Histoire
Lieu historique national de l'Île-Georges
Avant 1748
Les Mi'kmaq
Arrivés après la dernière période glaciaire il y a plus de 10 000 ans, à la suite de la fonte des glaciers, les Mi’kmaq ont été les premiers à vivre dans la région d’Halifax, qu’ils appelaient Kjipuktuk, ou le « grand port ».
La glace avait décapé la terre et laissé sur son passage des amas de terre aux formes elliptiques appelés « drumlins ». L’île Georges est l’un de ces drumlins, et les Mi’kmaq l’appelaient Elpaqkwitk, ce qui signifie « l’eau qui l’éclabousse de ses vagues ».
Faisant partie du vaste territoire autochtone connu sous le nom de Mi’kma’ki (la région qui englobe généralement les provinces maritimes), Kjipuktuk était un lieu de rassemblement incontournable, une aire de récolte importante et une voie de transport principale pour les Mi’kmaq avant l’arrivée des Européens et longtemps après. La région comprend de nombreux sites culturels des Mi’kmaq.
Les Français
Les Français, qui sont arrivés dans la région au XVIIe siècle en quête de poissons et de fourrures, ont baptisé cet endroit « l’île de la Raquette » ou « île Ronde » en raison de sa forme ovale effilée.
D’ailleurs, cette île a joué un rôle important dans la tentative des Français de reconquérir la forteresse de Louisbourg. En 1746, la France a rassemblé une imposante armada de navires de guerre sous le commandement du duc d’Anville. Malheureusement, celle-ci est dispersée par les tempêtes et ravagée par la maladie. Le reste de la flotte parvient tant bien que mal à Kjipuktuk, où le duc d’Anville rend l’âme peu après; sa dépouille repose sur l’île de la Raquette.
Beaucoup de Mi’kmaq qui ont tenté d’aider les marins et soldats français malades succombent aux maladies qui ont tué de nombreux marins de la flotte d’Anville. En 1748, Louisbourg est rendue à la France par un traité, et la dépouille d’Anville est transférée à la chapelle qui se trouve là-bas.
De 1749 à 1793
Les Britanniques
Les Britanniques arrivent à Kjipuktuk 1749 et construisent une base navale pour mettre terme à la menace que continue de poser Louisbourg à la Nouvelle-Angleterre. Ils nomment la nouvelle ville Halifax et cette petite étendue de terre « île Georges », en l’honneur du roi George II. Ils y établissent des fortifications presque immédiatement après leur arrivée en raison de l’emplacement stratégique de l’île pour défendre le port.
À compter de ce moment, l’île accueillera des membres de l’Artillerie royale et d’autres régiments britanniques, et au cours des années subséquentes, des membres des Forces canadiennes.
Les Acadiens
L’île sert également de toute première prison pour la ville et de camp d’internement pour les Acadiens lors des huit années de la déportation. De 1755 à 1764, les Britanniques capturent environ 900 hommes, femmes et enfants d’origine acadienne et les détiennent sur l’île Georges. Ces prisonniers sont par la suite déportés de force ailleurs dans le monde.
À l’apogée de cette période, on compte environ 300 personnes détenues sur l’île en même temps. Gardés captifs dans au moins deux grandes remises situées sur le côté ouest de l’île, les Acadiens sont soumis à des conditions difficiles, particulièrement durant l’hiver, et y laissaient parfois leur vie. Pour les Acadiens, l’île est un lieu sacré qui revêt de l’importance sur le plan culturel.
La guerre de Sept Ans
La guerre de Sept Ans prend fin en 1763, mais le prochain conflit d’envergure ne va pas tarder à suivre.
La guerre de l’Indépendance américaine
Lorsque la guerre de l’Indépendance américaine commence en 1775, on agrandit le fort de l’île Georges. À la fin de cette guerre, Halifax est le dernier port de guerre sur le littoral qui est resté loyal aux Britanniques.
