Histoire

Lieu historique national du Homestead-Motherwell

À la fin du XIXe siècle, une vague d’agriculteurs novateurs se déplace vers l’ouest de l’Ontario à la recherche d’une nouvelle vie dans les Prairies. L'un de ces premiers colons de la Saskatchewan, W. R. Motherwell, devient un leader de cette communauté. Sa passion pour les méthodes agricoles scientifiques lui ouvre les portes du parlement et il devient ainsi ministre de l’Agriculture.

La carrière de W.R. Motherwell : Survol biographique
W.R. Motherwell, vers 1922
W.R. Motherwell, vers 1922
© Parcs Canada / Motherwell

William Richard Motherwell, né en 1860, était le quatrième garçon d'un fermier du comté de Lanark en Ontario. Il a été élevé sur la ferme de son père près de Perth, et reçut le début de son éducation au Collège de Perth. Il poursuivit des études plus avancées à Guelph en Ontario, où il gradua avec honneurs du Collège de l'agriculture de l'Ontario.

Motherwell fit face à un dilemme commun aux ambitieux fermiers de sa génération. Le père de Motherwell n'avait pas assez de terre pour la diviser parmi ses cinq garçons, et avec la terre arable du sud de l'Ontario déjà prise par la colonisation, il n'y avait pas de place pour les jeunes fermiers qui manquaient de fonds pour acquérir une propriété agricole déjà existante. Comme plusieurs autres, Motherwell décida de prendre avantage de la politique sur la colonisation du gouvernement du Dominion, laquelle offrait des quarts de sections de terre gratuits dans les prairies aux hommes qui voulaient coloniser et établir des fermes.

Après avoir gradué du collège agricole, Motherwell et deux compagnons de classe partirent pour l'Ouest canadien en juillet 1881. Ils prirent le train du Canadien Pacifique, qui toujours en construction, les amena aussi loin que les voies ferrées se rendaient, et de là ils continuèrent par des moyens privés. Ils gagnèrent une expérience inestimable sur les conditions retrouvées dans l'ouest en travaillant pour un fermier à l'ouest de Portage La Prairie au Manitoba. À la fin des récoltes de 1881, ils retournèrent en Ontario avec leur salaire. Motherwell était impressionné par les possibilités de l'agriculture de l'ouest et était déterminé à y retourner.

Il y retourna le printemps suivant. Motherwell et son compagnon de voyage débarquèrent du train à Brandon au Manitoba et joignirent une caravane de wagons et de charrettes Red River qui se dirigeait vers les Territoires du Nord-Ouest. Durant son séjour à Brandon, Motherwell fut avisé par la Police à cheval du Nord-Ouest que le district des collines Pheasant au nord de la vallée de Qu'appelle était un bon endroit pour cultiver la terre vu l'abondance de l'eau et vu la fertilité du sol. Le bois, les pâturages et le foin étaient aussi facile à trouver.

W.R. Motherwell, Adeline, Tal et Alma, 1892
W.R. Motherwell, Adeline,
Tal et Alma, 1892

Lorsqu'il atteignit Fort Qu'Appelle, Motherwell engagea un arpenteur pour l'assister à localiser une terre pour sa ferme. Motherwell fut un des premiers à s'installer pour défricher une terre dans la région, ce printemps de 1882, mais une semaine après son arrivée, plusieurs terres sur les plaines Pheasant étaient prises. Les colons se déplaçaient en si grand nombre qu'à certains moments la compétition était féroce pour arriver l'un des premiers dans les districts ouverts par le gouvernement fédéral.

M. Motherwell construisit une maison de gazon et commença le travail du défrichement de sa terre. Dès le début, il assista et participa aux foires agricoles. Il gagna un prix de $10.00 pour le meilleur taureau Durham à la foire agricole d'Indian Head en octobre 1884, et lorsqu'on lui demanda ce qu'il avait fait avec l'argent, Motherwell a dit : ''J'ai acheté une bague de mariage et cessé le célibat''. Il maria Adéline Rogers la même année. Ensemble, ils élevèrent in garçon et une fille. Motherwell déménagea sa nouvelle épouse dans sa nouvelle maison faite en bois et quelques années plus tard construisit la maison en pierres des champs connue sous le nom de Lanark Place qui deviendra un lieu très connu de la région d'Abernethy.

