La conservation en action : témoignages sur le terrain
L’évaluation d’impact consiste essentiellement à s’assurer que les projets évitent de causer des effets négatifs sur l’environnement et qu’ils sont compatibles avec le mandat de Parcs Canada.
Cela se reflète dans les neuf principes clés qui guident les évaluations d’impact de Parcs Canada. Vous trouverez ci-dessous sept témoignages de tout le pays qui illustrent ces principes en action.
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Des preuves à l’appui de l’évaluation et de la conception de la réhabilitation des routes
Parc national Kouchibouguac, N.-B.
Le problème
Une section de 24 km de l’autoroute, fissurée et vieillissante, devait être repavée. C’était une question de sécurité publique. De plus, des études menées ces dernières années ont montré que le trafic routier tuait de nombreux amphibiens qui tentaient de la traverser. Le repavage présenterait des risques pour l’environnement du parc. Cependant, les écologistes ont également reconnu une possibilité. Des gains de conservation pourraient être obtenus avec une meilleure conception. Des infrastructures pourraient être construites pour améliorer la connectivité des habitats - en d’autres termes, pour aider les grenouilles et les tortues à se déplacer en toute sécurité sur l’autoroute.
La stratégie
Les données de l’enquête écologique ont permis au personnel de Parcs Canada de définir quatre points chauds de passage des grenouilles et l’habitat essentiel de la tortue des bois (une espèce menacée). Elles ont aussi révélé d’importantes frayères et nourriceries pour l’omble de fontaine aux endroits où l’autoroute traverse des cours d’eau. Une évaluation d’impact de base a utilisé ces données pour améliorer la conception de la route et les mesures d’atténuation de l’impact.
La solution
Quatre tunnels pour amphibiens ont été construits aux points de passage. Des grenouilles vertes, des grenouilles des bois et des salamandres tachetées ont été observées dans le tunnel, et on espère en voir d’autres. En outre, des ponceaux réaménagés ont amélioré le passage des poissons en aval de l’autoroute. Ils ont reconnecté des ruisseaux, créant ainsi 1247 m2 de nouvel habitat pour les poissons. Les impacts temporaires de la construction ont été réduits par un programme de récupération des poissons (un effort pour récupérer les poissons échoués dans les cours d’eau asséchés et les mettre en sécurité). Pendant la construction, le personnel a surveillé quotidiennement les espèces en péril. Des contrôles de l’érosion et des sédiments ont été utilisés pour protéger les cours d’eau. Un programme de suivi reste en place pour mesurer l’efficacité.
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L’interaction avec les intervenants améliore les meilleures pratiques de gestion
Réserves de parc national Nahanni et Nááts’įhch’oh, T.N.-O.
Le problème
Dans les réserves de parc du Nord, de nombreux entrepreneurs d’écotourisme proposent des expéditions guidées de rafting, de canoë et de randonnée. Chaque exploitant doit avoir un permis d’exploitation de Parcs Canada, qui est délivré après une évaluation d’impact. L’évaluation vérifie les effets potentiels du tourisme sur l’environnement et les préoccupations du public. La Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie l’exige. Le personnel de Parcs Canada voulait élaborer des pratiques exemplaires de gestion qui rendraient le processus d’évaluation plus efficace. Ils veilleraient à ce que des mesures d’atténuation cohérentes et de qualité soient appliquées aux entreprises à chaque fois.
La stratégie
Parcs Canada a fait appel à des partenaires autochtones, qui gèrent les réserves de façon coopérative, et à de multiples intervenants pour élaborer les pratiques exemplaires de gestion. Les entrepreneurs du tourisme, les conseils communautaires, les spécialistes du marketing des destinations et les ONG environnementales ont été informés très tôt de la proposition et ont eu beaucoup de temps pour y répondre. On a tenu compte des contributions de tous ceux qui ont souhaité faire des commentaires.
La solution
Les intervenants ont apporté des connaissances locales précieuses qui ont été intégrées dans les meilleures pratiques de gestion. En même temps, Parcs Canada a renforcé ses relations à long terme avec ces intervenants. Ainsi, les demandeurs peuvent être assurés d’un examen efficace. Le processus d’examen confirme les normes élevées d’atténuation environnementale des réserves.
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La participation inclusive contribue à la protection contre les inondations
Lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg, N.-É.
Le problème
L’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière et l’intensité croissante des tempêtes ont augmenté le risque d’inondation de l’un des sites historiques les plus emblématiques de l’Est du Canada. Historiquement, la forteresse était protégée par le cordon littoral et le mur de quai. Grâce à une surveillance attentive, le personnel de Parcs Canada a constaté que la plage s’érodait. Perdant près d’un demi-mètre par an, elle menaçait de céder. Seule une intervention majeure d’ingénierie pourrait préserver le site. Pour ce faire, il a fallu faire appel à de multiples intervenants pour obtenir leur avis sur la conception de la solution proposée.