De 1793 à 1850
Fort Charlotte
En 1793, lorsque la Grande-Bretagne et la France entrent de nouveau en guerre après le début de la Révolution française, le rôle joué par Halifax comme base navale stratégique est encore une fois mis au premier plan. Le prince Edward, duc de Kent et fils de George III (et plus tard le père de la reine Victoria), arrive dans la région en 1794 pour assurer le commandement des forces militaires.
Edward parvient à améliorer la défense portuaire, notamment en érigeant sur l’île Georges un fort plus résistant qu’il nomme en l’honneur de sa mère, la reine Charlotte. La construction commence en 1798, et on verra s’ériger une batterie de tir elliptique et compacte entourée d’un fossé de défense.
Les plus anciennes structures encore debout sur l’île Georges datent de cette période.
La guerre de 1812
Durant la guerre de 1812 avec les États-Unis, on ajoute au fort d’Edward une robuste tour Martello, l’une des cinq tours d’Halifax. À cette époque, les autorités militaires britanniques reconnaissaient l’île Georges comme l’élément crucial dans la défense du port d’Halifax.
De 1850 à 1906
Changements dans la stratégie de défense du port
Outre l’ajout de plusieurs galeries de tir « à l’épreuve des bombes » appelées caponnières, le fort Charlotte demeure inchangé pendant des décennies, jusqu’à ce que des avancées technologiques dans le domaine militaire exigent une reconstruction en profondeur de la structure.
L’arrivée des navires de guerre à coque de fer dans les années 1850 mène à la conception de nouvelles pièces d’artillerie rayées plus puissantes, d’une portée et d’une précision supérieures. Cette nouvelle génération de canons à âme rayée et à chargement par la bouche va forcer les autorités à réviser de fond en comble la stratégie de défense du port. Les défenses côtières d’Halifax, y compris de l’île Georges, sont reconstruites et se voient dotées d’une nouvelle artillerie afin qu’elles puissent tirer parti des plus récentes technologies.
La construction du nouveau fort Charlotte débute en 1864 et se poursuivra jusqu’en 1873. L’ancienne tour Martello est démolie et l’extrémité sud du fort devient une batterie d’artillerie à deux niveaux dotée d’un système souterrain d’entreposage et distribution de munitions, semblable à un labyrinthe. Huit pièces de canons rayés de 9 pouces à chargement par la bouche sont montées dans une batterie supérieure, et quatre pièces de canons rayés de 10 pouces à chargement par la bouche, dans la batterie inférieure souterraine.
Dans les années 1880 et 1890, la rapide évolution des systèmes d’armes se poursuit et les canons à âmes rayées et à chargement par bouche du fort Charlotte deviennent alors obsolètes.
Un système de mines sous-marines
Pour remédier à la situation, les Britanniques mettent en place un système de mines sous-marines (ou mines marines) à la fine pointe de la technologie qui peut déployer rapidement des mines submergées dans le chenal du port de chaque côté de l’île en cas d’attaque d’une flotte ennemie. Un nouvel équipement d’artillerie composé de canons modernes à tir rapide et à chargement par la culasse est également installé dans la batterie supérieure pour se défendre contre les torpilleurs rapides.
De 1906 à 1965
Le gouvernement du Canada
En 1906, le gouvernement du Canada hérite de la responsabilité des défenses d’Halifax qui relevait auparavant des Britanniques. À ce moment, l’île Georges est moins importante, étant donnée la portée croissante de l’artillerie et les nouveaux forts côtiers construits vers l’embouchure du port.
La Première Guerre mondiale
Néanmoins, certaines des premières troupes canadiennes rassemblées pour servir au cours de la Première Guerre mondiale sont déployées sur l’île Georges, où un rempart anti-sous-marin a été érigé des deux côtés de l’île pour empêcher les U-boats allemands d’accéder au port intérieur.
La Seconde Guerre mondiale
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les soldats de l’unité d’artillerie antiaérienne stationnée sur l’île seront les derniers postés sur l’île.
Lieu historique national
L’île est désignée lieu historique national en 1965.
Liens connexes
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