Patrimoine naturel
Lieu historique national de La Fourche
Winnipeg. La ville des Prairies par excellence? Un relief plat. Du vent. Des espaces dégagés. Bien que ce soit encore peut-être le cas à certains endroits, aussi récemment qu'il y a 200 ans, les environs de La Fourche étaient recouverts d'une forêt de chênes, de peupliers et de tilleuls d'Amérique parsemée de prairie.
Parmi les essences qui peuplaient traditionnellement les berges de la Fourche, il y avait l'érable du Manitoba, l'orme, le peuplier deltoïde, le frêne vert et le tilleul d'Amérique, lesquelles sont propres à la forêt à feuilles caduques. Sur les terres plus élevées et plus sèches, au-dessus de la laisse de crue, le chêne à gros fruits et le tremble étaient fréquents. Ces espèces propres à la forêt riveraine et à la forêt-parc s'intégraient aux étendues de prairie plus sèches sur les hautes terres.
Le gros gibier, des bisons surtout, trouvait refuge dans les vallées boisées des forêts-parcs durant l'hiver, quittant les plaines balayées par le vent pendant les jours les plus froids de l'année. La présence du gibier attirait des chasseurs autochtones dans la région ainsi que des prédateurs tels que des loups et des ours.
Aujourd'hui, les vestiges de cette forêt à feuilles caduques sont encore visibles le long des vallées des rivières Rouge, Assiniboine et Saskatchewan. À Winnipeg, le paysage original de La Fourche a été élargi pour constituer une forêt urbaine composée d'ormes et d'autres arbres, plantés pour la plupart par les premiers citoyens. Du haut de la tour du Marché de La Fourche par un jour d'été, on peut admirer le superbe couvert forestier de la ville.
La Fourche abrite encore aujourd'hui plusieurs plantes indigènes, notamment le barbon de Gérard, l'anémone des prairies, la muklembergia dressée et l'armoise de l'Ouest. Plusieurs espèces d'arbres indigènes foisonnent le long des berges des rivières, dont l'érable du Manitoba, le frêne vert et le peuplier deltoïde.
La Fourche se trouve dans les plaines inondables des rivières Rouge et Assiniboine. Elles sont susceptibles aux inondations lors de la fonte rapide des neiges au printemps. En effet, le sol a une capacité d'absorption minimale lors du dégel, et la majorité des eaux de fonte se déversent dans les rivières en quelques semaines. Les rivières en crue sortent alors de leurs berges et inondent la large et plate vallée.
Le premier fort Garry fut détruit par une des plus fortes crues du genre, en 1826. Le niveau de la rivière Rouge aurait augmenté de trois mètres en un seul jour, entraînant ainsi la formation d'un lac qui a subsisté pendant des mois et qui a emporté presque tous les bâtiments du peuplement. Lorsque les eaux se sont finalement retirées, le fort fut reconstruit de manière à résister aux inondations, sur un terrain plus élevé.
La ville de Winnipeg est protégée depuis 1968 par un canal de dérivation, fossé construit pour détourner de vastes quantités d'eau autour de la ville. Toutefois, bien que les inondations aient souvent constitué une menace pour les biens, elles ont également contribué à enrichir le sol de la vallée de la rivière Rouge, attrait important pour la colonisation des zones riveraines.
Il y a des années, les colons européens ont remplacé le bison par du bétail, et les plantes indigènes des prairies par des céréales et d'autres cultures. Pour mettre en valeur le patrimoine naturel du lieu historique national de La Fourche, on y a aménagé des jardins dans lesquels des herbes hautes indigènes côtoient de magnifiques fleurs sauvages, de manière à créer des parcelles d'histoire vivante.
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