La stratégie
L’équipe chargée de l’évaluation d’impact a consulté des experts provinciaux et fédéraux, les pêcheurs locaux, les Mi’kmaq de Nouvelle-Écosse et le public. Lors des consultations, l’équipe a examiné comment la solution pourrait avoir un impact sur les ressources culturelles, écologiques et archéologiques, ainsi que sur l’expérience des visiteurs. Il est apparu clairement que l’évaluation d’impact devait se concentrer sur les impacts potentiels de la conception de la solution sur le poisson et son habitat.
La solution
L’équipe du projet a installé deux structures en pierre s’étendant du rivage dans la mer (également appelées épis) à chaque extrémité du cordon littoral. Elles permettent d’éviter que la plage ne soit emportée par les eaux. La plage elle-même a été « nourrie » avec de nouveaux sédiments. Le projet a également permis de rehausser le mur du quai d’un mètre. Parcs Canada a travaillé en étroite collaboration avec des experts de Pêches et Océans Canada pour compenser les impacts potentiels de cette activité sur les poissons. Un habitat plus productif pour les poissons a été créé sur le site grâce à la restauration d’un marais d’eau salée.
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Le mandat de Parcs Canada guide la conception des projets, au profit des écosystèmes et des visiteurs.
Parc national du Canada de la Pointe-Pelée (Ontario)
Le problème
Une installation de jour vieillissante à la plage nord-ouest ne répondait plus aux besoins des visiteurs. Le nombre de visiteurs a diminué par rapport à son apogée dans les années 1960. Entre-temps, l’inquiétude s’est accrue pour les dunes actives (sables soufflés par le vent), rares et fragiles, de l’habitat de la savane de la flèche sableuse du lac Érié. En conséquence, le personnel a proposé de réaménager les installations pour les visiteurs. Cela a permis de réaliser des gains de conservation pour les espèces en péril.
La stratégie
Le mandat de Parcs Canada est axé à la fois sur l’intégrité écologique et sur une expérience exceptionnelle pour les visiteurs. Dans cette optique, une évaluation d’impact de base a été effectuée pour chaque étape du projet. On a examiné comment la suppression des anciennes installations pour les visiteurs, la restauration de l’habitat, ainsi que la construction et l’exploitation des nouvelles installations pourraient avoir un impact sur l’environnement. On a cherché des moyens d’améliorer à la fois l’intégrité écologique et l’expérience des visiteurs.
La solution
Outre la construction d’une nouvelle aire de fréquentation diurne, le projet prévoyait la restauration d’environ la moitié de la superficie de l’ancienne aire de fréquentation diurne (16 000 m2 ou 1,6 hectare). L’habitat de 16 espèces en péril a été étendu et amélioré. L’ancienne route et trois des quatre stationnements ont également été retirés et rendus à la nature. La nouvelle aire de fréquentation diurne et le seul stationnement pavé restant ont fourni des installations modernes améliorées pour les visiteurs tout en représentant un gain positif net pour l’habitat important de la plage Northwest.
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La collaboration avec les Inuvialuit permet d’étayer les pratiques de tournage des caribous
Parc national Ivvavik, Yukon
Le problème
La British Broadcasting Corporation (BBC) a proposé de filmer la migration spectaculaire du troupeau de caribous de la Porcupine à travers les parcs nationaux Ivvavik et Vuntut. Parmi les migrations des mammifères terrestres, le déplacement du troupeau entre les lieux d’hivernage et les lieux de mise bas est l’un des plus longs au monde. Cela ferait un magnifique sujet de film. La BBC espérait également filmer les scientifiques du gouvernement posant des colliers sur les caribous dotés d’unités GPS par satellite et le rassemblement des caribous après la mise bas, fin juin ou juillet.
La stratégie
Ces lieux sont les terres d’origine des Inuvialuit et des Gwitchin Vuntut, pour qui le caribou est une pierre angulaire de leur culture. Le parc national Ivvavik est géré conjointement par Parcs Canada et les Inuvialuit. Ils participent directement à toutes les étapes du développement du projet, de l’évaluation d’impact et de la mise en œuvre. C’est pourquoi le personnel de Parcs Canada a soumis la proposition de la BBC au conseil de gestion coopérative du parc pour examen. Le processus d’évaluation d’impact a permis d’établir si le permis pouvait être délivré et à quelles conditions.
La solution
Le permis de tournage a été délivré à la condition que l’équipe suive les règles élaborées avec le savoir autochtone des Inuvialuit pour éviter de déranger les caribous. L’équipe a dû, par exemple, se positionner à des altitudes plus élevées et utiliser des équipements de caméra spécialisés pour ne pas effrayer les animaux. Ils ont également dû atterrir à au moins 300 m du troupeau. La participation significative des Inuvialuit a contribué à renforcer les relations de Parcs Canada avec la communauté. De plus, elle a permis de s’assurer que le tournage de la BBC était un succès sans aucun impact négatif sur les caribous.