Une photo des noces de WR et Catherine Motherwell
Une photo des noces de WR
et Catherine Motherwell, 1907

Durant cette période, Motherwell s'impliqua dans les politiques locales, et les groupes sociaux et agricoles. Il agissait comme commissaire scolaire, était proéminent dans les fonctions de l'église, et assistait les fermiers dans leurs tentatives à gagner le respect et la reconnaissance des gouvernements et de la compagnie du chemin de fer. Il a été invité à joindre le premier cabinet de la nouvelle province de la Saskatchewan comme Ministre de l'agriculture en 1905, la même année que son épouse Adéline décéda. Trois ans plus tard, il maria Catherine Gillespie, elle dirigeait les opérations de la ferme et les affaires familiales durant les absences fréquentes de Motherwell. La ferme prit, au fil des ans, de l'expansion et devint une entreprise agricole modèle et prospère dont Motherwell était fier.

Motherwell fut élu à la Chambre des communes du Canada en 1921, et devint le Ministre fédéral de l'Agriculture jusqu'en 1930. Il prit sa retraite de la Chambre des communes en 1939.

Il retourna à Lanark Place, endroit tant chéri, mais la propriété agricole n'était plus ce qu'elle avait déjà été. Les effets de la sécheresse et de la dépression des années 1930 en étaient la cause. Une dépression globale et deux guerres mondiales suivirent.

La retraite de Motherwell sur sa ferme marqua la fin d'une époque. Il mourut en 1943 à l'âge de 83 ans.

Design architectural et agricole
Lanark Place, 1912
Lanark Place, 1912
© Parcs Canada / Motherwell, 1912

Après quatorze ans, sa petite ferme originale prend de l'expansion et se transforme en une entreprise agricole imposante et prospère. Motherwell était prêt à construire sa propriété et l'héritage des ses enfants. Durant des années il ramassa les pierres de ces champs et de la vallée de Pheasant Creek En 1896 un maçon local, Adam Cantelon, bâtit l'étable en pierres des champs. Il construisit la grande maison de style italien en 1897.

La maison est une structure carrée de deux étages avec une aile rectangulaire arrière d'un étage. Elle était divisée en des endroits formels, familiales et de service, illustrant les critères sociaux et fonctionnels de la fin du dix-neuvième siècle. Motherwell n'observa pas strictement les notions de la position ou de la classe sociale et insista pour que les ouvriers partagent les repas avec la famille. Une des pièces de la maison fut nommé le ''lobby'', car c'était la pièce dans laquelle Motherwell et ses collègues se rencontraient pour discuter d'affaires importantes. Ce fut dans cette pièce que l'Association des producteurs de grain des Territoires'' fut signé.

Le design de la maison incorporait des détails architecturaux de style victorien, italien et gothique, et sa localisation reflétait les concepts contemporains du design agricole et de l'embellissement. Les pierres des champs furent choisies attentivement en grandeur, couleur avant d'être dressées, puis organisées en une composition cohérente. La façon dont les pierres étaient placées sur la maison révéla l'approche méthodique de construction de Motherwell. La maison et son design reflétait son concept d'une ferme modèle. La maison de Motherwell n'était pas typique des maisons de ferme de l'ouest, dont la plupart étaient construites à partir d'une charpente de bois. La construction en pierre était relativement rare dans les prairies.

La grange, non typique des granges des fermiers de l'ouest, était représentative de celles retrouvées au centre de l'Ontario de la jeunesse de Motherwell : le bas de la grange servait d'abri pour les animaux et une rampe était construite pour donner accès sur les deux autres étages où l'on entreposait le foin. La grange fut construite en deux étapes : le bas de la grange fut utilisé comme étable pendant dix années avant que la super-structure de bois fut dressée lors d'une corvée communautaire d'une journée en 1907.

Motherwell dessina aussi le plan de l'aménagement de sa propriété agricole. Des abrivents composés d'arbres furent plantés comme protection contre les vents et pour prendre au piège les bancs de neige, une fosse-réservoir fut créée pour collecter l'eau de la neige fondue, et des haies et parterres de fleurs furent aménagés et plantés. L'impression générale en était une d'une propriété agricole de l'est de l'Ontario. Seulement lorsque sa propriété fut achevée qu'il la nomma Lanark Place, d'après le comté de Lanark en Ontario.

