniforme, vers 1907.
Image reproduite avec l’autorisation de sa descendante Vivia n Young



Le parc Elk, comme son nom le suggère, a été fondé aux fins de création d’une réserve de wapitis (« elk » en anglais) – la première réserve de chasse contrôlée au Canada.Note de fin de document 70 Cependant, un an à peine après sa création, l’endroit devient la terre d’accueil d’une vaste harde de bisons du Montana. Le gouvernement du Canada a mis en réserve des terres près de Wainwright, en Alberta, pour y créer un nouveau parc national, mais les bâtiments et clôtures ne sont pas encore terminés au moment de l’expédition des premiers bisons de la harde de Pablo. Le parc Elk (devenu par la suite le parc national Elk Island) est avantageusement situé, à proximité d’une gare ferroviaire et, mieux encore, il est entièrement clôturé, ce qui en fait une escale parfaite pour les bisons.Note de fin de document 71

Les animaux ne doivent demeurer que temporairement au parc Elk, mais ils en deviennent rapidement l’attrait principal. Dès leur arrivée, ils font sensation parmi les résidents.Note de fin de document 72 Il n’y avait pas eu de bisons dans la région d’Edmonton depuis plus de 30 ans, et des milliers de personnes sont venues admirer ces « monarques des plaines ».Note de fin de document 73 En 1909, cependant, l’aménagement des clôtures du nouveau parc national Buffalo près de Wainwright est terminé. Les bisons d’Elk Island sont rassemblés et expédiés dans le nouveau parc. Néanmoins, les bisons sont devenus populaires à Edmonton et le ministre de l’Intérieur, l’Edmontonien Frank Oliver, ordonne qu’une petite harde d’exhibition soit laissée sur place.Note de fin de document 74 Les quelque 30 à 50 bisons laissés à Elk Island à l’époque constituent le noyau de la harde de bisons des prairies aujourd’hui en place dans le parc, une harde qui a pris de l’expansion au fil des années et dont certains individus ont été envoyés ailleurs en appui à plusieurs dizaines de projets de conservation. Note de fin de document 75 Il est fort heureux que ces bisons soient demeurés à Elk Island, car les choses ne se sont pas très bien passées au parc national Buffalo.

Croquis d’une carte des routes, lacs, maisons et clôtures du parc Elk, avec la liste du nombre d’animaux présents dans le parc, dont 400 bisons.
Carte du parc Elk en 1907, telle que dessinée par l’ancien garde chasse Victor Hiscock.
Image reproduite avec l’autorisation de sa descendante Vivia n Young
Haut de page

Leçons tirées du parc national Buffalo (1909 à 1939)

Le parc national Buffalo ne sera exploité que pendant trois décennies et s’avérera à la fois un succès et un échec. Ainsi, la population de bisons en pleine croissance suscite à l’époque beaucoup d’espoir pour la survie future de l’espèce, mais son introduction aboutit à des problèmes de surpopulation. Les bisons de Wainwright se développent rapidement et deviennent une attraction très courue par les touristes, qui affluent pour voir une espèce encore tout récemment considérée comme étant au bord de l’extinction.Note de fin de document 76 Toutefois, le parc national Buffalo doit affronter une multitude de problèmes, dont la maladie, le broutage excessif et le manque de financement et d’intérêt du gouvernement fédéral.

L’aménagement des clôtures du parc national Buffalo, près de Wainwright en Alberta, est terminé en 1909. Elk Island n’a alors reçu qu’une partie des bisons de la harde de Pablo au Montana. En 1909, la majeure partie des bisons d’Elk Island est expédiée à Wainwright. Les autres bêtes de la harde de Pablo sont expédiées du Montana au parc national Buffalo en 1912. La harde de Wainwright est également alimentée par des bisons de la harde de Conrad, au Montana, et par celle de Banff, le dernier arrivage ayant lieu en 1914, pour un total de 748 bisons.Note de fin de document 77

La population de bisons dans ce nouveau parc national prospère et grandit rapidement... trop rapidement.Note de fin de document 78 Après seulement quelques années, la population a plus que doublé et est bientôt considérée comme la plus vaste harde de bisons du monde.Note de fin de document 79 Après 1921, la population augmente au rythme de 1 000 individus par année, ce qui oblige le personnel du parc à organiser annuellement l’abattage de nombreux bisons et à prendre d’autres mesures radicales.Note de fin de document 80 En 1925, la population de bisons atteint 8 832 têtes, bien audelà de la capacité biotique, estimée à 5 000 têtes. Le parc abrite également de grandes populations d’autres ongulés comme l’orignal, le wapiti, l’antilocapre et le cerf.Note de fin de document 81 Les activités du parc national Buffalo se mettent vite à tourner autour du sort des ongulés « en surplus ».

Le parc allait demeurer aux prises avec des problèmes de surpopulation tout au long de son histoire jusqu’à sa fermeture en 1939. Dès les années 1920, le personnel du parc observe un problème de surpâturage et constate que les ongulés sont en mauvais état. Le premier cas de tuberculose est découvert chez un bison du parc en 1916, mais ce n’est pas un cas isolé. Les trois quarts des animaux abattus en 1923-1924 montrent des signes de tuberculose. Les conditions de surpopulation n’ont fait qu’accélérer la propagation des maladies et des parasites.Note de fin de document 83 Dans les années 1920, une décision controversée est prise, celle de transférer plus de 6 000 bisons des prairies (dont bon nombre sont atteints de tuberculose) dans le parc national Wood Buffalo, dans le Nord-Est de l’Alberta. Cet envoi vise à atténuer les problèmes de surpopulation dans le parc national Buffalo d’une manière qui ne risque pas de provoquer un tollé. En dépit de ces efforts, des abattages massifs de bisons ont lieu chaque année et deviennent la norme à Wainwright.Note de fin de document 84 Le parc est en réalité géré comme un ranch, le produit étant une grande harde de bisons. Durant les trois décennies de son exploitation, plusieurs mécanismes de fonctionnement sont mis en place pour rendre la harde profitable, par exemple la vente de la viande et la taxidermie des têtes de bisons, principalement parce que le gouvernement fédéral s’est largement désintéressé de la question de fournir au parc les fonds nécessaires à son exploitation. Un film muet hollywoodien, La dernière frontière, est tourné au parc national Buffalo en 1923, mais il aura mauvaise presse parce que durant le tournage, 34 bisons sont abattus. Note de fin de document 82

Groupe de bisons dans un champ, dont un bison se dirigeant directement vers l’appareil photo.
Bisons au parc national Buffalo, vers 1910
PC005127. Image reproduite avec l’autorisation de Les Prairies selon Peel (peel.library.ualberta.ca), une initiative numérique des Bibliothèques de l’Université de l’Alberta

Le rétablissement d’une harde saine de bisons des prairies au parc national Buffalo a été entravé par une gestion médiocre des animaux. Ainsi, dans les années 1920, on croyait que le bison se situait à l’extrémité la plus primitive d’un continuum de l’évolution qui aurait éventuellement mené à la « perfection » représentée par les bovins domestiques européens. Le yack d’Asie était considéré comme étant à mi-chemin entre le bison et le boeuf domestique. Le parc a donc mené des expériences d’hybridation des bisons, notamment avec des yacks et des vaches, ce qui a produit des hybrides appelés « yakkalo » et « cattalo ». Ceux-ci ont peut-être contribué à la propagation des maladies bovines du bétail à la faune du parc.Note de fin de document 85