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Un effort ciblé et efficace permet de réparer les ponts en toute sécurité
Lieu historique national du Canal-Rideau (Ontario)
Le problème
Le pont de la rue Bank à Ottawa, construit en 1912 au-dessus de la promenade Reine-Élizabeth et du canal Rideau, devait être réparé. La dernière réhabilitation majeure avait eu lieu deux décennies auparavant. Depuis lors, le béton de la partie inférieure de cette arche urbaine s’est délaminé et n’est plus solide. Pour le réparer, il fallait ancrer des équipements de réparation, dont une grande barge de construction, dans le canal en contrebas. Les travaux présentaient un faible risque pour les ressources naturelles et culturelles du canal. Néanmoins, une évaluation d’impact était nécessaire afin de cerner les impacts négatifs potentiels et de répondre aux exigences de la Loi sur l’évaluation d’impact.
La stratégie
Un des principes directeurs de l’évaluation d’impact de Parcs Canada est l’examen ciblé et efficace des propositions. Conformément à ce principe, pour les travaux qui se déroulent hors de l’eau, les effets négatifs ont été facilement traités. Des mesures d’atténuation standard bien établies ont été tirées d’une évaluation d’impact courante préapprouvée (EICP) Un effort approprié a également été consenti pour atténuer les faibles risques pour les espèces en péril et les plaisanciers. Par exemple, le site du projet se trouvait dans l’aire d’habitat essentiel de la tortue mouchetée, une espèce menacée. Cependant, il n’existe aucune trace de la présence de la tortue dans cette section urbaine du canal avec de hauts murs en béton. Il était un peu plus probable que les travailleurs rencontrent un nid d’hirondelle rustique, une espèce menacée. Des étapes définies permettraient d’éviter tout préjudice.
La solution
L’évaluation d’impact a dûment pris en compte les étapes à suivre si une tortue ou un nid d’hirondelle étaient repérés, en utilisant le bon niveau d’effort. Par exemple, les enquêtes sur les tortues mouchetées n’étaient pas justifiées à l’avance étant donné le faible risque de rencontre. Les travaux sur le pont ont été autorisés à condition que l’équipe de travail suive les procédures d’atténuation ciblées. Si les travailleurs apercevaient une tortue, ils devaient s’arrêter et permettre à l’animal de quitter le site. L’observation d’un nid d’oiseau nécessitait un arrêt de travail et un rapport immédiat à Parcs Canada.
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Le mandat de Parcs Canada oriente l’évaluation d’un nouveau système de contrôle des avalanches
Parc national Kootenay (Colombie-Britannique)
Le problème
Chaque année, au Mont Whymper, le personnel de Parcs Canada a dû utiliser des hélicoptères pour placer des explosifs sur les couloirs d’avalanche qui menacent la route 93S. Parfois, il fallait le faire dans des conditions de mauvaise visibilité ou de tempête. Une proposition de système de mesures de prévention des avalanches à distance qui mettrait fin à ces opérations avec personnel. Les avantages promis en matière de sécurité et de réduction des coûts étaient énormes. Cependant, même les bons projets comportent des risques potentiels. Le processus d’évaluation d’impact aide le personnel de Parcs Canada à les voir et à les aborder.
La stratégie
L’installation système de prévention des avalanches risquait de perturber la faune et de modifier les paysages de montagne vierges appréciés des visiteurs. Ces préoccupations sont nées de la réflexion sur le mandat de Parcs Canada. Une évaluation d’impact de base a examiné les risques sur les quatre petits sites d’installation situés à environ 3000 m d’altitude, ainsi que le long des trajectoires de vol pour s’y rendre. Elle a défini le potentiel de la face stérile de la montagne à être visitée par des chèvres de montagne et des oiseaux nicheurs. Le Mont Whymper attire également les skieurs de loisirs. Une analyse serait nécessaire pour établir les politiques de fermeture.
La solution
L’installation du système de prévention des avalanches a été autorisée à condition que les équipes de travail prennent des mesures pour éviter de déranger les chèvres de montagne et les oiseaux nicheurs. Des études sur ces deux questions ont été requises avant les travaux. Des modifications appropriées aux trajectoires de vol étaient également nécessaires. Les travaux ont été programmés pour éviter la saison de mise bas et d’élevage précoce des chèvres de montagne. Pourtant, les travaux seraient effectués avant les chutes de neige de la même année. Dans la mesure du possible, les équipes de travail ont limité le nombre de vols vers les sites. De plus, une communication fréquente sur les plans de travail a permis de tenir les visiteurs informés des risques et des fermetures. L’attention portée au mandat de Parcs Canada a permis de minimiser les perturbations pour la faune et les visiteurs, tout en assurant une saison des avalanches plus sûre pour tous.
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