Les gouverneurs : milieu de travail et milieu de vie

Lieu historique national des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis

Un peu d'histoire

Philippe de Rigaud Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil (ca. 1643-1725)
© Bibliothèque et Archives Canada, C-010614.

Sous le Régime français, le gouverneur est habituellement issu des rangs de la noblesse militaire. Par opposition, l'intendant devient au cours du XVIIIe siècle davantage un fonctionnaire de carrière. Samuel de Champlain, le fondateur de Québec, n'aura jamais porté le titre de gouverneur; c'est Charles Huault de Montmagny qui sera le premier à le faire. La majorité des gouverneurs a habité les châteaux Saint-Louis entre 1648 et 1834.

Centre du pouvoir exécutif, les forts et châteaux Saint-Louis sont aussi en quelque sorte le siège administratif, politique et militaire de la colonie.

Au XVIIe siècle, le gouverneur y est commandant des troupes. Le fort abrite alors son secrétaire et une petite garnison. Quelques fonctionnaires y occupent également des bureaux.

Mais, parce qu'il est aussi le lieu de résidence du gouverneur, le château devient un milieu de vie et un centre culturel important. Les réceptions y sont nombreuses, autant sous le Régime français que sous le Régime anglais.


Sir Guy Carleton Sir Guy Carleton, Lord Dorchester
© Bibliothèque et Archives Canada, C-002833.

Le personnel du gouverneur

Il est courant que les gouverneurs arrivent à Québec avec leur personnel. Sous le Régime français, il s'agit surtout de secrétaires qui sont parfois titularisés (premier, deuxième, sous-secrétaire). La majorité des secrétaires des gouverneurs français s'établisse à Québec après leur stage dans les bureaux du gouverneur. Leur stage dure en général le temps du mandat de leur protecteur. Il est d'habitude de courte durée, exception faite de Jean de L'Estage, qui reste au service du gouverneur Vaudreuil père pendant plus de 20 ans, et de Jacques Lafontaine de Belcour, qui reste aussi longtemps auprès du gouverneur Beauharnois. Sous la gouvernance britannique, outre le gouverneur et son secrétaire personnel, le château abrite le secrétaire militaire de la colonie de même que quelques officiers.

La maisonnée du gouverneur

Les gouverneurs arrivent pour la plupart dans la colonie avec toute une maisonnée : serviteurs, maître d'hôtel, chef de cuisine, cuisiniers, pâtissiers et sommeliers. Frontenac dispose même des services d'un confiseur et, lorsqu'il reçoit des émissaires amérindiens au château, il leur fait servir par son confiseur des glaces de toutes les couleurs afin de les impressionner.

La maisonnée des gouverneurs comprend généralement de cinq à dix personnes. Autant les gouverneurs français que britanniques se flattent de pouvoir compter sur des cuisiniers français. D'ailleurs, lorsque Murray demande à sa sœur de lui trouver un cuisinier, elle lui répond qu'il peut s'en trouver facilement un à Québec !

Les réceptions du gouverneur

Le château Saint-Louis est aussi un centre d'activités culturelles parmi lesquelles bals et repas somptueux figurent en bonne position. Ce sont toutefois les réceptions offertes au château qui frappent davantage les observateurs de l'époque.

Danse au château Danse au château en 1805, par George Heriot
© Bibliothèque et Archives Canada, C-000040.

Sous la gouverne britannique, diverses activités réunissent jusqu’à 400 invités, principalement à l’occasion des bals comme celui donné lors du Nouvel An 1826. À l’occasion de l’anniversaire de la reine en 1787, principaux dirigeants et invités d’honneur se retrouvent vers les 23 heures devant une table « artistiquement arrangée » sur laquelle se retrouvent d’abondantes pyramides de fruits.

Les célébrations à l’occasion de la naissance du futur Louis XV ont apparemment laissé des souvenirs impérissables aux invités :
« Aussitôt toute la ville parut illuminée, Monsieur le Gouverneur général étant rendu au Château avec monsieur l’intendant et tous les officiers, il donna le signal pour tirer le feu d’artifice qu’on avait dressé de l’autre côté de la rivière; il faisait face au Château. Il parut de son centre une flèche de laquelle partit nombre de fusées de différents goûts avec un soleil qui monta du bas en haut et d’autres à tous les coins; dans les flancs, il y avait un Vive le Roi formé par des lumières artificielles qu’on distinguait d’une demi lieue [2 kilomètres].

À la grande porte du Château était un arc de triomphe formant trois arcades soutenues par des colonnes; au deux les plus proches de l’arcade du milieu, à la droite était représentée la religion, la justice à la gauche, sous l’arcade du côté de la religion se voyait un amour lui présentant une couronne et sous celle du côté de la justice, un autre amour montrait un sceptre à cette divinité voulant donner à connaître qu’elles-mêmes prendront de l’éducation du prince qu’enfin l’une et l’autre seront toujours couronnées, soutenues et affermies. […]

Monsieur le Gouverneur général avait invité toutes les dames et les personnes de distinction à cette fête. Sur les dix heures on servit un magnifique souper; les appartements du Château quoique grands ne pouvaient contenir l’assemblée; on mit des tables jusque sur la galerie laquelle est située si avantageusement qu’on découvre de six à sept lieues à la ronde. La somptuosité et la délicatesse se virent partout; on bût les Santés de leurs Majestés et de Monseigneur le Dauphin au bruit de toute l’artillerie. Cette fête se termina par un bal qui dura toute la nuit. » [Archives des colonies, C11A, vol. 52, fol. 42-49v, octobre 1730]

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