Histoire

Parc national du Mont-Riding

Aperçu du Parc national du Canada du Mont-Riding:

"Les parcs sont créés à l'intention du peuple canadien afin que celui-ci puisse les utiliser pour son plaisir et l'enrichissement de ses connaissances (...); doivent être entretenus et utilisés de façon à rester intacts pour les générations futures.'' Loi sur les parcs nationaux, 1930

L'escarpement dans le Parc national du Mont Riding
Deux cyclistes au bord de l'escarpement

Dès 1919, on projetait de créer un parc national dans l'est du Manitoba. On avait proposé le secteur de la rivière Whiteshell, mais le projet stagna, pendant plusieurs années. En 1927, le Dr E.D.R. Bisset, député fédéral de la circonscription de Springfield, avait reçu, service des parcs nationaux, la confirmation écrite qu'une recommandation visant à créer un parc dans l'est du Manitoba serait mise de l'avant. Tous ne se réjouissaient pas à l'idée qu'un parc national soit établi dans le secteur de la Whiteshell. Les conseils municipaux et les municipalités rurales qui demandaient avec insistance la création d'un parc national et s'étaient d'abord montrés en faveur du site de la rivière Whiteshell privilégiaient alors la réserve forestière du mont Riding. La réserve forestière était plus facilement accessible par le réseau routier, plus centrale et on y trouvait l'un des plus grands troupeaux de wapitis du Canada. Par conséquent, on préférait cet endroit au secteur de la Whiteshell.

Après plusieurs mois de délibérations et de consultations publique, on décida que le site de la rivière Whiteshell, dans l'est du Manitoba, et la réserve forestière du mont Riding, dans l'ouest du Manitoba, deviendraient tous les deux des parcs nationaux. Le gouvernement du Manitoba fit savoir qu'il n'y aurait qu'un parc national au Manitoba. On procéda à une évaluation des deux emplacements proposés et on détermina que le site du mont Riding était préférable à celui de la Whiteshell. On recommanda qu'une aire récréative d'été soit établie sur une entendue de 180 km autour du lac Clear. Encore une fois, les villes et les municipalités s'opposèrent au projet recommandèrent que toute la réserve forestière du mont Riding devienne parc national. On la voyait comme "in îlot de nature sauvage entouré d'une mer de terres agricoles''. En 1929, la réserve forestière du mont Riding était choisie comme futur emplacement de parc national et le 26 juillet 1933, le parc national du Mont-Riding était officiellement inauguré.

Pour les Autochtones, les forêts, les prairies et les lacs du secteur du mont Riding constituaient des lieux de chasse et de pêche de premier choix. Il y a deux cents ans, les Cris possédaient les hautes terres tandis que leurs aillés, les Assiniboines, parcouraient les prairies à la recherche de bisons. Ces peuples suivirent les troupeaux de bison lorsque cens derniers se replièrent vers l'ouest puis ils furent remplacés par les Ojibway, qui habitent toujours la région.

Entre 1731 et 1749, Pierre de la Vérendrye et ses fils explorèrent les plaines entourant le mont Riding et s'y livrèrent à des échanges commerciaux. En 1741, un poste fut créé au lac Dauohin, et la compagnie de la Baie d'Hudson ne tarda pas à s'établir dans la région. En 1800, la montagne était entourée de poste de traite, et de riches moissons de fourrures partaient pour de lointains pays. Après 150 années d'exploitation, les populations d'animaux à fourrures se raréfièrent grandement. Des espèces telles que la loutre, la martre, le pékan et le glouton disparurent complètement.

Étant donné que l'équitation constituait le meilleur moyen d'explorer les hautes terres accidentées pour trouver des fourrures et du gibier, on substitua le nom "Mont-Riding'', encore en usage de nos jours, au nom original de "Fort Dauphin Hill'' (colline du Fort Dauphin). Parmi les premiers pionniers du secteur se trouvaient Robert Cambell et son fils Glen, Lyon, qui aménagèrent le sentier Starthclair.

Lorsque le Canadien Pacifique atteignit Brandon en 1881, des colons de l'Est du Canada, de l'Europe et des Etats-Unis s'installèrent sur les plaines entourant le mont Riding. Ces colons utilisaient les terres hautes comme source d'approvisionnement en bois pour se chauffer et construire des bâtiments et des lignes de chemin de fer. Ils y trouvaient également le gibier qui complétait leur alimentation.

La nécessité de conserver les ressources naturelles fut reconnue à la toute fin du 19e siècle. On interdit le peuplement des terres hautes et on en fit une réserve forestière. À cette époque, la région était toujours reconnue pour la chasse.

C'est sous l'égide du service forestier que la pratique consistant à accorder des permis pour la location de terres et la construction de chalets fut instituée en 1925. Avant cela, il n'y avait que des camps de chasse temporaires sur la rive du lac Clear. Un camp de chasse existait près de l'endroit maintenant connu sous le nom de "baie Deep'' (auparavant appelée baie "Seaplane'' et, avant cela "baie Montague'', en l'honneur d'un médecin de Minnedosa). Autour de 1912, Georges Clark et sa femme, résidents de Newdale, commencèrent à camper sur les rives du lac Clear et pendant des années, ce secteur fut officiellement nommé "Plage Clark''. Les familles Gusdal, Lee et Hansonde Erikson furent parmi les premiers à y camper.
Photo

Le 30 mai 1930, la réserve forestière devint le parc national du Mont-Riding. À l'inauguration officielle, le 26 juillet 1933, une plaque de bronze fut érigée sur le carin de la plage principale pour commémorer l'événement, On peut y lire l'inscription suivante (traduction) :

La présente plaque commémore l'ouverture officielle du parc national du Mont-Riding, aire créée à l'intention du peuple canadien afin que celui-ci puisse l'utiliser pour son plaisir et l'enrichissement de ses connaissances.

