De petites billes dans une botte de foin

Aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur

par Margaret (Peggy) Ireland

Le personnel du Service de la conservation des ressources de l’aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur sillonne les eaux du lac d’eau douce le plus grand du monde muni d’un chalut afin de relever les traces de pollution par les microplastiques.

L’été commençait à laisser la place à l’automne quand Lisa Nyman, gestionnaire de la conservation des ressources, prit la barre du tout nouveau bateau de l’AMNC du Lac-Supérieur, The Coaster, maintenant la stabilité de l’embarcation pneumatique à coque rigide de 22 pieds afin de permettre à l’écologiste Doug Tate de déployer un chalut spécialement conçu pour emprisonner les minuscules particules qui flottent juste sous la surface de l’eau. Et ceci n’était que le début du programme de surveillance continue mis en place par l’équipe de conservation des ressources.

Au cours des prochaines années, les écologistes de Parcs Canada entreprendront un certain nombre d’opérations de chalutage dans diverses sections de l’aire de conservation marine, afin de constituer une base de référence de la quantité de pollution par les microplastiques se trouvant dans la section concernée. Un rapport de 2016 sur la présence de microplastiques dans les Grands Lacs a permis d’identifier une importante pollution par le plastique dans les Grands Lacs inférieurs, mais les chercheurs ont admis que d’importantes lacunes subsistaient encore dans les connaissances dont nous disposons sur diverses régions, et notamment sur le lac Supérieur.

Une fois que les billes de microplastique (de 5 mm de diamètre ou moins) pénètrent dans les Grands Lacs, il peut être très difficile, voire impossible, de les en retirer, une situation qui préoccupe beaucoup les scientifiques. En plus des produits chimiques ajoutés lors de la fabrication des plastiques, ces billes peuvent également absorber les polluants organiques persistants présents dans l’eau. En raison de la très petite taille de ces particules, elles peuvent être ingérées par les poissons se trouvant partout dans les lacs, lesquels deviennent alors contaminés par ces produits chimiques.

La plupart des microplastiques que l’on trouve dans les Grands Lacs proviennent de petits morceaux de déchets plastiques, ou résultent d’évacuations accidentelles. Les plus petites particules proviennent souvent des usines de traitement des eaux usées entourant les lacs, mais aussi des produits de nettoyage que les utilisateurs évacuent par les canalisations (microbilles contenues dans de nombreux dentifrices et produits nettoyants pour le visage, par exemple), et des petites fibres des vêtements synthétiques tels que les pulls en molleton, qui se défont au lavage.

Cet été, des microbilles flottantes (de petites billes utilisées dans la fabrication de produits en plastique) furent ramassées par l’équipe lors d’une opération de chalutage de matières plastiques au sud de l’île Fluor. Séparément, un groupe de bénévoles de la région et le personnel de Parcs Canada participant à une opération de nettoyage des côtes à Mountain Bay Beach ont collecté environ 198 000 microbilles. Sarah Shruiff, agente d’interprétation, en a fait parvenir un échantillon provenant du lac Supérieur à un chercheur japonais membre de l’International Pellet Watch, un programme de surveillance mondial composé de bénévoles dont le but est de surveiller la pollution des océans et autres étendues d’eau.

Ce travail de surveillance de la présence de contaminants plastiques dans l’aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur s’inscrit dans le cadre du mandat de Parcs Canada d’agir à titre de gardien de nos parcs nationaux et aires marines nationales de conservation, et permet ainsi de s’assurer que le lac Supérieur est utilisé d’une manière qui soit respectueuse de l’environnement et de garantir sa préservation pour les futures générations.

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