Les héros de chez-nous
Lieu historique national du Ranch-Bar U
- Biographies
- Quand cuisiner devient un devoir patriotique
- Faites votre part : économisez la nourriture
La participation du Canada et du parc national des Lacs-Waterton à la Première Guerre mondiale a façonné le pays et l'identité canadienne. Plus de 600 000 Canadiens ont servi dans le cadre de la Première Guerre mondiale, et plus de 60 000 Canadiens ont trouvé la mort à cette guerre.
Parcs Canada reconnaît les personnes du lieu historique national du Ranch-Bar U ou associées à celui-ci qui ont servi pendant la guerre. Quand la guerre a éclaté en Europe, des milliers de Canadiens se sont portés volontaires sans tarder. Dans les contreforts, où de nombreux colonisateurs venaient d’arriver du Royaume- Uni, l’effort de guerre avait du poids et beaucoup d’hommes se sont enrôlés. Selon un journal local, les Britanniques du Canada voulaient saveur l’honneur de la Grande-Bretagne.
Le recrutement s’est avéré de plus en plus difficile au fur et à mesure que la guerre progressait. À l’occasion d’une campagne visant à remplir deux pelotons à High River en 1916, les agents de recrutement ont dû se rendre aussi loin qu’à Pekisko en voiture. Ils sont allés aux ranches de la région, dont le Bar U, à cheval. Le recrutement de membres des Premières Nations s’est également intensifié : dans les prairies, plus de 400 d’entre eux se sont enrôlés.
George Lane, du Bar U a appuyé l’effort de guerre en achetant de grandes quantités d’obligations de la Victoire et en fournissant une salle de loisirs aux soldats de High River. Les membres de la collectivité ont organisé des pique-niques afin de ramasser de l’argent pour l’achat d’une mitrailleuse. Dans l’Ouest, la pénurie de main-d’oeuvre a déclenché un important débat sur la conscription des fils d’agriculteurs. Les artisans de la réforme soutenaient que les sacrifices sur le champ de bataille devraient se traduire par des changements au bercail. En 1916, des changements ont vu le jour : les femmes de la province ont obtenu le droit de vote et la prohibition est entrée en vigueur.
Robert George « Bob » Armstrong, 1885-1968
En tant que menuisier et ouvrier de la construction chevronné, Bob Armstrong convenait parfaitement à l’équipe de construction des chemins de fer du Corps expéditionnaire canadien. Le Corps s’occupait de la construction et de l’entretien du chemin de fer qui transportait les troupes et les ravitaillements aux lignes de front en évolution constante, pendant que les soldats étaient sous la ligne de feu.
Bob Armstrong est arrivé en France en mars 1917. Le Corps a compté de nombreuses victimes, mais Bob s’en est tiré indemne jusqu’après l’armistice, lorsqu’il a subi une mauvaise coupure au visage. Après son hospitalisation, il est rentré au Canada en mai 1919.
Après la guerre, le ranch Bar U a retenu ses services en tant que commis-comptable. C’est là qu’il a rencontré et épousé Hazel Smith, gouvernante des enfants du gestionnaire du ranch. Après leur mariage, ils se sont installés à Calgary, où Bob a continué à travailler pour le propriétaire du Bar U, George Lane, à son bureau de la ville.
Robert Lorne « Bob » Carry, 1894-1966
Bob Carry, natif du Manitoba, a commencé à faire de l’élevage à l’âge de 14 ans. Même s’il n’a jamais travaillé au ranch Bar U, il a travaillé pour Pat Burns, propriétaire du Bar U de 1927 à 1950.
Le service militaire de Bob Carry en temps de guerre et ses blessures sont bien connus dans les contreforts de l’Alberta. Il faisait partie du 31e Bataillon et à ce titre, il a intégré les rangs de son unité en plein milieu de la bataille de Courcelette, en 1916. Peu après, il a été victime d’un bombardement intense pendant lequel sa jambe gauche a été fracassée par des éclats d’obus. Lorsque la gangrène s’est mise de la partie, ce monteur de chevaux sauvages primé a dû se faire amputer la jambe au-dessus du genou.
