Histoire

Lieu historique national du Fort-Walsh

Le 1er juin 1873, un campement des Nakoda est attaqué par des chasseurs de loups américains près des postes de traite d’Abel Farwell et de Moses Solomon, à l’endroit aujourd’hui désigné lieu historique national du Massacre-de-Cypress Hills. De nombreux Nakoda sont tués, et d’autres subissent des cruautés supplémentaires après l’arrêt des tirs. Cet événement allait avoir une incidence considérable sur le peuple Nakoda et précipiter la création de la Police à cheval du Nord-Ouest.

L’idée d’une force de police du Dominion qui patrouillerait dans l’immensité du paysage de l’Ouest canadien intéresse déjà le gouvernement fédéral. Lorsque la nouvelle du massacre parvient à Ottawa, le gouvernement voit renforcer sa crainte d’un Ouest « sans foi ni loi ». Il s’ensuit donc la Grande Marche vers l’Ouest, au terme de laquelle la Police à cheval du Nord-Ouest allait arriver dans ce qui constitue aujourd’hui la Saskatchewan et l’Alberta.

Environ 300 recrues se rassemblent au fort Dufferin, au Manitoba; le 8 juillet 1874, elles partent vers l’Ouest en six divisions pour une marche de quelque 1 500 km, établissant des postes de police en cours de route. Le voyage est très difficile. À cette époque, l’objectif principal de la Police à cheval du Nord-Ouest est d’établir une présence gouvernementale dans l’Ouest et d’appliquer les lois du Canada. Certaines des premières tâches des gendarmes consistent à mettre fin au commerce illégal du whisky et à patrouiller à la frontière canado-américaine. La route est longue, et le voyage, mal planifié, passe près d’échouer. La force de police finit tout de même par arriver dans l’Ouest, établissant des postes qui permettent d’asseoir l’autorité du gouvernement. Certains des premiers établissements des Territoire du Nord-Ouest se forment autour de ces postes de police. Les premiers travaux de la Police à cheval du Nord-Ouest façonnent les relations entre la Couronne et les peuples autochtones, et entre les Autochtones et les non-Autochtones.

L’inspecteur James Morrow Walsh et les agents de la division B de la Police à cheval du Nord-Ouest établissent le fort Walsh en juin 1875. La Police à cheval du Nord-Ouest a un large éventail de tâches à accomplir. Là comme ailleurs, les gendarmes sont responsables des douanes et du droit d’accise. Ils jouent également le rôle d’inspecteurs de la quarantaine et des marques lors de l’introduction de troupeaux de chevaux et de bovins au pays. Le courrier est distribué dans les chariots des policiers. Le premier vétérinaire de l’Ouest est un membre de la Police à cheval. Les seuls médecins sont ceux de la Police. Les agents sont des magistrats et des juges de paix qui peuvent marier comme enterrer les gens. Ils arrêtent, poursuivent et jugent les délinquants. Incarnation de la loi, de l’ordre et de l’infrastructure, ils représentent le système tel qu’il existe à l’époque. Policiers en temps de paix, les agents deviennent, en temps de guerre, membres de l’infanterie, de la cavalerie et de l’artillerie. Ils sont les représentants du nouveau gouvernement du Dominion et les conseillers de ce gouvernement. Ils sont à la fois le gouvernement et ses employés. Et lorsque leur service prend fin, ils deviennent certains des premiers pionniers et hommes d’affaires de l’Ouest.

L’argent des traités est versé au fort Walsh et, pendant quelques années, des fermes d’enseignement agricole exploitées par le gouvernement à l’intention de certaines bandes sont établies près du fort. Les adhésions au Traité no 4, c’est-à-dire le processus d’ajout de groupes de personnes aux accords décrits dans les traités, sont signées au fort Walsh en 1877 (Man Who Took The Coat, Long Lodge et Lean Man). Les adhésions au Traité no 6 y sont signées en 1879 (Lucky Man et Little Pine) et 1882 (Big Bear).