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Merveilles naturelles et trésors culturels

L'arrivée des premiers chasseurs dans la région remonte à environ 10 000 ans, soit à la période où le dernier glacier s'est retranché du sud du Manitoba vers le nord. On a découvert récemment des preuves archéologiques qui laissent penser que la région qui correspond aujourd'hui au parc est occupée par les Autochtones depuis 6 000 années, voire plus. Il existe en effet de nombreux sites dans le parc où l'on trouve des traces d'habitation, de pêche, de chasse, de fabrication d'outils, de poterie et d'inhumation.

Ancienne édifice d'administration du Parc national du Mont-Riding
Carte Postale historique avec l'acienne édifice d'administration.

Divers groupes autochtones ont habité la région au cours de périodes plus récentes. Les Ojibway ont migré des régions de l'est pour s'établir dans la région du Mont Riding, anciennement le fief de la nation Nakota (Assiniboine). Les Nakotas sont connus pour avoir voyagé, beaucoup et régulièrement, entre les rivières Souris, Assiniboine supérieure, Saskatchewan du sud et le Missouri longtemps avant que les chevaux jouent un rôle important dans les déplacements. Les Nakotas ont fini par migrer vers l'ouest et le sud en raison du déclin de leur population, déclin attribuable aux maladies transmises par les Européens, aux modifications dans les limites entre tribus, au déclin des populations de bisons et des ressources commerciales et à un déplacement vers l'ouest des établissements de traite des fourrures, en particulier en amont du Missouri.

Les Ojibway, ardents fournisseurs de la traite des fourrures, ont habité la région du Mont Riding à la recherche de fourrure, de même que pour conserver leur mode de vie traditionnel fondé sur la pêche et la chasse. La création du Canada a entraîné la signature de traités entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones dans les années 1870. Ces traités ont instauré le système des réserves et aujourd'hui, les environs du parc comptent plusieurs communautés de Premières nations.

C'est ainsi qu'en 1896, il s'est établi sur les rives du lac Clear une réserve de pêche pour la tribu Keeseekoowenin d'Elphinstone. Cette réserve indienne a été déplacée injustement en 1930 par le ministère de l'Intérieur à l'époque de la création du parc. Ces terres ont été rendues à la Première nation Keeseekoowenin en 1991 par suite du règlement de la revendication territoriale de la bande. D'autres terres de la région, communément appelées les terres de 1906, font en ce moment l'objet d'une revendication territoriale par la bande Keeseekoowenin.

L'histoire orale des aînés de diverses Premières nations a complété les connaissances archéologiques et géographiques. On saisit mieux l'importance spirituelle que les Autochtones attribuaient à la montagne. Le caractère sacré de la montagne tient à ses eaux abondantes.

L'établissement des Européens dans la région remonte à la fin des années 1800. Pendant la dépression des années 1930, le parc abritait un grand camp de travail. Bon nombre des installations dont les visiteurs jouissent encore aujourd'hui datent de cette époque. Le parc a connu l'exploitation forestière, la fenaison et le pâturage par le bétail, mais ces activités ont aujourd'hui entièrement cessé. Grey Owl, défenseur bien connu de la conservation au Canada, a vécu dans la région pendant quelque temps. On a restauré sa cabane à l'intention des visiteurs. En 1994, l'entrée est du parc a été désignée comme lieu historique par la Commission Canadienne des Monuments et Lieux Historiques.

Centre d'accueil au Parc national du Mont-Riding (historique)
Carte postale historique du Centre d'accueil - 1935

Cette information provient de:
Patrimoine naturel et historique - Plan directeur du parc national du Mont-Riding

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Lieu Historique National du Canada du Centre-d'inscription-de l'entrée-Est

Introduction

Le lieu historique national du Centre-d'Inscription-de-l'Entrée-Est constitue un exemple remarquable à l'échelon national du style rustique des années 1930 dans les parcs nationaux du Canada. Des trois entrées du parc national du Mont-Riding, il ne reste que celle-ci. Cette entrée a été construite à l'aide de matériaux provenant de la région par des artisans qualifiés locaux embauchés dans le cadre du programme de secours économique mis en oeuvre pendant la grande dépression par le gouvernement fédéral. Comprenant d'inscription et deux locaux pour le personnel, le complexe de l'entrée est revêt d'une valeur symbolique inhérente à son association au tout début du tourisme en automobile et des loisirs de plein air. Pour les visiteurs du parc national du Mont-Riding (PNMR), il s'agit d'un point d'intérêt durable.

