Période de la traite des fourrures: 1760-1821

Lieu historique national de La Fourche

Quatre hommes portant des sacs à dos font de la raquette dans une forêt. L’un d’eux, au centre de l’image, tient un fusil tandis qu’un autre tire un traîneau.
Marche en raquettes.

Les propriétaires de la Compagnie de la Baie d'Hudson avaient espéré que la conquête de Québec par les forces britanniques en 1759 donnerait à la CBH une emprise incontestée sur la traite des fourrures en Amérique du Nord. Une déception énorme les attendait. Des négociants écossais ont rapidement gagné Montréal pour tirer parti de l'expertise des habitants en la matière. Avec les voyageurs francophones, les marchands de Montréal utilisaient les routes coloniales françaises pour accéder aux ressources en fourrures de l'intérieur. Les voyageurs se sont alliés aux marchands de Montréal et aux sociétés anglaises d'approvisionnement pour créer la Compagnie du Nord-Ouest. En se rendant dans les terres intérieures, ils se sont appropriés la majeure partie du commerce des fourrures, car les trappeurs trouvaient plus commode de négocier sur leur propre territoire, plutôt que de traiter avec des intermédiaires ou de faire le long et difficile trajet jusqu'à la baie d'Hudson.

Le commerce intérieur des fourrures exigeait des hommes pour transporter les pelleteries et les marchandises, ce qui créait la nécessité de disposer d'une source stable d'approvisionnement pour nourrir ces hommes - la Fourche devait jouer un rôle important à ces deux égards. Le contact entre les voyageurs et marchands et les femmes autochtones devait inévitablement produire mariages et enfants. Les enfants en question et leurs descendants n'étaient ni européens, ni autochtones - que ce soit sur le plan racial ou sur le plan personnel. Ils deviendraient les Métis. Au XIXe siècle, les Métis formaient une proportion importante de la main-d'oeuvre employée par la Compagnie du Nord-Ouest.

Le commerce intérieur des fourrures exigeait aussi d'importantes quantités de nourriture pour les hommes chargés du transport et de la négociation (souvent, il fallait prévoir des vivres pour jusqu'à quatre mois). Les compagnies de fourrure ont bien compris l'attraction qu'exerçait La Fourche sur les groupes autochtones : on y trouvait de riches ressources alimentaires aussi bien qu'une importante voie de transport. Nombre des provisions provenaient de la région de La Fourche : poissons, oiseaux aquatiques, gibier et, d'abord et avant tout, bison. Certains Métis se sont établis près de La Fourche après 1804 et sont devenus chasseurs de bison professionnels et transporteurs à contrat pour la Compagnie du Nord-Ouest. En 1810-1811, la CNO a fait construire le fort Gibraltar I à La Fourche, pour son commerce dans la région.

La Compagnie de la Baie d'Hudson était contrainte d'aménager des postes de traite dans les terres intérieures, car la ruse de la CNO avait réduit gravement ses profits. Elle a donc fait construire un poste de traite, le fort Douglas, près de La Fourche pour le commerce des fourrures et l'achat des provisions. Un des actionnaires, lord Selkirk, a permis à des Écossais dépossédés de s'établir non loin pour soutenir la traite et fournir l'entreprise en produits agricoles. Les colons écossais parrainés par lord Selkirk devaient figurer parmi les fondateurs du nouveau peuplement autour de La Fourche : la colonie de la rivière Rouge.

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