Fiche de renseignements : Les baleiniers basques de Red Bay

Lieu historique national de Red Bay


Pendant plus de 400 ans, cette chalupa basque — la plus ancienne baleinière connue en Amérique du Nord — a reposé dans les eaux glacées de Red Bay, au Labrador.
© Parcs Canada

L’archéologie sous marine et les navires basques dans les eaux de Red Bay

Depuis les années 1540 jusqu’au début du 17e siècle, plus de 2 000 hommes et jeunes garçons basques quittaient chaque année leurs familles du Sud de la France ou du Nord de l’Espagne pour faire une traversée de plus de 4 000 kilomètres dans l’océan Atlantique Nord. Ils allaient pêcher les baleines noires de l’Atlantique Nord et du Groenland. Les lieux de destination de leurs lucratives expéditions étaient le détroit de Belle Isle et la Basse-Côte-Nord du Québec. Environ mille baleiniers se dirigeaient vers Red Bay.

C’est grâce aux recherches laborieuses de Mme Selma Barkham (Ph. D.), géographe et historienne, que ce chapitre jusqu’alors inconnu de l’histoire canadienne a pu être mis au jour. Les travaux de Mme Barkham ont donné lieu à des années de recherches archéologiques à Red Bay, une station baleinière que les Basques appelaient Butus. De 1977 à 1992, de nombreuses fouilles ont été effectuées, sous la terre par des spécialistes de l’Université Memorial de Terre-Neuve et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, et sous la mer par Parcs Canada.

Alors chef du service d’archéologie marine à Parcs Canada, Robert Grenier, accompagné de son équipe de plongeurs, a fouillé les eaux glaciales du port de Red Bay pour y trouver les épaves de navires dont les recherches de Mme Barkham laissaient supposer la présence en ce lieu. À leur grande satisfaction, les plongeurs ont découvert ce qui semble être le San Juan, un galion basque qui a coulé en 1565.

Coincée sous cette découverte extraordinaire se trouvait une embarcation plus petite connue sous le nom de chalupa, bien protégée et conservée par les eaux glacées et le limon qui la recouvraient. Cette embarcation à avirons de huit mètres de longueur sur deux mètres de largeur représente une des plus grandes avancées en matière de construction navale. Les constructeurs de navires se sont d’ailleurs inspirés par la suite de sa conception, toujours d’actualité au 21e siècle.

Conçue pour résister aux conditions difficiles comme les fortes marées et les vents violents, l’embarcation pouvait accueillir un équipage de sept hommes — un barreur et six rameurs dont un harponneur — qui poursuivaient et tuaient des baleines trois fois plus grosses qu’elle.

La reconstitution de cet objet d’un autre âge a été effectuée au laboratoire de restauration de Parcs Canada, à Ottawa. Le bois a été nettoyé et immergé pendant plusieurs années dans une cuve contenant de l’eau et du polyéthylèneglycol dissout. Ce mélange de consistance cireuse a pris la place de l’eau salée dans le bois et l’a empêché de se désintégrer. Les 153 pièces ont alors été lyophilisées. Des spécialistes ont ensuite reconstruit l’embarcation en utilisant les méthodes séculaires des charpentiers de marine basques. Enfin, ils ont construit un ber en aluminium sur mesure pour le transport de la chalupa vers Red Bay, où elle est arrivée sans encombre le 1er juillet 1998.

La somme des connaissances collectives acquises durant les années de recherche à Red Bay a complètement bouleversé notre connaissance des débuts de la pêche à la baleine à grande échelle en haute mer, et de l’histoire des premiers Européens en Amérique du Nord, notamment de la place qu’y ont occupée les Basques. Autre signe de reconnaissance de l’importance de Red Bay pour l’archéologie sous marine, un dessin de l’embarcation soupçonnée d’être le San Juan, découverte dans le port de Red Bay, a été choisi comme logo pour la Convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de 2001.

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