Bovidé mâle de profil à la silhouette de bison, avec sa bosse et son épaisse fourrure, mais dont la tête et la couleur plus pâle sont celles d’une vache domestique.
Un hybride entre bison et boeuf est aussi appelé « cattalo » ou « beefalo ». Contrairement à cet individu du parc national Buffalo, un bison ayant seulement une petite proportion de gènes de boeuf peut ressembler de très près à un bison de race pure.
PC010948. Image reproduite avec l’autorisation de Les Prairies selon Peel (peel.library.ualberta.ca), une initiative numérique des Bibliothèques de l’Université de l’Alberta

Le parc national Buffalo a officiellement cessé d’exister en 1947, bien que le parc ait été fermé et que tous les animaux qui subsistaient aient été détruits en 1939. Les terres du parc ont été converties en une base militaire, la Base des Forces canadiennes Wainwright.Note de fin de document 86 En 1980, pour célébrer le 75e anniversaire de la fondation de l’Alberta comme province, une petite harde d’exhibition de bisons des prairies du parc national Elk Island a été placée sur les terrains de la base, où l’on peut encore observer des bisons aujourd’hui. Des bisons errent toujours dans le paysage de l’ancien parc national Buffalo.Note de fin de document 87

Haut de page

Protéger les derniers bisons du Nord : Création du parc national Wood Buffalo (1922)

Le bison des bois, dans son aire de répartition nordique au climat rigoureux, a peut-être atteint une population comptant tout au plus 168 000 individus à son apogée. Il a lui aussi souffert d’un déclin radical causé par la chasse excessive au cours du XIXe siècle.Note de fin de document 88 Après son déclin, un relevé de la population de cette sous-espèce est effectué. En 1902, Charles Camsell, membre subalterne de la Commission géologique du Canada, quitte Fort Smith à la recherche de l’insaisissable bison des bois qui, selon la rumeur, vivrait encore en petits groupes dans ce qui constitue à l’époque les Territoires du Nord-Ouest. Grâce à ses guides, au cours des semaines suivantes, il aperçoit de nombreuses traces et une petite harde de bisons. À partir de ses observations, il estime à environ 300 le nombre de bisons des bois sauvages dans la région, bien qu’il ne propose aucune justification à son extrapolation.Note de fin de document 89 Au niveau le plus bas de la population, le nombre de bisons subsistant aurait été encore inférieur à ce nombre.Note de fin de document 90 Cette petite population de bisons est demeurée en bonne partie non protégée et, à l’époque, fait encore occasionnellement l’objet d’une chasse par les Autochtones et les chasseurs sportifs, malgré l’interdiction promulguée par le gouvernement fédéral. En 1911, la Direction des forêts met sur pied un service de gardes forestiers pour protéger ces bisons, mais elle a du mal à faire appliquer les lois sur la chasse sportive.Note de fin de document 91 C’est en 1922 que le parc national Wood Buffalo est fondé afin de protéger les rares individus de bisons des bois qui subsistent. Ces animaux représentent la seule harde de conservation au Canada ayant vécu sans interruption sur son territoire, sans en être disparue et y avoir été réintroduite depuis un autre endroit. Il s’agit également du seul bison ayant connu une relation prédateur-proie ininterrompue avec les loups.Note de fin de document 92

Depuis le début du XXe siècle, les chercheurs tentent de déterminer si le bison des bois (Bison bison athabascae) devrait être véritablement considéré comme une sous-espèce distincte du bison des prairies (Bison bison bison) ou si les différences visuelles claires entre les deux sont uniquement attribuables à des facteurs environnementaux.Note de fin de document 93 Le parc national Wood Buffalo a été créé sans égard à cette question, parce que le bison qui vivait dans la région était considéré par les fondateurs du parc comme « le meilleur spécimen de son espèce, supérieur par son pelage, sa taille et sa vigueur à ses congénères des plaines dont les descendants existent encore dans nos parcs aujourd’hui » .Note de fin de document 94 Cette population de bisons était considérée comme « une classe en soi », de décrire le chercheur W. A. Fuller, « ce qui donne à penser qu’il valait la peine de les protéger, qu’ils aient été ou non officiellement reconnus comme une sous-espèce ».Note de fin de document 95 Parcs Canada et d’autres groupes de conservation suivent le principe selon lequel le bison des bois est une sous-espèce distincte et ne devrait idéalement pas être hybridé avec le bison des prairies.

Près d’une rivière, série de corrals en bois qu’un bison traverse en courant.
Ces corrals ont été utilisés lors du transport des bisons des prairies par voie fluviale vers le parc national Wood Buffalo.
Archives provinciales de l’Alberta, A4722.

Dans les années 1920, la pureté génétique et la santé de la harde de bisons des bois du parc national Wood Buffalo sont compromises lorsque 6 673 bisons des prairies y sont transférés du parc national Buffalo. Fuller décrit comment le transfert était justifié par trois hypothèses non corroborées : les bisons de Wainwright seraient introduits dans un secteur séparé de la harde existante du parc national Wood Buffalo par une bande de terre constituée de tourbières et de marais infranchissables; les distinctions entre le bison des bois et le bison des prairies « étaient superficielles et attribuables à des facteurs environnementaux »; et les animaux transférés étaient trop jeunes pour être porteurs de maladies infectieuses comme la tuberculose.Note de fin de document 96Selon Fuller, ces trois arguments ont été depuis réfutés. L’hybridation et la maladie ont eu tôt fait de se manifester.Note de fin de document 97 La décision d’introduire le bison des prairies dans le parc national Wood Buffalo était déjà controversée à l’époque. En 1922, Thomas Barbour, directeur du Museum of Comparative Zoology de l’Université Harvard, condamne le transfert de bisons des prairies malades vers le parc national Wood Buffalo, le qualifiant de « […] l’un des exemples les plus tragiques de stupidité bureaucratique de l’histoire ».Note de fin de document 98 D’après Wes Olson, spécialiste du bison, le fait que la « quasi-extinction de l’espèce soit encore fraîche dans la mémoire de la population » a précipité la décision de permettre le transfert de ces animaux à partir de la harde en surpopulation de Wainwright malgré le risque d’hybridation et d’introduction de maladies dans une population saine de bisons des bois.Note de fin de document 99 Pendant des décennies, l’on a craint la perte de cette sousespèce de bison.

En 1958, N.S. Novakowski, chercheur au Service canadien de la faune, découvre une harde d’environ 200 individus dans la région de la rivière Nyarling, dans le coin nord-ouest du parc, qui semblent avoir toutes les caractéristiques de bisons des bois génétiquement purs. Les spécialistes examinent les individus vivants et morts qui ont été piégés et conservés à Fort Smith et déterminent qu’ils sont de véritables spécimens de bisons des bois. Leurs conclusions seront par la suite contestées, et des recherches récentes donnent à penser que cette harde de bisons des bois aurait eu de lointains ancêtres chez les bisons des prairies.Note de fin de document 100 Néanmoins, Fuller et d’autres chercheurs estiment que cette population est « la plus rapprochée du bison des bois d’origine que nous puissions jamais trouver ».Note de fin de document 101 Après avoir été déclarés exempts de maladies en 1963, 18 de ces animaux sont expédiés dans la nouvelle Réserve de bisons du Mackenzie pour former le noyau d’une future harde de l’autre côté d’un obstacle infranchissable, le Grand lac des Esclaves.Note de fin de document 102 Les 32 bisons des bois restants sont envoyés au parc national Elk Island.Note de fin de document103

Aujourd’hui, malgré la controverse entourant les cas d’hybridation et de maladies parmi les animaux du parc national Wood Buffalo, il s’agit encore de la plus grande harde de bisons en liberté de l’Amérique du Nord.

