Nouvelles perspectives autochtones au lieu historique national du Canal-de-Sault Ste. Marie
Lieu historique national du Canal-de-Sault Ste. Marie : un canot en écorce de bouleau prêté au nouveau centre d’accueil sert de lien important aux ancêtres de la Première Nation de Batchewana.
Réexaminer d’anciennes interprétations
Le lieu historique national du Canal-de-Sault Ste. Marie commémore l’importance économique et stratégique du canal en tant que dernier maillon d’un système de navigation entièrement canadien qui s’étend de l’océan Atlantique au lac Supérieur. Le lieu historique présente également l’histoire du canal en tant qu’écluse la plus longue au monde au moment de sa construction, en 1895, et en tant que première écluse alimentée à l’électricité.
Travailler ensemble pour une compréhension élargie de l’histoire
En 2017, le personnel de Parcs Canada commence à se pencher sur le renouvellement de l’interprétation au lieu historique. Ainsi, une nouvelle exposition donne maintenant une voix à l’histoire des Premières Nations et des Métis de la région. Elle est le fruit d’une collaboration entre la Première Nation de Batchewana, la Nation métisse de l’Ontario et Parcs Canada.
Sur les panneaux de la nouvelle exposition, on reconnaît que le canal de Sault Ste. Marie se trouve sur le territoire traditionnel des Anishinabek et des Métis, et on met en valeur la longue histoire des Premières Nations et des Métis à cet endroit. On explique par ailleurs dans l’exposition que la construction du canal a entraîné la perte de bien des aspects du mode de vie des Premières Nations et des Métis. Un des panneaux décrit le Traité Robinson-Huron de 1850, qui prévoyait la mise de côté de l’île Whitefish voisine à l’usage et au bénéfice exclusifs de la Première Nation de Batchewana, mais dont on n’a pas tenu compte au moment d’exproprier l’île aux fins de construction du chemin de fer, en 1905. Ce n’est qu’en 1992 que l’île est remise à la Première Nation de Batchewana.
Un autre panneau de l’exposition présente l’incident du Chicora en 1870. Cette année-là, l’expédition de la rivière Rouge embarque sur le S.S. Chicora, ancré en Ontario, pour aller asseoir l’autorité canadienne dans la nouvelle province du Manitoba et étouffer la résistance métisse dirigée par Louis Riel. Le refus des Américains de laisser passer le Chicora dans l’écluse de Sault Ste. Marie, au Michigan, convainc le gouvernement canadien de construire son propre canal. Tandis qu’une interprétation antérieure de l’incident présente Riel et les Métis comme des rebelles, ce nouveau panneau ajoute une perspective métisse à la résistance.
Un retour tant attendu
Un canot d’écorce de bouleau de 6,1 mètres de long, prêté par la Première Nation de Batchewana, est une pièce maîtresse de la nouvelle exposition. Il a été fabriqué en 2010 par un Aîné de la tribu des Indiens Chippewa de Sault Ste. Marie (de Sault Ste. Marie au Michigan) avec l’aide de nombreux membres de la Première Nation de Batchewana dans le but de rapatrier les restes de six personnes anishinaabe, trois hommes et trois femmes, qui avaient été volés de leur lieu de sépulture sur l’île Whitefish en 1875. Après avoir été contactés par le National Museum of Natural History (Smithsonian Institution) de Washington, D.C., pour organiser le rapatriement des restes, des membres de la tribu des Indiens Chippewa de Sault Ste. Marie se sont rendus à Washington et ont découvert que les restes appartenaient en fait à des ancêtres de la Première Nation de Batchewana. Ils ont alors communiqué avec cette Première Nation pour l’informer de la situation et l’ont soutenue dans le processus de rapatriement.
Les Aînés de la communauté ont précisé qu’il était important que les ossements restent près du sol pendant le voyage de retour vers la communauté. Un canot a donc été fabriqué et utilisé pour transporter les ancêtres de Sault Ste. Marie au Michigan à Sault Ste. Marie en Ontario, de l’autre côté de la rivière Ste-Marie. De cette façon, on évitait de passer en hauteur sur le pont international de Sault Ste. Marie. Les restes ont ensuite été déposés dans un véhicule pour être transportés à un cimetière traditionnel dans la réserve de Goulais Mission de la Première Nation de Batchewana. Le 19 août 2010, la Première Nation a tenu une cérémonie de rapatriement pour marquer le retour de ses ancêtres dans la communauté.
Une approche novatrice de la mise en valeur de l’histoire
Le canot est l’un de plusieurs éléments au lieu historique qui met l’accent sur l’histoire des Premières Nations et des Métis de la région.
Une série de nouveaux panneaux d’interprétation extérieurs munis d’une composante audio donne aussi aux visiteurs une perspective renouvelée du lieu historique. Un des panneaux raconte, du point de vue de la Première Nation de Batchewana, l’histoire de Baawaating (« lieu des rapides ») ainsi que du village de pêcheurs anishinabek situé à proximité des rapides de la rivière Ste-Marie. D’autres panneaux transmettent des enseignements ojibwés et expliquent le lien à l’eau. Il y a aussi deux panneaux qui présentent une perspective métisse ainsi que les récits de pêcheurs métis aux rapides de la rivière Ste-Marie et ceux d’hommes et de femmes métis qui participaient au commerce du poisson pour le compte de la Compagnie de la Baie d’Hudson.
L’inclusion de perspectives autochtones au lieu historique national du Canal-de-Sault Ste. Marie ajoute une dimension à la façon dont l’histoire y est commémorée. La nouvelle exposition et les nouveaux panneaux d’interprétation extérieurs permettent aux visiteurs de se familiariser avec les réalisations technologiques associées au canal ainsi qu’avec les perspectives des personnes qui vivaient dans la région bien avant l’existence du canal.
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