Qui sont les personnages-clés de l’expédition de Franklin

Lieu historique national des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror

En 1845, l’expédition de Franklin, composée de deux navires de la Marine britannique et de 129 membres d’équipage, part pour l’Arctique et disparaît. De nombreuses expéditions sont lancées pour retrouver les navires et les hommes disparus. Les Inuits jouent un rôle important dans les recherches en aidant à résoudre le mystère.

Franklin et l’équipage

Sir John Franklin


Date de naissance : 16 avril 1786 Date de décès : 11 juin 1847

L’Amirauté britannique, l’organe administratif de la Royal Navy, nomme Sir John Franklin pour diriger l’expédition de 1845 dans l’Arctique. Cela faisait près de 20 ans que Franklin, un officier de marine de carrière, n’avait pas voyagé dans l’Arctique. En 1818, il avait été nommé capitaine du HMS Trent dans le cadre d’une expédition chargée de traverser le pôle Nord et, entre 1819 et 1829, il avait dirigé deux expéditions terrestres lancées pour explorer et tracer la côte nord du Canada continental.

Au début de sa carrière navale, Franklin a servi à bord de navires participant aux guerres napoléoniennes, notamment à la bataille de Trafalgar, ainsi qu’à la cartographie de la côte australienne. Plus tard, il a dirigé un vaisseau qui avait patrouillé la Méditerranée. De 1837 à 1843, il a occupé le poste de lieutenant-gouverneur de la terre de Van Diemen (aujourd’hui la Tasmanie, en Australie).


Premières années et carrière

John Franklin est né en 1786 à Spilsby, en Angleterre, dans une famille de marchands de la classe moyenne. Malgré l’opposition de son père, qui espérait que son fils devienne membre du clergé, Franklin s’engage dans la Royal Navy à l’âge de 14 ans. Comme de nombreux marins à l’époque, il occupe plusieurs fonctions dans la marine, gravissant les échelons et acquérant de l’expérience. Il sert à bord de navires pendant les guerres napoléoniennes, notamment à la bataille de Copenhague (1801) et à celle de Trafalgar (1805). Il est blessé lors de la guerre de 1812 en Amérique du Nord. Son premier voyage de découverte (1801-1803) vise à cartographier les côtes australiennes, une expérience qui a probablement éveillé son intérêt pour l’exploration. Une fois Napoléon vaincu et la paix établie, Franklin, comme un grand nombre de soldats britanniques, est démobilisé et se retrouve en demi-solde et sans travail. L’Amirauté britannique emploie un certain nombre des navires et des hommes disponibles pour relancer la recherche d’un passage du Nord-Ouest entre les océans Atlantique et Pacifique, une initiative parrainée par le gouvernement.

Franklin participe à l’une de ces premières expéditions. En 1818, il est nommé capitaine du HMS Trent, un petit navire baleinier, dans une expédition menée par le capitaine Buchan à bord de la Dorothea. Croyant que le pôle Nord se trouvait en mer libre, l’expédition prévoit naviguer de Spitsbergen (nord de la Norvège) au détroit de Béring. Toutefois, une banquise infranchissable les force à rebrousser chemin.

Arpentage par voie terrestre du passage du Nord-Ouest

En 1819, l’Amirauté confie à Franklin le commandement d’une expédition terrestre chargée de cartographier la côte nord de l’Amérique du Nord. Cette expédition s’inscrit dans le cadre d’un plan plus vaste pour trouver un passage du Nord-Ouest en déterminant les limites du continent. Les explorations terrestres sont accompagnées de continuels voyages maritimes lancés pour cartographier l’archipel Arctique et trouver un passage maritime.

Bien que Franklin et ses hommes finissent par arpenter la côte à partir de l’embouchure de la rivière Coppermine, l’expédition connaît des épreuves dès le début. On avait demandé à des compagnies de traite des fourrures de fournir des provisions et des guides, mais leur aide était insuffisante. Franklin et ses hommes n’avaient pas les connaissances et l’expérience nécessaires pour survivre sur le territoire. À la fin, les hommes étaient réduits à manger des peaux de caribous, des os, du lichen et du cuir de bottes bouilli avant que George Back et un groupe de Dénés n’arrivent enfin avec de la nourriture. Entre-temps, 11 des 19 hommes avaient succombé à la faim, au froid et à des disputes internes.

Cette désastreuse expédition devient célèbre : à Londres, Franklin est connu comme « l’homme qui mangea ses bottes ». Durant son retour au pays, il épouse Eleanor Anne Porden et leur fille Eleanor Isabella naît. Le mariage est toutefois de courte durée : malade depuis plusieurs années, Eleanor meurt de tuberculose pendant que Franklin est en route pour son deuxième arpentage de l’Arctique.

