À la gloire de la monarchie : architecture et plan urbain
Lieu historique national des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis
Québec, ville fortifiée
Au XVIIe siècle, autant en français qu'en anglais, une « ville » est un espace géographique emmuré ou fortifié. Cela est d'autant plus vrai pour les Français : chez eux, c'est l'ingénieur militaire qui planifie le développement et la croissance des nouvelles villes. À Québec, cette relation entre défense et développement urbain est perceptible dès 1636. Ce lien se resserrera ultérieurement, autant sur le plan de l'aménagement que sur celui du réseau de rues, de places et d'îlots.
© Bibliothèque et Archives Canada, C-15801.
Une fois réglée la question de la répartition des terres concédées, le gouverneur Montmagny peut concevoir les limites de sa ville et arrimer celles-ci à la forteresse qu'il entend « bâtir régulièrement » à partir du fort et du château Saint-Louis. Adapté à la topographie des plateaux de la haute-ville, le réseau de rues rayonne du fort et de la place d'Armes. L'urbanisme militaire marque toujours la topographie et le paysage de la haute-ville.
Gloire et architecture
Mais les constructions monumentales que sont le fort et le château Saint-Louis cachent parfois des buts inavoués... Par exemple, qu'est-ce qui pousse le gouverneur Frontenac à construire un deuxième château ? La vanité personnelle, sans doute, mais aussi l'intention de flatter celle de Louis XIV.
© Bibliothèque et Archives Canada, C-4696.
Frontenac tente ainsi de concurrencer monseigneur Saint-Vallier, avec qui ses démêlés sont bien connus. De son côté, Saint-Vallier amorce la construction d'un palais épiscopal sur les abords de la côte de la Montagne, à quelques centaines de mètres à peine du château.
© Bibliothèque et Archives Canada,
C-000350
Pour son palais, l'évêque a choisi la forme de l'hôtel particulier parisien adopté par les aristocrates. Quant à Frontenac, il hérite du château Saint-Louis de Montmagny. Il embauche alors François de la Joue, un des plus importants architectes de la ville, pour concevoir et réaliser la construction d'un second château Saint-Louis.
Bien qu'elle puisse paraître banale à nos yeux, la concurrence entre l'évêque et Frontenac autour de l'architecture dénote un trait de mentalité des dirigeants de l'époque. L'architecture servait à l'embellissement des villes, pour la plus grande gloire du roi... Ces deux constructions, qui dominaient la falaise, étaient les premières qu'on apercevait à l'arrivée à Québec. Elles étaient également celles qui apparaissaient sur les gravures à partir desquelles le roi pouvait constater l'état de la capitale de la Nouvelle-France.
Une place d'Armes chamboulée
La prise de pouvoir par les Anglais amène des changements qui auront des conséquences majeures sur le paysage de la place d'Armes : avec le disparition du palais de l'intendant situé en basse-ville, on assiste au recentrage des fonctions administratives autour de la place d'Armes et à la fin du rôle militaire qu'elle jouait depuis le XVIIe siècle.
En 1784, le gouverneur Haldimand fait construire un château sur le côté ouest de la place d'Armes. Édifice à trois étages à la façade peu décorée qui s'intègre bien au décor de la haute-ville, le château Haldimand loge désormais la bibliothèque et la salle de bal du gouverneur, de même que certains bureaux administratifs.
À cette époque, le fort Saint-Louis perd sa fonction défensive et partage avec le château Haldimand le titre de résidence du gouverneur, le représentant royal dans la colonie.
Le paysage de la place d'Armes se modifiera davantage lorsque le monastère des Récollets sera réduit en cendres en 1796 et que la cathédrale anglicane surgira, au début du XIXe siècle, avec son architecture palladienne. Ainsi, l'évolution du château Saint-Louis au cours des ans entraîne non seulement une modification du paysage du côté du fleuve, mais plus encore du côté intérieur de la ville.
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