Des événements de l’histoire américaine comme la Grande Guerre contre les Sioux de 1876-1877 et, plus particulièrement, la bataille de Little Big Horn, parfois appelée « dernier combat de Custer », conduisent à la crise des Lakota. L’inspecteur Walsh et ses hommes, au fort Walsh, sont étroitement liés à ce qui est considéré comme un incident international.

La région de Wood Mountain, au Canada, connaît une augmentation soudaine du nombre de ses résidents à la fin de 1876 et au début de 1877. Quelque 5 000 Lakota quittent les États-Unis, espérant trouver la paix et la sécurité au Canada après avoir été attaqués par le colonel George Armstrong Custer et son 7e Régiment de cavalerie des États-Unis lors de la bataille de Little Big Horn. Les Lakota et leurs alliés vainquent Custer et anéantissent presque son régiment avant de se diriger vers le nord sous la direction d’hommes comme Lame Brule, Spotted Eagle, Bear’s Cap, Four Horns et le guérisseur et chef Sitting Bull.

Quelques mois plus tard, en 1877, le général Terry de l’Armée américaine dirige une délégation, surnommée la Commission Terry, vers le fort Walsh. Il y rencontre Sitting Bull et d’autres Autochtones, et tente de convaincre le peuple Lakota de rentrer aux États-Unis, mais en vain. Les Lakota ne voient aucun avantage à partir compte tenu des conditions de la Commission Terry, et le commissaire MacLeod, de la Police à cheval du Nord-Ouest, ne voit aucune raison de forcer les Lakota à quitter le Canada, tant qu’ils restent pacifiques.

Le fort Walsh est le poste de la Police à cheval le plus proche de Wood Mountain. En raison des préoccupations du gouvernement concernant la présence des Lakota au Canada, on fait du fort le quartier général de la force de police en 1878; les ressources et le nombre d’hommes sont alors augmentés. Pour surveiller la présence des Lakota, le fort Walsh reste le quartier général jusqu’en 1882. Le manque de nourriture et de ressources pousse cependant la plupart des Lakota à rentrer aux États-Unis, où ils doivent se conformer aux ordres du gouvernement américain. Un certain nombre d’entre eux restent au Canada, et leurs descendants vivent encore aujourd’hui près de Wood Mountain.

Après le départ des Lakota et le déplacement des membres des Premières Nations vers des réserves éloignées des collines Cypress, le fort Walsh perd de son importance. Le quartier général de la Police à cheval du Nord-Ouest est transféré à Regina en 1882, et le fort est abandonné l’année suivante.

Le site du fort Walsh devient le ranch privé de David Wood et Wellington Anderson en 1893. L’élevage reste l’une des industries les plus importantes de la région pendant et après l’époque du fort Walsh; d’anciens membres de la Police à cheval du Nord-Ouest y établissent d’ailleurs des ranchs.

En 1942, à la suite d’un transfert de terres, le site du fort Walsh redevient la propriété de la force de police, renommée Gendarmerie royale du Canada (GRC). En 1943, des travaux sont entrepris pour reconstruire certains des bâtiments de l’ancien fort. On y établit le poste de remonte, un programme d’élevage des grands chevaux noirs des policiers, devenus un symbole international du Canada. Ce programme d’élevage allait se poursuivre jusqu’à ce que le dressage équestre cesse d’être une activité de base de la GRC, en 1966.

Les bâtiments que l’on voit aujourd’hui au fort Walsh ont été construits par la GRC dans les années 1940. La caserne des sous-officiers a été bâtie dans le cadre d’un projet du Centenaire, en 1967, en même temps que les reconstructions des postes de traite de Farwell et de Solomon. Les bâtiments ressemblent de très près à ceux que l’on trouvait au fort Walsh dans les années 1880, et beaucoup d’entre eux ont eu des usages similaires aux deux périodes de l’histoire du site. Cependant, tous les bâtiments originaux du fort Walsh n’ont pas été reconstruits dans les années 1940 : seulement ceux dont la GRC avait besoin pour exploiter un élevage de chevaux. Il manque donc près de la moitié des bâtiments d’origine.

La propriété du poste de remonte a été transférée par la GRC à Parcs Canada en 1968.

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