Donner une nouvelle image à la lotte

Aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur

Par Marissa Wegher

Le lac Supérieur offre certaines des meilleures possibilités de pêche à la ligne pour une variété d’espèces de poissons tout au long de l’année. De nombreux pêcheurs sont à la recherche de la furtive truite de rivière, pêchent le saumon à la traîne au downrigger ou lancent leur ligne dans l’espoir de prendre un brochet de taille record. Mais avez-vous déjà essayé de pêcher la lotte?

La lotte (Lota lota) a mauvaise réputation en raison de son apparence très étrange. Son long corps d’anguille ou de serpent et son aspect visqueux lui ont valu des surnoms tels que loche, alote, barbotte et motèle pour n’en citer que quelques-uns. Elle ressemble à un poisson-chat allongé avec un motif tacheté jaune et brun caractéristique, semblable à une empreinte de léopard. Son énorme bouche est tapissée à l’intérieur de dents minuscules rappelant le papier sablé. Et enfin, elle a un joli barbillon au menton qui ressemble à une barbichette. C’est loin d’être un poisson comme les autres.

Lorsque j’étais enfant et que je pêchais avec ma famille, mon frère a involontairement pêché une lotte. Je me souviens encore du branle-bas que sa prise a provoqué : mon père a dû se battre pour la décrocher, tandis que le poisson essayait d’enrouler sa queue autour de son bras! On ne les appelle pas serpents sans raison. Pendant des années, ce poisson à l’aspect visqueux a été considéré comme extrêmement indésirable par une grande partie de la population (moi y compris). Cependant, il y a une autre facette à ce poisson.

La mystérieuse lotte a un cycle de vie très différent de celui des autres habitants du lac Supérieur. Les lottes vivent dans les eaux les plus profondes du lac. On les trouve régulièrement à des profondeurs supérieures à 100 m (328 pi), mais on l’a observée jusqu’à 300 m (984 pi)! Elles frayent à la fin de l’hiver dans les eaux froides sous la glace, à une période où il est difficile de mener des travaux et des recherches sur le terrain. Nous savons que pendant le frai, la lotte se déplace de son habitat en eaux profondes vers des baies peu profondes ou des hauts-fonds. Dans ces eaux moins profondes, elles se rassemblent pour former des boules de frai. La lotte partage une caractéristique unique d’autres membres de la famille des morues : la capacité de chanter! La vessie natatoire de ces poissons se gonfle et se dégonfle avec du gaz pour contrôler la flottabilité et la profondeur dans la colonne d’eau. Les morues ont des muscles qu’elles peuvent fléchir pour émettre des bruits de cliquetis et de bourdonnement, ce qui, d’après les recherches, pourrait indiquer le début de la période de frai.

Bien que la lotte ne soit généralement pas considérée comme une espèce de poisson gibier (vous n’en trouverez pas mention dans les règlements de la pêche de l’Ontario 2023), elle est très populaire parmi ceux qui l’ont essayée. Les possibilités de pêche à la ligne sont meilleures à la fin de l’hiver, lorsque la lotte se déplace vers des eaux moins profondes. Habillez-vous bien chaudement, louez ou installez une cabane de pêche sur la glace et préparez-vous à vivre une aventure hivernale. Les filets de ces poissons ont été surnommés le homard des pauvres, et s’ils sont bouillis et mangés avec du beurre, leur saveur et leur texture sont indéniablement similaires.

Ce n’est qu’une des nombreuses espèces de poissons qui contribuent à la diversité du réseau alimentaire aquatique du lac Supérieur. Alors, la prochaine fois que vous rencontrerez une lotte au bout de votre ligne, rappelez-vous que ce poisson étrange et visqueux est l’une des espèces les plus fascinantes du lac Supérieur, et qu’il est également savoureux!

 

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