Le rétablissement du pin à écorce blanche et du pin flexible dans les 7 parcs nationaux des montagnes

Le rapport de Parcs Canada sur la conservation de 2018 à 2023

Section du rapport
Un regard vers l’avenir
Emplacement
Parc national Banff, parc national des Glaciers, parc national Jasper, parc national Kootenay, parc national du Mont-Revelstoke, parc national Yoho et parc national des Lacs-Waterton en Alberta et Colombie-Britannique

Dans les 7 parcs nationaux des montagnes, Parcs Canada utilise plusieurs approches connectées pour augmenter le nombre de pins à écorce blanche et de pins flexibles qui résistent à la principale menace pesant sur l’espèce : la rouille vésiculeuse du pin blanc, une maladie fongique d’origine eurasienne.

Les équipes des 7 parcs nationaux des montagnes collaborent à l’établissement de peuplements de pins à écorce blanche et de pins flexibles autosuffisants et résistants à la rouille qui démontrent une dispersion naturelle des graines, une connectivité des peuplements, une diversité génétique et une adaptabilité aux changements climatiques. Le rétablissement à long terme de ces arbres ayant une grande longévité aura des effets bénéfiques sur une échelle de temps dépassant la durée de vie d’un être humain.

Points saillants du projet

  • Plus de 79 000 semis de pin à écorce blanche et 15 000 semis de pins flexibles ont été plantés depuis 2019.
  • 850 pins à écorce blanche pouvant être résistants à la rouille vésiculeuse ont été identifiés.
  • 179 pins flexibles pouvant être résistants à la rouille vésiculeuse ont été identifiés.
  • Environ 1433 hectares d’habitat ont été rétablis (par les brûlages dirigés, l’éclaircie mécanique et la plantation d’arbres).
Nicholas Lai, équipé d’un casque et d’un harnais, fixe une cage autour de cônes de pin, au sommet d’un arbre, sur fond de lointaines montagnes enneigées.

Nicholas Lai, agent de la gestion des ressources, installe des cages autour des cônes d’un pin à écorce blanche sur le chaînon Endless Chain, une crête de montagne dans le parc national Jasper. Photo : Iain Reid/Parcs Canada.

Contexte

Une personne munie d’un sac à dos et de bâtons de randonnée marche le long d’un sentier de crête rocheuse parsemé de pins, d’où sont visibles des montagnes enneigées.
Un membre de l’équipe Parcs Canada examine les pins à écorce blanche au parc national Jasper. Afin de protéger ces arbres essentiels, il faut se rendre jusque dans les zones les plus isolées. Photo : Iain Reid/Parcs Canada

Le pin à écorce blanche est la seule espèce d’arbre en voie de disparition visée par la Loi sur les espèces en péril (LEP) dans l’Ouest du Canada. Depuis 2023, le pin flexible est en voie d’être inscrit comme espèce en péril à l’annexe de la LEP. Ces deux espèces de pin jouent un rôle particulier dans les forêts de moyenne et haute altitude de l’Ouest canadien. Ces arbres, communément appelés les « pins à cinq aiguilles », assurent une grande variété de fonctions de la biodiversité et des écosystèmes. Ils procurent de l’ombre, ce qui ralentit la fonte des neiges et contribue à limiter les inondations printanières, et assurent le maintien du débit des cours d’eau tout au long de l’été. Leurs graines, qui sont très nutritives, sont consommées par une grande variété d’animaux sauvages pendant l’automne et l’hiver, notamment le casse-noix d’Amérique, le grizzli, l’ours noir et l’écureuil roux. Lorsque la santé de ces pins à aiguilles est menacée, la santé des espèces et des écosystèmes qui en dépendent l’est tout autant.

Gros plan d’une branche de pin à écorce blanche avec des touffes de longues aiguilles vertes.
Un pin à écorce blanche en haute altitude sur le mont Spar dans le parc national Kootenay. Photo : Ryan Bray/Parcs Canada
Deux grandes pommes de pin à écorce blanche, de forme ovoïde et de couleur pourpre, poussent sur une branche d’arbre, parmi des touffes de longues aiguilles vertes.
Les cônes du pin à écorce blanche, dont la photo a été prise au mont Sulphur dans le parc national Banff, sont une source précieuse de graines pour les efforts de restauration. Photo : Hilary Cameron/Parcs Canada
Un tronc d’arbre à l’écorce grise et rugueuse est recouvert d’une multitude de grappes de champignons blanc orange.
Un pin à écorce blanche présente des signes de rouille vésiculeuse du pin blanc au mont Castle, dans le parc national Banff. Photo : Hilary Cameron/Parcs Canada

Le parc national Jasper et les parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers abritent le pin à écorce blanche; les parcs nationaux Kootenay et Yoho et le parc national des Lacs-Waterton abritent à la fois le pin à écorce blanche et le pin flexible. Ces deux espèces de pins sont en déclin dans leur aire de répartition en raison de la rouille vésiculeuse du pin blanc, des éclosions de dendroctone du pin ponderosa (espèce d’insecte indigène), des activités antérieures de suppression des feux et de la menace des feux de forêt, facteurs qui sont tous exacerbés par les changements climatiques.