Un arpentage mieux réussi

L’Amirauté nomme Franklin à la direction d’une deuxième expédition terrestre (1825-1827) chargée d’explorer davantage la côte de l’Arctique. Fort des leçons tirées des erreurs de sa dernière expédition, Franklin prépare un voyage plus autosuffisant. Il effectue les préparatifs longtemps à l’avance et envoie auparavant les fournitures aux postes de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Franklin cartographie près de 2 000 kilomètres de la côte de l’Arctique depuis l’embouchure du fleuve Mackenzie. Sur le chemin de retour en août 1827, pendant qu’il traverse le Haut Canada, Franklin s’arrête dans une petite ville forestière appelée Bytown, qui deviendra plus tard Ottawa, la capitale du Canada. Il y pose une pierre pour l’une des écluses à l’entrée du canal Rideau.

Progression et dernier voyage

En novembre 1828, il épouse Jane Griffin, une amie de sa défunte femme. Le roi George IV le fait chevalier en 1829. Franklin prévoit faire d’autres expéditions dans l’Arctique, mais l’Amirauté l’envoie patrouiller la mer Méditerranée pendant la guerre d’indépendance grecque, de 1830 à 1833. En 1836, Franklin accepte le poste de lieutenant-gouverneur de la terre de Van Diemen (Tasmanie).

Peu après son retour à Londres en 1843, Franklin apprend que le gouvernement prévoit relancer la recherche du passage du Nord-Ouest. À l’âge de 58 ans, il est nommé commandant de l’expédition, qui quitte la Grande-Bretagne le 19 mai 1845. Dans de précieuses lettres envoyées au pays avant l’arrivée des navires dans l’Arctique, des officiers à bord du HMS Erebus décrivent Franklin comme un homme très pieux, apprécié et intéressant, qui parle souvent de ses premières explorations au cours de dîners partagés dans sa cabine.

Sir John Franklin est mort le 11 juin 1847, selon la « note de la pointe Victory » signée par Francis Crozier et James Fitzjames.

Capitaine Francis Crozier


Date de naissance : septembre 1796 Date de décès : non consignée

Lorsqu’il a été nommé commandant adjoint de l’expédition de Franklin, Francis Crozier avait déjà dirigé le HMS Terror dans le cadre d’une mission de quatre ans dans l’Antarctique. Il avait une vaste expérience des eaux polaires du nord et du sud. Francis Crozier était un scientifique et un marin qui avait acquis des connaissances spécialisées sur le magnétisme terrestre, lesquelles lui ont valu une bourse de recherche de la Société royale.

Après la mort de Franklin en juin 1847, la responsabilité de l’expédition était revenue à Crozier. Crozier aurait vraisemblablement été celui qui a pris de la décision d’abandonner les navires et de se rendre avec les hommes vers le sud par voie terrestre. Leur progression a été observée par des Inuits. Quelques-uns de leurs récits ont survécu dans la tradition orale inuite.


Premières années et carrière

Francis Rawdon Moira Crozier est né dans une famille irlandaise aisée à Banbridge, dans le Nord de l’Irlande, en 1796. Il entame sa carrière navale à l’âge de 13 ans.

Lorsque Crozier se joint à l’expédition de Franklin, il a déjà participé à plusieurs explorations polaires, y compris à deux tentatives de traversée du passage du Nord-Ouest, l’une pour atteindre le pôle Nord et l’autre pour explorer l’Antarctique.

Première voyage de Crozier dans l’Arctique

Crozier prend part aux efforts de 1821 de William Edward Parry pour trouver le passage du Nord Ouest. Parry est l’un des plus grands explorateurs de l’Arctique de l’époque, et a raffiné plusieurs des techniques de la Royal Navy pour voyager dans l’Arctique et survivre les hivers longs, froids et sombres. Crozier fait des observations scientifiques durant le voyage, et se lie d’amitié avec son collègue et aspirant de marine, James Clark Ross. Leurs navires, les HMS Fury et Hecla, passent deux hivers dans la région et retournent au pays en 1823. Au cours de leur premier hiver, les explorateurs rencontrent un groupe d’Inuits près de l’île de Southampton, qui les informe qu’il n’y a aucune voie navigable à travers la baie d’Hudson menant à un passage. L’expédition retourne en Grande-Bretagne avec une meilleure connaissance géographique de l’Arctique.

Nouvelle participation à la recherche du passage du Nord-Ouest

Crozier se joint à nouveau à Parry en 1824 avec l’Hecla et la Fury. Cette expédition se termine par un désastre lorsque, en août 1825, le HMS Fury est gravement endommagé par des glaces et est abandonné au large de la côte de l’île Somerset. L’autre navire de l’expédition, le HMS Hecla, ramène les deux équipages à Peterhead, en Écosse. Crozier est promu lieutenant pour son excellent service et est élu membre de la Société royale pour son travail scientifique.