Lanark Place fut disposée en quadrants. Chacun des quadrants avait sa propre vocation et était séparé par une rangée d'arbres qui embellissait et qui protégeait. La plupart des arbres étaient des érables du Manitoba, plantés à quatre pieds d'intervalles pour arrêter les durs vents des prairies. Alentour de la fosse-réservoir, Motherwell planta des espèces plus résistantes comme le saule, le frêne et le peuplier.

Le système des quadrants :

1. Le quadrant de la fosse-réservoir : Avant de creuser la fosse-réservoir, l'eau venait du ruisseau Pheasant situé à un demi mille de la ferme de Motherwell et était transporté sur un traîneau de pierres tiré par les chevaux.

2. Le quadrant du jardin : Le jardin était le plus ensoleillé et le plus chaud des quadrants. Protégé des quatre côtés par des abrivents, ce quadrant par sa localisation était l'endroit idéal pour produire la plupart des fruits et légumes pour la famille. À chaque année, la moitié du jardin était laissé en jachère, une pratique que Motherwell adopta aussi pour le reste des terres cultivées de sa ferme.

3. Le quadrant de la grange : Cette section aussi entourée et protégée par une série de rangées d'arbres était le centre de l'opération agricole mixte de Motherwell. Elle était dominée par la grange construite en forme de L, la plus grosse grange du district.

4. Le quadrant de la maison : Il était le point culminant de la ferme. Contenant une immense maison en pierres, des parterres de fleurs, des arbres ornementaux, un court de tennis sur gazon, il traduisait bien la position social de Motherwell dans la communauté. En plus d'être divisé par des rangées d'arbres on y ajouta des clôtures décoratives pour séparer les aires de travail d'avec l'aire familiale. Les jardins ornementaux étaient disposés de manière géométrique, et les aspects décoratifs étaient des reflets de la formalité de la société victorienne.

Le reste de la ferme de Motherwell et les terres où il plantait ses récoltes entouraient les quatre quadrants de sa propriété. La cour de la ferme, même plus élaborée, fut un modèle pour toutes les cours de fermes développées dans les prairies.

W.R. Motherwell : Réformiste et militant
Motherwell avec un homme non identifié, vers 1912
Motherwell avec un homme
non identifié, vers 1912
© Parcs Canada / Motherwell

La carrière publique de William Richard Motherwell commença en 1891 quand il organisa une rencontre pour parler contre William Sutherland, un membre de la législature territoriale, dans le district de Motherwell, Qu'Appelle du nord. En 1894 Motherwell accepta la nomination de son district et tenta sans succès d'être élu au Gouvernement territorial. Les points soulevés durant sa campagne électorale ont toutefois conduit à la résignation de Sutherland. Motherwell s'est présenté comme candidat politique une autre fois en 1896, mais fut encore battu. Il décida de laisser la politique pour se concentrer seulement que sur l'agriculture. Malgré sa décision, les circonstances dont les fermiers devaient faire face au début du siècle étaient telles que Motherwell ne pouvait pas jouer un rôle d'observateur.

Un des points que Motherwell et d'autres fermiers essayèrent d'adresser, concernaient la Politique nationale du Premier ministre John A. Macdonald. Cette politique sur les tarifs protégés forcèrent les fermiers à vendre leur blé à un prix ridiculement bas dans un marché ouvert en même temps, les fermiers payaient des prix exorbitants pour des biens manufacturés au Canada central. Les fermiers s'indignaient aussi du monopole du Canadien Pacifique et de sa politique de donner des droits exclusifs de chargement aux compagnies d'élévateurs de grain. Les fermiers suspectaient les compagnies d'élévateurs de leur donner un poids moindre pour leur grain, et que les agents des élévateurs volaient le grain des fermiers pour le vendre et faire eux-mêmes un profit. Les fermiers étaient aussi bouleversés par l'apparente manipulation des standards de qualité par les compagnies d'élévateurs.

