Projet de four de boulanger du fort St. Joseph

Lieu historique national du Fort-St. Joseph

L’utilisation de fours de boulanger en argile sur le lieu historique du Fort-St. Joseph a en partie justifié la construction d’un nouveau four plus petit. Le pain tout juste sorti du four constituait une ration importante pour ceux qui vivaient dans le fort et dans les régions avoisinantes. À tel point que, même sur le site du premier fort temporaire situé tout près à La Pointe, la collecte de pierres plates et d’argile destinées à construire un four faisait partie des activités rapportées par le lieutenant Andrew Foster. Quelques années plus tard, en 1802, la boulangerie permanente du fort St. Joseph a été détruite par un incendie, laissant le four endommagé et exposé aux éléments. Il a fallu attendre un an et demi avant qu’un nouveau four soit achevé à l’extérieur des murs du fort. Pendant cette période, beaucoup se sont plaints de la qualité du pain cuit dans le four endommagé.

En 2019, le personnel du lieu historique national du Fort-St. Joseph a décidé qu’une reconstitution d’un four de boulanger traditionnel en argile cuite au bois serait un parfait complément pour le site. Non seulement il s’inscrirait dans l’histoire du fort et du village environnant, mais il s’agirait d’un projet peu coûteux et à faible impact, qui permettrait de développer le programme d’interprétation de la cuisson.

L’équipe a décidé d’utiliser les fondations d’un barbecue moderne en pierre, tombé en ruine, pour bâtir le nouveau four de boulangerie, et de le surmonter d’un toit en bardeaux de cèdre. La construction a débuté par la démolition du barbecue en pierre, qui était sur le point de s’effondrer. Le solide tas de pierres ainsi obtenu a ensuite permis la reconstruction à la hauteur requise avec du mortier. Une fois la bonne hauteur obtenue, d’épaisses barres d’acier ont été courbées et fixées au mortier dans les fondations, dépassant à chaque coin afin de servir d’ancrage lorsque la structure en bois serait prête. L’utilisation de tiges filetées, d’écrous et de rondelles modernes permettra au besoin de remplacer assez facilement les rondins de la charpente à l’avenir. Une surface plane a été préparée. La phase suivante du projet, à savoir le four lui-même, a ainsi pu débuter. Les matériaux primaires, à savoir l’argile, le sable et les copeaux de bois, proviennent de sources situées sur l’île Saint-Joseph, grâce aux généreux dons des résidents locaux. Le personnel et les bénévoles ont pu piétiner et mélanger l’argile et le sable dans des proportions adéquates afin de créer les « pavés » de chaque couche du four.

Après avoir établi la base du four (figure 1), un anneau de torchis a entouré le matériau isolant et les briques réfractaires du fond du four, déterminant sa taille et sa forme, et servant de base à la construction du dôme. Une forme en éclisse de cèdre a ensuite été construite de manière à correspondre à la taille et à la forme des plans de la chambre intérieure du four (figure 2). On a veillé à ce que le rapport entre la hauteur du dôme intérieur et la hauteur de la porte soit parfait afin que le feu puisse respirer lorsque le four est chauffé. La première couche de torchis a alors été constituée sur l’ensemble de la forme de l’éclisse de cèdre (figure 3). Constituée d’un mélange de sable et d’argile, cette couche intérieure constitue une masse thermique qui retient efficacement la chaleur.

La deuxième couche, déposée au-dessus du mélange de sable et d’argile, a permis d’ajouter de fins copeaux de bois au mélange principalement composé d’argile, créant ainsi des poches d’air qui agissent comme isolant et retiennent la chaleur dans le four. Enfin, une couche fine et lisse est venue recouvrir la surface rugueuse de l’isolation, apportant la touche finale à la forme et à l’apparence du four.

Pour que le four soit prêt à l’emploi, l’argile a dû être séchée jusqu’à ce qu’elle ait durci sur toute l’épaisseur de chaque couche. Pour ce faire, de petits feux ont été allumés à l’intérieur du four, le premier brûlant le panier d’éclisses de cèdre, et les feux suivants, allumés plusieurs jours durant, brûlant plus longtemps et plus chaudement, chassant l’humidité de l’argile. Une fois complètement sec, un four en argile peut durer de nombreuses années si le temps humide n’est pas au rendez-vous. C’est la raison pour laquelle un toit était nécessaire pour ce projet!

La phase finale du projet, qui a débuté à l’automne 2020, a consisté à poser le toit à structure en rondins et à bardeaux de cèdre. Des rondins de cèdre locaux ont été apportés sur le site et préparés avec une scie à main, un ciseau et une hache. Une fois les deux cadres en A érigés et fixés à la tige filetée ancrée dans la base en pierre, des planches brutes de sciage ont été clouées en travers des cadres à l’horizontale (figure 4). Par-dessus ces planches, des bardeaux de cèdre fendu ont été installés afin de protéger le four, ainsi prêt à cuire.

À partir de 2021, dans le cadre de la commémoration du 225e anniversaire du site, le four de boulanger avait été allumé tous les dimanches pour cuire du pain en utilisant des ingrédients, des outils et des techniques employés par les boulangers à la fin du XVIIIe siècle.  (figure 5). Le four constitue le point central de la zone d’interprétation et de démonstration, donnant un aperçu d’un aspect important de la vie historique au fort St. Joseph.

La construction du four de boulanger a été grandement facilitée par les efforts consentis par les bénévoles de la communauté de l’île Saint-Joseph. Sans leur temps, leurs compétences, leurs efforts et leurs matériaux, le four n’aurait pas pu devenir un atout aussi vital du programme historique du fort St. Joseph. Aux nombreux autres pains à venir!(Figure 6)

Figure 1 - Les bénévoles mettent en place la base du four.
Figure 2 -Forme en éclisse de cèdre posée sur les briques qui constitueront le fond du four.
Figure 3 - Construction du four sur la forme en éclisse de cèdre : la première couche est presque terminée.
Figure 4 - Début de la construction de la structure de toit en A pendant que le four est allumé pour commencer le processus de séchage.
Figure 5 - C’est un succès! Du pain tout juste cuit est prêt à sortir du four.
Figure 6 - Un membre du personnel du fort St. Joseph préparant une fournée de pain au levain.

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