Trois forts de bois et un fort de pierre
Lieu historique national du Fort-Chambly
Pourquoi un fort à Chambly? Les guerres franco-iroquoises qui marquent la seconde moitié du XVIIe siècle en Nouvelle-France expliquent la présence du premier fort de bois. Par la suite, les affrontements franco-anglais commandent la construction du fort de pierre.
Premier fort (1665-1690)
En 1665, répondant aux requêtes des habitants de la colonie, Louis XIV envoie le régiment de Carignan-Salières pour lancer une grande offensive contre les Iroquois. L'un des capitaines, Jacques de Chambly, dirige la construction du premier fort en bois sur la rivière des Iroquois (rivière Richelieu) au pied des rapides de Chambly. Érigé dans la semaine du 25 août, date de la fête de Saint-Louis, le fort prend le nom de ce saint, patron des rois de France.
Le fort Saint-Louis forme un carré de 144 pieds de côté. On peut y voir un redan sur trois des côtés tandis que sur le quatrième, une porte est protégée par un tambour. Les palissades mesurent entre 15 à 20 pieds de hauteur. L'enceinte enferme une habitation simple entourée de petits bâtiments pour abriter les soldats.
Cette première fortification fait partie d'un réseau de cinq forts construits le long du Richelieu jusqu'à sa source, le lac Champlain. Elle sert de poste de ravitaillement pour mener des raids au pays des Iroquois.
Le régiment de Carignan-Salières entreprend deux expéditions guerrières en territoire iroquois. La première, à l'hiver 1666, est un échec. La seconde, à l'automne de la même année, se termine par un saccage. Villages et récoltes sont brûlés. Résultat : signature de la paix en 1667 et retour des deux tiers des soldats en France. La paix demeure toutefois fragile.
Les hostilités franco-iroquoises recommencent de plus belle au milieu des années 1680. Les troupes des compagnies franches de la Marine viennent, à leur tour, protéger la colonie. Un premier détachement tient garnison au fort Chambly en 1685. Des hommes de la Milice de Chambly viennent aussi prêter main-forte. Le fort joue un rôle plus défensif qu'offensif.
Deuxième fort (1690-1702)
Vers 1690, un deuxième fort de bois remplace le premier fort de Chambly qui a succombé au poids des années. Mais, au cours de l'hiver 1702, celui-ci est incendié accidentellement. Il faut reconstruire!
Troisième fort (1702-1709)
Au printemps suivant, les Français construisent un troisième fort de bois même si la menace iroquoise a pris fin avec le traité de la Grande Paix de Montréal signé en 1701. Un vieil ennemi est aux portes de la Nouvelle-France : les Anglais.
La guerre de Succession d'Espagne (1702-1713), qui oppose la France et l'Angleterre, force les Français à se préparer à une attaque éventuelle, car le conflit risque de s'étendre à toute l'Amérique.
Quatrième fort (1709)
© Archives Nationales du Canada / Josué Dubois Berthelot de Beaucours / C-15990
Les Français craignent une attaque anglaise venant du sud du lac Champlain. Vis-à-vis des Anglais très bien armés, Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil gouverneur général de la Nouvelle-France, ordonne la construction d'un fort de pierre à Chambly, en novembre 1709.
Josué Dubois Berthelot de Beaucours, officier dans les troupes de la Marine et ingénieur en chef du Canada, dirige les travaux de construction entre 1709 et 1711. Cet imposant ouvrage de pierre s'inspire des principes de fortifications françaises à la Vauban. On le nomme « fort Pontchartrain », en hommage au ministre de la Marine en France. Les soldats des compagnies franches de la Marine le défendront.
Ce fort devient la plus importante fortification sur la voie d'invasion fleuve Hudson-lac Champlain-rivière Richelieu. Toutefois, il ne peut résister qu'à des tirs d'artillerie légère. Les Français comptent sur la présence des rapides pour empêcher les Anglais de transporter avec eux des canons de gros calibre.
Le fort Chambly était-il imprenable? Aussi longtemps qu'il demeure propriété de la couronne française, il ne sera jamais attaqué... l'honneur est sauf! Ce dernier fort tombera entre les mains des Britanniques le 1er septembre 1760, pendant la guerre de Sept Ans.
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