Doug Clark au sujet du changement

Parc national Wapusk

En survolant le parc national Wapusk en juin 1998, Doug Clark a observé quelque chose d’inhabituel.

À bord d’un hélicoptère de la Garde côtière canadienne, il a aperçu une grosse masse de fourrure brune et se demandait ce que ce pouvait bien être. La réponse, c’est que c’était un grizzli, mais cette réponse ne figurait pas en tête de liste des possibilités de cet ancien garde de parc et chercheur de longue date rattaché à l’Université de la Saskatchewan.

« En fixant le sol, je me demandais où se trouvaient les cornes de ce bœuf musqué. C’est un moment mémorable que je n’oublierai jamais », se rappelle-t-il.

Ce n’était pas la première fois que quelqu’un confirmait la présence de grizzlis, ce qui faisait grimper à trois le nombre d’espèces d’ours évoluant dans le parc. Après réflexion, il s’est rendu compte qu’il s’agissait d’une découverte importante du point de vue scientifique, mais aussi d’un point de vue plus personnel et philosophique.

Fait marquant, les agents du parc, dont grand nombre d’entre eux étaient dans la région depuis longtemps, trouvaient cette découverte aussi ahurissante que lui.

Un grizzly marche dans l’herbe.
Un grizzli dans parc national Wapusk.

« On venait d’être témoins de quelque chose qui ne faisait que commencer et qui revêtait une grande importance », ajoute-t-il.

Tous les dix ans, le nombre d’observations de grizzlis fait plus que doubler, pendant que les chercheurs tentent de déterminer ce qui les attire dans la région. Bien que la réaction viscérale à l’égard du changement dans l’Arctique puisse être de considérer les nouveaux développements comme négatifs, Doug Clark est prêt à voir l’apparition des grizzlis de manière positive (en anglais seulement).

« Le changement qui s’opère dans l’Arctique est tellement vu d’un mauvais œil, et là, on voit quelque chose comme ça… peut-être que certaines autres choses ne sont pas géniales, mais en soi, cette nouvelle présence est vraiment fascinante, vraiment extraordinaire et c’est probablement une bonne chose. Il faut donc se demander ce que ça veut dire », poursuit-il.

Wapusk est effectivement un lieu de changement. En 1998, l’année d’observation du grizzli, était aussi une année d’El Niño, avec des températures étonnamment chaudes. Les agents du parc, qui connaissaient très bien le territoire, ont dû faire face à de nouvelles situations, comme des embâcles et des inondations. À bien des égards, Wapusk est un endroit difficile à comprendre, et Doug Clark s’attend à ce que le changement aille en s’accélérant.

« Ça rend la gestion d’un parc national encore plus difficile, savoir comment gérer un parc national et même vivre là, ajoute-t-il.

Un ours polaire marche dans l’herbe. Un grillage sépare l’ours de l’observateur.
Curieux, un ours polaire jette un coup d’œil à un appareil photo installé le long du sentier.

© Université de la Saskatchewan

« C’est non seulement un lieu gratifiant, mais aussi un lieu d’apprentissage important grâce à la recherche et à la gestion permanente du parc. Il faut être à la hauteur des défis qui ne cessent de surgir. »

Il reconnaît les défis que présente le changement pour la municipalité de Churchill et ses habitants, qui vivent déjà dans un lieu impitoyable. En toute résilience, ils s’adaptent à des conditions climatiques en pleine mutation et à des enjeux comme l’absence de transport ferroviaire pendant une longue période.

« C’est un lieu empreint de défis pour les gens. Les défis physiques sont évidents, et il en est de même des défis mentaux liés à la vie ou au travail là-bas », précise Doug Clark.

Vivre à Churchill et travailler au parc national Wapusk ne conviennent pas à tout le monde, mais pour les personnes qui cela intéresse, il n’y a pas de meilleur endroit.

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