En avril 1827, Crozier et Ross se joignent à nouveau à Parry dans sa dernière expédition dans l’Arctique, une tentative ratée d’atteinte du pôle Nord. Pendant que Parry et Ross entreprennent de petites expéditions par voie terrestre depuis l’extrémité nord de l’actuel Norvège, Crozier assure le commandement des navires. L’expédition retourne au pays en août.

Recherche géographique de l’Antarctique

En 1839, la Société royale et l’Académie britannique persuadent le gouvernement britannique à lancer une expédition dans l’Antarctique pour y mener des recherches scientifique et géographiques. Le 30 septembre 1839, le HMS Terror et le HMS Erebus prennent la mer avec Crozier comme capitaine du HMS Terror pendant que la direction générale de l’expédition relève de son ami Ross. Ils passent plusieurs mois à Hobart, dans la terre de Van Diemen (connue aujourd’hui sous le nom de Tasmanie), où le lieutenant-gouverneur Sir John Franklin les accueille chaleureusement.

Les noms des particularités géographiques de l’Antarctique sont le reflet de leur mission qui a duré quatre ans : le mont Erebus, le mont Terror, la barrière de Ross et le cap Crozier. Ils plantent le drapeau britannique au pôle magnétique Sud, un exploit remarquable pour Ross, qui avait repéré le pôle magnétique Nord sur la côte ouest de péninsule de Boothia en 1831.

Dernier voyage

Crozier est à nouveau nommé capitaine du HMS Terror dans le cadre de l’expédition de Franklin en 1845. La réalisation de levés scientifiques était un élément important de l’expédition, mais elle ne relève pas de la responsabilité de Crozier. Cette tâche est confiée par l’Amirauté au commandant James Fitzjames du HMS Erebus.

À la mort de Franklin en juin 1847, Crozier prend le commandement de l’expédition. Il cosigne avec James Fitzjames la « note de la pointe de Victory » en avril 1848, qui rapporte la mort de Franklin et la décision d’abandonner les navires et de partir avec les hommes vers le sud en direction de la rivière Back.

Capitaine James Fitzjames


Date de naissance : 27 juillet 1813 Date de décès : non consignée

James Fitzjames était troisième dans la chaîne de commandement de l’expédition de Franklin et le commandant du HMS Erebus. Il avait auparavant participé à des opérations navales en Syrie, en Égypte et en Chine, mais n’avait jamais pris part à une expédition polaire. Il était chargé de recruter des officiers et des membres d’équipage pour l’expédition. Il était également responsable, durant le voyage, des recherches magnétiques. Après la mort de Franklin et avant de quitter par voie terrestre avec les survivants, Crozier et lui ont co-signé la note laissée dans le cairn à Victory Point.


129 hommes disparus en mer

Au XIXe siècle, l'orthographe des noms n’étaient pas toujours fixe. L’orthographe des noms des membres de l’équipage employé ici est celle utilisée dans les « Muster books » originaux de 1845 produits par la Royal Navy (en anglais seulement) au National Maritime Museum (musée maritime national) de Greenwich, à Londres.


Équipage de l’Erebus (en ordre alphabétique)
Joseph Andrews
Sir John Franklin
Francis Pocock
Daniel Arthur
Josephus Geater
Philip Reddington
Richard Aylmore
Harry D. S. Goodsir
William Reed
William Bell
Graham Gore
James Reid
Charles Best
John Gregory
James Rigden
William Braine
James Hart
Robert O. Sargent
John Bridgens
John Hartnell
Abraham Seely
Samuel Brown
Thomas Hartnell
Robert Sinclair
James W. Brown
Joseph Healey
William Smith
David Bryant
Edmund Hoar
Stephen S. Stanley
George Chambers
Robert Hopcraft
John Strickland
William Clossan
Robert Johns
John Sullivan
Henry F. Collins
Henry T. D. Le Vesconte
Thomas Tadman
Charles Coombs
Henry Lloyd
Thomas Terry
Edward Couch
William Mark
George Thompson
John Cowie
Thomas McConvey
Richard Wall
Charles F. Des Voeux
John Morfin
Thomas Watson
John Downing
John Murray
John Weekes
Francis Dunn
William Orren
George Williams
James W. Fairholme
Charles H. Osmer
Thomas Work
Robert Ferrier
Alexander Paterson
David Young
James Fitzjames
William Pilkinton
William Fowler
Thomas Plater
Équipage du Terror (en ordre alphabétique)
Thomas Armitage
Edwin J. H. Helpman
Reuben Male
John Bailey
Cornelius Hickey
Magnus Manson
John Bates
George Henry Hodgson
John S. Peddie
Alexander Berry
Samuel Honey
Henry Peglar
Thomas Blanky
Thomas Honey
William Rhodes
George J. Cann
Frederick John Hornby
Henry Sait
Samuel Crispe
John Irving
William Shanks
Francis R. M. Crozier
William Jerry
David Sims
James Daly
Charles Johnson
William Sinclair
Thomas Darlington
Thomas Johnson
Luke Smith
John Diggle
William Johnson
William Strong
Thomas Evans
Thomas Jopson
Robert Thomas
Thomas R. Farr
John Kenley
James Thompson
Edward Genge
George Kinnaird
John Torrington
William Gibson
John Lane
Solomon Tozer
William Goddard
Edwin Lawrence
James Walker
Robert Golding
David Leys
William Wentzall
John Hammond
Edward Little
Henry Wilks
John Handford
Gillies A. Macbean
Alexander Wilson
William Heather
Alexander Macdonald
John Wilson
William Hedges
David McDonald