Centre-d'inscription-de l'entrée-Est du Parc national du Mont Riding
Un visiteur au Centre-d'inscription-de l'entrée-Est 1930's

Historique

Le Mont-Riding a obtenu le statut de parc national en 1930 et a été ouvert officiellement en 1933. Démarche typique des parcs nationaux canadiens à l'époque, toutes les mesures d'aménagement prises au parc national du Mont-Riding étaient axées vers les loisirs et le tourisme : Les terres du parc n'étaient pas simplement mises de côté mais il fallait-les "aménager'' pour qu'elles soient "utiles''. La construction du centre d'inscription de l'entrée est associée à l'aménagement du Mont-Riding à la fois comme parc national et comme produit issu du Programme de secours mis en euvre pendant la grande dépression. Le complexe a été construit en 1933-1934. Il se trouve à l'entrée Est du parc sur la route 19 (anciennement la route Norgate) à la base de l'escarpement du Manitoba. L'accès au parc, impossible de ce côté avant l'avènement de l'automobile, est extrêmement abrupt. La route Norgate, dont on doit aussi la construction aux travailleurs du programme de secours, a supplanté les pistes de McCreary et de la rivière Ochre. Auparavant, ce sont ces pistes qui permettaient l'accès à l'intérieur de ce qui constitue aujourd'hui le parc, à partir de la limite de l'Est. La route Norgate a été construite pour mener au lac Clear, offrant ainsi un accès direct au secteur principal aménagé pour les loisirs et les activités récréatives. Cet aménagement reflétait les tendances changeantes en matière d'utilisation des parcs à l'époque.

Tourisme en automobile
Les complexes d'inscription ou complexes d'entrée dans le parc ont fait leur apparition dans le parc ont fait leur apparition dans les parcs nationaux en réponse à l'essor du tourisme en automobile. Le bâtiment avait pour but premier d'héberger les préposés du parc chargés d'enregistrer les véhicules qui entraient dans le parc, d'informer les visiteurs des règlements du parc sont d'offrir des renseignements généraux sur la météo, l'état des routes, etc. La direction des parcs nationaux leur attribuait une valeur à la fois fonctionnelle et symbolique, et les ont conçus comme des points d'intérêt visuels ponctuant l'arrivée des automobilistes aux limites du parc. Étant donné que ces bâtiments se trouvaient à une distance considérable des villages avoisinants, ils étaient souvent aménagés de façon à pouvoir loger les préposés, soit dans un bâtiment séparé.

Programme de secours pendant la dépression
Sinon la grande dépression des années 1930, le PNMR n'aurait peut-être pas fait l'objet d'un aménagement aussi rapide et d'une telle envergure. Des conditions économiques déplorables privaient en effet de nombreux travailleurs de leur travail ce qui engendrait des difficultés financières pour une grande proportion de Canadiens. La gravité croissante de la situation a amené le gouvernement fédéral à mettre en place des mesures destinées à donner du travail à une vaste population de sans-emploi. L'aide fédérale a été affectée au travail de secours dans les parcs nationaux du Canada. En 1930, on a promulgué la loi sur le soulagement du chômage et sur les secours. Elle a permis d'affecter des fonds à l'établissement de camps de secours dans les parcs nationaux de Banff, de Jasper, des lacs-Waterton, de Prince Albert et du Mont-Riding. C'est le Mont-Riding qui a accueilli le plus grand camp de secours employant plus de 1 200 hommes à qui on doit divers projets réalisés en 1934-1935.

L'assistance offerte pendant la dépression a aussi pris la forme de financement direct distribué en vertu de la loi sur la construction d'ouvrages publics (1934). Une portion considérable de ces fonds a été ensuite affectée à la construction de types particuliers de bâtiments dans les parcs dont des bâtiments d'administration et communautaires, des musées, des bains publics, des complexes inscriptions à l'entrée des parcs, garages, des cabines de garde de parc et des locaux pour le personnel. Bon nombre des artisans locaux embauchés pour concevoir et construire de tels bâtiments dans le PNMR étaient des immigrants suédois installés dans le cadre du Programme de secours économique de la dépression, les administrateurs du parc ont profité de l'expérience d'artisans qualifiés dans la construction en rondins et en pierres. Au PNMR, 86 bâtiments de types variés, dont ceux de l'entrée d'Est, ont été construits entre 1930 et 1936 dans le cadre du programme susmentionné.

Tradition de style rustique

Les principaux bâtiments publics, tels que les complexes d'inscription, les musées, les bâtiments d'administration, etc., ont été conçus expressément pour faire fonction à la fois de point d'intérêt et de pierre angulaire des différents thèmes architecturaux illustrés selon les parcs. De 1902 à 1930, on a vu émerger un style architectural rustique distinct qui évoquait de façon unique l'environnement naturel d'un parc national. Ce style rustique a atteint son apogée dans les parcs nationaux du Canada au cours de la dépression des années 1930. Entre 1922 et 1936, des architectes fédéraux ont appliqué des éléments stylistiques inhérents aux arts et à l'artisanat anglais (ex. : Style de la période Tudor) à quantité d plans de bâtiments publics et privés des parc nationaux. On a aussi utilisé des matériaux locaux, que ce soit dans la charpente ou dans l'ornementation, pour soutenir des sous-thèmes distincts selon les parcs. L'utilisation de rondins et de pierres a été typique au PNMR. Le style rustique est étroitement associé aux parcs nationaux du Canada depuis que le système a été établi à Banff en 1887. Il a conservé une place de choix dans la politique en matière d'architecture tout au long des 50 années suivantes.

Complexe d'inscription de l'entrée est

Ce complexe de trois bâtiments consiste en une entrée de type portique et en deux résidences pour le personnel. Le groupement illustre bien le thème rustique prescrit pour le parc national du Mont-Riding pendant les années du camp de secours de la dépression. Pour les entrées de ce parc, les architectes ont conçu un plan en forme de portique qui consistait en deux kiosques identiques reliés par un ouvrage horizontal surélevé. On a eu recours à cette conception aux trois points d'entrée du parc et elle est unique au PNMR. Les bâtiments ont été construits en 1931 (entrée sud), en 1933 (entrée est) et en 1936 (entrée nord). L'entrée Est est la seule à avoir survécu.