Deux bisons des bois mâles avec d’immenses bosses, dans un champ d’herbe en automne.
Le bison des bois est adapté au climat froid du Nord, son habitat ayant déjà couvert l’ensemble de l’Alaska et des Territoires du Nord-Ouest ainsi que le Nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Comparativement au bison des prairies, le bison des bois est entre 15 et 25 % plus gros et plus grand, et il a les pattes plus longues, la fourrure plus sombre et, souvent, une toison qui lui retombe sur le front. Sa barbe est plus petite et plus pointue, et la fourrure couvrant ses pattes n’est pas aussi dense que celle du bison des prairies. La bosse du bison des bois est haute et rectangulaire, et son point saillant se trouve en avant des épaules
Steve Edgerton / © Parcs Canada

Haut de page


Deuxième chance pour le bison des bois : Parc national Elk Island (de 1965 à aujourd’hui)

Elk Island est le seul parc national où l’on trouve toujours des hardes des deux sous-espèces de bisons de l’Amérique du Nord. En 1965, 32 bisons des bois arrivent dans le parc national Elk Island, suscitant l’espoir que la nouvelle harde, une fois bien éloignée des autres populations atteintes de maladies, servira de garantie pour le rétablissement de la sous-espèce.Note de fin de document104 Ils sont placés dans un endroit qui fut autrefois l’aire d’isolement, au sud de la route Yellowhead, d’où ont été éliminés, la même année, une harde de bisons des prairies ainsi que d’autres ongulés, considérés comme vecteurs potentiels de maladies. Cette mesure est adoptée pour donner au bison des bois les meilleures chances possible de s’établir en harde saine.Note de fin de document 105

La découverte inattendue de maladies après l’arrivée des 32 bisons des bois de Wood Buffalo à Elk Island donne lieu à des mesures de précaution extrêmes afin d’éliminer la menace et la propagation de maladies. Avant leur transfert, les 32 bisons ont réagi négativement à des épreuves de dépistage de la brucellose et de la tuberculose et sont considérés comme étant exempts de maladies. Toutefois, des analyses subséquentes réalisées après leur arrivée à Elk Island montrent le contraire, plusieurs des animaux étant soupçonnés d’être porteurs de la brucellose. Malgré l’élimination des individus malades, le parc ne veut pas courir le risque de perdre une si précieuse harde et finit par abattre tous les individus du nouvel arrivage atteints, ne laissant que de jeunes bisonneaux. Le personnel prend soin d’éliminer les femelles gestantes seulement après la mise bas, car il n’y a aucun risque de transfert de la maladie aux nouveaunés tant qu’ils n’ont pas commencé à être allaités.Note de fin de document 106 Ces jeunes bisons, exempts de maladies mais orphelins, viennent soutenir l’effectif de la petite harde de bisons des bois et sont nourris au biberon par les employés du parc afin d’assurer leur survie.Note de fin de document107 Selon Wes Olson, qui a travaillé de nombreuses années à Elk Island :

Les veaux étaient souvent baptisés par les employés qui en prenaient soin, notamment Stumpy et Buffy. Buffy a continué de chercher la compagnie des gens tout au long de sa vie et a pris l’habitude de quitter la harde pour venir quêter une caresse. Elle est morte en 1992 à l’âge de 24 ans, et fut le dernier de ces « bébés nourris au biberon ».Note de fin de document 108
Les soins prodigués à ces onze jeunes survivants auront permis à la harde actuelle de bisons des bois de s’établir solidement dans le parc. Les bisons des bois du parc national Elk Island finiront par servir de source à huit autres hardes de conservation du bison des bois en Amérique du Nord.Note de fin de document 109
Bison des bois mâle, de profil, marchant dans un champ d’herbe en automne.
Steve Edgerton / © Parcs Canada
Haut de page

Long chemin vers la santé : Maintenir des hardes saines

Les premiers efforts de conservation du bison durant la première moitié du XXe siècle ont été freinés par la découverte de trois maladies dans les grandes hardes de conservation : la brucellose bovine (Brucella abortus), la tuberculose bovine (Mycobacterium bovis) et le charbon (Bacillus anthracis). Ces maladies ont entraîné des revers majeurs et ajouté de nouvelles difficultés à la gestion des hardes de bisons en Amérique du Nord. Bien que la brucellose et la tuberculose bovines ne soient pas nécessairement fatales, contrairement à une exposition au charbon, les répercussions générales sur une harde sont nuisibles à long terme. Même si des bisons des bois continuent d’être touchés par ces maladies au Canada, des hardes de conservations saines comme celle du parc national Elk Island offrent un stock de géniteurs pour des projets sur les bisons dans toute l’Amérique du Nord.

Il est difficile de trouver les origines exactes de la brucellose ou de la tuberculose bovines parce que les deux peuvent être présentes dans un animal pendant de nombreuses années, voire des décennies, sans être détectées, et que les symptômes de ces maladies peuvent se manifester uniquement lorsque l’animal est stressé ou vieux.Note de fin de document 110 Comme ces maladies peuvent infecter tout un éventail d’animaux, dont les bovins domestiques, le bison, le wapiti et le cerf, le bison pourrait les avoir contractées d’une espèce différente.Note de fin de document 111 La tuberculose bovine, la brucellose bovine et le charbon sont tous probablement arrivés en Amérique du Nord à partir de l’Europe, par l’intermédiaire de bétail apporté par les colons.Note de fin de document112 La plupart des hardes de conservation d’aujourd’hui proviennent de jeunes bisons capturés qui ont été nourris au lait de vache domestique, source possible de maladies. Or, si l’un ou l’autre de ces bisons a montré des signes de maladie avant d’être envoyé dans un parc national, rien n’apparaît dans les dossiers historiques.Note de fin de document113 La tuberculose bovine a été découverte pour la première fois chez un bison en 1910, dans le réseau de parcs canadiens, et la brucellose, en 1917 au parc national Yellowstone.Note de fin de document 114

Microphotographie montrant de grandes tâches bleu pâle et de petites mouchetures rouges.
Les petites mouchetures rouges que l’on peut voir sur cette microphotographie sont le Mycobacterium bovis, microorganisme responsable de la tuberculose bovine, sur les poumons d’un wapiti du parc national du Mont Riding.
Image reproduite avec l’autorisation de Todd Shury, spécialiste de la santé de la faune pour Parcs Canada.