Premières recherches

Plus de 30 expéditions dans l’Arctique ont pris part aux efforts de recherche officiels de Franklin entre 1848 et 1854; douze (12) grandes expéditions ont été envoyées en 1850 seulement. Les premiers chercheurs figurant dans la présente section ne représentent qu’un petit nombre de personnes parties à la recherche des navires disparus.

Lady Jane Franklin


Date de naissance : 4 décembre 1791 Décès : 18 juillet 1875

Jane Franklin est implacable. Elle joue un rôle déterminant dans la recherche de son mari, faisant pression sur l’Amirauté lorsque l’intérêt de celle-ci faiblissait. Au cours de nombreuses années, elle écrit des lettres à des dirigeants gouvernementaux et à la presse. Elle finance plusieurs expéditions par elle-même. Lorsque le gouvernement britannique refuse de financer d’autres recherches, Lady Franklin organise et verse près de 8 000 £ de son propre argent dans le coût total de plus de 10 000 £ (environ 2 millions $ aujourd’hui) pour financer l’expédition de McClintock à l’île Roi-Guillaume.


Premières années

Jane Griffin épouse John Franklin en 1828. Instruite et pleine de ressources, Lady Franklin voyage beaucoup avec son mari. Elle s’intéresse énormément à l’exploration depuis de nombreuses années et suit les voyages de nombreux explorateurs de l’Arctique, y compris le voyage en mer d’Edward Parry et la première expédition terrestre de John Franklin, tous deux entamés en 1818. Pendant le mandat de son mari à titre de lieutenant gouverneur de la terre de Van Diemen (aujourd’hui la Tasmanie), Lady Franklin développe un intérêt pour la vie professionnelle de celui-ci. Ils retournent à Londres en 1843. Deux ans plus tard, Franklin part à la recherche du passage du Nord-Ouest. Ce serait la dernière fois qu’elle le verrait.

À la recherche de Sir John Franklin

En 1848, le Parlement britannique offre une première récompense de 10 000 £ pour le sauvetage de Franklin, somme à laquelle Lady Franklin ajoutera ultérieurement 3 000 £ de son propre argent (ce qui correspond à plus de 500 000 $ aujourd’hui). Lady Franklin supplie Sir John Richardson de l’accompagner durant l’expédition terrestre parrainée par l’Amirauté pour retrouver les hommes disparus. Richardson, un ami de Franklin, était lui aussi un explorateur chevronné de l’Arctique et avait participé à la deuxième expédition terrestre de Franklin. Lorsqu’elle se rend compte qu’il lui serait défendu d’accompagner les expéditions de recherche parce qu’elle était une femme, elle utilise tous les moyens à sa disposition pour approfondir les recherches pour retrouver son mari disparu. Elle écrit de nombreuses lettres et publie plusieurs articles pour sensibiliser le public et réussit à mobiliser des ressources pour les recherches.

Sympathie du public

Une presse compatissante représente Lady Franklin comme une héroïne tragique. Ses efforts inlassables pour retrouver son mari incitent Le Quebec Mercury à écrire :

…nous ne serons pas étonnés si cette noble femme doit traverser des régions enneigées du Nord, [...] et sur les rives de la mer dans l’Arctique, le péril de sa vie dans la recherche pour le sauver [...].

Quebec Mercury, 19 janvier 1850

Lorsque Lady Franklin lance un appel pour une journée de prière en l’honneur de son mari, plus de 60 églises y participent. Des chansons et des poèmes populaires célèbrent son dévouement pour son mari disparu. Plus que toute autre personne, Lady Franklin élève une opération de recherche navale à distance au statut de croisade.