Lieu Historique National du Canada du Centre-d'inscription-de l'entrée-Est
Le soleil qui brille sur le Lieu Historique national du Canada du Centre-d'inscription-de l'entrée-Est

Le poste de garde de parc de Whirlpool est un bâtiment simple construit essentiellement en rondins. Il s'agit de l'une des trois maisons bâties pour le parc à ses origines. C'est un exemple rare de résidence en rondins conçue pour les directives adoptées par la division de l'architecture de la direction générale des parcs nationaux. La maison est située près du point d'entrée de la route et est très visible aux automobilistes, communiquant à la fois un sens d'autorité et de protection.

La résidence du gardien de l'entrée a été construite en 1933-1934. C'est un bâtiment similaire au poste de garde de parc. À l'origine, il a été construit comme résidence d'été, mais plus tard a été modifié afin d'en permettre l'utilisation à l'année longue. Ensemble, le poste de garde de parc, le bâtiment de l'entrée est et la résidence du gardien de l'entrée forme un complexe historique unique.

Reconnaissance historique

En novembre 1992, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada recommandait que le complexe d'inscription de l'entrée est soit désigné lieu historique national. En juillet 1995, le complexe à été déclaré officiellement lieu historique, en honneur de son importance historique et architecturale étant l'une des expressions les plus remarquable de l'esthétique rustique dans les parcs nationaux.

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Camp de Prisonniers de guerre Whitewater (1943 à 1945)

Introduction

L'aménagement du parc national du Canada dru Mont-Riding à des fins récréatives a été interrompu pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que toutes les tentatives pour éliminer les activités d'exploitation des ressources du parc. En guise de respect pour les soldats appelés à combattre à l'étranger et en raison des fonds du gouvernement fédéral destinés à l'effort de guerre, l'aménagement du territoire à des fins récréatives a été paralysé. De nombreux Canadiens dépendaient du bois de chauffage en raison des pénuries de combustibles engendrées par les besoins de la guerre, et le parc national du Canada du Mont-Riding a dû se tourner une fois de plus vers l'exploitation de ses ressources ligneuses. Avant de devenir un parc national en 1933, le Mont-Riding consistait en une réserve de coupe en fournissant le bois d'euvre et le bois de chauffage aux fermiers et aux collectivités des environs.

Pour éviter les privations injustifiables et pour contribuer à l'effort de guerre, on a permis de nouveau aux résidants des municipalités rurales de couper du bois de chauffage sur la réserve du Mont-Riding. Le parc fournissait également des centres urbains, tels que Winnipeg, en combustible, à partir du bois débité par les prisonniers de guerre allemands détenus au lac Whitewater entre 1943 et 1945. Le recours aux services des prisonniers allemands pour effectuer ce travail essentiel s'explique par l'absence de la population active canadienne pendant cette période. Ils coupaient le bois d'un peuplement mort des soites d'un incendie, situé à l'Est du lac

En raison de son éloignement et de ses ressources ligneuses, le Mont-Riding constituait un endroit idéal pour établir un camp de prisonniers de guerre (PG). En effet, le camp était entouré par un fourré de broussailles et situé à une bonne distance des limites du par et des collectivités avoisinantes. Comme le camp se trouvait au centre du Manitoba, et donc du Canada, on considérait qu'il était pratiquement impossible de s'échapper du pays. Le camp avait une particularité unique en ce sens qu'il n'était entouré ni par des clôtures ni par des murs.

Camp de prisonniers de guerre
Camp de prisonniers de guerre dans le Parc national du Mont Riding 1944

Les préparatifs en vue de la construction du camp

C'est le ministère des Munitions et des Approvisionnements d'abord, puis la commission du logement en temps de guerre, qui se sont chargés de la construction du camp et du maintien d'un niveau de vie acceptable. Les travaux de construction ont été entrepris au cours de l'été 1943 et, dès le mois d'octobre, 450 prisonniers allemands (capturé en Afrique du nord) arrivaient au camp pour y habiter et pour y travailler. En novembre 1944, plus de 31 000 prisonniers de guerre allemands étaient détenus au Canada.

Le bois d'euvres pour les besoins de camp a été débité à la scierie Dewitts qui se trouvait sur la rive Nord-Ouest du lac Audy. Il s'agissait en fait d'un camp de travail alternatif ou était retenu un contingent de travailleurs forcés (pacifistes; objecteurs de consciences). Pendant quatre mois, ils ont participé aux préparatifs et ont aidé les entrepreneurs engagés pour l'occasion à réparer la route et à construire le camp. La plupart des pacifistes qui travaillaient au camp étaient de jeunes célibataires mennonites en provenance des villages et des fermes de la région.

Les ouvriers ont construit quinze bâtiments au total, notamment : cinq baraques-dortoirs (équipées de toilettes et de baignoires), les logements du personnel administratifs, un bureau administratif, une grande cuisine de chantier (avec salle à manger pouvant accueillir tous les travailleurs du camp), un dépôt d'approvisionnement, un garage, une forge, une centrale électrique, un atelier mécanique, des écuries pour les chevaux et un petit hôpital. Après l'achèvement des travaux en 1943, le Winnipeg Free Press décrivait l'ouvrage comme étant "le plus grand campement jamais construit au Canada pour loger des prisonniers(...) pour effectuer la coupe du bois de chauffage.''