Grain Growers Guide, collection No. 27, Dec. 1915
Grain Growers Guide, collection No. 27, décembre 1915
© Grain Growers Guide / 1915

Des séries de mouvements protestataires de fermiers prirent place entre 1876 et 1925. Certains mouvements, comme ceux de la Grange, et des Patrons de l'industrie ont existé dans l'Est et aux États-Unis avant de s'étendre dans l'Ouest canadien. D'autres groupes de couloir, comme l'Union des fermiers du Manitoba et l'Union de protection des fermiers ont été créés dans l'Ouest. Les fermiers ont décidé que leur seul espoir pour changer le système était de se présenter aux élections. Le mouvement des Patrons de l'industrie fut organisé pour cette raison mais perdit les élections en 1896. Cette défaite suggéra aux fermiers que le succès pourrait être possible surtout s'ils adressaient des points litigieux spécifiques plutôt que d'essayer d'apporter des réformes, celles-ci ayant toujours fait partie de leur plate-forme durant les élections.

1901 produisit une récolte fructueuse de 62 millions de boisseaux de blé. Les attentes lucratives des fermiers tombèrent vite à l'eau lorsque le Canadien Pacifique leur mentionna qu'il ne pouvait pas envoyé le grain à cause du manque de voitures de train pour transporter tout leur grain. Les fermiers furent donc forcés d'entreposer le grain pendant de longues périodes et durent accepter un prix plus bas pour couvrir les dépenses d'entreposage. Motherwell et son voisin Peter Dayman, convoquèrent une réunion à Indian Head le 18 décembre 1901. Ils pressèrent les fermiers à travailler ensemble pour intervenir dans le système de manipulation et de transport du grain et pour apporter des changements sur les politiques agricoles gouvernementales . L'Association des producteurs de grain du Territoire fut fondé à partir de cette rencontre. Motherwell fut élu le premier président de l'association et proposa des changements pour permettre d'une façon plus économique l'accessibilité du transport du grain pour les fermiers: les voies ferrées devraient fournir des plate-formes de chargement dans un temps raisonnable lors d'une demande ou les fermiers devraient avoir le droit de charger les voitures de train directement de leurs charrettes. S'il n'y avait pas assez de voitures de disponible le premier arrivé serait alors le premier servi et chaque point de livraison devrait tenir un livre des entrées et des commandes. Les résolutions passées à la convention furent acceptées par le parlement.

Lorsqu'il devint clair que le Canadien Pacifique ignorait les nouvelles propositions, Motherwell et Dayman allèrent à Winnipeg et, de la part de l'Association territoriale des producteurs de grain, avisèrent que l'Association poursuivrait en justice chaque agent des voies ferrées des Territoires qui ne voudrait pas se soumettre à la nouvelle législation. Un procès très publicisé suivi cet avis et l'Association amena au tribunal, un agent de station. L'Association des producteurs de grain du Territoire gagna le procès.

Durant son occupation comme président de l'Association des producteurs de grain, des associations permanentes de coopératives se formèrent dans chaque province des prairies : l'Association des producteurs de grain du Manitoba vit le jour en 1903 et en 1905 les Fermiers unifiés de l'Alberta. 1906 vit la création de la première compagnie de marketing des producteurs de grain à Sintaluta et plus tard, dans les années 1920, les coopératives provinciales de blé furent organisés (wheat pools). Motherwell demeura le président jusqu'à 1906, lorsque l'Association des producteurs de grain du Territoire devint l'Association des producteurs de grain de la Saskatchewan.

Motherwell était aussi actif et impliqué dans d'autres initiatives durant cette période. En 1903 il servit comme représentant pour les fermiers de son district lorsqu'ils approchèrent le Canadien Pacifique pour demander qu'un embranchement des voies ferrées fut amené au nord jusqu'à Abernethy. Des fermiers dans d'autres districts au nord de la rivière Qu'Appelle faisaient aussi des pressions auprès du gouvernement pour obtenir une ligne de chemin de fer dans leur district. Tous étaient concernés avec la difficulté d'amener leur blé jusqu'au marché spécialement durant les hivers périlleux des prairies. Comme résultat, une rencontre fut arrangée à bord du train dans lequel voyageait l'assistant du président du Canadien Pacifique. La délégation embarqua dans le train à neuf heures du matin lors de son passage à Indien Head, et voyagea une heure avant que l'assistant, Sir William Whyte, soit prêt à la recevoir. Lorsque la délégation fut introduite dans la voiture privée de Whyte, Motherwell mentionna le besoin pressant qu'ont les fermiers d'une ligne de chemin de fer à Abernethy. Sir William fut impressionné par la détermination des fermiers et demanda;''et jusqu'où planifiez-vous voyager sur ce train?'' Aussi loin qu'il aurait pris pour avoir notre voie ferrée'' répliqua Motherwell. Les fermiers eurent leur ligne de chemin de fer.