Financement des expéditions de recherche

Lady Franklin finance non seulement une grande partie de ses propres recherches en dehors des efforts du gouvernement, elle trouve aussi de nouveaux sympathisants tels que Henry Grinnell, un homme d’affaires américain qui finance deux expéditions. Elle persuade le président américain Zachary Taylor de contribuer à la recherche en apportant l’appui de la Marine américaine. Elle convainc aussi le tsar de la Russie d’envoyer une expédition de recherche au détroit de Bering. Soutenue par le public, Lady Franklin fait pression sur le gouvernement pour intensifier les recherches. En 1849, l’Amirauté augmente la récompense pour retrouver Franklin à 20 000 £ (plus de 2 millions $ aujourd’hui).

Au fil des années, Lady Franklin finance et organise sept expéditions. Ce genre d’opérations est très dispendieux, mais elle déclare publiquement qu’elle y verserait toute sa fortune s’il le fallait. Sa détermination mène à de graves divisions au sein de la famille de Franklin et envenime sa relation avec Eleanor, la fille de Franklin issue de son premier mariage. En 1851, Lady Franklin est déshéritée par son propre père.

Commémoration de Sir John Franklin

À l’automne 1854, John Rae revient de l’Arctique avec des nouvelles sombres et choquantes : des récits d’Inuits sur des hommes blancs malades et affamés recourant au cannibalisme. Plusieurs Inuits avaient en main des vestiges de ces hommes, des articles provenant de l’expédition disparue. Lady Franklin défend vigoureusement l’honneur de son mari. À sa demande, Charles Dickens discrédite Rae et ses informateurs inuits dans son journal hebdomadaire, le Household Words.

Quand l’expédition de McClintock confirme la mort de Franklin, Lady Franklin s’emploie désormais à consolider l’héritage de son mari. Elle finance l’établissement de deux monuments commémoratifs de Franklin et de son expédition finale, un à la place Waterloo, à Londres, et l’autre à Hobart, en Tasmanie. Sa campagne pour faire installer un buste de son mari à l’abbaye de Westminster s’est réalisée deux jours après qu’elle décède en juillet 1875.

John Rae


Date de naissance : 30 septembre 1813 Décès : 22 juillet 1893

John Rae, un chirurgien et arpenteur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, est le premier explorateur à fournir des renseignements concrets sur le sort de l’équipage de Franklin. Contrairement à un grand nombre des explorateurs de l’Arctique du XIXe siècle, Rae acquiert plusieurs de ses compétences impressionnantes en apprenant les techniques de chasse et de voyage des Autochtones. Au cours d’un voyage dans la péninsule de Boothia en 1854, Rae entend des récits d’Inuits de la région selon lesquels il y a eu des hommes blancs vers l’ouest, qui étaient malades, affamés ou morts. Plus tard, le capitaine McClintock confirme qu’il s’agissait des hommes du HMS Erebus et du HMS Terror voyageant le long de l’île Roi-Guillaume.


Premières années et carrière

Né en 1813 dans les îles Orcades, Rae étudie la médecine à Edinburgh et devient chirurgien praticien à l’âge de 19 ans. Il se joint à la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1834 et est envoyé à Moose Factory (Ontario) à bord du navire ravitailleur, le Prince of Wales. Lorsque le navire est pris dans une banquise à l’île Charlton dans la baie James, de nombreux hommes souffrent du scorbut. Un ingénieux Rae les traite à l’aide de canneberges et de pousses de pois sauvages trouvés sous la neige.

De la chirurgie à l’arpentage

Pendant son séjour à Moose Factory, Rae apprend plusieurs méthodes de chasse et de déplacement des Cris. En 1845, Rae prévoit de dresser la carte de la côte nord du Canada continental. Il constitue une équipe composée d’Écossais, d’un Anglais, de Canadiens français, de Cris et de Métis expérimentés. Deux chasseurs inuits se joignent à eux : Ouligbuck (également orthographié Ooligbuck et Uligpak) et son fils William Ouligbuck, Jr., ou Mar-ko.

Leurs explorations aident à tracer des routes possibles à travers le passage du Nord-Ouest encore non découvert. Rae détermine avec certitude que Boothia est une péninsule reliée au continent. L’expédition cartographie 1 050 kilomètres de la côte, reliant les cartes d’explorateurs précédents.

Rae emploie des techniques de chasse, de déplacement et de survie autochtones. Il apprend à bâtir des maisons de neige et à conduire des traîneaux à chiens. Il porte aussi des vêtements autochtones qu’il trouve plus efficaces que les vêtements européens disponibles. Ses équipes étaient petites, transportant peu d’équipement, ce qui rendait ses expéditions plus flexibles et plus autosuffisantes que celles de ses contemporains. Il est bien connu pour son admiration des populations locales, préférant en général leur compagnie.

Preuves du sort de Franklin

En termes de preuves solides du sort de Franklin et de son équipage, la quatrième et dernière expédition de Rae dans l’Arctique est la plus fructueuse. En avril 1854, des Inuits de la région de la baie Pelly racontent à Rae que des « kabloonas » (hommes blancs) étaient morts de faim quatre ans auparavant – et que ces hommes avaient recouru au cannibalisme. Rae recueille d’autres récits à Repulse Bay et récupère des vestiges de l’expédition de Franklin aux deux endroits.

