La dispersion des Iroquoiens du Saint-Laurent

Lieu historique national Cartier-Brébeuf

Une esquisse d'un village Iroquois dévasté avec un de ses habitants mort sur le sol. Les guerres intertribales : une des causes de la dispersion des Iroquoiens
© Parcs Canada / Videanthrop inc., Montréal

Les historiens et les archéologues ont toujours été fascinés par ce qui a bien pu se passer entre les passages de Cartier et l'arrivée de Champlain en 1603. Quand ce dernier remonte le Saint-Laurent une soixantaine d'années après Cartier, les Iroquoiens du Saint-Laurent, tant dans la région de Québec que dans celle de Montréal, n'y sont plus. Dès lors, on se perd en conjectures sur le sort qui leur est arrivé. Différentes hypothèses ont été mises de l'avant pour expliquer ce qui demeure encore aujourd'hui un problème irrésolu.

 Parmi les causes invoquées figurent les guerres intertribales indépendantes du contact avec les Européens, les guerres intertribales dont la cause est liée à la présence européenne (comme l'accès aux biens européens et le commerce naissant des fourrures), les épidémies, la détérioration climatique. La réalité fait probablement intervenir plusieurs de ces causes et les conflits y ont certainement joué un rôle.

 

Quelques hypothèses

Dans la région de Montréal, les Hochelaguiens mentionnent à Cartier l'existence d'ennemis vers l'ouest, qu'ils nomment « Agojudas ». Les avis sont partagés sur l'identité de ce groupe, mais les documents archéologiques révèlent qu'au moins une partie des Iroquoiens du Saint-Laurent se sont joints aux Hurons. Ce déplacement s'explique peut-être par un refuge chez un groupe allié ou par une adoption massive de captifs par des ennemis. Dans la région de Québec, les Stadaconiens entretiennent une relation belliqueuse avec un groupe qu'ils nomment « Toudamans », et qui correspond aux Micmacs en raison de plusieurs indices que livrent les écrits de Cartier et la tradition orale micmaque. Le scénario de la dispersion des Iroquoiens de la partie orientale de la vallée est certainement différent de celui qui a eu lieu plus haut. Mais pour l'instant, l'archéologie y a très peu de prise. Quelques indices suggèrent néanmoins que ces Iroquoiens ont pu trouver refuge chez des alliés montagnais du Saguenay ou chez des alliés abénaquis habitant dans la vallée de la rivière Kennebec au Maine.

Certains documents historiques proposent que la vallée du Saint-Laurent soit demeurée fermée à la pénétration étrangère jusque vers les années 1580. À partir de ce moment, des incursions européennes surviennent, mais elles sont mal documentées. Les Micmacs fréquentent un endroit qu'ils nomment « Gepeg » et qui deviendra « Québec » dans la bouche des Français, alors que les Montagnais occupent toute la rive nord du Saint-Laurent.

L'Iroquoisie laurentienne est désormais chose du passé. Bientôt, les Français utiliseront exactement le même territoire pour fonder la Nouvelle-France, effaçant les dernières traces encore visibles d'une culture originale qui les avait précédés pendant de nombreux siècles.

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