Le développement de l'agriculture des prairies
Hommes travaillant au champ
Hommes travaillant au champ

L'histoire du développement de l'agriculture a toujours été un d'essai et d'erreur. Les nouvelles variétés et espèces végétales ou animales furent produites à travers des programmes patients de reproduction conduits par des individus anonymes à travers des milliers d'années. Les méthodes utilisées pour domestiquer et améliorer les lignées pour l'utilisation humaine furent nommées ''agriculture traditionnelle'', mais était hautement scientifique par nature. L'agriculture scientifique moderne et ses méthodes virent le jour à la fin du dix-neuvième siècle, changeant à jamais le visage de la pratique agricole.

W.R. Motherwell fut un des nombreux individus dont les efforts ont révolutionné le développement de l'agriculture dans les prairies. Comme fermier il était prompt à adopter les nouvelles méthodes agricoles, et comme politicien il était un ferme supporteur de la recherche agricole, et infatigable dans ses efforts à publier les nouvelles découvertes. Motherwell, parmi plusieurs autres, était un grand défenseur de l'agriculture sèche. Le développement des techniques de la culture sèche était crucial si l'on voulait que l'agriculture et la colonisation deviennent un succès dans les prairies.

Le premier développement essentiel pour le succès de l'agriculture des terres dans les prairies était la création d'une qualité élevée de grain de céréale qui pouvait mûrir dans un climat sec et sur une courte saison de croissance. Jusqu'au début du vingtième siècle, la variété dominante de blé que l'on faisait pousser au Canada était le ''Red Fife''. Cette variété était durable mais manquait l'habileté de mûrir rapidement donc susceptible aux premiers gels. Travaillant à la ferme expérimentale du Dominion depuis 1903, le spécialiste en céréales du Dominion Sir Charles Edward Saunders était , en 1906, capable de produire une nouvelle variété de qualité supérieure; une variété durable et de maturation rapide en croisant le blé ''Red Fife'' avec le Hard Red Calcutta . Cette nouvelle variété de blé, le Marquis, produisait aussi entre quatre et huit cents livres plus de grain par acre que le Red Fife.

Durant cette période d'investigation scientifique, le gouvernement fédéral établit des fermes expérimentales dans l'Ouest. Plusieurs variétés de céréales et des croisements d'animaux furent développés et utilisés comme expérience sur ces fermes. Ces expériences se faisaient dans différents climats de l'Ouest pour en connaître les relations entre les nouvelles variétés qui étaient investiguées. Des individus et corporations privés ont aussi fait des expériences et les sociétés agricoles organisaient des foires où les produits de ces nouvelles variétés et des pratiques agricoles pouvaient être montrés. Les gouvernements sous la direction d'hommes comme Motherwell, publièrent des articles et parrainaient des forums publics pour garder la population informée sur les nouveaux développements.

Un individu qui rechercha et développa diverses lignées de blé et d'orge était Seager Wheeler, un fermier et producteur de grain de la région de Rosthern. Wheeler exécutait des tests sur ses propres lopins de terre dans différentes régions de la Saskatchewan et développait des lignées à partir de la production des grains des fermes expérimentales. Il avait d'ailleurs sa propre entreprise de production de grain. Ses recherches et ses variétés de blé et d'orge lui ont valu le titre de ''roi mondial du blé''. En 1919 Wheeler publia son livre ''Profitable Wheat Growing'', qui synthétisait les recherches faites dans le domaine de l'agriculture sèche. La ferme Seager Wheeler est devenue un lieu historique national du Canada qui commémore sa vie et son travail comme fermier pionnier.

Les fermes expérimentales étaient établies dans des endroits comme Brandon au Manitoba, et Lethbridge en Alberta. La station expérimentale d'Indian Head fut établie en 1886, juste de l'autre côté de la vallée de Qu'Appelle et du Homestead-Motherwell. L'Université de la Saskatchewan développa sa propre ferme expérimentale quelques années plus tard.

