Un champignon allié des scolytes

graphique de programme sur le dendroctone du pin

Lorsque nous pensons aux champignons, nous pensons souvent à ceux que nous consommons! Mais ceux que nous avons dans notre assiette ne sont qu’un type du règne extrêmement diversifié des champignons. Si ce n’était des champignons, il y aurait beaucoup moins de dendroctones du pin ponderosa. Le champignon du bleuissement du genre Ophiostoma est l’allié du dendroctone du pin ponderosa et l’aide énormément à vaincre les mécanismes de défense de l’arbre et à se reproduire avec succès.

Que sont les champignons?

Les champignons forment un règne distinct. Ils ne sont pas à proprement parler des végétaux, car ils sont dépourvus de chlorophylle. Ils sont donc incapables d’élaborer les substances nutritives dont ils ont besoin et doivent les tirer de la matière organique morte, du sol, des excréments et d’autres organismes vivants. Ils jouent un rôle très important dans l’écologie des forêts des parcs des montagnes. Les champignons « mycorhiziens » s’associent aux racines de plantes vivantes pour se nourrir. Ils entourent les racines de leurs « hyphes » (de longs filaments formés d’une suite de cellules) et y prélèvent leur nourriture sous forme de sucres et d’amidons. Ces champignons sont également utiles aux arbres, car ils les aident à s’approvisionner en eau et à assimiler du phosphore et de l’azote. Ils aident même les arbres à combattre des bactéries nuisibles.

photographie d’un champignon orangé
Un champignon orangé
© Parcs Canada

Biologie des champignons

  • Mycélium : ensemble des filaments doux appelés hyphes qui pénètrent dans la source de nourriture ou l’entourent. Si vous avez déjà vu une moisissure, vous avez vu du mycélium
  • Carpophore : « chapeau » du champignon visible à l’air libre et au soleil. C’est l’organe reproducteur qui produit des spores donnant naissance à de nouveaux champignons.

Quel est le mode de vie des champignons du bleuissement?

Contrairement aux champignons mycorhiziens, les champignons du bleuissement ne sont pas utiles aux arbres. En fait, ils ont établi, au fil de leur évolution, des relations avec des scolytes, comme le dendroctone du pin ponderosa, qui leur permettent de se déplacer d’un arbre à l’autre dans un réceptacle spécialisé des pièces buccales de ces scarabées et de se nourrir du tissu vivant (phloème) de l’arbre. Une fois introduit dans l’arbre par les dendroctones, le mycélium des champignons se développe rapidement dans l’aubier, ralentissant la circulation de la sève et perturbant les mécanismes de défense de l’arbre contre les envahisseurs. L’arbre finit par mourir de soif.

 diagramme d’un coin de bois montrant l’écorce externe morte, l’écorce interne vivante (ou phloème), la portion vivante du bois (ou aubier) et la portion morte du bois (ou bois de cœur ou bois parfait)
Diagramme d’un coin de bois montrant l’écorce externe morte, l’écorce interne vivante (ou phloème), la portion vivante du bois (ou aubier) et la portion morte du bois (ou bois de cœur ou bois parfait))
© Malcolm M. Furniss
photographie d’une souche d’arbre infectée par des champignons du bleuissement. Coloration bleu foncé de l’écorce interne et de l’aubier causée par des champignons du bleuissement
© Service canadien des forêts
Photographie de spores fongiques dans de petites cavités des élytres du scolyte du pin, un autre scarabée du pin tordu.
Le dendroctone du pin ponderosa et certains autres scolytes sont capables de tuer des arbres en inoculant dans le phloème et l’aubier des champignons phytopathogènes qu’ils transportent sur leurs corps. Le dendroctone transporte des spores fongiques dans un réceptacle situé près de ses pièces buccales. Vous voyez ici des spores fongiques dans de petites cavités des étuis protecteurs des ailes (élytres) du scolyte du pin, un autre scarabée du pin tordu. L’organe saillant que vous voyez (soies) a une fonction tactile sans aucun rapport avec les spores.
© Malcolm M. Furniss

 

Dr Les Safranyik

M. Les Safranyik du Service canadien des forêts parle des champignons du bleuissement :

Traduction française d'une interview avec un scientifique du Service canadien des forêts

« Les champignons du bleuissement font partie d’un groupe que nous appelons les champignons des moisissures. Ils sont pathogènes, c’est-à-dire qu’ils peuvent infecter les cellules vivantes des arbres. Euh! …Le dendroctone du pin ponderosa transporte le champignon du bleuissement dans de petites poches spéciales de l’une de ses pièces buccales. Comme je l’ai déjà dit, lorsque les larves s’alimentent en bordure des loges nymphales, elles remplissent ces petites poches, appelées mycangia, de spores du champignon. Lors du forage de galeries dans de nouveaux arbres, les adultes inoculent les spores dans les tissus de l’arbre. Les champignons se développent très rapidement et pénètrent dans les cellules vivantes et les tuent, les empêchant ainsi de se transformer en véritables fabriques de résine pour résister aux attaques des dendroctones ainsi qu’à l’irritation causée par les champignons. Cette association avec le champignon aide donc les dendroctones à s’établir dans l’arbre, et le champignon bénéficie également de cette association puisque les dendroctones le transportent jusqu’à de nouvelles sources de nourriture. Cette association réciproquement profitable entre deux organismes vivants s’appelle la symbiose.”

Que retire le dendroctone du pin ponderosa de cette association?

Étant donné que les champignons du bleuissement prolifèrent rapidement dans le phloème de l’arbre, ils « bouchent » les tubes qui assurent la conduction des fluides dans l’arbre et, de cette manière, perturbent aussi la capacité de l’arbre de produire de la sève ou de la « résine ». L’arbre ne peut donc plus se défendre contre le dendroctone en l’emprisonnant dans la résine. Les dendroctones sont donc capables de creuses des galeries et d’y déposer leurs œufs sans devoir affronter les mécanismes de défense de l’arbre.

Date de modification :