La brucellose bovine est une infection bactérienne dont les symptômes sont notamment une réduction de la production de lait, une enflure des articulations et l’infertilité.Note de fin de document 115 Il arrive également, mais moins fréquemment, qu’il y ait avortement, d’où le nom de Brucella abortus (le mot anglais pour « avortement » étant « abortion »). Cet effet est particulièrement préoccupant, parce qu’il peut entraîner une diminution importante de la capacité reproductive d’une harde. Un foetus avorté peut facilement contaminer un autre bison qui l’examine par curiosité ou qui broute dans une zone contaminée.Note de fin de document116 Le mode de transmission de la maladie le plus fréquent est l’allaitement par les femelles atteintes, car l’une des stratégies de reproduction de la bactérie responsable de la brucellose consiste à se loger dans les tissus mammaires.Note de fin de document 117 Cette maladie est une préoccupation majeure au parc national Elk Island, bien qu’elle ait également été observée au parc national Wood Buffalo et au parc national Yellowtone.Note de fin de document 118 C’est à l’hiver 1947 qu’un premier bison des prairies a été déclaré porteur de la brucellose à Elk Island. Au cours des trois décennies suivantes, un programme intensif de gestion de la maladie a permis son élimination complète. Depuis 1972, les hardes de bisons des prairies et de bisons des bois du parc national Elk Island sont considérées comme exemptes de maladies. Elk Island continue de maintenir son statut de parc exempt de maladies afin de contribuer au rétablissement du bison à l’extérieur de ses frontières.Note de fin de document 119

La tuberculose bovine est une maladie respiratoire caractérisée par des lésions aux poumons. Les autres symptômes sont notamment la faiblesse, la toux, la fièvre et l’amaigrissement extrême. Elle est habituellement transmise par voie aérienne, par l’intermédiaire de l’appareil respiratoire, ce qui la rend très contagieuse. La maladie peut affaiblir un bison de manière chronique pour le reste de ses jours. La tuberculose était présente chez le bison des prairies du parc national Buffalo, et les bisons atteints ont certainement introduit la maladie dans le parc national Wood Buffalo après 1925.Note de fin de document 120 Actuellement, environ 50 % des bisons du parc national Wood Buffalo sont infectés par la tuberculose bovine, mais, à l’échelle nationale, aucune autre harde n’est touchée par un taux d’infection aussi élevé.Note de fin de document 121

Le charbon est une maladie bactérienne causant la mort soudaine par septicémie, ou intoxication du sang. Souvent, les animaux atteints meurent quelques jours, voire quelques heures, après avoir été exposés à la bactérie. Les spores du charbon peuvent vivre pendant des décennies dans le sol et se manifester sporadiquement dans les populations animales de nombreuses années après la dernière éclosion. Lorsque les bisons se roulent sur le sol, ils peuvent inhaler les spores.Note de fin de document 122 La première éclosion importante de charbon chez le bison a eu lieu dans les années 1960. Entre 1962 et 1971, la mort de plus de 2 800 bisons dans le parc national Wood Buffalo, les basses terres de la rivière des Esclaves et la Réserve de bisons du Mackenzie a été attribuée au charbon. Les bisons sauvages ne peuvent pas être traités pour le charbon, mais il est possible d’administrer des vaccins ou des antibiotiques à des bisons en captivité.Note de fin de document 123 En 1965 et en 1977, des milliers de bisons ont été rassemblés et vaccinés dans le parc national Wood Buffalo, quoique le programme n’ait obtenu qu’un succès partie.Note de fin de document 124 Malgré des signes encourageants, personne n’a encore l’assurance que l’une ou l’autre de ces mesures a porté ses fruits, puisque la bactérie peut demeurer dans le sol pendant des années. Le risque d’une nouvelle éclosion de charbon dans certaines régions demeure élevé, des décès attribués à cette maladie ayant été récemment confirmés dans la harde de bisons d’exhibition de Syncrude au cours de l’été 2015125.Note de fin de document125

Haut de page

Bisons en péril

Les populations de bisons sont sans aucun doute plus abondantes aujourd’hui qu’à l’époque ayant suivi leur déclin dans les années 1890, mais l’espèce demeure par nature vulnérable aux maladies et à d’autres fléaux. Le XXe siècle a donné lieu à de nombreux programmes intensifs de gestion des maladies dans diverses hardes de bisons de l’Amérique du Nord, mais malgré certaines réussites, le contrôle des maladies demeure très préoccupant, et les hardes ont besoin de l’intervention humaine. Neuf hardes de conservation de bisons des bois sont considérées comme exemptes de maladies, mais ces bisons sains sont largement dépassés en nombre par les grandes populations de bisons du parc national Wood Buffalo et des basses terres de la rivière des Esclaves, infectées par la brucellose et la tuberculose.Note de fin de document 126 Si une harde de plusieurs milliers d’individus peut sembler saine, des circonstances imprévues peuvent faire diminuer le nombre de bisons à un rythme alarmant. Ainsi, au cours des dernières décennies dans le parc national Wood Buffalo, il est arrivé que des milliers de bisons meurent noyés en une seule année en raison de fortes inondations printanières.Note de fin de document 127 En théorie, si une éclosion de charbon s’était produite au même moment, la population de bisons du parc national Wood Buffalo aurait pu être complètement décimée. Des étés chauds et secs – conditions qui, selon de récentes projections, risquent de devenir de plus en plus courantes dans le Nord en raison du changement climatique – augmentent la possibilité d’éclosion du charbon et, par conséquent, le risque d’un déclin soudain dans le nombre de bisons causé par de multiples facteurs.Note de fin de document 128 Parcs Canada doit conserver les hardes de bisons exemptes de charbon, de brucellose et de tuberculose pour préserver l’espèce en cas d’effondrement catastrophique des autres populations de bisons. En conservant de multiples hardes de bisons saines à différents endroits, la grande méta-population de bisons de l’Amérique du Nord sera protégée en cas de catastrophe dans certaines hardes.

Crâne de bison sur le sol parmi des plantes à fleurs.
Scott Munn / © Parcs Canada
Haut de page

Vers de nouveaux horizons : Transferts de bisons à partir du parc national Elk Island

Un homme en uniforme de Parcs Canada se tient debout devant un corral qui fait face à un petit groupe de huit jeunes bisons de l’année.
Cameron Johnson / © Parcs Canada

Parcs Canada transfère depuis longtemps des bisons entre parcs nationaux pour augmenter le nombre de hardes et accroître leur diversité génétique. Durant les premières années, par exemple, des bisons vivant à Banff ont été envoyés au parc national Elk Island et au parc national Buffalo, et des bisons de celui-ci ont à leur tour été expédiés au parc national du Mont-Riding.Note de fin de document 129 Dès 1943, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a reconnu la conservation du bison des prairies comme un événement d’importance historique nationale. La plaque commémorant cet événement se trouve au parc national Elk Island – pour une bonne raison, ce parc ayant joué un rôle clé dans l’établissement et le soutien de projets de conservation du bison dans toute l’Agence et un peu partout sur le continent.Note de fin de document 130