Des prisonniers allemands au camp
Une groupe de prisonniers

La coupe du bois

Le secteur désigné pour la coupe de bois de chauffage se trouvait de chaque côté du sentier Centrale et s'étendait sur deux miles au-delà du camp. On y trouvait surtout des peupliers, à l'exception d'un petit nombre de pins et d'épinettes.

Sur la majeure partie de la surface boisée on pratiquait la coupe à blanc, rasant les quelques jeunes peupliers qui avaient repoussé ici et là entre les arbres brûlés par le feu. La seule espèce épargnée était l'épinette, dans l'espoir que les graines germeraient dans le secteur. Les arbres étaient de belle dimension et en nombre suffisant pour répondre adéquatement aux besoins en bois de chauffage. Les règlements régissant l'extraction du bois sur pied étaient les mêmes que ceux qui étaient appliqués à l'exploitation forestière pratiquée au début des années trente. Pour veiller à l'application de ces règlements, un garde de parc a été affecté au camp pour superviser la coupe et le cubage du bois de corde, ainsi que pour comptabiliser les rétributions exigibles par prisonnier en contrepartie de leur travail.

Le plus souvent, ces tâches revenaient au garde David Binkley, en poste au lac Audy pendant que le camp était en activité. Il était également chargé du transport des prisonniers vers le parterre de coupe, de l'attribution des fonctions et du retour au camp.

Les gardes civils (en provenance de Forces Armées canadiennes) qui se trouvaient au camp montaient la garde pendant que les prisonniers coupaient le bois de corde. Ils les accompagnaient également lorsqu'ils devaient se rendre à Dauphin pour ramasser les rations alimentaires quotidiennes. Les prisonniers recevaient 50 sous par jour pour couper une quantité de bois donnée.

Bien que l'on offert des primes aux prisonniers qui coupaient le bois de corde en guise d'incitatif, la meilleure production jamais obtenue par les homes a été une corde par jour, par personne. Le premier hiver d d'abattage a été un échec total en grande partie à cause de problèmes de discipline. Après environ sept mois de travail, la production totale de bois de chauffage atteignait à peine 33 000 cordes.

Le bois coupé était transporté hors du parc par deux routes : le chemin du lac Audy, en direction sud à destination d'Elphinstone ou le sentier Strathclair en direction nord à destination de Dauphin. À partir de là, le bois était expédié à Winnipeg et dans les autres localités.

La vie au camp

Le camp du Mont-Riding était un camp à "sécurité minimale'' et les prisonniers ont su tirer profit de la situation. Ils se sont liés d'amitié avec les gardes et se sont souvent éclipsés pour se rendre dans les collectivités avoisinantes. Selon la rumeur, certains prisonniers se seraient rendus à des soirées dansantes à Crawford Park, une petite localité située du sud du lac Audy. Ils ont également trouvé le moyen d'exercer in certain contrôle sur les activités opérationnelles du camp. Ils ont aussi formé une chorale, un orchestre, et pratiquaient de nombreux sports (dans le but de se divertir). D'autre encore élevaient des porcs qu'ils soignaient et nourrissaient dans l'espoir de les manger et de varier ainsi leur régime.

La sculpture sur bois était l'un des passe-temps favoris au camp, et plus particulièrement la reproduction à l'échelle de navires de guerre. Cependant, le passe-temps le plus populaire consistaient à creuser des pirogues. Certaines d'entre elles se trouvent encore sur les berges du ruisseau Whitewater ou sont exposées au musée Fort Dauphin.

L'idée de construire des pirogues leur est venue d'un périodique canadien qui circulait dans le camp. Toutefois, au lieu de fabriquer une armature et d'utiliser de l'écorce de bouleau, ils ont creusé à la main de billes d'épinettes ou de peupliers, un exploit auquel ils devaient consacrer de nombreuses heures de travail. Une embarcation à une place mesurait entre 14 et 15 pieds de long. Les pirogues ont été mises à l'eau sue les eaux du ruisseau qui coulait au sud du camp (plus étroit et plus profond à l'époque) et sur les eaux du lac Whitewater, ou les pagayeurs pouvaient admirer des scènes panoramiques et satisfaire leur goût de l'aventure.

Toutefois, ces passe-temps ne réussissaient pas toujours à rompre la monotonie de la vie du camp et lorsque des occasions d'emploi se présentaient, certains prisonniers offraient volontiers leurs services. Le bureau du travail a accepté que l'on fasse appel à des prisonniers pour lutter contre les incendies en raison de la pénurie de main-d'euvre dans toute la province et, au moins à une occasion, ceux-ci ont combattu un feu dans le parc. À un autre moment, ils ont été embauchés pour réparer la ligne téléphonique entre le lac Clear et le lac Gunn, endommagée à la suite d'une violente tempête. D'autres encore étaient logés chez des agriculteurs de la région et ont noué des amitiés durables avec les familles pour qu'ils doivent effectuer des travaux.

Les PG étaient bien traités au camp et étaient considérés comme étant un "bon groupe''. Toutefois, la rumeur veut que quelques-uns d'entre eux aient tenté de s'évader au moins à une occasion. À notre connaissance, le seul incident malheureux survenu au camp est la mort de Max Neugebaureer. Le jeune homme de 33 ans a été écrasé par un arbre tombé sur lui.

Fermeture du camp

En mars 1944, l'urgence des besoins en matière de bois a cessé de se faire sentir. Bien que l'on ait continué à couper du bois jusqu'à l'été 1945, les besoins de la province en bois de chauffage étaient amplement satisfaits et les prisonniers ne devaient plus couper de bois à l'avenir. Pendant un certain temps, ils ont travaillé à l'entretien du sentier Central et on prévoyait les faire travailler à d'autres endroits du parc.

