Discours de la ministre du Patrimoine canadien
D'abord, j'aimerais vous présenter un invité très spécial qui a travaillé toute sa vie pour la protection de l'environnement : M. Gavin Henderson, qui a été le fondateur de la Société pour la protection des parcs et des sites naturels du Canada.
J'apprends que nous avons parmi nous des élèves de Colonel By. Peuvent-ils se lever et nous saluer?
Ce que nous accomplissons ici, ce n'est pas seulement pour Gavin, ni pour les élèves de l'école Colonel By; mais c'est pour leurs petits-enfants! Quand on y réfléchit, c'est très impressionnant. En effet, en politique, la plupart des gestes que nous posons n'ont d'impact que pour six mois, deux ans, ou peut-être jusqu'à la prochaine élection. Peu de ces gestes ont des effets qui durent le temps d'une vie, voire davantage.
Et je pense que c'est très important qu'en l'an 2000, nous soyons ici pour poser des gestes concrets pour l'an 3000. Et c'est Henry Lickers qui est le seul ici présent, avec sa connaissance historique du Canada, pour vraiment reconnaître cela. Notre geste d'aujourd'hui abonde dans ce sens-là.
Au début du mandat de notre gouvernement, je me suis établi trois objectifs pour nous aider à construire un Canada fort: un, le contenu canadien; deux, la diversité culturelle; et trois, l'avenir des parcs nationaux de notre pays. Nous avons accompli beaucoup à l'égard des deux premiers, et désormais nous sommes en position d'intervenir vigoureusement pour la réalisation du troisième objectif.
Voilà un rapport de premier ordre pour la gestion des parcs nationaux du Canada. Un rapport qui sert l'intérêt national; un rapport essentiel à l'avenir des parcs. Et il ne restera pas au fond d'un tiroir à s'empoussiérer. Le Premier ministre accorde une grande importance aux parcs nationaux du Canada et, juste la fin de semaine dernière, il a déclaré publiquement qu'il souhaite que je sois ferme dans mes efforts pour les protéger.
J'aimerais remercier Jacques Gérin, Pamela Wright, Stephen Woodley, Paul Wilkinson, Juri Peepre, Thomas Nudds, Henry Lickers, Michael Hough, Louise Hermanutz, Stephanie Cairns et Louis Bélanger pour leur excellent travail. Ce rapport constitue le schéma sur lequel fonder l'avenir de Parcs Canada.
La Commission nous donne le temps d'une génération pour effectuer les changements nécessaires dans les parcs nationaux du Canada. Mais nous ne pouvons attendre si longtemps. Il nous faut placer l'intégrité écologique au centre de toutes nos décisions touchant les parcs nationaux. Nous devons créer et resserrer nos partenariats avec les peuples autochtones, les collectivités éloignées, les partenaires provinciaux et municipaux et avec la population en général. Nous allons renouveler Parcs Canada.
Permettez-moi de vous dire ce que nous avons déjà fait, ce que nous entendons faire dans l'immédiat et ce que nous prévoyons réaliser dans un avenir plus éloigné. De manière à ne rater aucun échéancier important, j'ai souvent sollicité les conseils de Monsieur Gérin au cours des 15 derniers mois, et je les ai suivis. Le discours du Trône de l'automne dernier a affirmé notre engagement vis-à-vis l'établissement de nouveaux parcs nationaux. Le budget du mois dernier a modifié la Loi de l'impôt afin d'encourager les dons de terres écosensibles par les particuliers.
La Loi sur les parcs nationaux du Canada, que j'ai déposée à la Chambre le premier mars, accorde à l'intégrité écologique la plus haute priorité dans la législation sur les parcs. Cette nouvelle loi établira officiellement huit nouveaux parcs et réserves de parc national et, comme la Commission me l'a demandé, rationalisera le processus de création des parcs nationaux et imposera par voie législative des limites au développement.
Voici ce que nous entendons faire dans l'immédiat. J'ai demandé à Parcs Canada de désigner les réserves intégrales dans les parcs nationaux Yoho, Kootenay, Jasper et Banff d'ici le 30 juin de cette année. Nous allons élaborer une stratégie scientifique nationale pour les parcs nationaux et tisser des liens formels avec les universités et les organismes à vocation scientifique. Nous allons élaborer une charte de l'Agence. Nous allons créer un poste de directeur exécutif de l'intégrité écologique. Nous allons concevoir puis mettre en œuvre un programme national de formation et d'orientation en matière d'intégrité écologique destiné au personnel. Nous allons promouvoir plus activement les intérêts de nos parcs nationaux. Je chercherai à ce que les différences politiques soient mises de côté pour mieux aider à soutenir nos parcs nationaux.
