Le rôle du feu

Parc national Pukaskwa

Le feu, un processus naturel et essentiel dans la forêt boréale depuis plus de 9 000 ans, a longtemps été interdit ou combattu dans les parcs nationaux. Récemment, le personnel de Parcs Canada a rétabli le rôle du feu dans l’écosystème en permettant à certains incendies de brûler librement ainsi qu’en allumant et en dirigeant des feux dans certaines régions.

Le parc national Pukaskwa se sert du feu comme outil de gestion de la végétation depuis 1998. Le premier brûlage dirigé avait pour but la restauration d’un secteur de 25 hectares de forêt de pin blanc. Le deuxième a eu lieu en 2002 sur une parcelle de 25 hectares de forêt mixte. Les deux projets ont permis au personnel du parc chargé de la gestion du feu d’acquérir une expérience et des habiletés utiles pour la réalisation de brûlages dirigés plus importants dans l’avenir.


Le rôle du feu : Les effets sur la forêt

L’intensité et la gravité des feux varient selon la température, le relief, le vent et d’autres facteurs. Dans les secteurs où la forêt est complètement rasée par le feu, on trouve çà et là des îlots d’arbres intacts ou légèrement calcinés. C’est pourquoi l’on dit du feu qu’il accroît la diversité des écosystèmes au fil du temps.

Dans la forêt boréale, certaines essences se sont adaptées pour survivre aux feux de forêt en ayant recours à des cônes ignifuges! Le pin gris, par exemple, a évolué avec le feu en se dotant de cônes sérotineux (graines qui ont besoin d’éléments déclencheurs particuliers dans l’environnement pour être relâchées) qui ne relâchent leurs semences que dans des températures extrêmes (comme celles d’un feu de forêt). Les forêts de pin gris ont donc besoin de feux périodiques pour se régénérer.


Le rôle du feu : Les effets sur le sol

Le feu crée les conditions idéales à la croissance et stimule la régénération des végétaux. Dans les zones fraîches tempérées, comme au parc national Pukaskwa, la décomposition est lente, et les troncs, les feuilles et les aiguilles s’amassent sur le tapis forestier. Le feu réduit ces matières en cendres riches en minéraux, recyclant et libérant ainsi des substances nutritives. Il crée également dans la forêt des éclaircies qui laissent pénétrer la lumière, laquelle réchauffe le sol et stimule la croissance des graines et des racines.

Les feux périodiques réduisent la quantité de matières combustibles qui s’accumulent sur le tapis forestier (débris de bois, arbres morts et litière), ce qui diminue le risque que ne se déclenchent des feux extrêmement gros et chauds, lesquels peuvent endommager le sol et en favoriser l’appauvrissement.


Le rôle du feu : Effets sur la faune

Lorsqu’un incendie se déclenche dans une forêt, les animaux réagissent selon leur instinct, car il s’agit d’un événement inconnu pour beaucoup d’entre eux. Les animaux qui le peuvent s’enfuiront; les autres, comme les serpents, les tortues et les salamandres, se cacheront peut être simplement dans la terre ou sous des roches pour se protéger. Contrairement à ce que l’on peut penser, les feux de forêt peuvent favoriser l’abondance de certaines espèces sauvages.

En règle générale, le feu accroît l’abondance d’arbustes et de graminées dont les herbivores, comme l’orignal, se nourrissent. Le feu a aussi pour effet de favoriser la prolifération de petits fruits qui forment une partie importante du régime alimentaire de l’ours noir. À la suite d’un feu, la population de pics bois peut se multiplier par cinquante! Ils viennent se régaler des insectes qui colonisent les arbres récemment brûlés. Même le lynx du Canada tire profit des incendies : les vieux conifères lui servent d’abri, et il chasse dans les brûlis, habitat favorable aux populations de lièvres d’Amérique, sa proie préférée.


Le rôle du feu : Les organismes nuisibles et les maladies

Sans la présence de processus naturels comme les hivers froids et les feux de forêt, les populations d’insectes pourraient rapidement prendre de l’expansion et exercer un impact considérable sur nos forêts. Les décennies de lutte contre les incendies (mesures visant à freiner la propagation des feux ou à les éteindre) ont fait en sorte qu’un grand nombre d’arbres dans nos parcs sont à l’âge où ils sont le plus vulnérable à certains types de ravageurs, comme la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

Des brûlages dirigés dans des endroits stratégiques peuvent contribuer à réduire le risque qu’une importante épidémie de maladies ou d’insectes ne se produise, car ces feux ont pour effet de morceler les îlots contigus d’arbres hôtes et de renforcer la mosaïque végétale (mélange d’espèces d’arbres d’âge varié).

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