Foire aux questions
Parc national du Gros-Morne
1. Qu'est-ce que la tordeuse des bourgeons de l'épinette ?
2. Comment l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette a-t-elle commencé et combien de temps durera-t-elle ?
3. Quel effet l'épidémie de la tordeuse des bourgeons aura-t-elle sur la forêt du parc national ?
4. Des infestations d’insectes se sont-elles déjà produites dans l’ouest de Terre-Neuve ?
9. La tordeuse des bourgeons de l'épinette présente-t-elle un risque pour la santé publique ?
11. Y a-t-il des choses que nous pouvons apprendre de cette épidémie ?
1. Qu'est-ce que la tordeuse des bourgeons de l'épinette ?
La tordeuse des bourgeons de l'épinette (Choristoneura fumiferana) est un insecte forestier naturellement présent à Terre-Neuve-et-Labrador qui fait partie de la famille diversifiée des tordeuses des bourgeons (enrouleuses de feuilles). Les chenilles mesurent environ 2,5 cm de long et ont une tête noire et un corps brun verdâtre. Les papillons de nuit adultes ont une envergure d'environ 2 cm et sont gris terne ou brun rouille et ont des bandes et des taches brunes sur les ailes. La tordeuse des bourgeons est cyclique et ses épidémies font partie des processus naturels nécessaires au renouvellement et à la régénération de l'écosystème forestier du Gros-Morne. Les chenilles de la tordeuse des bourgeons se nourrissent des nouvelles pousses d'aiguilles sur les extrémités des branches de conifères au début de l'été, et pendant les épidémies, cela peut causer une défoliation importante et la mortalité des sapins baumiers et des épinettes. Les arbres gravement touchés prennent une couleur rouille à la fin du mois de juin en raison de la présence d'aiguilles séchées maintenues ensemble par des fils de soie filés par les chenilles. Ces aiguilles mortes sont rapidement dispersées par le vent et la pluie, donnant aux arbres une apparence grisâtre à la fin de l'été. À mesure que les arbres plus âgés meurent, ils sont remplacés par de nouveaux peuplements de jeunes arbres à croissance rapide, ce qui contribue à la diversité du paysage et à la santé générale de la forêt.
2. Comment l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette a-t-elle commencé et combien de temps durera-t-elle ?
La tordeuse des bourgeons de l'épinette est cyclique et les épidémies surviennent généralement à des intervalles de 30 à 40 ans. La dernière épidémie dans la région s'est produite il y a près de 50 ans, donc cette épidémie était attendue depuis quelques années. Depuis 2006, une épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette se déplace vers l'est à travers le Québec et des preuves de la migration des papillons de la tordeuse des bourgeons de l'épinette du Québec vers l'ouest de Terre-Neuve par les vents dominants ont été observées. La surveillance écologique montre que le nombre de tordeuses des bourgeons de l'épinette augmente le long d'une grande partie de la côte ouest de Terre-Neuve depuis 2017, y compris dans le parc national du Gros-Morne, et qu'en 2021, une défoliation localisée a commencé à être perceptible. Les épidémies de la tordeuse des bourgeons durent généralement de 9 à 10 ans, puis s'atténuent en raison de facteurs tels que la réduction de la nourriture pour les chenilles, l'augmentation des populations d'ennemis naturels de la tordeuse des bourgeons et les conditions météorologiques.
3. Quel effet l'épidémie de la tordeuse des bourgeons aura-t-elle sur la forêt du parc national ?
Une défoliation répétée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette entraîne la mort des arbres au bout de quatre à cinq ans. Une fois les arbres morts, de nombreuses espèces d’insectes et de champignons s’y installent et s’en nourrissent. Plusieurs espèces d’oiseaux et de mammifères utilisent également les cavités de ces chicots comme sites pour s’y percher, mettre bas ou y nicher. À mesure que la canopée s'ouvre, plus de lumière du soleil atteint le sol de la forêt, stimulant une poussée de croissance rapide des jeunes arbres et des plantes de succession précoce, reverdissant le forêt en quelques années seulement. Les arbres plus vieux sont généralement plus gravement touchés que les arbres plus jeunes, et donc une plus grande proportion d’arbres mourront souvent dans les forêts plus anciennes. En fin de compte, une épidémie peut contribuer à créer de la diversité dans le paysage forestier et permettre la croissance de nouveaux peuplements de jeunes arbres à croissance rapide.
4. Des infestations d’insectes se sont-elles déjà produites dans l’ouest de Terre-Neuve ?
Oui. Les données suggèrent que les épidémies sont synchronisées entre Terre-Neuve et l’est du Québec depuis des siècles, voire des millénaires. Il y a eu quatre épidémies bien documentées à Terre-Neuve au cours du siècle dernier, la plus récente s’est produite dans les années 1970.