Dans son rapport à l’Amirauté, Rae inclut l’information concernant les témoignages de cannibalisme chez l’équipage. Bien que cette partie du rapport de Rae suscite de vives critiques, le gouvernement accorde finalement une récompense à Rae en juillet 1856, qu’il partage avec ses compagnons de 1854.

Retraite de Rae

Rae prend sa retraite de la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1857, mais continue de voyager. Il réalise un arpentage en 1860 pour l’Atlantic Telegraph Company en Islande et au Groenland, et en 1865, trace sur carte le nord de la Colombie-Britannique pour le compte de la Canadian Telegraph Company. Il publie également plusieurs ouvrages sur ses voyages et donne de nombreuses conférences. Bien que John Rae n’ait jamais été fait chevalier, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des grands explorateurs de l’Arctique du XIXe siècle.

Francis Leopold McClintock


Date de naissance : 8 juillet 1819 Décès : 17 novembre 1907

Francis McClintock, un officier chevronné de la marine, voyage pour la toute première fois dans l’Arctique lors de la première expédition envoyée par la Royal Navy, en 1848, pour retrouver les HMS Erebus et Terror. Après l’annonce de la nouvelle de John Rae que des Inuits qui auraient aperçu des hommes malades et affamés, Lady Franklin embauche McClintock pour commander le voilier à vapeur, Fox. L’expédition de McClintock embarque en juillet 1857 pour tenter de secourir les survivants et de récupérer toute trace écrite. En 1859, McClintock et ses hommes explorent l’île Roi-Guillaume, recouvrant des vestiges de l’expédition et consignant des récits d’Inuits. Toutefois, c’est son commandant adjoint, le lieutenant Hobson, qui fait une découverte étonnante : une note écrite de l’équipage de Franklin.


Premières années et carrière

Né en Irlande en 1819, Francis Leopold McClintock s’engage dans la Royal Navy à l’âge de 12 ans. Il sert dans différentes affectations dans l’Arctique, gravissant les échelons pour enfin devenir lieutenant en 1845.

Recherche de Franklin en 1848

McClintock est deuxième lieutenant avec James Clark Ross en 1848, dans l’une des premières expéditions envoyées à la recherche de Franklin. Lorsque les navires de Ross, le HMS Enterprise et le HMS Investigator, se sont retrouvés coincés dans les glaces au large de la côte nord de l’île Somerset, l’expédition poursuit son voyage sur terre mais ne trouve aucune trace de Franklin. La côte ouest de l’île Somerset près du détroit de Bellot est remplie de glaces. Ross est alors persuadé qu’aucun navire n’aurait pu naviguer ses eaux. Il ignorait que quelques mois plus tôt seulement, en avril 1848, le commandant adjoint de Franklin, Francis Crozier, avait abandonné ses navires à moins de 300 kilomètres au sud.

Poursuite des recherches pour retrouver l’expédition de Franklin

En 1850, McClintock était le premier lieutenant à bord du HMS Assistance durant une autre expédition. Il est par la suite nommé capitaine du HMS Intrepid, qui fait partie de l’expédition de Sir Edward Belcher (1852-1854), le dernier des grands efforts de la Royal Navy pour retrouver l’expédition de Franklin.

À cette époque, les expéditions de la Royal Navy voyageaient sur terre et glace de mer avec de grands traîneaux tirés par des groupes d’hommes. McClintock améliore la conception des traîneaux ainsi que des techniques connexes, et recommande même des provisions et d’autres équipements. Au printemps de 1853, McClintock dirige le long trajet en traîneaux tirés par des hommes jamais entrepris dans l’Arctique nord-américain. En 105 jours, il parcourt 2 250 kilomètres et cartographie des parties jusqu’alors inexplorées des îles Prince Patrick, Emerald, Eglinton et Melville. L’expédition de Belcher est connue, en partie, pour avoir secouru l’équipage du HMS Investigator coincé sur l’île Banks. Le voyage de retour est long. La glace coince les navires de Belcher à l’hiver 1853-1854 et, lorsqu’il semble qu’ils resteraient bloqués un autre hiver encore, Belcher ordonne l’abandon de quatre des cinq navires, y compris le HMS Intrepid. L’expédition est de retour en Grande-Bretagne en octobre 1854.

