Une voie navigable en mouvement

Lieu historique national du Canal-de-Chambly

Passant de la navigation commerciale à celle de plaisance, le canal de Chambly conserve, depuis son ouverture en 1843, sa fonction d’origine, soit d’être une voie navigable opérationnelle. Le canal et ses structures ont fait l’objet de nombreux travaux d’entretien dans le but d’améliorer la navigation, mais aussi, et surtout de favoriser le commerce, sur l’axe rivière Richelieu – lac Champlain, entre le Canada et les États-Unis. À titre de gestionnaire de ce lieu historique national, Parcs Canada ne cesse de réaliser des travaux de conservation des infrastructures du canal, d’opérer celui-ci comme un canal historique ainsi que de documenter et de communiquer son histoire au public.

Une voie navigable et des structures qui évoluent

Exemple de construction de type timber and masonry

Durant ses années d’opérations commerciales, de 1843 à mai 1972, le canal de Chambly fait l’objet de plusieurs projets et interventions visant à améliorer ses fonctions de lien navigable entre le Canada et les États-Unis par la rivière Richelieu. L’apparence du canal est alors modifiée en raison de l’introduction de nouveaux matériaux de construction. Les autorités du canal effectuent plusieurs travaux entre les années 1880 et le début du XXe siècle. Au cours de cette période, les écluses adoptent le style timber and masonry, ce qui signifie qu’une portion de leurs murs est faite de bois et l’autre, de maçonnerie. Ce type de construction, fort durable, fait de ces ouvrages du canal de Chambly des éléments uniques au sein des canaux canadiens.

À la même époque, on modifie la profondeur et la largeur de certaines sections de la voie navigable. La configuration s’en trouve changée à des endroits spécifiques. C’est aussi à ce moment que les murs de gabions font leur apparition au canal. Récemment remplacés à l’identique, ces derniers peuvent toujours être observés dans le secteur compris entre les ateliers du canal et l’écluse n°4 à Chambly. Bien que la voie navigable et ses nombreuses structures aient évolué dans le temps, le canal conserve son tracé d’origine ainsi qu’une grande partie de son chemin de halage. Quant aux écluses et à leur gabarit, elles témoignent toujours de la batellerie qui les empruntait, faisant du canal de Chambly un authentique barge canal.

Opérer et conserver les ressources culturelles du canal de Chambly

Désigné « lieu historique national » par le gouvernement fédéral en 1929, le canal de Chambly passe sous l’administration de Parcs Canada en juin 1972. Depuis, l’agence gouvernementale a effectué une multitude de travaux. Ceux-ci ont bien évidemment permis d’opérer la voie navigable, mais aussi de respecter son caractère historique.

À Chambly, par exemple, les ouvrages en escalier que sont les écluses n° 1, 2 et 3 ont gardé plusieurs éléments datant de la période de construction initiale du canal, notamment le radier (1840 à 1842) en maçonnerie de pierre de taille. Notons aussi que, depuis le début des années 1990, tant le système hydraulique des portes de l’écluse n° 3 que le fonctionnement des vannes des écluses nos 1, 2 et 3 ont retrouvé leur opération manuelle. La présence de la maison du Surintendant et des logettes, construites au début du XXe siècle dans le style Queen Anne Revival, renforce le caractère historique du secteur des écluses en escalier du canal de Chambly.

Logette à l'écluse 6

D’ailleurs, on retrouve des bâtiments contemporains inspirés de ce style architectural dans d’autres secteurs de la voie navigable. À Saint-Jean sur Richelieu, la logette actuelle de l’écluse 9, construite au milieu des années 1990 dans l’esprit du style Queen Anne Revival, rappelle les actions d’embellissement et les aménagements effectués au début du XXe siècle le long de la voie navigable et contribue au bel équilibre entre les aménagements contemporains et la conservation du secteur de l’écluse n°9.

La conservation d’un lieu historique national long de près de 20 kilomètres comme le canal de Chambly, qui évolue à la fois dans un milieu urbain, périurbain et rural, présente des défis stimulants. Les interventions majeures effectuées récemment dans les infrastructures permettent la poursuite des opérations de la voie navigable, tout en protégeant et en mettant en valeur ce canal historique, patrimoine précieux pour les générations actuelles et futures.

Matthieu Paradis
Conseiller de la gestion des ressources culturelles
Parcs Canada

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