Compter les nids dans un souci de conservation

Aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur

Par Kim Teager

En explorant l’aire marine nationale de conservation (AMNC) du lac Supérieur l’été dernier, vous avez peut-être remarqué que le personnel de Parcs Canada se promenait sur les îles et les affleurements rocheux au milieu de hordes de goélands criards et vous vous êtes peut-être demandé pourquoi. Saviez-vous que le comptage des nids dans les colonies d’oiseaux aquatiques est un excellent moyen de surveiller la durabilité écologique du lac?

 

La région des Grands Lacs constitue un habitat de reproduction essentiel pour au moins 17 espèces de goélands, sternes, cormorans, hérons, aigrettes et, plus récemment, pélicans. Qu’est-ce que toutes ces espèces ont en commun? Elles nichent en colonies et se nourrissent principalement de poissons, ce qui en fait d’excellents indicateurs de la santé des écosystèmes côtiers, car elles reflètent ce qui se passe dans le lac et sont vulnérables aux changements naturels et anthropiques.

 

Les populations d’oiseaux aquatiques coloniaux sont affectées par la dégradation de l’habitat, la contamination de l’environnement (par exemple, les pesticides, les microplastiques, les déversements d’hydrocarbures), les variations du niveau de l’eau, l’activité humaine commerciale et récréative, la concurrence pour les ressources et la prédation. En tant que prédateurs de haut niveau, les oiseaux aquatiques sont particulièrement sensibles aux changements dans les populations de poissons-proies et à la bioamplification des polluants chimiques dans la chaîne alimentaire.

 

Les populations d’oiseaux aquatiques des Grands Lacs sont recensées par le Service canadien de la faune (SCF) environ une fois tous les dix ans depuis les années 1970, dans le cadre d’un effort binational aux côtés du United States Fish and Wildlife Service. Un comptage complet des nids actifs (avec des matériaux frais, des œufs ou des oisillons) sur chaque site de colonie visité permet d’estimer le nombre de couples reproducteurs au cours d’une année donnée. En juin 2023, notre équipe de conservation des ressources a rejoint l’équipe du SCF sur le terrain pour la première fois afin de l’aider à compter les nids des colonies locales dans le cadre de la cinquième enquête sur les Grands Lacs. Nous nous sommes rendus sur les îles de la baie Nipigon, de la baie Black et du long de l’archipel, de Thunder Cape à Simpson Channel.

 

Au fil du temps, près de 140 colonies ont été découvertes dans les limites de l’AMNC du lac Supérieur, ce qui représente 30 % de tous les sites du côté canadien du lac Supérieur. Les goélands argentés nichent sur la plupart de ces sites, formant des colonies dont la taille varie d’un couple reproducteur à quelques centaines. Les colonies de goélands à bec cerclé sont moins bien réparties, mais elles peuvent atteindre plusieurs milliers de couples! Le nombre de cormorans à aigrettes et de pélicans d’Amérique est relativement plus faible, et les colonies de grands hérons sont de moins en moins nombreuses à chaque enquête. Les sternes caspiennes se reproduisent rarement sur le lac Supérieur, mais des couples avec des nids et des oisillons ont été enregistrés à quelques reprises.

 

Bien que les résultats définitifs de l’enquête de cette année ne soient pas encore disponibles, une comparaison avec les enquêtes précédentes permettra de mettre en lumière les changements de l’état de la population et les tendances au fil du temps. Ils peuvent également constituer un signe d’alerte précoce des facteurs de stress potentiels dans l’environnement, ainsi qu’un aperçu des implications écologiques pour d’autres espèces sauvages locales et pour l’homme. Faites-nous part de vos observations d’oiseaux aquatiques sur les îles sur iNaturalist et eBird, mais observez-les en toute sécurité depuis votre bateau, car les oiseaux nicheurs sont très sensibles aux perturbations. 

 

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