Le parc national Elk Island a abrité plusieurs générations de hardes de bisons reproducteurs des deux sous-espèces de bisons de l’Amérique du Nord et, aujourd’hui, de nombreuses hardes renferment des individus dont les ancêtres sont passés par Elk Island. Depuis un siècle, plus de 2 500 bisons des prairies et des bois du parc Elk Island ont été transférés vers d’autres sites de conservation. L’administration a commencé à donner des bisons vivants du parc dès le début de son histoire aux fins de création de hardes d’exhibition dans divers parcs nationaux, zoos, réserves fauniques et terres publiques, mais la majorité des transferts ont été effectués après que les hardes eurent été déclarées exemptes de maladies, en 1972. Bon nombre de bisons des prairies au Canada tirent leur origine de la harde d’Elk Island, et la harde de bisons des bois que le parc abritait également a été, directement ou indirectement, la source génétique de nombreuses hardes de cette sous-espèce dans le monde, à l’exception des populations du parc national Wood Buffalo, des basses terres de la rivière des Esclaves et de la Réserve de bisons du Mackenzie.Note de fin de document 131

Elk Island est un parc national entièrement clôturé, et il doit donc maintenir des populations qui ne dépassent pas sa capacité biotique. Les animaux excédentaires sont envoyés de préférence à des projets de conservation, mais certains sont également vendus à l’encan pour l’élevage.Note de fin de document 132 Le maintien d’une harde exempte de maladies et génétiquement viable a fait du parc national Elk Island une source génétique de choix pour le transfert de bisons vivants dans l’ensemble de l’Amérique du Nord et ailleurs dans le monde. Beaucoup de hardes de conservation et d’exhibition gérées par Parcs Canada tirent leur origine du stock de bisons d’Elk Island.Note de fin de document 133 Il s’agit également du stock génétique d’origine des bisons des prairies réintroduits à Banff en 2017 et, en avril 2016, le parc a envoyé 87 bisonneaux à la réserve indienne des Pieds-Noirs, dans le Montana, dans le cadre de l’Initiative iinnii (Bison).Note de fin de document 134

Deux groupes de bisons portant des étiquettes d’oreille sont debout dans une série de corrals enneigés.
Cameron Johnson / © Parcs Canada

Haut de page


De vastes territoires : Parcs nationaux, lieux historiques nationaux et bisons réintroduits

Dans les années 1870, les dernières grandes hardes de bisons ont été pratiquement exterminées des territoires de l’Ouest canadien.Note de fin de document 135 Bon nombre de parcs nationaux dans l’aire de répartition historique du bison ont été fondés plusieurs générations après que le dernier bison y eut été observé, bien que ces animaux aient par le passé contribué de façon importante à façonner le paysage local.Note de fin de document 136 Le gouvernement du Canada maintient de nombreuses hardes de conservation du bison, c’est-à-dire des hardes de bisons gérées par une province, un État ou un gouvernement fédéral et des organisations non gouvernementales ayant pour vocation principale la conservation de la nature.Note de fin de document 137 Ces hardes varient en nombre d’individus, de plusieurs milliers dans le parc national Wood Buffalo à seulement une douzaine dans les petites hardes d’exhibition de différents lieux gérés par l’Agence Parcs Canada. Les visiteurs tissent un lien significatif et émotionnel avec les animaux qu’ils peuvent apercevoir de leurs propres yeux. Ces hardes jouent un rôle clé en éduquant et en inspirant les visiteurs. Si certaines de ces hardes sont petites, elles servent néanmoins à faire valoir la nécessité de protéger le bison et à créer une plus grande métapopulation de cet animal.

Le parc national du Mont-Riding est l’un des rares parcs canadiens à avoir reçu sa première harde de bisons des prairies non pas du parc national Elk Island, mais du défunt parc national Buffalo, bien qu’il en ait obtenu d’autres en provenance d’Elk Island depuis. On avait au départ choisi des bisons du parc national Buffalo parce que ceux-ci étaient nombreux, mais également parce qu’il était facile d’envoyer des bisons vers l’est, en direction du parc national du Mont-Riding, par le chemin de fer. Le parc a reçu ses bisons en 1931.Note de fin de document138 La très populaire harde d’exhibition du parc national Banff a servi d’inspiration pour la taille et le style de gestion de la harde du Mont-Riding. Là, la harde initiale de 20 bisons a été gardée dans un enclos dont l’emplacement a été sélectionné parce qu’on pouvait s’y rendre en voiture à partir de la ville de Wasagaming.Note de fin de document 139 Aujourd’hui, le parc maintient une harde d’exhibition d’environ 30 bisons.Note de fin de document 140

Le parc national de Prince Albert a été fondé en plein débat sur les problèmes de surpopulation du parc national Buffalo. Les propositions initiales visant à créer un parc national près de la ville de Prince Albert, en 1921 et en 1926, évoquaient la possibilité d’y aménager une autre « réserve de bisons », mais cette vocation a été rejetée par les administrateurs à Ottawa. Le parc est fondé en 1927 en tant que « parc naturel et récréatif » plutôt que comme « réserve faunique », contrairement aux parcs nationaux Buffalo et Elk Island.Note de fin de document 141Toutefois, Prince Albert est l’un des premiers parcs à recevoir des bisons des prairies d’Elk Island : on y envoie cinq bisons en 1936.Note de fin de document 142 Cette harde d’exhibition est conservée dans un enclos pendant plus de 50 ans et devient une attraction très prisée des visiteurs143.Note de fin de document 143 L’enclos est retiré en 1996, la décision ayant été prise en se fondant sur l’argument voulant que la valeur de la harde d’exhibition en captivité pour l’expérience du visiteur ne compense pas le coût de gestion des bêtes, surtout que d’autres bisons vivent en liberté à proximité. Les animaux encore présents dans l’enclos sont vendus à l’encan ou donnés à des collectivités de Premières Nations.Note de fin de document 144Ces bisons n’ont toutefois pas été les seuls à élire domicile au parc national de Prince Albert.

La harde de la rivière Sturgeon est une harde de bisons des prairies en liberté qui utilise certaines parties du parc national de Prince Albert comme habitat. Elle provient d’individus d’Elk Island libérés à l’origine dans la région des collines Thunder, dans le Nord de la Saskatchewan, en 1969.Note de fin de document 145 À leur libération, le groupe s’est fragmenté et dispersé. Un mâle a parcouru presque tout le chemin de retour vers Elk Island avant d’être abattu à seulement une quinzaine de kilomètres à l’est de la limite du parc.Note de fin de document 146 Un petit groupe de 10 à 15 bisons a été aperçu des mois plus tard en train de traverser le lac Crean à la nage dans le parc national de Prince Albert et, après plusieurs années, les bisons semblaient s’être installés à l’extrémité sudouest du parc et dans les environs.Note de fin de document 147 Les bisons des prairies de la rivière Sturgeon sont considérés comme la première harde de bisons des prairies en liberté au Canada depuis le déclin précipité des populations de bisons au XIXe siècle.Note de fin de document 148La population a atteint 400 individus avant de diminuer à moins de 250 en 2012.Note de fin de document 149 Cette harde est gérée en collaboration par Parcs Canada, la province de la Saskatchewan et les Gardiens des bisons des prairies de la rivière Sturgeon (Sturgeon River Plains Bison Stewards).Note de fin de document150

