Histoire de la route 93 Sud

Parc national Kootenay

Pendant des millénaires, les peuples autochtones sillonnent le territoire qui forme aujourd’hui le parc national Kootenay et en assurent l’intendance. Au XIXe siècle, ils y sont suivis par les explorateurs et les colons européens.

En 1858, sir James Hector traversa le col Vermilion et écrivit que, de toutes les régions qu'il avait explorées, le col convenait le mieux à l'aménagement d'un chemin de roulage. Mais ce n'est qu'au début des années 1900 que les pionniers, avec à leur tête l'homme d'affaires d'Invermere M. R. Randolf Bruce, commencèrent à réclamer à cor et à cri une route plus directe menant aux marchés de Banff et de Calgary. La rencontre avec le premier ministre de la Colombie-Britannique qui suivit donna lieu à une proposition de construire une route dans les vallées des rivières Vermilion et Kootenay, à travers le col Vermilion, comme l'avait recommandé Hector en 1858.

La construction de la route depuis la vallée du fleuve Columbia débuta en 1911 et, pour la première fois, il fut possible d'accéder aux sources thermales. Cette première route n'entrait pas dans le canyon; elle suivait plutôt une ancienne piste qu'empruntaient les convois de bêtes de somme pour contourner la gorge. Au cours des années qui suivirent, les travaux réalisés permirent presque de franchir le col Sinclair, mais le manque de financement local et un conflit qui faisait rage à l'autre bout du monde mirent fin aux opérations.

En 1919, « la guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres » était terminée, mais on était loin de pouvoir en dire autant de la route. La province, qui n'avait pas les fonds suffisants pour compléter les travaux, conclut une entente avec le gouvernement fédéral. Dans le cadre de l'entente de la promenade Banff-Windermere, le fédéral se chargeait de construire la route en échange de 5 miles (8 km) de terre, des deux côtés de la route, pour la création d'un parc national. Ce parc devint réalité en 1920, trois ans avant que la route ne soit complétée.

La construction de cette route fut toute une épopée. À l'époque, aucune machinerie lourde n'avait encore été inventée pour faciliter la construction de routes et aider à surmonter les nombreux problèmes imposants d'ingénierie. Seul le travail acharné des hommes et des chevaux permit d'éclaircir la forêt et de tailler la route à même les flancs rocailleux des montagnes. C'est la traversée du canyon Sinclair qui nécessita le plus d'efforts. Les hommes élargirent le col étroit à l'aide de pioches, de pelles et de dynamite; ils construisirent un pont de bois au-dessus du ruisseau et façonnèrent une voie unique pour véhicules. Aujourd'hui, le ruisseau Sinclair continue lentement de creuser son canyon, mais il le fait bien au-dessous du béton sur lequel repose la route actuelle.

Une fois terminée, la nouvelle route constituait une belle expérience. Dans une publication des années 20, le gouvernement qualifiait la promenade Banff-Windermere d'excellente voie de circulation pour les conducteurs puisqu'il n'y avait « pratiquement plus de raison d'avoir peur ». Il fallait un jour entier pour faire le voyage depuis Banff au volant d'une Model T (voiture que l'on appelait affectueusement « Tin Lizzies » en anglais). Sans les avantages de la suspension indépendante, les voyageurs ressentaient chacune des bosses que comptaient la route. Et bien que de nombreuses pentes fussent plus abruptes qu'elles ne le sont aujourd'hui, les Tin Lizzies étaient à la hauteur. Comme l'a si bien dit un vieux connaisseur : « Une fois embrayée, elle pouvait monter n'importe quoi ».

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