Bob Carry a reçu une prothèse et est resté hospitalisé pendant près d’un an. Ne laissant pas sa situation le décourager, il a monté un cheval le lendemain de son arrivée à Calgary.
Erland Godfrey Hadow, 1875-1917, tué au combat
Erland Hadow faisait partie de la classe moyenne supérieure de l’Angleterre lorsqu’il a immigré au Canada en 1894. Il a travaillé dans des ranches de la région du Bar U, où il a également joué au polo, sport qui commençait à gagner en popularité. Vers 1914, il était arpenteur à Revelstoke.
Erland Hadow a joint les rangs de la Force expéditionnaire du Canada à Calgary, en avril 1915. Une fois rendu outremer, il a été nommé capitaine du 17e régiment du Yorkshire de l’Ouest relevant de la force expéditionnaire britannique.
Sur le front de l’Ouest, il s’est servi de ses habiletés de cowboy pour attraper au lasso les drapeaux allemands fixés à des poteaux plantés en zone neutre, là où se trouvaient des explosifs. Il a reçu la Croix militaire pour ses nombreux actes insignes de bravoure.
Erland Godfrey Hadow est mort au combat en 1917. Il est enterré au cimetière Heudicourt à Somme, en France. Son épouse et sa fille se sont installées à Victoria alors qu’elle était encore bébé.
Joeseph « Joe » Johnstone, 1887-1917, tué au combat
À l’hiver de 1916, les officiers de recrutement du 137e Bataillon se sont rendus, à cheval, dans les ranches des contreforts. Joseph Johnstone, cowboy du ranch Bar U, faisait partie des hommes qu’ils ont recrutés. De descendance écossaise, il était l’un des cavaliers les plus habiles de l’Alberta.
Joseph Johnstone s’est embarqué pour la France au début de 1917. Là, il a combattu dans la bataille de la crête de Vimy, où il a été blessé par une balle au-dessus du coeur. Cinq mois plus tard, il était de retard en Belgium, dans la boue jusqu’aux genoux et dans les cratères d’obus de Passchendaele.
Johnstone est mort au combat le 26 octobre 1917. La mère de Joe a reçu la Croix du Souvenir. Cette croix est décernée à la mère et à l’épouse des soldats canadiens qui meurent au combat. Il est enterré près d’Ypres, en Belgique et son souvenir est évoqué au cimetière de la paroisse de Wamphray, en Écosse.
Thomas Arthur « Art » Lowe, 1894-1976
Art Lowe, charretier et menuisier, était le fils d’Orrin Lowe, employé du ranch Bar U et de la ferme Namaka. Art Lowe s’est enrôlé en juin 1915 et a fait partie du 31e Bataillon de Calgary en tant que maître-artilleur. Il a combattu aux batailles de la Somme et de la crête de Vimy. Il a reçu la Médaille militaire pour « acte de bravoure pendant la bataille de la colline 70 » à Vimy. Son père a reçu cette médaille au Bar U en son nom.
Une attaque au gaz a mis fin au service militaire actif d’Art Lowe en mars 1918. Après une longue convalescence en Angleterre, il est rentré au Canada en décembre 1918.
Après la guerre, il a travaillé pour la division de l’irrigation du Chemin de fer Canadien Pacifique à Strathmore. Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté en 1939, Art Lowe s’est engagé dans le corps royal du génie militaire canadien.
Fred Nash, 1891-1952
Cowboy de renom, Fred Nash a fait partie des milliers de Canadiens nés en Angleterre à se porter volontaires. Sachant qu’on lui réservait un emploi au ranch Bar U à son retour, Fred Nash s’est intégré au 12e Bataillon canadien de fusiliers à cheval en janvier 1915. Ilest arrivé en France au début de 1916, après plusieurs mois d’entraînement.