5. Pourquoi Parcs Canada ne pulvérise-t-il pas pour protéger les arbres contre l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette ?
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a demandé au parc national du Gros-Morne de participer à son programme de lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette à partir de 2021. Après un examen de la règlementation et des meilleures preuves scientifiques disponibles, ainsi qu’après des consultations d’experts et du public, Parcs Canada a pris la décision de ne pas autoriser l’inclusion du parc national du Gros-Morne dans le programme provincial de lutte contre la tordeuse des bourgeons. Cette décision a été prise en se basant sur plusieurs facteurs, notamment l'impact potentiel que la prévention d'une épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette dans le parc national aurait sur l'intégrité écologique de son écosystème forestier, le stade avancé de l'épidémie en développement dans le parc, qui pourrait avoir limité le potentiel de réussite, et les résultats des consultations publiques. Il y avait des preuves limitées et mitigées que l'inclusion du parc national était nécessaire à la réussite du programme de contrôle provincial, et les experts ont également soulevé des inquiétudes quant à la durée indéterminée de l'engagement requis par le programme de contrôle, qui implique la suppression continue de la tordeuse des bourgeons. On craignait que cela puisse entraîner une accumulation d'impacts écologiques, une érosion de la résilience de l'écosystème et une dépendance à long terme à l'égard des pulvérisations pour prévenir une épidémie plus grave à l'avenir.
Si des arbres sont tués à la suite de ces épidémies, d'autres espèces forestières se sont adaptées pour en profiter. Certaines espèces d’oiseaux se déplacent vers les zones où se produisent des infestations pour se nourrir de l’abondance des chenilles de la tordeuse des bourgeons, tandis que des espèces comme les insectes xylophages et les pics se déplacent pour profiter de l’approvisionnement en arbres morts. Le saumon et la truite peuvent également profiter de la présence d’insectes supplémentaires pour se nourrir. À mesure que le couvert forestier s’ouvre et laisse entrer davantage de lumière du soleil, différentes espèces de plantes auront de meilleures conditions de croissance. Le mandat de Parcs Canada comprend la protection de l’intégrité écologique des parcs nationaux, ce qui signifie la protection de toutes les espèces natives des écosystèmes d’un parc national, ainsi que des processus et cycles naturels qui maintiennent la santé et la résilience de ces écosystèmes.
6. Si aucune pulvérisation n’est effectuée pour protéger les arbres de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, cela ne va-t-il pas annuler le travail qui a été fait pour protéger la forêt des orignaux ?
Les mesures prises par Parcs Canada pour contrôler la population d’orignaux continueront d’aider la forêt à se remettre du broutage des orignaux. En effet, la réduction de la population d’orignaux était considérée comme importante pour que la forêt soit résistante aux perturbations telles que les épidémies d’insectes. Maintenant que le nombre d’orignaux a diminué, les jeunes arbres qui commencent à pousser après la défoliation par les insectes ne subiront pas les graves conséquences du broutage, ce qui leur permettra de pousser rapidement et de renouveler la forêt. S’il y a des zones où l’impact de l’orignal reste élevé, le parc peut adapter la chasse à l’orignal pour cibler l’effort sur celles-ci et donner aux nouveaux arbres une chance de pousser.
7. À quoi les visiteurs du parc peuvent-ils s’attendre lors d’une infestation de la tordeuse des bourgeons de l’épinette ?
Si les visiteurs sont dans la forêt en juin et au début juillet, ils pourront voir des tordeuses sur les extrémités des branches de sapin et d’épinette, ou suspendues à des fils de soie. Les dommages causés par les chenilles qui se nourrissent des nouvelles pousses à l’extrémité des branches feront paraître ces nouvelles pousses rouges. Un autre phénomène que les visiteurs pourront remarquer est la présence des petits excréments des chenilles tombant des arbres, par exemple sur la toile d’une tente. Pendant quelques semaines à la mi-juillet, un grand nombre de papillons de la tordeuse des bourgeons sera observable, en particulier autour des cimes des arbres et autour des lumières la nuit. Les visiteurs pourront également remarquer une augmentation du nombre et de la variété des espèces d'oiseaux, ainsi que du nombre de jeunes oiseaux présents. Certaines espèces d'oiseaux, comme le gros-bec errant, la paruline à poitrine baie et la paruline tigrée, se déplacent vers les zones touchées par l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette afin de profiter de l'augmentation de l'approvisionnement en nourriture.
Si les visiteurs se trouvent dans une zone où la forêt a été touchée par l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, ils verront des arbres perdant leurs d'aiguilles à cause des chenilles qui les mangent. Après 4 à 5 ans d'activité de la tordeuse des bourgeons, les gens verront de plus en plus d'arbres morts ou mourants. Cependant, ces zones devraient commencer à reverdir rapidement : bien que les chicots morts soient visibles pendant de nombreuses années, dans quelques années, une croissance dense de jeunes arbres et arbustes dynamiques et à croissance rapide devrait commencer à pousser dans le niveau inférieur de la forêt.
