La restauration de la citadelle d'Halifax

Lieu historique national de la Citadelle-d'Halifax

La citadelle d’Halifax a été classée lieu historique national en 1952. Aujourd’hui, les murs restaurés de la Citadelle accueillent tous les visiteurs qui veulent en savoir plus sur les moments déterminants dans l’histoire du Canada.

Photo historique de la Citadelle d’Halifax dans un piètre état, 1950
La Citadelle d’Halifax dans un piètre état, 1950
© Bibliothèque et Archives Canada

Remise aux autorités canadiennes par les autorités britanniques en 1906, la Citadelle d’Halifax a vu son importance stratégique s’amenuiser dans les décennies qui ont suivi, en raison de l’évolution constante de la technologie et de la tactique militaires.

Construite pour protéger le port des attaques terrestres, la forteresse est devenue obsolète avec l’apparition des armes aériennes. En 1931, les dernières troupes basées à la Citadelle d’Halifax ont quitté les lieux et les militaires canadiens ont commencé à envisager des solutions pour s’en dessaisir.

Bien qu’elle ait servi de garnison et de centre de recrutement et de communication durant la Seconde Guerre mondiale, la forteresse a continué de se détériorer. Dans les années 1940, soit moins d’un siècle après la fin de sa construction, les remparts et les bâtiments de la Citadelle d’Halifax étaient dans un piètre état, après des années de négligence.

Cet état a perduré jusqu’en 1951, année où la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, des lettres et des sciences a publié son rapport sur l’état de la culture au Canada. Elle y décrivait la Citadelle d’Halifax comme étant « un des grands monuments militaires du Canada », et qualifiait l’état de quasi ruine de la forteresse de « honte pour le pays », qui risquait de scandaliser « les étrangers dont la patrie d’origine a sans doute le culte des monuments nationaux. »

Photo historique d'un mur du fort avec chaque pierre numérotée, Citadelle d'Halifax
Chaque pierre était numérotée, répertorée, enlèvée et retournée à sa place exacte.
© Parcs Canada

Sur recommandation de la Commission, la Citadelle a été transférée à Parcs Canada qui devait la restaurer.

Au cours des décennies qui ont suivi, des équipes d’historiens, d’archéologues, d’ingénieurs, d’architectes, de maçons et de charpentiers enthousiastes ont travaillé pour rendre à la Citadelle son aspect initial du milieu du dix neuvième siècle.

Les chercheurs ont fouillé dans les archives au Canada et en Grande Bretagne pour trouver les anciens plans, et des artisans chevronnés ont fait appel à des techniques ancestrales pour reconstruire la forteresse... en y apportant toutefois quelques ajustements mineurs afin d’en assurer la conservation à long terme.

Aujourd’hui, grâce à leurs efforts et au travail permanent de Parcs Canada, il est difficile de trouver des traces de l’époque où les remparts de la Citadelle s’effondraient, et où sa survie était menacée.

Pour en savoir davantage sur ce projet et sur les personnes qui y ont participé, vous pouvez visionner la vidéo intitulée « La restauration de la Citadelle : Un camp armé ».

Cette vidéo démontre le laborieux travail de restauration de ce fort qui semble sans âge.

La Restauration de la citadelle-d’Halifax : Un camp armé

Transcription

Introduction standard de Parcs Canada

[Drapeau de la Nouvelle-Écosse qui bat dans le vent]

[Un mur fait de pierres]

La restoration de la Citadelle – Un camp armé

Rien qu’en se promenant dans le lieu on peut voir que ce n’est pas un parc thématique. C’est le quatrième fort aménagé à cet endroit, un des derniers grands forts à bastions construits dans le monde.

[Vue aérienne du fort en noir et blanc]

Ce fort était à la fine pointe de la technologie au moment de sa construction.

[Un mur fait de pierres]

Halifax était si bien défendu que l’ennemi savait qu’il n’avait aucune chance de s’en emparer.

[Un mur fait de pierres]

C’est du vrai bois, de la vraie pierre, des vraies briques, on l’a même reconstruit de la même façon que la première fois dans les années 1800.

[Vue du fort. Pierre cassée en deux. Vue du fort]

C’était vraiment quelque chose que de le faire revivre.

[Image d’un bâtiment. Des gens qui marchent sur les lieux du fort. Garde qui marche. Vue du fort]

Des milliers de visiteurs viennent chaque année à la Citadelle d’Halifax apparences sont trompeuses. et découvrent un lieu qui continue de protéger l’histoire du Canada.

Un fort toujours prêt à protéger et à défendre, imposant, immuable et sans âge. Mais les apparences sont trompeuses.

[Photos noir et blanc du fort qui a besoin de réparations]

Il n’y a pas si longtemps, ce fort était presque oublié. Ses murs épais s’étaient écroulés et ses créneaux effrités.

L’armée l’a abandonné en 1951. Le fort était à peine entretenu.