En ce sens, je tiens à ce que vous sachiez que j'ai déjà informé le Premier ministre Ralph Klein de la publication de ce rapport et que je lui ai fait part de l'approche générale que j'allais adopter quant à son contenu. Je crois que le Premier ministre Klein partage ma passion à l'endroit des parcs nationaux du Canada. Je voudrais également remercier le Premier ministre de l'Ontario, M. Mike Harris, pour avoir intégré des études approfondies sur les parcs nationaux au programme scolaire de 9e année de sa province. J'invite les autres provinces à suivre cet exemple.
Les prochaines générations méritent de pouvoir bénéficier d'aires naturelles. Les parcs nationaux du Canada abritent 70 pour 100 des espèces de plantes vasculaires d'eau douce du pays et plus de 80 pour 100 des espèces de vertébrés. Malgré cela, la Commission sur l'intégrité écologique des parcs nationaux du Canada nous rappelle que nos parcs nationaux recèlent aussi plus de 100 carrières de gravier abandonnées et que, chaque année, des milliers d'animaux y sont tués par suite de nos actions.
La Commission donne son assentiment aux utilisations commerciales historiques de certains sites situés dans nos parcs nationaux. J'endosse cette attitude. Toutefois, à partir de maintenant, aucune nouvelle station de ski ni terrain de golf ne seront établis. Nous ne permettrons que les activités récréatives inhérentes à la nature des parcs.
L'intégrité écologique constituera la priorité. Nous allons continuer de permettre aux processus naturels d'avoir cours dans les parcs, sauf si la vie des personnes est mise en danger, sauf si les infrastructures sont menacées, ou si cela entraîne des conséquences inacceptables pour d'autres ressources. Et nous ferons tout cela bientôt. Nous travaillerons à la mise en oeuvre du principe de l'utilisation sans abus. Conjugué à l'intégrité écologique, ce sera l'élément en fonction duquel nous examinerons le rapport sur les logements commerciaux périphériques qui paraîtra bientôt.
J'ai demandé au directeur général de Parcs Canada d'élaborer une stratégie d'interprétation claire pour communiquer avec les résidents des zones urbaines et avec les jeunes canadiens.
Nous avons aujourd'hui avec nous des élèves de l'école secondaire Colonel By qui ont entrepris la réintroduction de plantes indigènes à leur école, la mise en place d'un service de récupération du papier dans les classes et les bureaux de l'école et la prestation d'un service de récupération de piles électriques. Les sujets que nous abordons ici aujourd'hui concernent ces jeunes et leur avenir.
Je demande aussi à Parcs Canada de trouver des moyens pour mettre en application toutes les recommandations du rapport, dans la mesure où cela sera humainement et juridiquement possible. J'ai pleinement confiance aux employés de Parcs Canada qui, comme le soulignent les membres de la Commission, s'appliquent à donner le meilleur d'eux-mêmes dans l'exercice de leurs fonctions. Comprenez-moi bien : Je dis que nous n'allons pas seulement analyser les recommandations, mais que nous allons également les mettre en application après concertation avec nos partenaires.
Je tiendrai un forum national de consultation sur les parcs d'ici la fin de l'année, et je vais demander au directeur général de l'Agence d'y présenter un rapport sur les progrès réalisés dans la mise en application des recommandations de la Commission. Pour ma part, j'ai entrepris des consultations auprès de mes collègues quant aux mesures que nous pourrions prendre, par suite d'éventuelles décisions du cabinet, pour mettre en oeuvre de façon vraiment tangible le contenu du rapport de la Commission.
Comme l'affirme le peuple Haïda, « nous n'avons pas hérité de cette terre de nos ancêtres, nous l'avons plutôt empruntée à nos enfants ». Les Canadiens et les Canadiennes chérissent nos parcs nationaux et ces endroits spéciaux incarnent une partie vitale de l'âme de ce que nous sommes. Ainsi qu'une personne l'a déclaré devant la Commission, « ce sont les espaces verts de notre esprit. »
Nous allons donner un nouvel essor aux parcs nationaux du Canada. Il s'agit de notre responsabilité à l'égard des générations futures et nous allons nous en acquitter. Je crois que les travaux de la Commission ont tracé un plan dont il faut commencer dès aujourd'hui la mise en œuvre pour restaurer l'intégrité écologique de nos parcs et les remettre dans l'état où nous les avons reçus de nos ancêtres. Merci!
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