Les Iroquoiens du Saint-Laurent : qui sont-ils?
Au moment des voyages de Jacques Cartier, le nord-est du continent nord-américain est habité par un très grand nombre de nations amérindiennes. Celles-ci se distinguent par leur mode de vie, leur système politique, leurs moyens de subsistance, leurs croyances et leur langue. Bien que nombreuses, ces langues se regroupent au sein de deux grandes familles linguistiques qui possèdent des parentés culturelles : les langues algonquiennes et les langues iroquoiennes.
Les groupes qui s'expriment dans une langue algonquienne occupent la majeure partie du nord-est du continent. Ce sont notamment des bandes de chasseurs nomades vivant dans la forêt boréale, dont les Innus (Montagnais et Naskapis), les Attikameks, les Cris, les Algonquins, les Nipissings, les Outaouais et les Ojibways. Puis, il y a ceux qui ont fait du versant atlantique des Appalaches leur pays et qui, à mesure que l'on avance vers le sud, dépendent de plus en plus de l'horticulture. Ce sont, du nord au sud, les Micmacs, les Malécites, les nombreux groupes formant les Abénaquis, les Mohicans ainsi que plusieurs groupes très populeux dans ce qui sera la Nouvelle-Angleterre, comme les Pequots, les Massachusetts et les Narragansetts. Finalement, plus à l'ouest, au sud des Grands Lacs et dans la haute vallée du Mississippi, vivent d'autres grandes nations qui parlent des langues algonquiennes, par exemple les Illinois, les Miamis ou les Menominis.
Carte du Québec et des Grands Lacs situant les 24 nations amérindiennes
Localisation approximative de certaines nations amérindiennes lors de la venue de Cartier
(Légende de la carte: rouge = nations iroquoiennes et vert = nations algonquiennes)À propos de l'Iroquoisie
Au beau milieu de ce vaste territoire où se parlent des langues apparentées, il existe une enclave linguistique étrangère : celle des langues iroquoiennes. Cet ensemble unique nommé « Iroquoisie » correspond à un monde culturel distinct de celui des groupes algonquins. Le territoire de l'Iroquoisie inclut la partie orientale des Grands Lacs, la vallée du Saint-Laurent et tout le nord de l'actuel État de New York. Plusieurs nations en font partie, dont les Hurons, les Pétuns, la ligue des Cinq-Nations [qui rassemble les Tsonnontouans, les Goyogouins, les Onontagués, les Oneiouts et les Agniers (Mohawks)], les Neutres, les Ériés, sans oublier les Iroquoiens du Saint-Laurent.
© Videanthrop inc., Montréal
En plus d'une parenté linguistique, les nations iroquoiennes présentent plusieurs caractéristiques communes. Elles habitent au sein de villages semi-permanents parfois palissadés, dans de longues maisons multifamiliales. Leur subsistance est basée sur une économie mixte qui comprend la culture du maïs, de la courge et des haricots, en plus de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Ces nations partagent aussi une organisation sociale fondée sur l'appartenance à des clans matrilinéaires (qui reconnaissent l'ascendance maternelle) et un système politique parfois hiérarchisé jusqu'à un niveau confédéral. Elles ont, pour la plupart, une habitude de guérilla, cultivent et font l'usage du tabac et fabriquent des vases en poterie.
Les Iroquoiens du Saint-Laurent font partie du monde culturel iroquoien. Leur territoire, situé le long du Saint-Laurent, entre le lac Ontario et l'estuaire du fleuve, en fait le groupe le plus au nord et le plus à l'est de toute l'Iroquoisie. Cette position géographique marginale donne des particularités régionales pour les plus orientaux d'entre eux, qui habitent dans la région de l'actuelle ville de Québec. Ils sont aujourd'hui parmi les moins biens connus des groupes iroquoiens, à cause de leur abandon de la vallée du Saint-Laurent après le passage de Jacques Cartier. Par conséquent, les récits de voyage du pilote malouin sont à peu près les seules descriptions directes qui soient restées de ce groupe. L'archéologie prend le relais comme source de renseignements indispensables pour la compréhension de la culture iroquoienne du Saint-Laurent.
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