Des nouvelles espèces d'arbustes et d'arbres fruitiers furent établis sur ces fermes, et l'on donna aux fermiers des spécimens pour les encourager à les planter. Des variétés d'arbres propices pour abrivents furent développées à travers le travail de la pépinière du Dominion à Indian Head, ces variétés furent distribuées gratuitement à travers les prairies. Motherwell utilisa les abrivents de façon extensive sur sa ferme pour réduire l'érosion causée par le vent et l'évaporation, et augmenter les niveaux d'humidité car les abrivents capturent la neige.

Le travail conduit à la station de Indian Head impressionna Motherwell, il était aussi un grand supporteur de la recherche de Angus Mackay là-bas. Il a mené une recherche approfondie sur la jachère d'été, concluant que les terres qui étaient cultivées pendant deux années et laissées en jachère (sans plantation) l'année suivante, conservèrent l'humidité du sol. Les terres laissées en jachère semblaient emmagasiner l'humidité, et étaient plus productives que les terres qui étaient continuellement semées. D'autres techniques pour conserver le sol et l'eau, comme la rotation des récoltes furent plus tard développées. Il fut découvert que par la semence de récoltes de plantes fourragères comme la luzerne et le trèfle en rotation avec des céréales, le sol était enrichi par l'injection du nitrogène créé par le système des racines de la plante fourragère. La sécheresse des années 1930 conduisit à d'autres développements comme la pratique de l'agriculture en bande ou rangée, où les récoltes sont plantées en longues rangées avec une jachère au centre. Ces bandes furent semées de façon à ce que les vents soufflent à travers les bandes étroites de souches et de jachère, plutôt que dans les longueurs des bandes, donc réduisant l'érosion du vent. La pratique de la jachère d'été donna place aux méthodes sans labourage avec les graines plantées directement dans les souches pour réduire encore plus l'érosion du vent, par contre certains champs étaient toujours laissés en jachère en dessous des racines des récoltes, permettant à l'humidité d'emmagasiner ensemble avec du matériel fibreux, augmentant la qualité du sol.

Le marinage des semences était une autre innovation du temps, et marqua le début de l'utilisation de produits chimiques dans l'agriculture. Le grain était trempé dans une solution de sulfate de cuivre (vitriol bleu) et ensuite séché avant d'être semé. Le grain traité devint plus résistant et moins susceptible aux maladies comme le smut. Vers 1900, cette solution fut remplacée par une solution de formaldéhyde. L'usage des produits chimiques dans l'agriculture continua d'augmenter pour contrôler l'infestation des mauvais herbes et des insectes, accélérer la maturité et fertilisation des champs. Par contre, durant tout ce temps, il y eut quand même des fermiers organiques qui n'utilisèrent jamais de produits chimiques.

W.R. Motherwell : Politicien provincial

Motherwell était intéressé à la politique depuis 1883. Alors, lorsque la Saskatchewan devint une province en 1905, le Premier ministre Walter Scott demanda à Motherwell de joindre le cabinet comme ministre de l'agriculture. Motherwell dirigea le département provincial de l'agriculture pour les prochains douze ans.

Comme ministre de l'agriculture, Motherwell donna des conférences sur l'agriculture dans les prairies aux sociétés agricoles, et son département publia des dépliants et livrets sur les nouvelles techniques agricoles. Les fermiers lui écrivaient pour lui demander des conseils ou pour lui faire part de leurs préoccupations sur les politiques gouvernementales, économiques et agricoles. Motherwell a toujours pris le temps de répondre à ces lettres personnellement.

Lorsque l'Université de la Saskatchewan fut fondée, Motherwell convainquit le Premier ministre Scott d'inclure le Collège de l'agriculture sur la faculté. Motherwell transféra les activités exécutées par son département au Collège de l'agriculture et fournit la faculté originale avec des membres de son propre personnel du département de l'agriculture. La fondation du Collège de l'agriculture en 1908 était une évidence du respect continuel qu'avait Motherwell pour l'agriculture, son support pour sa pratique scientifique et son développement, et son engagement pour accentuer son profil et appréciation dans la société.