Cependant,, trois facteurs, ont empêché la prolongation de leur séjour dans le parc. Premièrement, ils n'y avaient aucun chantier dans les environs du camp qui permettait de garantir le versement de salaires aux travailleurs et par conséquent, c'est la division des parcs qui aurait dû s'engager à les payer. Deuxièmement, la pénurie générale de fonds empêchait de financer l'emploi des prisonniers. Troisièmement, il n'y avait pas assez d'équipement dans le parc pour entreprendre d'autres programmes.

L'équipement disponible devait servir à l'entretien courant du parc et, comme il n'était pas en très bon état, on ne pouvait ni le donner ni l'utiliser de façon excessive. Par conséquent, le camp a été fermé en novembre 1945. Les prisonniers one été affecté à d'autres projets de travailleurs au Canada et la plupart d'entre eux ont été cantonnée dans le nord de l'Ontario. On a confié à un entrepreneur de Winnipeg la tâche de démanteler les bâtiments et les équipements. En décembre, le nettoyage et la remise en état du terrain étaient complétés. C'est en 1946, après la fin de la guerre, que les prisonniers sont retournés dans leur partie.

Le parc est alors rétabli ses objectifs. L'exploitation des ressources a été suspendue et l'aménagement du territoire à des fins récréatives a repris.
Le camp PG est devenu un emplacement de camping à l'état naturel ou l'on peut se rendre à pied, à bicyclette ou à cheval en se dirigeant vers le lac Whitewater le long du sentier Central.

Une partie de la fondation en béton et de l'incinérateur se trouvent encore sur les lieux. Plusieurs pirogues flottent toujours sur les eaux calme du ruisseau. La nature a cependant repris ses droits sur l'ancien emplacement du camp qui est devenu un habitat important pour les wapitis qui s'y rassemblent chaque année entre le mois de mai et le mois de juin.

Pour d'autres informations : Camp d'internement de prisonniers de guerre Whitewater (en anglais seulement)

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Grey Owl (1931)

Grey Owl debout
Photo de Grey Owl

« La sécurité des castors serait garantie pour tout le temps de leur existence,... De plus, on me fournirait les moyens de mener à bien mes projets pour le sauvetage de leur race, dignement, sans que j'eusse à m'inquiéter de ressources financières... Quant à moi, je serais fonctionnaire du gouvernement canadien. - Grey Owl dans Un homme et des bêtes, 1935

Introduction
Le 17 avril 1931, Grey Owl, le célèbre trappeur converti en agent de conservation de l'environnement, entre en fonction comme « défenseur des animaux sauvages » au tout nouveau parc national du Mont-Riding. Ses deux castors domestiques, Jelly Roll et Rawhide, et lui ne passeront que six mois au Mont-riding, mais ce séjour marque un point tournant dans sa carrière et sa vie.

Bien connu pour son amour de la nature et son ardeur à la préserver, Grey Owl est une légende. Au cours des années 1930, époque de la grande dépression, il est acclamé à l'échelon international comme grand naturaliste, auteur à succès, orateur charismatique et porte-parole respecté des Autochtones.

Grey Owl : les débuts
Grey Owl, de son vrai nom Archibald Stansfeld Belaney, est né à Hastings, en Angleterre, le 18 septembre 1888. Sa mère, abandonnée par son mari, le laisse pour se remarier alors qu'il a 4 ans. Il sera élevé par deux de ses tantes célibataires .

Archie grandit en croyant que son père, parti pour l'Amérique, vit parmi les Indiens; il devien ainsi, dès son jeune âge, fasciné par la nature, les animaux sauvages, les pays lointains et les courageux Indiens.

Après avoir quitté l'école, à l'âge de 16 ans, Archie travaille pendant un court moment dans un bureau à Hastings, mais l'attirance des contrées sauvages de l'Amérique du Nord est trop forte. Le 29 mars 1906, Archie Belaney embarque à bord du vapeur SS Canada en partance pour Halifax.

En 1907, après avoir passé quelques temps à Toronto, Archie s'en va travailler dans une petite localité près de Temiskaming, dans le Nord de l'Ontario. Là, il s'invente une nouvelle histoire : il dit avoir grandi dans le Sud-Ouest américain, et qu'il est fils d'un marchand écossais et d'une fille Apache.

À Temiskaming, un prospecteur autochtone l'engage et le forme comme guide en milieu sauvage. Il apprend la langue et adopte le style de vie des Ojibway. En 1910, il épouse une fille ojibway du nom d'Angele.

Mais Archie, comme son père, a tendance à vagabonder. En 1912, il quitte Angele et gagne sa vie comme guide, trappeur et garde forestier à différents endroits du Nord de l'Ontario.

En 1915, Archie se retrouve en Nouvelle-Écosse, s'enrôle dans l'armée canadienne et est envoyé en France pendant la Première Guerre mondiale. Il est blessé et renvoyé en Angleterre pour y passer sa convalescence.

En Angleterre, il épouse son amour d'enfance, Constance Holmes. Ils divorcent peu de temps après et, une fois libéré de l'armée, Archie retourne dans le Nord de l'Ontario.

De retour dans le bois, Archie est adopté par une autre famille ojibway et est de plus en plus attiré par le mode de vie des Indiens. Vêtu de peaux de daim avec ses longs cheveux colorés foncés et tressés, on l'appelle Wa-Sha-Quon-Asin (Celui qui marche la nuit) : Grey Owl.