Ses murs de pierre se désintégraient et des travaux importants s’imposaient.

[Photos noir et blanc du fort qui a besoin de réparations]

Les fondations se sont affaissées dans le sol qui manquait de stabilité. Les murs se soulevaient et s’affaissaient sous l’effet du gel et du dégèle à Halifax. Les erreurs des premiers concepteurs et bâtisseurs se sont aggravées avec le temps et le manque d’entretien.

[Photos noir et blanc d’un mur affaissé dans le sol]

La Citadelle a souvent servi de musée mais ce n’est pas un musée, c’est un monument. On devait simplement s’en occuper.

[Photo noir et blanc du fort]

On a commencé à s’en occuper après la publication dans les années 50 d’un rapport gouvernemental sur l’état des arts et des sciences au Canada.

[Photo noir et blanc du fort. Un mur du fort tenant debout par des planches]

Une des recommandations voulait que le gouvernement canadien restore la Citadelle d’Halifax et reconstruise la forteresse de Louisbourg.

[Recommandation écrite du gouvernement]

Les historiens ont fait appel à toutes les archives du monde qui avaient de la documentation sur la Citadelle d’Halifax.

[Photos noir et blanc de documentations d’archives]

On a réuni en grands nombres des ingénieurs, des dessinateurs et des historiens spécialisés et hautement qualifiés. Nous étions chargés de répertorier la Citadelle d’Halifax au complet.

[Photos noir et blanc de documentations d’archives]

Nous sommes entrés dans toutes les casemates pour en faire la description. On entrait même parfois dans les cheminées. On décrivait tout: fenêtres, portes, arches avec précision afin de pouvoir tout reconstruire avec exactitude en nous aidant de documents qui expliquaient comment les Britanniques avaient construit le fort à l’origine.

[Photos noir et blanc du fort. Photos des pierres numérotées]

Les ingénieurs architectes ont commencé à reconstruire le fort une fois les pièces du casse-tête mises ensembles.

C’était en général un travail dur et laborieux accompli avec la fierté de l’artisan et l’inspiration de l’artiste.

[Pierres numérotées]

C’était des maîtres maçons qui ont travaillé ici. Ils avaient essentiellement les mêmes habilités et connaissances que ceux qui ont construit le fort au 19ième siècle.

[Maçons travaillant sur un mur]

Je connais personnellement le maçon en question, il s’agit de Charlie Mosher. Il a coupé un bon nombre des pierres dont on avait besoin.

[Maçons travaillant sur un mur]

Il fendait les pierres à la perfection. Je le regardais placer les crampons, ce sont des tiges métalliques qui ressemblent à la pointe d’une fleur-de-lys qu’on enfonce au marteau.

Quand on frappe le dernier crampon, tape-tape-tape, tout à coup la pierre se fend et se casse exactement sur la ligne tracée.

[Maçon cassant une pierre en deux]

Et quand vous regardez les détails des arches, vous remarquez que chaque pierre a été coupée exactement pour la place qu’elle occupe. C’est du granite. Après 150 ans, cette pierre est toujours à sa place presque comme neuve.

[Arches faites en pierres]

Il fallait porter une attention particulière aux moindres détails pour assurer l’authenticité. Il a fallu faire venir de la Colombie Britannique le sapin de Douglas qui a servi pour le mat de signalisation du fort.

La taille et le style du lettrage exécuté à la main au-dessus des portes devaient être les mêmes.

Nous avons consulté d’anciennes formules de peinture pour garantir l’authenticité des couleurs mais la perfection n’étant pas de ce monde, il est arrivé parfois que les ingénieurs et les architectes ne puissent pas réaliser avec exactitude ce que leur demandaient les historiens et les archéologues.

[Vue intérieure des murs du fort. Le mat de signalisation. Lettrage au-dessus des portes. Images de différentes portes. Des gens marchant sur les lieux du fort]

On voulait tout reproduire à l’authentique dans la mesure du possible mais il fallait évidemment tenir compte de la sécurité du public, des coûts et des considérations techniques.

[Un ingénieur portant un casque dur. Des hommes travaillant sur un mur]

Quand on a commencé ce projet de restoration, le directeur régional m’a chuchoté dans l’oreille, David l’eau est ton pire ennemi.

[Des hommes travaillant sur un mur. Photos noir et blanc d’un mur]

L’eau sous-terraine s’infiltre dans les murs des fortifications puis se solidifie en glace ce qui fait gonfler les murs et provoque des fissures.

[Photo noir et blanc d’un mur avec des pierres numérotées]

On a décidé qu’on allait construire des fondations en béton armé pour qu’elle durent cent ans. C’est moins d’entretien et il n’y a pas d’effondrement.

[Fondation de béton]

Il faut parfois beaucoup d’imagination pour trouver des solutions.