Bien que le parc national des Lacs-Waterton soit un parc de montagnes, la forêt-parc des contreforts représente un habitat de choix pour le bison grâce à ses prairies ondoyantes, et il est extrêmement fréquent de trouver des os de bisons lors de fouilles archéologiques effectuées dans la région. En 1919, les gestionnaires du parc ont envisagé de réintroduire le bison dans ce parc pour pallier les problèmes de surpopulation du parc national Buffalo, mais à l’époque, des chevaux et des bovins domestiques paissaient dans le parc, et le plan a donc été abandonné. La crise économique des années 1930 a repoussé tout autre plan de réintroduction du bison dans ce paysage, et rien n’a été fait en ce sens jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le bison des prairies a finalement été réintroduit au parc national des Lacs-Waterton en 1952 à partir du stock d’origine d’Elk Island. Ces sept premiers bisons furent placés dans un enclos pour les empêcher de se disperser dans les terres d’élevage environnantes. Depuis, le parc national des Lacs-Waterton conserve une harde d’exhibition de 10 à 30 bisons dans un enclos, et évite les croisements consanguins en important périodiquement de petits groupes de bisons d’Elk Island. L’idée d’une harde de bisons en liberté complète ou partielle est continuellement évoquée depuis 50 ans, mais les études actuelles donnent à penser que la chose ne serait pas réalisable. Ces bisons sont déplacés entre un enclos d’été et un enclos d’hiver afin que les animaux aient suffisamment de fourrage à brouter; en fait, ce déplacement imite les habitudes de migration de ces animaux aux fins d’alimentation.Note de fin de document 151

Un gros bison mâle et deux bisonneaux se reposent dans une prairie ouverte.
Lauren Markewicz / © Parcs Canada

Le lieu historique national Rocky Mountain House est le seul lieu historique national où l’on trouve une harde de bisons. Une petite harde y a été conservée dans un enclos jusqu’en février 2005, lorsqu’un projet de réaménagement a obligé les responsables à les déménager. En décembre 2006, neuf femelles gestantes et huit mâlesont été envoyés du parc national Elk Island au lieu historique national Rocky Mountain House afin de constituer le fondement de la harde qui s’y trouve aujourd’hui.Note de fin de document 152

Le parc national des Prairies n’a réintroduit le bison que récemment dans son paysage, un premier groupe de 71 bisonneaux et jeunes d’un an ayant été d’abord expédié à partir du parc national Elk Island en 2005, après une absence de plus de 120 ans. Ils ont d’abord été placés dans un petit enclos pour y passer leur premier hiver, avant d’être libérés dans une section du bloc Ouest du parc.Note de fin de document 153 En 2017, environ 440 bisons vivent encore dans le parc national des Prairies.Note de fin de document 154

L’établissement de nouvelles hardes de conservation de bisons comportant des individus adultes s’est souvent avéré problématique, car les bisons ne demeurent pas toujours dans la région où ils sont libérés et, souvent, s’en éloignent beaucoup. Ainsi, le parc national Elk Island a envoyé 28 bisons des bois adultes dans le parc national Jasper en 1978, et les bisons déplacés se sont aventurés hors du parc. À quelques exceptions près, ils ont tous fini par être recapturés et renvoyés à Elk Island.Note de fin de document 155Dans les années 1980, dans le cadre de programmes de transfert de bisons, on a tenté de garder les bisons transférés dans des zones clôturées pendant plusieurs années dans l’espoir que leur progéniture, une fois libérée, demeure dans les environs plutôt que de s’éloigner.Note de fin de document 156 C’est ce qui s’est passé avec la harde de Hay Zama dans le Nord-Ouest de l’Alberta. Maintenant en liberté complète, elle a pour origine les 48 bisons des bois s’étant échappés lorsqu’une section de leur enclos s’est effondrée.Note de fin de document 157 Les employés de Parcs Canada apprennent continuellement de leur expérience passée des transferts de bisons, et adaptent les protocoles et les installations de manutention afin de mieux gérer ces hardes de conservation.Note de fin de document158

Les bisons de Parcs Canada ont aussi permis de soutenir des projets de conservation à l’échelle internationale. En 2006, 30 bisons du parc national Elk Island ont été envoyés par avion de l’autre côté du détroit de Béring, au parc naturel Lenskie Stolby, dans l’Est de la Russie, tout juste au sud du cercle polaire arctique. En 2011 et encore en 2013, 30 autres bêtes ont été transférées en Russie.Note de fin de document 159 En 2009, certains des descendants de la harde de Pablo-Allard, à Elk Island, ont été ramenés dans leur région d’origine, au Montana, presque exactement un siècle après qu’ils eurent été expédiés au Canada. Cette fois, ils devaient soutenir le projet de création de la réserve American Prairie, une initiative privée de renaturalisation de la prairie indigène par l’annexion de terres d’élevage privées achetées ou louées à des réserves naturelles existantes. Les gestionnaires de la réserve souhaitent rétablir une population de bisons sauvages en liberté ayant un régime naturel de migration et aspirent à maintenir une harde de 10 000 bisons. Les premiers bisons de la réserve American Prairie sont venus du parc national Wind Cave, dans le Dakota du Sud, et leurs ancêtres étaient des bisons du Zoo de New York. Toutefois, depuis 2010, Elk Island a expédié plus de 200 bisons dans la réserve American Prairie, en plusieurs envois distincts. Les bisons d’Elk Island contribuent à concrétiser le rêve d’un retour du bison sauvage dans le paysage des prairies.Note de fin de document 160 \

En 2016, le parc national Elk Island a envoyé 87 jeunes bisons des prairies dans le Montana et confié ces bisons à la nation indienne des Pieds-Noirs. Ce transfert résulte de l’Initiative iinnii et de la signature du Traité du bison, aux termes duquel un certain nombre de Premières Nations, au nord et au sud de la frontière, travaillent au rétablissement du bison dans les territoires traditionnels autochtones à des fins culturelles et dans un but de conservation.Note de fin de document 161 Leroy Little Bear fait valoir les liens importants entre l’« iinnii » (le bison) et les peuples autochtones, et la façon dont la mise en oeuvre de ce traité favorisera ce qui suit :

Les liens d’interdépendance, grâce au renforcement des liens culturels, spirituels et écologiques avec la terre et la faune, et l’importance de rapprocher les jeunes de la nature; La guérison et le maintien de la santé de notre terre; La guérison du peuple grâce au rétablissement du bison comme source de nourriture saine pour améliorer la santé, et grâce à l’intégration du bison dans la vie spirituelle et culturelle des Pieds-Noirs, et au maintien de terres saines en général; tous ces éléments contribuent à la santé du peuple.Note de fin de document162

Le bison est d’une importance vitale pour ce paysage et pour les peuples qui vivent ici.