Motherwell plus tard démontra son engagement en fournissant aux fermiers une meilleure information et accès à la plus récente découverte scientifique, en établissant le programme du train de perfectionnement de l'agriculture en 1914. Pour les prochains huit ans, un train, incluant une garderie, voyagea à travers la province avec des expositions, démonstrations et information ressource pour les familles des fermiers.

Comme ministre de l'agriculture, Motherwell passa beaucoup de son temps à assister ou à ouvrir officiellement les foires agricoles, et encourager les nouveaux essais. Ceux-ci étaient les précurseurs d'événements plus imposants, comme l'Agribition de l'Ouest canadien.

En 1917 Motherwell résigna de son siège au cabinet car il était mécontent par le refus du gouvernement provincial de parler contre la position de l'Union fédérale du gouvernement sur la question de la conscription durant la Première guerre mondiale. Motherwell croyait fermement que le besoin de garder les jeunes fermiers à la maison sur leur ferme était plus grand que le besoin de les envoyer sur les champs de bataille européens.

Motherwell laissa pour de bon la politique provinciale en 1918. Il résigna de son siège car le gouvernement Scott voulait réduire les droits du français dans la province. Il écrivit une lettre de résignation :''&nous sommes confrontés avec la forte possibilité d'un conflit vigoureux au Canada entre les classes privilégiées et le peuple. Comme mes sympathies et mon cSur vont au dernier, je dois avoir complète liberté pour défendre leur cause à chaque opportunité, en toute saison.''

W.R. Motherwell : politicien fédéral
W.R. Motherwell à Ottawa, vers 1922-1926
W.R. Motherwell à Ottawa,
vers 1922-1926

Motherwell fit campagne pour le parlement en 1919 et fut battu. Deux ans plus tard il fut élu à la Chambre des communes. Il fut rapidement invité à joindre le cabinet fédéral du Premier ministre Mackenzie King comme ministre de l'agriculture. Motherwell servit comme ministre canadien de l'agriculture de 1922 à 1925, et encore de 1926 à 1930.

Comme ministre fédéral de l'agriculture, Motherwell standardisa les systèmes de qualité pour toutes les formes de produits agricoles. Ceci mis les fermiers de toute la nation sur le même pied d'égalité, leur donnant accès à une mesure de qualité standard peu importe la région où ils pratiquaient l'agriculture. Il était aussi le premier supporteur du concept de la Commission canadienne du blé.

Motherwell établit le Système accrédité des troupeaux qui aida l'élimination de la tuberculose chez les troupeaux bovins. Sous ce programme, des endroits alloués de T.B. (tuberculose) étaient établis dans chaque province. Le bétail qui réagissait positivement au test de la tuberculose était détruit dans ces endroits, et les propriétaires du bétail compensés par le gouvernement. À travers ce programme, les canadiens étaient protégés contre la possibilité de contracter la maladie en buvant du lait non pasteurisé de vaches laitières infectées. La création d'un troupeau de bestiaux sans maladie comme la tuberculose augmenta aussi l'exportation du bSuf du Canada et de l'élevage du bétail.

Durant son terme comme ministre de l'agriculture, Motherwell réussit à persuader le Premier Ministre Mackenzie King de réduire le tarif sur l'importation de machines agricoles, un geste qui permit des épargnes significatives pour les fermiers de l'ouest qui achetait du nouvel équipement. Pour démontrer encore plus son engagement au progrès agricole, il établit aussi le Laboratoire de recherche du Dominion sur la rouille à Winnipeg pour combattre la maladie du blé.

Motherwell bâtira une relation étroite fédérale-provinciale entre le Premier ministre et le Premier ministre de la Saskatchewan, James G. Gardiner, qui plus tard est devenu le ministre fédéral de l'agriculture. Motherwell retenu son siège lorsque le gouvernement de King fut vaincu par R.B. Bennet en 1930, et continua d'avoir son siège au parlement jusqu'au moment de sa résignation en 1939. Lors de sa retraite, Motherwell était un doyen et homme d'état très respecté et connu par plusieurs comme le ''Grand homme de l'agriculture canadienne''

Les resources:
  • énoncés d'intégrité commémorative
  • Motherwell Homestead pamphlets
  • Lanark Place
  • Prairie Roots: The Story of the Saskatchewan Wheat Pool, Garry Lawrence, Western Producer Prairie Books, Saskatoon (SK), 1984

Liens connexes

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