Résultats

Katryna Barone, en uniforme et gantée, s’agenouille et plante un semis dans le sol près d’un tronc d’arbre carbonisé. Une pelle gît sur le sol à proximité.
Katryna Barone, membre de l’équipe de conservation des ressources, plante un semis de pin à écorce blanche issu d’arbres parents résistants à la rouille, dans le parc national des Lacs-Waterton. Photo : Genoa Alger/Parcs Canada
Jonathon Ferreira, un sac de semis sur l’épaule, s’agenouille près d’un nouveau semis et d’un ruban à mesurer étendu et écrit sur une planchette à pince.
Jonathon Ferreira, technicien en gestion des ressources, consigne des renseignements sur les semis de pin à écorce blanche plantés dans la zone de brûlage dirigé de la vallée de la Dormer, dans le parc national Banff. Photo : Hilary Cameron/Parcs Canada

Les parcs des montagnes travaillent activement à restaurer le pin à écorce blanche et le pin flexible en employant diverses mesures qui, en 2023, sont toujours en place. Par des enquêtes sur le terrain, le personnel des parcs des montagnes identifie les pins à écorce blanche et les pins flexibles qui font preuve d’une résistance à la rouille vésiculeuse du pin blanc. Il prélève des échantillons et les soumet à des tests formels en laboratoire pour confirmer la résistance des arbres à la maladie. Le personnel installe des cages autour des cônes pour les protéger des prédateurs. Il recueille ensuite les graines et les envoie aux pépinières qui les utiliseront pour obtenir des semis. En vue de préparer le terrain destiné à la plantation, le personnel procède souvent à des brûlages dirigés et à des travaux d’éclaircie pour éliminer les conifères concurrents. Les semis sont ensuite plantés dans les parcs pour augmenter la proportion de pins à écorce blanche et de pins flexibles ayant potentiellement une résistance à la rouille vésiculeuse du pin blanc.

Depuis 2019, des dizaines de milliers de pins à écorce blanche et de pins flexibles ont été plantés dans les parcs des montagnes. La plantation de ce nombre important d’arbres contribue au Programme 2 milliards d’arbres de Ressources naturelles Canada, et a été financé par celui-ci. Ce programme s’engage aux solutions climatiques fondées sur la nature.

Travailler ensemble

De nombreux efforts de restauration s’étendent au-delà des limites des parcs. Ce travail transfrontalier demande une étroite collaboration entre Parcs Canada et des partenaires, notamment la Whitebark Pine Ecosystem Foundation of Canada, la province de l’Alberta, la province de la Colombie-Britannique et Conservation de la nature Canada. Les partenaires collaborent pour examiner les arbres afin de déterminer leur résistance naturelle à la rouille vésiculeuse du pin blanc, mettre en commun les ressources et les connaissances en matière de pratiques exemplaires et contribuer aux activités de formation. En 2022, le personnel du parc national Jasper a également contribué au déroulement d’un atelier de formation destiné à la Première Nation Simpcw, qui travaille au rétablissement du pin à écorce blanche sur son territoire traditionnel.

Vergers à graines

Ensemble, les partenaires ont créé des vergers à graines et des pépinières pour cultiver des semis. Pour ce faire, ils ont utilisé des graines et des greffes prélevées sur des arbres résistants à la rouille vésiculeuse du pin blanc. Des vergers à graines de pin à écorce blanche ont été créés avec l’aide de la province de la Colombie-Britannique à Prince George, en Colombie-Britannique, et de la Whitebark Pine Ecosystem Foundation au verger à graines d’Elkhart, en Colombie-Britannique. En 2021, un verger à graines de pin flexible a été aménagé dans le parc national des Lacs-Waterton.

Hilary Cameron est accroupie dans un paysage dégagé; elle plante un semis marqué d’un petit drapeau bleu. Au-delà se trouvent d’autres semis signalés.
Hilary Cameron, agente de conservation des ressources, plante un verger à graines destiné à produire des semis de pin à écorce blanche résistants aux maladies. Photo : Parcs Canada
Portrait de Brenda Shepherd en uniforme de Parcs Canada.
« Nous voulons planter suffisamment d’arbres à une densité suffisamment élevée pour que, dans quatre-vingts ans, nous ayons une forêt d’arbres produisant des cônes qui attireront à nouveau les casse-noix d’Amérique, et ces oiseaux continueront ainsi à permettre aux peuplements de persister. C’est ainsi que nous créerons des peuplements de pins à écorce blanche rétablis et autosuffisants. Comme l’a dit Nelson Hendersen, “Le vrai sens de la vie, c’est de planter des arbres à l’ombre desquels on ne s’attend pas à s’asseoir.” » [Traduction]
—Brenda Shepherd, écologiste et chef d’équipe, Parcs Canada

Vidéo

Regardez comment Parcs Canada aide le pin à écorce blanche et le pin flexible.