Un homme au chapeau blanc et au blouson en denim discute avec un homme vêtu d’une couverture cérémonielle et un autre homme coiffé d’une casquette de la Wildlife Conservation Society.
Ervin Carlson, gestionnaire du programme sur les bisons de la nation indienne des Pieds-Noirs et président de l’Intertribal Buffalo Council, discutant avec d’autres membres de la Confédération des Pieds- Noirs et Keith Aune, de la Société de la conservation de la faune du parc national Elk Island. En cette journée de mars 2016, 87 bisonneaux ont été envoyés à Browning, au Montana. Les peuples autochtones ont toujours participé à la conservation des bisons, même avant l’époque de Walking Coyote, et ce, jusqu’à l’Initiative Iinnii et au traité des bisons, et ils continueront de le faire.
Scott Mair / © Parcs Canada
Haut de page

Conclusion

Les populations de bisons ont fait beaucoup de chemin depuis leur déclin historique de 1890. Il existe aujourd’hui plus de 70 hardes de conservation de bisons en Amérique du Nord, dont environ 11 de bisons des bois et 61 de bisons des prairies, pour un total approximatif de 30 000 bisons sauvages protégés. Si l’on compte les bisons d’élevage, la population mondiale de l’espèce était évaluée à environ 430 000 individus en 2010. Toutefois, les chercheurs préviennent que ce chiffre peut donner l’impression trompeuse que le bison est une espèce à l’abri de l’extinction. Bon nombre de ces bisons ne se trouvent pas dans des hardes de conservation, mais appartiennent à des intérêts privés qui subissent des pressions économiques pour bisons sont isolées les unes des autres, et l’animal demeure dépendant de l’humain, dans la plupart des cas, pour se déplacer d’une souspopulation à l’autre. Note de fin de document163 Elles restent donc vulnérables et largement isolées les unes des autres. Parcs Canada doit continuellement génétique doté de grandes capacités en matière de sélection naturelle. Grâce à leur expérience comme agriculteurs et éleveurs, ceux qui ont géré les populations de bisons dans les parcs nationaux Banff et Buffalo au cours des premières décennies du XXe siècle savaient intuitivement que les hardes de bisons ne devaient pas rester isolées, mais qu’il fallait y injecter du nouveau matériel génétique pour maintenir la diversité des deux populations. Parcs Canada doit poursuivre cette tradition et maintenir une vaste méta-population saine de bisons afin de garantir la pérennité de l’espèce.

Parcs Canada joue un rôle déterminant dans la conservation du bison depuis plus d’un siècle. Lorsque Michel Pablo ne pouvait plus élever ses bêtes dans le Montana, c’est le gouvernement du Canada qui est intervenu pour acheter et protéger la plus importante harde de bisons des prairies à subsister sur le continent. Le parc national Banff a maintenu une harde de bisons pendant un siècle entier, tout en instruisant les visiteurs et en suscitant leur admiration et leur respect. Les bisons errent toujours par milliers dans le parc national Wood Buffalo, l’une des plus vastes aires protégées au monde. Le parc national Elk Island soutient des hardes de conservation, certaines existantes et d’autres nouvelles, dont les individus appartiennent aux deux sous-espèces de bisons nordaméricaines. Beaucoup d’autres lieux administrés par Parcs Canada continuent de protéger et de gérer le bison. Les petites hardes d’exhibition tout autant que les grandes populations contribuent à préserver globalement l’espèce des effets des catastrophes naturelles et de la maladie, et montrent l’importance d’un stock génétique varié.Note de fin de document 164

Photo aérienne d’un paysage enneigé gravé de sillons formés par des sentiers, rappelant des réseaux de cours d’eau ou des vaisseaux sanguins.
Pistes de bisons dans la neige, aperçues durant le relevé aérien annuel des ongulés du parc national Elk Island.
Scott Mair / © Parcs Canada
Haut de page Haut de page
Bibliographie

Sources principales

Benham, D.J. « The Round Up of The Second Herd of Pablo’s Buffalo ». The Edmonton Bulletin. 8 novembre 1907 : 9-11. http://peel.library.ualberta.ca/newspapers/EDB/1907/11/08/9/Ar00902.html

« Bison Patriarch at Banff Park is Dead ». The Edmonton Bulletin. 29 avril 1909 : 3. http://peel.library.ualberta.ca/newspapers/EDB/1909/04/29/3/Ar00302.html

« Buffalo Almost Exterminated By Indians and Early Settlers Now Multiply Rapidly at Wainwright ». The Edmonton Bulletin. 26 juin 1920 : 18. http://peel.library.ualberta.ca/newspapers/EDB/1920/06/26/18/Ar01802.html

Jones, Tom (graveur et imprimeur). The Last of the Buffalo: Comprising A History of the Buffalo Herd of the Flathead Reservation and an Account of the Great Round Up With Illustrations. Cincinnati : Publisher Scenic Souvenirs, 1909.

Pablo, Marcia L. « Michel Pablo and the Buffalo ». Discours prononcé à la réserve American Prairie, 7 janvier 2012.

Abonné. « The Last Stand of the Prairie Monarch ». Fort Saskatchewan Reporter. Vol. V, no VI, jeudi 6 juin 1907 : 1, 8.

« The Bison in Canada ». Science – Nouveau supplément, vol. 61, no 1583 (1er mai 1925) : xiv.

« The Buffalo at Elk Park: The One Place in the World Where a Herd of 400 of These Monarchs of the Plains May Be Seen ». The Edmonton Bulletin. 29 août 1908 : 3. http://peel.library.ualberta.ca/newspapers/EDB/1908/08/29/3/Ar00302.html

« Will Corral Buffalo – Story of ‘Round-Up’ ». Wainwright Star. 8 janvier 1909 : 1. http://peel.library.ualberta.ca/newspapers/WWS/1909/01/08/1/Ar00104.html

Sources secondaires

Austin, Damien, et Kyran Kunkel. « American Prairie Reserve Bison Report 2015 ». Site Web de la réserve American Prairie : http://www.americanprairie.org/wp-content/uploads/2015-APR-BisonReport. pdf (outdated URL)

Parc national Banff. « Réintroduction du bison des prairies dans le parc national Banff » : http://www.pc.gc.ca/eng/pn-np/ab/banff/plan/gestion-management/bison.aspx (outdated URL)

« Bison to be reintroduced to Banff National Park ». CBC News (6 mars 2015) : www.cbc.ca/news/canada/calgary/bison-to-bereintroduced-to-banff-national-park-1.2985230

Blyth, C.B., et R.J. Hudson. « A Plan for the Management of Vegetation and Ungulates: Elk Island National Park ». Document interne inédit, 1987.

Brink, Jack. Imagining Head-Smashed-In: Aboriginal Buffalo Hunting on the Northern Plains. Edmonton : Athabasca University Press, 2009.

Brower, Jennifer. Lost Tracks: Buffalo National Park, 1909-1939. Edmonton : Athabasca University Press, 2008.

Bullchild, Percy. The Sun Came Down: The History of the World as My Blackfeet Elders Told It. Lincoln : University of Nebraska Press, 1985; 2005.

Carbyn, Lu. The Buffalo Wolf: Predators, Prey, and the Politics of Nature. Washington et Londres : Smithsonian Books, 2003.

Carbyn, L.N., S.M. Oosenbrug et D.W. Anions. Wolves, Bison, and the Dynamics Related to the Peace-Athabasca Delta in Canada’s Wood Buffalo National Park. Edmonton : Canadian Circumpolar Research Series No. 4, 1993.

Colpitts, George. Game in the Garden: A Human History of Wildlife in Western Canada to 1940. Vancouver : UBC Press, 2002. Daley, Jason. « Genetically Pure Bison Will Return to Montana After 100 Years in Exile ». Smithsonian Magazine : www.smithsonianmag.com/smart-news/genetically-pure-bison-return-montana-after-100years-exile-180958597/ Daschuk, James. La destruction des Indiens des Plaines : maladies, famines organisées et disparition du mode de vie autochtone. Québec, Presses de l’Université Laval, 2015. Deloria, Vine. Peau-Rouge. Paris, édition spéciale, 1972.