8. Je préfère éviter de me rendre dans les zones où il y a beaucoup de tordeuses des bourgeons de l’épinette. Comment saurai-je quelles zones sont touchées par l’épidémie ?
Les tordeuses des bourgeons sont présentes dans les forêts des basses-terres du parc national du Gros-Morne. Si vous voulez les éviter, vous pouvez choisir l’un de nos sentiers qui traverse des zones non forestières, comme le sentier des Tablelands ou le sentier du Littoral, ou encore essayer le sentier du Lac Western Brook Pond, qui est large et qui ne comporte donc pas d’arbres en surplomb. Les tordeuses des bourgeons se nymphosent et émergent sous forme de papillons à la mi-juillet, donc vous ne les verrez plus à partir du début du mois d’août. Le parc national du Gros-Morne publie régulièrement des mises à jour sur l'état des sentiers à l'adresse suivante :
Vous pouvez également parler au personnel du Centre d'accueil à Rocky Harbour, ou du Centre de découverte à Woody Point, ou en appelant la ligne d'information du parc au (709) 458-2417.
9. La tordeuse des bourgeons de l'épinette présente-t-elle un risque pour la santé publique ?
La tordeuse des bourgeons de l'épinette ne présente aucun risque pour la santé humaine.
10. Comment la tordeuse des bourgeons de l'épinette affectera-t-elle les personnes qui ont un permis de récolte de bois dans les limites du parc national ?
La progression de l'épidémie sera imprévisible, il est donc difficile de savoir quelle quantité de bois sera touchée dans les blocs de récolte de bois domestique désignés dans le parc national. Pour remédier à ce problème, le parc prend des mesures pour surveiller la progression de l'épidémie et cartographier les zones où les arbres sont touchés par la défoliation. Comme par le passé, et conformément à l'entente fédérale-provinciale, les exploitants continueront d'avoir accès au bois dans les blocs de récolte désignés. Les arbres qui meurent à cause de la défoliation ont encore une grande valeur comme bois de chauffage pendant plusieurs années et, si nécessaire, le parc pourra prendre des mesures pour encourager et soutenir la récolte de ces arbres dans les blocs de récolte afin de réduire la récolte d'arbres vivants.
11. Y a-t-il des choses que nous pouvons apprendre de cette épidémie ?
Comme les épidémies se produisent tous les 30 à 40 ans, elles offrent aux écologistes du parc et aux chercheurs extérieurs l’occasion d’en apprendre davantage sur les forêts boréales et sur la façon dont elles réagissent aux épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Les scientifiques étudient la façon dont d’autres insectes réagissent à l’épidémie et évaluent les effets sur des éléments tels que les ennemis naturels de la tordeuse des bourgeons de l’épinette et le bilan carbone de la forêt. De plus, en comparant les conditions à l’intérieur et à l’extérieur du parc national, les chercheurs seront en mesure de recueillir des informations qui peuvent les aider à déterminer le succès et les conséquences du programme de lutte contre les insectes mis en œuvre à l’extérieur du parc national.
12. L’épidémie de la tordeuse des bourgeons augmentera-t-elle le risque d’incendie de forêt dans le parc, et Parcs Canada est-il prêt à intervenir si un incendie se déclare ?
La forêt côtière humide de sapins baumiers du Gros Morne présente un risque d’incendie intrinsèquement faible, et aucun incendie majeur ne s’est produit dans le parc depuis sa création dans les années 1970. Cela comprend une grande épidémie de la tordeuse des bourgeons survenue dans les années 1970, ainsi que d’autres épidémies insectes défoliateurs survenues dans les années 1980 et 1990. Parcs Canada surveille les impacts de l’épidémie de la tordeuse des bourgeons et effectuera une nouvelle analyse des risques d’incendie pour le parc national du Gros-Morne.
Même si le risque d’incendie de forêt est considéré comme faible et que les prévisions de changement climatique pour le parc prévoient une augmentation des précipitations à l’avenir, Parcs Canada prend le risque d’incendie de forêt au sérieux. L’Agence de Parcs Canada a une approche nationale pour soutenir l’intervention en cas d’incendie de forêt dans les sites de Parcs Canada partout au pays, et elle dispose d’équipes d’intervention en cas d’incendie et d’autres ressources disponibles pouvant être déployées dans un parc en cas de besoin.
Un autre élément de préparation consiste à entretenir de solides partenariats. Parcs Canada est membre du Centre interservices des feux de forêt du Canada, et partage du personnel et de l’équipement avec divers organismes provinciaux et territoriaux de gestion des incendies, comme le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, en cas de besoin.
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