Transcript

Quelques pins à écorce blanche des Rocheuses canadiennes ont atteint l’âge d’environ 1 000 ans.

Ces arbres ont été témoins d’un nombre incroyable de changements dans le monde depuis l’époque où ils étaient des semis comme

ceux que nous plantons.

Tous les parcs des montagnes, c’est-à-dire les parcs des Lacs-Waterton, du Mont-Revelstoke et des Glaciers et les parcs Kootenay, Yoho,

Banff et Jasper – nous travaillons tous ensemble. Nous comptons les uns sur les autres pour rétablir ensemble le pin à écorce blanche et le pin flexible.

Le pin à écorce blanche est une espèce pionnière. Sur les parcelles qu’il colonise,il crée souvent de petits îlots d’arbres,

qui permettent à d’autres espèces de s’établir à sa suite.

[ALLISON] Ce que j’aime le plus du pin à écorce blanche, c’est que le cassenoix d’Amérique est presque entièrement responsable

de sa régénération. [HILARY]J’adore le fait qu’il arrive à pousser dans ces secteurs hostiles et exposés

aux intempéries, qu’il soit si résilient et qu’il vive pendant des centaines d’années.

[GENOA] Un jour, nous avons découvert un pin flexible qui poussait tout droit dans une falaise. Il survit, et il prospère!

[REBECCA]Ces arbres jouent un rôle absolument crucial chez les communautés végétales,les communautés animales, les communautés

de sol – et probablement d’autres communautés que nous ne connaissons pas encore. [Rire] et probablement d’autres communautés que nous ne connaissons pas encore.

[BRENDA] Le cassenoix d’Amérique et le pin à écorce blanche ont une relation très importante, qui porte le nom de mutualisme. C’est très rare, dans la nature, de voir

deux espèces qui dépendent l’une de l’autre pour leur survie. Les cônes ne peuvent pas s’ouvrir tout seuls. Le cassenoix a un bec spécialisé qui lui permet de les ouvrir.

Ensuite, il s’envole vers différentes parties de la forêt, où il dépose les graines.

Des mois plus tard, il revient et trouve l’endroitexact où il a caché les graines et les extrait

du sol pour les manger. Celles qu’il ne mange pas deviennent des semis de pin à écorce blanche.

Elles ont évolué ensemble, ces deux espèces,pendant des dizaines de milliers d’années.

[ALLISON] Alors, on peut voir cette branche en forme de fuseau. Il y a beaucoup de renflements, de l’écorce rugueuse, et on voit un peu

de rouille inactive qui a suinté. Et là, cette partie de la branche est complètement morte.

[BRENDA] Ces arbres n’ont pas évolué avec la rouille vésiculeuse du pin blanc, et c’est essentiellement pour cette raison que cet

arbre est devenu une espèce en voie de disparition. Ce champignon a été introduit au début

du XXe siècle, et l’arbre n’a tout simplement pas les défenses nécessaires pour lutter contre la maladie.

Nous nous faisons du souci pour ces grandesforêts fantômes. Si ce sont des forêts fantômes, il n’y a peut-être pas assez de pins à écorce blanche pour attirer des

cassenoix, et, sans cassenoix, il n’y a pas d’avenir.

Nous grimpons aux arbres au début de l’été, et nous plaçons des cages sur les cônes. Quand les cônes arrivent à maturité, les

oiseaux et les écureuils ne peuvent pas les manger. À la fin septembre, nous grimpons de nouveau aux arbres pour prélever les cônes. Une fois que les cônes ont séché, nous

en extrayons les graines. Nous les envoyons à une pépinière, qui les fait germer et prend soin des semis pendant deux ans.

Nous voulons planter assez d’arbres à une densité suffisante pour que, dans 80 ans, nous ayons une forêt d’arbres producteurs de cônes qui attireront des cassenoix d’Amérique.

Et ces oiseaux continueront d’assurer la survie de ces peuplements. C’est de cette

manière que nous rétablirons des peuplements autosuffisants de pins à écorce blanche.

C’est l’espoir qui nous motive à conserver une attitude positive à propos du travail que nous faisons. Personne d’entre nous

ne sera encore vivant pour savoir si nos efforts auront porté leurs fruits.

Pour en savoir plus

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