On a utilisé de la mousse de polystyrène pour alléger le poids des murs qui menaçait les toits non étanches des casemates.

[Reconstruction du fort. Toit et bloques de polystyrène]

Dans la construction des remparts faits de terre à l’époque, l’énorme pression imposée au mur posait problème.

[Remparts. Des hommes travaillant sur un mur]

Nous avons du béton ensuite de la mousse de polystyrène plus trois ou quatre pieds de terre et c’est très stable.

[Image de bloques de polystyrène]

Les historiens et les ingénieurs ont accepté ce compromis raisonnable. L’authenticité est au cœur du processus de reconstruction. Nous avons respecté ce principe tout au long de la restoration de la Citadelle.

Parcs Canada a aussi beaucoup appris des erreurs du passé; le temps et la négligence sont plus menaçants que les cannons.

On coupe l’herbe des remparts moins souvent pour renforcer les racines.

[Images variées de la reconstruction. Cannons. De l’herbe poussant sur les remparts]

On laisse l’herbe pousser au lieu de la tondre.

L’aspect nous plaît et c’est mieux pour la protection des bastions de laisser la végétation sauvage.

Nous avons un programme pour les portes et les fenêtres et c’est Alan Durdle notre menuisier qui en est responsable.

Il est capable de fabriquer une porte de bien meilleure qualité que dans le commerce dans son atelier spécialement aménagé pour ce travail.

[Murs, portes et fenêtres. Alan Durdle dans son atelier]

Il y a plus de 750 portes et fenêtres dans le lieu.

Je ne suis même pas certain des avoir toutes vues mais j’ai travaillé sur un bon nombre.

Parcs Canada a fait des recherches sur tous les types de portes et de fenêtres au lieu et les a compilées dans cet ensemble de dessins.

La fenêtre sur laquelle nous travaillons actuellement est du type A.

C’est une des dernières vieilles fenêtres qu’on trouve ici. Comme vous pouvez le constater elle est en mauvais état et a besoin d’être remplacée.

Je suis très fier de pouvoir participer à la restoration de la Citadelle, d’avoir l’occasion de travailler sur des portes et des fenêtres d’époque.

Que peut-on demander de mieux?

[Alan Durdle dans son atelier. Différentes vues de portes. Dessins de portes. Alan Durdle qui montre une vieille fenêtre en mauvais état. Nouvelle fenêtre]

Les artisans qui viennent travailler au fort sont fiers de ce qu’ils font et cela paraît dans leur travail.

[Un travaillant qui casse une pierre en deux]

Les artisans qui utilisent aujourd’hui les techniques traditionnelles continuent à consolider les murs massifs comme cela se fait depuis plus de 250 ans.

[Maçons travaillant sur un mur]

Comme vous voyez, les gars sont en train de restorer les murs du fort.

Ils numérotent et répertorient les pierres puis les enlèvent.

Ils préparent le matériel pour la reconstruction. Chaque pierre doit retourner à sa place exacte comme à l’origine.

Pour lever les pierres ils se servent de louves et de crochets comme on le faisait dans le passé.

Je suis très fier du travail que je fais ici à la Citadelle, d’autant plus que ça fait aussi partie du patrimoine britannique.

[Maçons travaillant sur un mur]

La restoration est un processus continu et se poursuit donc sous la direction de Parcs Canada.

Cela n’est pas sorcier, il suffit de poser du mortier et des pierres pour construire un mur mais ça ne se résume pas qu’à cela. La reconstruction de ces forts permet de conserver le lien direct entre l’histoire et la vie de tous les jours.

[Travail de restoration. Maçons travaillant sur un mur]

Le patrimoine n’est pas que briques, mortier, fusils ou autres choses matérielles, c’est l’histoire que ces objets représentent et nous racontent.

[Différentes vues du fort. Cannons]

Et si ces pierres pouvaient parler, elles en auraient long à dire sur la construction du pays.

C’est un monument vivant qui respire et qui touche toutes les générations de Canadiens.

[Un mur fait de pierres. Des gens qui marchent sur les lieux du fort]

Pour moi l’authenticité a une très grande importance. C’est en partie ce qui attire les gens dans des endroits comme celui-ci. Ils savent qu’ils vont pouvoir découvrir l’histoire dans son authenticité.

[Des hommes militaires qui plient un drapeau. Des uniformes, bouton et uniforme]

Il n’existe pas beaucoup d’artisans dans le monde avec autant de compétence et d’ardeur que ceux qui ont reconstruit ce fort et d’autres ailleurs au Canada.

[Vue d’un mur fait de pierres]

Comme dit un écrivain célèbre, le passé n’est jamais mort, il n’est même pas passé. En conservant la Citadelle et son patrimoine, Parcs Canada fait plus que préserver notre passé, il enrichit notre avenir.

[Un garde debout à l’attention. Un mur fait de pierres. Le drapeau de la Nouvelle-Écosse qui bat au vent]

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