Plus de 350 en 2023

Lieu historique national du Canal-de-Sault Ste. Marie

Par Svenja Hansen et Cecil Chabot

Cette année marque le 350e anniversaire de Moose Factory, un site historique national et le plus ancien centre continu de relations entre autochtones et Européens en Amérique du Nord subarctique. Pour marquer l’événement et encourager le développement communautaire et la réconciliation, la Moose River Heritage and Hospitality Association (MRHHA) a lancé une commémoration d’une durée d’un an.

De mars 2023 à février 2024, suivant le calendrier lunaire cri, des événements et des activités sont prévus, ainsi que des projets de rajeunissement et d’héritage dans le cadre de l’initiative Plus de 350 ans d’existence : Moose Factory à Omushkego Aski, de la nuit des temps à 1673 à 2023 (en anglais seulement). Parcs Canada participe à diverses initiatives liées à cet anniversaire, notamment pour le replacer dans l’histoire beaucoup plus vaste et profonde des peuples qui ont vécu dans cette partie de l’Omushkego Aski (terre des habitants des fondrières).

Les Môsonîw Ililiwak (Première Nation Moose Cree) vivent dans le bassin versant du sud-ouest de la baie James depuis des temps immémoriaux. D’une génération à l’autre, les anciens – et la terre elle-même – ont transmis des leçons sur l’importance de l’hospitalité et de la réciprocité, ainsi que sur les conséquences du non-respect de ces valeurs. Le terme cri pour désigner cette façon d’être est Šawelihcikewin (« sha-we-lee-chee-ke-win »), qui se traduit par « recevoir avec gratitude et désir de redonner ». La meilleure traduction en français est probablement la réciprocité, mais aussi le partage, la générosité, l’hospitalité, l’honneur et la gratitude. Lorsque la Compagnie de la Baie d’Hudson a établi un poste de traite des fourrures dans le bassin versant de la rivière Moose en 1673, il y a 350 ans, son entreprise et sa survie dépendaient du Šawelihcikewin.

Au début des années 1700, les relations entre les Cris et les Européens dans cette région s’étendaient au-delà du commerce. Lorsque les dirigeants de Moose Cree ont signé le Traité no 9 en 1905, ils s’appuyaient sur plus de deux siècles de relations entre les autochtones et les Européens, marquées par la réciprocité socio-économique, les mariages mixtes et l’interculturalité. Ces relations, à l’instar des relations préeuropéennes dans la région, n’étaient pas parfaites, mais elles permettaient d’espérer que le Traité serait respecté. Malheureusement, les années qui ont suivi le Traité ont vu l’imposition de la Loi sur les Indiens et des pensionnats dans le cadre d’un programme coercitif d’assimilation, dont les retombées se font encore sentir.

Au cours des cinquante dernières années, Parcs Canada a apposé deux plaques patrimoniales sur le territoire de la Première Nation Moose Cree : l’une en l’honneur de Philip Turnor, un arpenteur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et l’autre en l’honneur de ce qui reste des édifices originaux de Moose Factory. Pour cette dernière plaque, le MRHHA a joué un rôle déterminant en veillant à ce que les contributions des Ililiwak au poste de Moose Factory soient reconnues et exprimées non seulement en anglais et en français, mais aussi, et surtout en cri. Parcs Canada contribue maintenant à la construction d’un four communautaire commémoratif qui symbolise le Šawelihcikewin.

L’initiative « Plus de 350 en 2023 » est l’occasion de « construire un avenir sur la base de notre passé commun » en tirant les leçons du meilleur et du pire de cette histoire. C’est aussi l’occasion de célébrer la résilience de la culture crie et la résonance continue de la réciprocité et de l’hospitalité. Pourquoi ne pas faire un voyage à Moosonee et Moose Factory cet été et faire partie de l’histoire et faire l’expérience de cette hospitalité?



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