Il a été affecté à la 8e Brigade d’infanterie canadienne, où il est resté en service actif jusqu’en janvier 1919. Dans les lettres qu’il a envoyées à sa famille, il a écrit qu’il « l’avait échappé belle à maintes reprises », sans pour autant se faire blesser.
Fred Nash a eu de la chance de bien d’autres manières. Pendant qu’il se trouvait à Londres, en Angleterre, il a rencontré Florence Butterfield, sa future épouse. Ensemble, ils sont rentrés au Bar U. En tant que soldat, il avait un statut préférentiel et a choisi de travailler pour le Service fédéral de sylviculture et de faire l’acquisition d’une terre au nord du Bar U. Fred et Florence étaient reconnus pour leur sens de l’hospitalité, leurs habiletés en équitation et le travail du bois.
Quand cuisiner devient un devoir patriotique
Pendant la guerre, la nourriture revêt autant d’importance que les hommes et les armes pour la victoire. En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, l’agriculture jouait un grand rôle dans l’économie canadienne. Une grande partie des cultures était vendue à la Grande-Bretagne, dont le fromage, le bétail, les produits du porc et le blé. Grâce aux systèmes de commercialisation mis en place et aux nouvelles capacités de l’Ouest fraîchement colonisé, le Canada a axé sa politique alimentaire en temps de guerre sur la production et l’exportation de la plus grande quantité de nourriture possible.
À la fin de la guerre, la valeur des exportations alimentaires du Canada avait doublé. L’accès aux approvisionnements alimentaires d’outremer par les Alliés, notamment du Canada a joué un rôle dans la victoire de 1918.
Sous l’égide de George Lane, le ranch Bar U faisait partie d’une grande exploitation agricole mixte du sud de l’Alberta. Pendant la guerre, l’élevage du bétail était toujours au coeur de l’exploitation, mais George Lane est également devenu l’un des plus grands producteurs de blé du Canada, ensemençant des champs au Bar U et ailleurs. Le blé canadien permettait de nourrir les Britanniques, qui s’en servaient pour faire du « pain de guerre ». Au cours de la guerre, le célèbre troupeau de Percherons, des chevaux lourds, a atteint sa plus grande taille. Les Percherons transportaient les pesants chargements des militaires. Cela dit, à ce que l’on sache, aucun cheval du Bar U n’est allé à la guerre.
Faites votre part : économisez la nourriture
Pendant la guerre, on incitait les Canadiens à domicile à faire leur part en consommant moins de nourriture, en évitant le gaspillage et en faisant moins de provisions. On encourageait les agriculteurs à produire plus de boeuf et, surtout, plus de blé, ainsi que d’autres articles comme du bacon et du fromage. Afin de fournir aux troupes le pain, le bœuf salé en conserve et les fèves qui composaient l’essentiel de leur régime alimentaire, les Canadiens au bercail devaient se contenter de ce qu’ils avaient : du pain brun au lieu de pain blanc, du poisson et des légumes au lieu de boeuf et de bacon.
Au fur et à mesure que la guerre avançait, les Canadiens devaient subir les conséquences des prix à la hausse et de certaines pénuries (dont les bonbons et la crème glacée), mais le contrôleur des Vivres du Canada, W.J. Hanna a continué d’exhorter les gens de la nation à se priver et à faire preuve de collaboration afin de soutenir les troupes et les alliés.
Il soutenait qu’au Canada, il fallait réduire la consommation de boeuf, de blé et de bacon d’au moins le tiers afin de répondre aux besoins des armées alliées et des gens. Selon une affiche de la Commission canadienne du ravitaillement en 1918, les soldats bien nourris allaient gagner la guerre. Sur cette affiche, un jeune soldat déclarait : nous allons vous sauver, et vous, vous allez sauver la nourriture.
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