Le Fox

Déterminé à donner suite aux renseignements de Rae sur le sort des hommes de Franklin, Lady Franklin achète le voilier Fox et le fait modifier pour qu’il puisse naviguer dans l’Arctique. McClintock accepte le poste de commandant de cette nouvelle expédition, qui prend la mer en juillet 1857. Fox a un petit effectif de 25 officiers et membres d’équipage, ce qui est insuffisant pour des traîneaux tractés par des hommes. À la baie Disko, au Groenland, McClintock se procure des chiens à traîneaux et engage un conducteur inuit. Le navire passe l’hiver coincer dans les glaces dans la baie de Baffin et n’entre au détroit de Lancaster qu’au printemps 1858, atteignant en fin de compte le détroit de Bellot et passant un deuxième hiver (1858-59) dans l’extrémité est.

McClintock rencontre un groupe d’Inuits à Cap Victoria, sur la péninsule de Boothia, qui ont en leur possession différentes pièces d’argenterie et autres vestiges de l’équipage de Franklin. Les Inuits racontent qu’un navire avait été détruit par la glace à l’ouest de l’île Roi-Guillaume.

En avril 1859, McClintock et son officier subalterne, le lieutenant William Hobson, se rendent à l’île Roi-Guillaume, où ils se séparent. McClintock se rend alors à l’est, où il récupère des pièces d’argenterie et des articles en bois du HMS Erebus et du HMS Terror. Il y trouve aussi un traîneau lourd transportant une embarcation du navire, mais surtout, des squelettes, des tombes et des livres et vêtements abandonnés.

Un document, deux messages

En même temps, Hobson trouve un cairn de pierre à Victory Point, près de l’extrémité nord de l’île. À l’intérieur se trouve un tube en métal contenant une note, sur laquelle sont écrits deux messages. Le premier message confirme que l’expédition de Franklin avait passé l’hiver à l’île Beechey après s’être retrouvé coincé dans de la glace en septembre 1846 au nord de l’île Roi-Guillaume. Le deuxième message, ajouté en avril 1848, relate qu’en tout 24 officiers et hommes avaient trouvé la mort, y compris Sir John Franklin (le 11 juin 1847). Les 105 survivants avaient abandonné le navire et se rendaient par voie terrestre vers la rivière Back’s Fish (qui deviendra la rivière Back).

L’expédition retourne en Angleterre en septembre. McClintock est fait chevalier, reçoit la « liberté de la ville de Londres » et est élu membre de la Société royale de géographie et de la Société royale. Son dernier voyage dans l’Arctique est en 1860 à titre de capitaine du HMS Bulldog, dans le cadre d’un arpentage pour l’installation d’un câble télégraphique franchissant l’Atlantique. Il est promu amiral la veille de sa retraite en 1884.

Charles Francis Hall


Date de naissance : autour de 1821 Décès : 8 novembre 1871

Le journaliste américain Charles Hall était convaincu que des hommes de Franklin avaient survécu. Il passe plus de dix ans à interviewer des Inuits avec l’aide des interprètes et guides Taqulittuq et Ipiivik. Lors d’une rencontre avec un Inuit appelé Inukpujijuq, il obtient un témoignage de première main d’une visite d’un navire et des indications de l’emplacement général de l’épave. Les comptes rendus et les interviews de Hall constituent de précieuses archives : ces renseignements ont été exploités dans le cadre d’autres recherches, y compris celles menées par Parcs Canada, qui ont été lancées en 2008 et ont duré plusieurs années.

Frederick Schwatka


Date de naissance : 29 septembre 1849 Décès : 2 novembre 1892

La recherche de l’expédition de Franklin inspire des gens au-delà des frontières de la Grande Bretagne et du Canada. Frederick Schwatka, un Américain qui a servi dans l’armée américaine, croyait que des documents de l’expédition de Franklin avaient survécu et qu’il était encore possible de les retrouver. Même s’il n’avait jamais été dans l’Arctique, Schwatka est nommé dirigeant d’une expédition à financement privé commandité par l’American Geographical Society de New York. Il quitte depuis New York en juin 1878 avec un petit groupe d’explorateurs. Entre 1879 et 1880, Schwatka entreprend un voyage en traîneaux à chiens de 5 232 kilomètres, le plus long voyage du genre enregistré à l’époque. Bien que Schwatka n’ait trouvé aucun nouveau document écrit, il récupère de nombreux vestiges et consigne des récits d’Inuits. Ipiivik, qui avait travaillé auparavant pour Hall, est l’interprète et le guide de Schwatka.

Chercheur inuits

Les premiers chercheurs ont rencontré des Inuits qui avaient soit été témoins de la fin tragique et terrible des hommes de Franklin ou qui l’avaient appris à travers d’histoires orales transmises de génération en génération. Ces précieux témoignages, consignés au XIXe siècle, ainsi que les connaissances actuelles des Inuits, ont mené à la découverte des navires en 2014 et en 2016. Faites connaissance avec les Inuits qui ont pris part aux premières recherches et qui, plus important encore, ont servi d’interprètes, de guides et de membres d’équipes d’expédition.