Grey Owl : la conversion
En 1925, il déménage dans le Nord du Québec, toujours comme trappeur et guide. Là, il rencontre et épouse une jeune Mohawk, Gertrude Bernard. Il l'appelle Anahareo. Elle jouera un rôle majeur dans le changement de mode de vie de son mari, qui de trappeur devient agent de protection de la nature et auteur.

Elle convainc Grey Owl d'adopter deux bébés-castors quand ceux-ci perdent leur mère dans un piège qu'il a tendu. Il s'exécute devant la volonté d'Anahareo et baptise les deux orphelins McGuiness et McGinty.

En 1929, Grey Owl et Anahareo déménagent près de Cabano, au Québec, où ils espèrent établir une colonie de castors. À l'époque, en raison du piégeage excessif, la population canadienne de castors est près de l'extinction.

Devant les castors orphelins, Grey Owl se préoccupe soudain davantage de trouver des moyens pour les protéger plutôt que de meilleures pratiques de piégeage. Les deux castors demeurent en compagnie de Grey Owl et d'Anahareo pendant environ un an, puis disparaissent.

Pendant qu'il est à Cabano, Grey Owl écrit et publie son premier article dans Country Life, un magazine britannique. Dès lors, on lui réclame d'autres articles, puis un livre, et on le sollicite pour donner des conférences. Grey Owl élit alors domicile à Metis-Sur-Mer, villégiature du Québec, et devient vite célèbre pour ses histoires et son nouveau bébé-castor, Jelly Roll.

Arrivée au parc national du Mont-Riding
Grey Owl devient de plus en plus connu dans tout le pays comme l'« homme aux castors » et, en février 1931, on lui offre un poste de naturaliste au parc national du Mont-Riding. Le réseau de parcs nationaux croit pouvoir profiter de son travail pour la protection des castors et de la publicité positive dont il fait l'objet.

À ce moment-là, Grey Owl a trouvé un compagnon (Rawhide) pour Jelly Roll. Il accepte le poste mais décline l'invitation à visiter le parc afin de choisir l'endroit où il aimerait s'installer. Il n'ose pas partir alors que Rawhide et Jelly Roll sont sous la glace dans un « pays où grouillent les chasseurs illégaux ».

C'est donc après plusieurs mois de correspondance épistolaire, que le personnel du parc national du Mont-Riding choisit un emplacement qui satisfera aux exigences de Grey Owl.

« Je dégagerai un sentier peu importe l'endroit choisi. L'isolement ne me pose aucun problème, pourvu qu'il y ait l'accessibilité nécessaire permettant de mener à bien un projet, tel qu'une démonstration ou la réalisation de films, d'inspection, etc. » (Traduction libre)
Grey Owl au directeur du parc national du Mont-Riding, le 2 mars 1931

Le 17 avril 1931, Grey Owl, Jelly Roll et Rawhide arrivent en train à Neepawa au Manitoba, et sont transportés en camion jusqu'à un petit lac situé à 11,2 km (7 milles) au nord de Wasagaming.

Les castors arrivent sains et saufs malgré le voyage de 3 000 km (2 000 milles), soit une semaine de train, dans une grande boîte de tôle galvanisée. Celle-ci avait été conçue tout spécialement par Grey Owl sur le modèle d'une vraie hutte de castor, avec un réservoir rempli d'eau leur permettant de nager, un plate-forme pour se sécher et un endroit surélevé pour dormir. Aussitôt libérés, les castors plongent dans le lac et explorent les alentours.

« Eh bien Monsieur, c'était tout un voyage. Les castors ont tenu le coup et sont maintenant heureux : ils ont deux huttes, dans un pays de coyotes, de wapitis, de chevreuils et une vue superbe ... Les gens du parc, qui ont été merveilleux avec nous, sont en train de nous construire une cabane magnifique près des castors... Je peux vous dire que le monde apparaît sous un nouveau jour ces derniers mois. » (Traduction libre) - Grey Owl à son ami, printemps 1931.

Au Mont-Riding
Le lac où Grey Owl et ses castors s'installent prend le nom de lac Beaver Lodge. Le personnel du parc construit une cabane sur les bords du lac. Celle-ci est divisée en deux parties (une pièce principale et une annexe) pour répondre aux besoins de Grey Owl aussi bien qu'à ceux des castors. Les castors ont leur entrée dans la pièce principale, si bien qu'ils peuvent entrer et sortir à leur guise. Aussi n'est-il pas rare de trouver Jelly Roll et Rawhide blottis contre Grey Owl quand celui-ci dort, se sachant en sécurité dans la nature sauvage d'un parc national.

Le personnel du parc veille à fournir les provisions nécessaires pour garantir le bien-être de Grey Owl et de ses castors. On lui a notamment offert un canot spécial en châtaigner pour qu'il puisse se promener autour du lac et observer les activités des castors.

Maintenant qu'il est installé, Grey Owl commence sérieusement son travail auprès des castors et du public. Son travail consiste à rétablir les populations de castors là où elles ont disparu. On pense alors que Grey Owl attirera aussi des visiteurs dans le nouveau parc grâce à ses castors apprivoisés et à sa personnalité dynamique.

