Les buts d'un système de défense
Lieu historique national des Fortifications-de-Québec
Pour comprendre l'intention des ingénieurs de l'époque, il faut s'arrêter un instant sur la topographie de Québec. Déjà en 1690, Québec comporte deux quartiers distincts : la Basse-Ville qui longe la berge du fleuve sur une étroite bande de terrain et la Haute-Ville érigée sur le promontoire qui se dresse au-dessus. La Basse-Ville ne jouit d'aucune protection naturelle. Malgré les nombreux projets ambitieux des ingénieurs français de construire des travaux défensifs portuaires reliés à l'extension et au réaménagement du parcellaire urbain de la Basse-Ville, celle-ci ne sera protégée que par différentes batteries construites à proximité de l'eau, comme la batterie Royale érigée en 1691.
© « The Canadian Magazine », Vol 52, No 1, (Nov. 1918), p. 569
La Haute-Ville, par contre, profite d'une défense naturelle sur deux de ses trois côtés, à cause de l'escarpement abrupt de plus de 90 mètres de hauteur vis-à-vis le Cap-aux-Diamants. Grâce à cette situation, elle ne requiert que l'installation de batteries à différents endroits pour surveiller le fleuve et d'une muraille pour se prémunir contre l'escalade. Mais du côté ouest de la ville s'ouvrant sur une campagne où un adversaire peut conduire un siège, il faut y construire un rempart classique. Défendre la Haute-Ville d'un éventuel ennemi de ce côté devient donc la préoccupation majeure des ingénieurs à Québec.
L'attaque contre Québec en 1690 par l'amiral Phips et sa flotte de la Nouvelle-Angleterre introduit en permanence, chez les administrateurs coloniaux, la crainte d'un siège à l'européenne. Plusieurs solutions, respectant tant bien que mal les préceptes du génie militaire classique, seront mises de l'avant. En 1693, une deuxième enceinte selon les plans de Josué Boisberthelot de Beaucours est érigée pour remplacer l'ouvrage temporaire de 1690. Il s'agit d'une enceinte de terre revêtue d'une palissade et entrecoupée de bastions à oreillons. L'ouvrage de Beaucours s'inspire du « premier système » de Vauban quant aux proportions qu'il donne au tracé de la ligne magistrale mais se montre par contre techniquement imparfait en fonction de la topographie de Québec. La plupart des ouvrages du corps de la place sont enfilés ou vus à revers depuis différentes hauteurs à l'extérieur de l'enceinte.
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