L'année tragique de 1847 à la Grosse-Île
Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais
© Illustrated London News / Archives nationales du Canada / C-3904
Les événements tragiques de 1847 à la Grosse-Île sont associés à la Grande Famine irlandaise qui constitue l'un des moments les plus importants de l'histoire de l'Irlande, une période charnière et traumatisante. En moins d'une décennie, la population de l'Irlande diminua de plus de 2 millions de personnes, dont la moitié furent victimes de la faim, de la maladie et de la malnutrition et l'autre moitié émigrèrent. (La population actuelle de l'Irlande est toujours inférieure à ce qu'elle était en 1841 !)
© Illustrated London News / Archives nationales du Canada / C-6556
Cette Grande Famine, qui s'échelonna de 1845 à 1848-1849, atteint son point culminant en 1847. Au port de Québec et à la Grosse-Île, la situation devient rapidement tragique. On doit, en une seule saison, accueillir plus de 100 000 émigrants alors que les arrivages des années précédentes se situaient en moyenne autour de 25 000 à 30 000 personnes. Ces émigrants, qui sont en très grande majorité d'origine irlandaise et donc déjà affaiblis par la malnutrition et la famine, sont entassés à bord de voiliers insalubres et impropres au transport des humains. Ils arrivent dans un état déplorable et plusieurs sont malades, victimes du typhus, qui prend rapidement l'ampleur d'une épidémie.
© Illustrated London News / 1853
En 1847, 398 bateaux sont inspectés à la Grosse-Île, 441 sont enregistrés à Québec, dont 77 transportant plus de 400 passagers. Liverpool constitue le port le plus important avec 73 départs, suivi de Limerick avec 50; 33 bateaux partent de Cork, 29 de Glasgow, 27 de Dublin et 26 de Sligo, 24 de Bremen (Allemagne) et 21 de Belfast. Le temps de traversée se situe en moyenne à 45 jours, mais 26 bateaux prennent plus de 60 jours pour arriver à la Grosse-Île. La durée de l'arrêt en quarantaine est généralement de 6 jours mais plusieurs bateaux y séjourneront durant plus de 20 jours.
À la Grosse-Île, la situation est précaire. Les installations de la quarantaine, bien que fortement augmentées au cours de la saison, suffisent à peine à répondre aux besoins. Le personnel est débordé. Plusieurs bateaux, en attente des inspections et des soins médicaux appropriés, mouillent au large de l'île.
© Archives nationales du Québec, Québec / Fonds Livernois
Le bilan est sombre : plus de 5 000 décès en mer, 5 424 sépultures à la Grosse-Île, des milliers de morts dans les diverses villes canadiennes.
- Date de modification :