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Les pluviers siffleurs reviennent dans l'annexe côtière de Kejimkujik
Le parc national et lieu historique national du Canada Kejimkujik atténue les facteurs stressants d'origine humaine pour rétablir et protéger l'habitat de ces oiseaux côtiers en voie de disparition
Le nid du Pluvier siffleur (Charadrius melodus) est différent de celui de nombreux autres oiseaux. Ce petit oiseau côtier arrive dans le Canada atlantique à la fin d'avril ou en mai, où il séjourne tout l'été pour se reproduire et élever ses petits. Le nid du Pluvier est en fait une petite dépression pratiquée dans le sable, juste au-dessus de la ligne de marée haute, sur les plages sablonneuses ou rocailleuses exposées qui bordent l'océan, ou encore dans les langues de sable ou les cordons littoraux. Le nid peut contenir de petits coquillages et cailloux qui le camouflent et le rendent difficile à voir non seulement pour les prédateurs, mais aussi pour les randonneurs attirés par les plages.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a inscrit le Pluvier siffleur sur la liste des espèces en voie de disparition en 1985. Le Programme de surveillance du Pluvier dans le Canada atlantique a signalé la présence de 449 oiseaux adultes (222 couples, cinq célibataires) en 2000 et de 483 adultes (220 couples et 43 célibataires) l'année suivante. Il est devenu évident que, pour protéger les pluviers, il est essentiel de protéger leur habitat. Les dérangements causés par l'être humain autour des couples nicheurs posent un grand risque : ils ajoutent au travail des oiseaux qui doivent défendre leur nid en se manifestant violemment et qui quittent ainsi leur nid, de sorte que les œufs en couvaison refroidissent. Les détritus laissés sur les plages par les gens risquent aussi d'attirer des prédateurs : les corneilles, les goélands, les renards et les ratons laveurs s'attaquent aux œufs et aux oisillons. En outre, les animaux laissés sans laisse constituent une menace considérable.
© Parcs Canada / J. Sylvester |
Un effort de remise en état unique en son genre est en cours dans l'annexe côtière de Kejimkujik, c'est-à-dire dans le secteur côtier du parc national du Canada Kejimkujik. Le personnel chargé de la conservation des ressources naturelles a bien réussi à enrayer l'action des prédateurs et des humains dans les aires de nidification du Pluvier, mais le nombre de couples nicheurs est tout de même tombé d'un maximum de 27, atteint en 1977, à quatre, en 2003. Les chercheurs ont constaté que de denses tapis de végétation (faits surtout de roseaux des sables) avaient commencé à menacer l'habitat de nidification utilisable par les pluviers. En outre, en 2003, l'ouragan Juan a inondé et érodé plus du tiers de l'habitat favorable qui restait dans l'annexe.
Parcs Canada collabore avec de nombreux autres organismes dans le cadre du Plan canadien de rétablissement du Pluvier siffleur, pour aider l'espèce à se rétablir dans le Canada atlantique. L'enlèvement mécanique de denses tapis de roseaux des sables a permis de recréer un nouvel habitat dans l'annexe côtière. L'habitat restauré, qui en est maintenant à sa deuxième année d'existence, a accueilli des oiseaux qui ont pu élever quatre oisillons. En outre, le parc national Kejimkujik a créé un poste qui combine le rôle de chercheur à celui d'interprète. Le nouveau poste a permis au public d'en apprendre davantage sur le travail du chercheur, et du même coup, sur la situation précaire du Pluvier et sur les efforts déployés pour rétablir son habitat.
Les membres de l'équipe de rétablissement visent à constituer en dix ans une population autonome et bien distribuée de 670 pluviers adultes (335 couples). Ils espèrent remettre en état un habitat qui pourra supporter environ 400 couples, et protéger au moins 65 p. 100 de l'habitat des couples nicheurs.
Résultats
- Le taux de succès d'envol du Pluvier, dans l'annexe côtière de Kejimkujik, a toujours atteint ou dépassé les objectifs fixés par l'équipe de rétablissement.
- Afin de réduire les dérangements causés par l'être humain, on interdit au public l'accès à des secteurs des plages et des pistes jusqu'à ce que les oisillons puissent s'envoler. Les aires de nidification sont d'habitude fermées du début de mai jusqu'à la fin de juillet ou au début d'août.
- Les gardiens installent des enceintes autour de tous les nids pour protéger les 'ufs jusqu'à l'éclosion. Les enceintes sont faits en fil de fer et munis d'ouvertures assez grandes pour que les adultes et les oisillons puissent y passer, mais non les prédateurs. Dans le parc, les enceintes ont entraîné une hausse du nombre d'éclosions et de la productivité globale.
- En 2002, on a enlevé d'épais tapis d'ammophile dans les aires de couvaison pour remettre en état un ancien lieu de nidification du Pluvier. L'année suivante, quelques pluviers sont revenus à cet endroit, et en 2004, un couple a réussi à y faire son nid et à y élever ses petits.
- Un chercheur et interprète itinérant des pluviers a fourni des renseignements à jour sur cette espèce en voie de disparition en communiquant avec 40 p. 100 de tous les visiteurs de la région.
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