Dunn, Pat. « The Prince Albert National Park Buffalo Paddock 1936 - 1996 ». Article inédit pour l’Université Athabasca, 30 juin 2012. Parc national Elk Island. « Le gouvernement du Canada envoie des bisons des bois en Russie dans le cadre d’un projet de conservation ». http://www.pc.gc.ca/eng/pn-np/ab/elkisland/ne/ne5.aspx (outdated URL)

Environnement Canada. « Prince Albert National Park Resource Description and Analysis ». Winnipeg, Manitoba : Section de la conservation des ressources naturelles, Environnement Canada, Parcs Canada, Région des Prairies et du Nord, 1986.

The Fish and Wildlife Historical Society. Fish, Fur, & feathers: Fish and Wildlife Conservation in Alberta, 1905-2005. Edmonton : The Fish and Wildlife Historical Society and the Federation of Alberta Naturalists, 2005.

Fuller, W.A. « Canada and the ‘Buffalo’, Bison bison: A Tale of Two Herds ». Canadian Field-Naturalist 116(1) : 141-159.

Frandsen, Dan. « Sturgeon River Plains Bison, an Unfinished Story: Early Development and Management Strategies of a Free-Ranging Plains Bison Population ». Présenté dans le cadre de la conférence Bison on the Edge, Big River, Saskatchewan, du 8 au 10 juin 2010.

Gates, C. Cormack, Curtis H. Freese, Peter J.P. Gogan et Mandy Kotzman (dir. et réd.). American Bison: Status Survey and Conservation Guidelines 2010. Gland, Suisse : UICN, 2010.

Hart, E.J. J.B Harkin: Father of Canada’s National Parks. Edmonton : University of Alberta Press, 2010.

Ibrahim, Mariam. « Two more dead bison from Syncrude herd test positive for anthrax », Edmonton Journal (21 août 2015) : www.edmontonjournal.com/more+dead+bison+from+Syncrude+herd+test+positive+anthrax/11310865/story.htm (outdated URL)

Isenberg, Andrew C. The Destruction of the Bison. Cambridge : Cambridge University Press, 2000.

Johnston, Barb. « Assessing the Feasibility of Establishing Semi Free Ranging Bison in Waterton Lakes National Park ». Document interne de Parcs Canada : mars 2008.

Kaye, Rob. Born to the Wild: Journals of a National Park Warden in the Canadian Rockies. Grey Wolf Books, 2015.

Knapp et coll. « The Keystone Role of Bison in North American Tallgrass Prairie ». BioScience, vol. 49, no 1 (1999) : 39-50.

Kopjar, Nora R. « Alternatives for Bison Management in Banff National Park ». Edmonton : mémoire de maîtrise, Département des sciences forestières, Université de l’Alberta, 1989.

Locke, Harvey (sous la direction de). The Last of the Buffalo Return to the Wild. Banff, Alberta : Summerthought Publishing, 2016.

Loo, Tina. States of Nature: Conserving Canada’s Wildlife in the Twentieth Century. Vancouver : UBC Press, 2006.

Lothian, W.F. Histoire des parcs nationaux du Canada. Ottawa, Parcs Canada, 1981.

Lott, Dale F. American Bison: A Natural History. Berkley et Los Angeles : University of California Press, 2003.

Lubove, Seth. « Bison-Loving Billionaires Rile Ranchers With Land Grab ». Bloomberg (21 mai 2013) : www.bloomberg.com/news/articles/2013-05-22/bison-loving-billionaires-rile-ranchers-withland-grab

MacDonald, Graham A. The Beaver Hills Country: A History of Land and Life. Edmonton : Athabasca University Press, 2010.

MacEwan, Grant. Buffalo: Sacred & Sacrificed. Edmonton : Alberta Sport, Recreation, Parks & Wildlife Foundation, 1995.

McCormack, Patricia. « The Political Economy of Bison Management in Wood Buffalo National Park ». Arctic, vol. 45, no 4 (décembre 1992) : 367-380.

McKennirey, Michael. L’odyssée du grand bison d’Amérique. Office national du film du Canada, 1985 : https://www.onf.ca/film/odyssee_du_grand_bison_damerique/

Ogilvie, Sheilagh C. The Park Buffalo. Calgary : Association des parcs nationaux et provinciaux du Canada, 1979.

Olson, Wes. Portraits of the Bison: An Illustrated Guide to Bison Society: Second Edition. Altona, Manitoba : Friesens, 2012.

Parcs Canada. « Dernières nouvelles sur les Bisons : Information aux visiteurs ». Site Web du parc national du Canada des Prairies : http://www.pc.gc.ca/eng/pn-np/sk/grasslands/visit/visit7.aspx (outdated URL)

Parcs Canada. « Parc national du Canada Elk Island – Programme de rétablissement du wapiti et du bison », Parcs Canada – Salle des médias (dernière modification : 1er mai 2015) : http://www.pc.gc.ca/APPS/CP-NR/release_e.asp?bgid=833&andor1=bg (outdated URL)

Parcs Canada. « Parks Canada Media Line, June 13, 2009 ». Document interne de Parcs Canada.

Parcs Canada. « Réintroduction du bison des prairies dans le parcnational du Canada des Prairies, dans le cadre de l’initiative “Prairie Persists” ». Parcs Canada – Salle des médias (24 mai 2006) : http://www.pc.gc.ca/APPS/CP-NR/release_e.asp?id=999&andor1=nr (outdated URL)

Parcs Canada. « Événement historique national de la Conservation du bison des prairies ». Annuaire des désignations patrimoniales fédérales. http://www.pc.gc.ca/apps/dfhd/page_nhs_fra.aspx?id=1553 Parcs Canada. « Sturgeon River Plains Bison Management Plan: March 2013 ». Parcs Canada (document interne) : parc national de Prince Albert, 2013.

Savage, Candace. Prairie: A Natural History. Vancouver; Toronto; Berkeley : Greystone Books, 2004, 2011.

Silversides, Brock. Fort de Prairies: The Story of Fort Edmonton. Victoria; Calgary; Vancouver : Heritage House Publishing Ltd., 2005.

Stewart, Chris. « Thunderous roar of the Buffalo to return to Banff National Park ». APTN National News (30 janvier 2017) : aptnnews.ca/2017/01/30/thunderous-roar-of-the-buffalo-to-return-to-banffnational-park/

« Wild bison could once again roam in Banff », CBC News (25 janvier 2012) : www.cbc.ca/news/canada/calgary/wild-bison-could-onceagain-roam-in-banff-1.1175198

Wilson, Garrett. Frontier Farewell: The 1870s and the End of the Old West. Regina, Saskatchewan : University of Regina Press, 2007; 2014.

Wobeser, Gary. « Bovine tuberculosis in Canadian wildlife: An updated history », La Revue vétérinaire canadienne vol. 50, no 11 (2009) : 1169-1176.

Zhao, Feifei. « Historical Overview of Bovine Tuberculosis in the Riding Mountain National Park Ecosystem ». Winnipeg, Manitoba : mémoire de maîtrise de l’Université de Winnipeg, 2006

Photographie en gros plan de la tête d’un très jeune bisonneau.
Bison lived in the Buffalo Paddock in Banff National Park for nearly a century.
Haut de page

Date de modification :