Les grandes explorations
Lieu historique national Cartier-Brébeuf
© Archives nationales du Canada
Entre 1534 et 1542, Jacques Cartier effectue trois voyages en Amérique du Nord. Le deuxième de ses périples, en 1535-1536, marque la reconnaissance d'une voie de pénétration intérieure du continent, le fleuve Saint-Laurent. Cet événement prend toute sa signification dans la perspective d'un développement ultérieur de la vallée laurentienne. Les réalisations du pilote malouin pour le compte de François 1er s'inscrivent dans ce grand mouvement exploratoire européen qui s'amorce à la fin du Moyen Âge. Essor démographique, transformations économiques, recrudescence des liaisons et des échanges, amélioration des moyens monétaires et du crédit, émergence d'une classe bourgeoise, renforcement du pouvoir des princes qui interviennent sur des États mieux constitués, renouveau spirituel porté par l'humanisme générateur de curiosité scientifique qui débouche sur une conception nouvelle du monde et sur une amélioration des outils de la navigation. Autant d'éléments caractéristiques de ce renouveau rendent possible, pour certains monarques européens des 15e et 16e siècles, la conquête du monde par la mer.
Les causes de l'expansion
© Musée Stewart au fort de l'île Sainte-Hélène
Quant aux principales causes de ce phénomène d'expansion, elles sont d'abord d'ordre politique, religieux et économique. Les Européens, habitués aux produits asiatiques onéreux et aux contacts faciles avec l'Inde, doivent revoir leurs stratégies d'achat à cause de la menace de plus en plus grandissante de l'Islam. La France craint de ne plus pouvoir se soustraire aux nombreux intermédiaires arabes et italiens. Intimement lié à ce commerce, le problème de la balance commerciale déficitaire avec l'Orient oblige les Européens à chercher des lieux d'approvisionnement comme l'Afrique et l'Amérique afin d'obtenir les métaux précieux nécessaires pour combler ce déséquilibre.
Amérique ou Asie ?
Au sein de ce grand mouvement exploratoire, la reconnaissance de l'Amérique occupe une place importante. Probablement déjà connue des Celtes irlandais, vers l'an 800 ou 900, l'Amérique est aperçue de nouveau par le Viking Bjarni en 986, puis visitée sporadiquement à compter de 1002 jusqu'au 14e siècle. Dès le début du 16e siècle, le Nord-Est américain est fréquenté par des pêcheurs européens, essentiellement des Basques, des Bretons et des Portugais.
Toutefois, ces exploits sont pratiquement ignorés à l'époque, car il ne s'agit pas de voyages d'exploration à caractère officiel. En 1494, quand Christophe Colomb atteint l'extrémité sud de l'Amérique du Nord, il pense être en Asie ! Plusieurs expéditions s'organisent ensuite en 1497-1498, avec Giovanni Caboto, vers les régions nord-est du continent. Outre l'Angleterre, ce sont le Portugal, l'Espagne et la France qui s'engagent tour à tour dans des missions exploratoires. C'est ainsi que, dans le sillage des Caboto, Corte-Real (1500-1502), Fagundes (1520), Gomez (1525), Rut (1527) et surtout Verrazano (1524), Jacques Cartier vient explorer des terres nouvelles.
Cap sur le Nord-Est
© Musée Stewart au fort de l'île Sainte-Hélène
Traditionnellement tournée vers la Méditerranée sur le plan commercial, occupée par des guerres ruineuses, dont celles l'opposant à l'Italie, la France s'inscrit assez tard dans ce mouvement exploratoire, soit près d'un siècle après le départ des Portugais le long de la côte africaine. Puisque les Portugais et les Espagnols se sont déjà assurés le contrôle de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale, les autres puissances européennes doivent concentrer leurs courses hors des circuits occupés. Anglais et Français orientent donc leurs efforts d'exploration principalement dans la partie nord-est de l'Amérique du Nord. On croit généralement que le succès de l'expédition de Magellan et Del Cano (1519-1522) jusqu'aux Indes suscite chez François 1er le désir de découvrir, à travers la barrière continentale américaine, au nord des explorations espagnoles, une route plus courte vers l'Asie. C'est dans ce but, mais en vain, que Verrazano scrute, en 1524, le littoral américain, de la Floride à la Nouvelle-Écosse. Et c'est aussi en poursuivant cet objectif que Jacques Cartier, quelque 10 ans plus tard, pénètre dans le fleuve Saint-Laurent.
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