William Uligpak


Date de naissance : non consignée Décès : non consignée

William Uligpak (William Ouligbuck Jr), également connu sous le nom de Mar-ko, était un chasseur Inuit qui a servi d’interprète et de guide pour l’explorateur de l’Arctique John Rae. Le père de Mar-ko avait également participé aux premières expéditions de Rae et avait voyagé avec d’autres explorateurs européens, notamment lors de l’expédition terrestre de John Franklin en 1825-1827. En 1854, ce sont les conversations de Mar-ko avec des peuples de la région de la baie Pelly qui permettent à Rae d’obtenir le premier élément de preuve sur le sort des hommes des HMS Erebus et Terror, y compris des récits de cannibalisme. Avec l’aide de Mar-ko, Rae récupère des objets de l’expédition de Franklin. Lorsque l’exactitude de l’information de Mar-ko est remise en doute à Londres, Rae défend son interprète, ainsi que le caractère de ses informateurs inuits.

Taqulittuq and Ipiivik


Date de naissance : Fin des années 1830 Décès : Taqulittuq décède le 31 décembre 1876 et Ipiivik, autour de 1881

© Bibliothèque et Archives Canada

L’équipe femme et mari Taqulittuq et Ipiivik soutient Charles Hall dans sa quête pour retrouver des survivants de l’expédition de Franklin. Taqulittuq et Ipiivik proviennent de la région de l’île de Baffin et apprennent l’anglais auprès des baleiniers; ils se rendent même jusqu’en Angleterre pour poursuivre leurs études. Ils sont aussi connus sous les noms anglais Hannah et Joe. Hannah sert d’interprète, tandis que Joe travaille surtout comme chasseur et guide.


Premières années

Taqulittuq et Ipiivik, femme et mari, sont nés près de la baie Cumberland, sur l’île de Baffin, vraisemblablement à la fin des années 1830. Leurs noms sont orthographiés de différentes façons y compris Tookoolito et Ebierbing. Après avoir rencontré un capitaine de baleinier britannique, ils se rendent en Grande Bretagne où ils demeurent, de 1853 à 1855, pour apprendre l’anglais. Pendant cette période, on les présente à la reine Victoria.

Voyage avec Charles Hall

Ils rencontrent l’explorateur américain Charles Francis Hall en 1860 sur l’île de Baffin. Hall, un journaliste américain fasciné par l’Arctique, est déterminé à trouver des survivants de l’expédition de Franklin. Ipiivik et Taqulittuq accompagnent Hall dans deux expéditions dans l’Arctique, en 1860-1862 et une autre en 1864-1869. Après la mort de Hall en 1871, le couple prend part à une troisième expédition à la recherche du pôle Nord entre 1871 et 1873.

Taqulittuq était couturière et interprète tandis qu'Ipiivik servait généralement de chasseur et guide. Avec leur aide, Hall interroge des groupes d’Inuits et obtient de l’information sur le possible emplacement des navires de Franklin, le HMS Erebus et le HMS Terror.

Taqulittuq and Ipiivik aident aussi Hall à recueillir des fonds pour ses expéditions en se rendant aux États-Unis pour donner des présentations dans leurs vêtements inuits traditionnels et répondre aux questions du public sur leur mode de vie.

Survie sur un floe

Hall meurt au début de son troisième voyage, connu comme l’expédition de Polaris. En octobre 1872, à la suite d’une violente tempête, une partie du groupe, incluant Taqulittuq and Ipiivik, se retrouve prise sur un floe. Pendant plus de six mois, le groupe de 19 (y compris 5 enfants) dérive à près de 3 000 kilomètres au sud du Groenland, jusqu’à ce qu’il soit secouru par un bateau chasseur de phoques au large des côtes du Labrador. L’épreuve dure 196 jours et devient l’une des grandes épopées de survie dans l’Arctique. Les techniques de chasse et de pêche d’Ipiivik ont été essentielles à la survie du groupe.

Une vie dans le Sud et un retour dans le Nord

À la suite de cette expédition, Taqulittuq and Ipiivik s’installent à Groton, au Connecticut, sur un terrain qu’ils ont acheté avec l’argent qu’ils ont reçu de Hall. En 1875, Ipiivik se joint à l’expédition Pandora, une tentative échouée de traversée du passage du Nord-Ouest financée par Lady Franklin.

Ipiivik retourne par la suite à Groton, et Taqulittuq succombe à la tuberculose le 31 décembre 1876. En 1878, Ipiivik participe à une dernière expédition dans l’Arctique sous le commandement de Frederick Schwatka. Ipiivik reste dans l’Arctique et décède autour de 1881. En 1981, le gouvernement canadien déclare Ipiivik et Taqulittuq des personnages historiques nationaux, un titre visant à souligner les personnages et les groupes d’importance historique nationale.

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