Grey Owl and Beaver in Riding Mountain National Park of Canada
Grey Owl avec son castor Jellyroll

Au printemps, Grey Owl acquiert quelques autres castors et Jelly Roll donne naissance à quatre petits. Grey Owl se préoccupe alors de la façon d'élever les jeunes castors et les castors adultes, ce qu'il fait pendant la nuit, c'est-à-dire pendant la période d'activité des animaux. Grey Owl dort alors de 5 h 30 à 12 h 30, puis se lève pour recevoir les visiteurs. Il passe ses journée à prendre soin des castors, ainsi que de deux couples de wapitis et d'orignaux qu'on avait confiés à ses soins. À quelques occasions, Grey Owl se rend à Wasagaming et raconte des histoires au restaurant Wigwam.

Bien que Grey Owl n'ait pas le temps de continuer à écrire pendant son séjour au Mont-Riding, il tourne deux films et pose pour un certain nombre de photos prises par le photographe du parc, Bill Oliver. Utilisées dans ses livres et lors de ses conférences, les photos et films pris à cette époque au Mont-Riding le rendront célèbre et contribueront à diffuser son message tout autour du monde. Le personnel du centre d'accueil peut vous montrer son film sur une famille de castors datant de 1931.

Départ du Mont-Riding
« Il s'agissait d'un étang à castors idéal et ils s'y étaient bien établis; si seulement il y avait eu suffisamment d'eau pour leurs migrations et pour satisfaire mes idées impétueuses sur le canot. » (Traduction libre)
Grey Owl écrit du parc national de Prince Albert au directeur du parc national du Mont-Riding, 1932

En 1931, le Manitoba connaît la sécheresse, et en juillet, le niveau d'eau dans le lac Beaver Lodge a chuté de 0.60 m (deux pi). Grey Owl déclare que les conditions qui sévissent au Mont-Riding (eau peu profonde et peu de neige) ne conviennent aux castors, car quelques années plus tard, lorsque la population de castor aurait augmenté, il n'y aurait pas assez d'eau et les jeunes seraient obligés de quitter les lieux.

Grey Owl n'est pas content non plus parce que plusieurs jeunes castors qu'il a élevés sont morts. Enfin, canoteur passionné et habile, il s'ennuie dans ce marais isolé qu'est le lac Beaver Lodge.

Grey Owl demande à être muté vers l'Ouest et le 26 octobre 1931, accompagné d'Anahareo, de Rawhide, de Jelly Roll et de quatre autres jeunes castors (Wakanee, Wakanoo, Silver Bells et Buckshot), il quitte le parc national du Mont-Riding et arrive sain et sauf au lac Ajawaan, dans le parc national de Prince Albert.

Grey Owl passera sept ans dans le parc national de Prince Albert où il réalise la majorité de son euvre littéraire. Il passe les deux dernières années de sa vie en tournées et en conférences en Amérique du Nord et en Angleterre.

Le 13 avril 1938, Grey Owl meurt d'une pneumonie. Son corps repose sur la colline surplombant la cabane, sur les bord du lac Ajawaan.

Conclusion
On se souviendra toujours de Grey Owl dans le parc national du Mont-Riding comme du « défenseur des animaux sauvages ». C'est ici qu'il lance le premier projet de protection des castors et c'est en partie grâce à ses efforts que l'on recense aujourd'hui une abondante population de castors au Mont-Riding.

Malgré son insatisfaction du parc national du Mont-Riding, son séjour de six mois marque un tournant important dans sa vie. C'est l'époque où il devient notoriété en tant que Grey Owl, « protecteur des castors ». C'est la première fois qu'il a l'occasion de mener à bien ses études sur les castors dans un environnement protégé. C'est aussi le début de sa vie dans l'Ouest du Canada, une période qui lui ferait connaître la célébrité, la reconnaissance et la sécurité financière.

La cabane de Grey Owl aujourd'hui
La cabane de Grey Owl est toujours là, sur la rive du lac Beaver Lodge, témoin de l'adresse des premiers employés et artisans du parc. C'est une destination recherchée pour les randonneurs, les cyclistes et les skieurs de fond. La randonnée de 17,8 km (aller-retour) à partir de la route no 19, se fait sur un sentier tranquille, à travers une forêt peuplée de trembles, de peupliers baumiers, de pins gris et d'épinettes blanches.

À la cabine, sont exposées des photos, des lettres et de la correspondance datant du séjour de Grey Owl au parc national du Mont-Riding. La cabine a été déclarée édifice fédéral du patrimoine le 17 novembre 1988. Si vous y regardez de près, vous verrez les endroits où les castors s'en sont pris au murs.

La cabane de Grey Owl
La cabane de Grey Owl dans le Parc national du mont-riding

« ...De même, il m'arrive de m'ennuyer du petit étang, moi qui était si pressé de le quitter. » (Traduction libre)
Grey Owl écrit du parc national de Prince Albert au directeur du parc national du Mont-Riding, 1932

oeuvre de Grey Owl:
La dernière frontière (1931) (édition française publiée en 1950
Un homme et des bêtes (1935) (édition française publiée en 1936)
Sajo et ses castors (1935) (édition française publiée en 1949)
Récits de la cabane abandonnée (1937) (édition française publiée en 1939)
Book of Grey Owl, 1940

Biographies de Grey Owl:
Devil in Deerskins: My life with Grey Owl, Anahero, 1972
Wilderness Man: The Strange Story Of Grey Owl, Lovat Dickson, 1973.
From The Land of Shadows: The Making Of Grey Owl, Donald Smith, 1990.
Grey Owl: The Mystery of Archie Belaney, Armand Ruffo, 1997.
Grey Ow : Sur les traces d'Archie Belaney, June Billinghurs (1999)

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