Artefacts et écofacts
Lieu historique national des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis
Pierre Cloutier and Jacques Guimont – Archéologues
Les fouilles ont généré jusqu'à présent une imposante quantité d'artefacts et d'écofacts associés à toutes les périodes d'occupation du site, depuis Champlain jusqu'à l'incendie du château.
Les objets du Régime français (1620-1759)
Objets de l'époque de Champlain
C'est la première fois que l'on trouve des artefacts associés à Champlain à la haute-ville de Québec ! Parmi eux, on découvre des fragments de grès normand, de grès du Beauvaisis et de majolique des Pays-Bas , de même que plusieurs rassades utilisées pour la traite des fourrures. Quelques fourneaux de pipes hollandaises ou anglaises font également partie des découvertes.
Un insigne papal
Parmi les objets de la première moitié du XVIIe siècle, il faut signaler la présence d'un petit insigne taillé dans une mince feuille de cuivre ayant la forme de 2 clés croisées aux pannetons opposés, symbole des armoiries papales. Cet insigne n'a pu être apporté dans la colonie que par les représentants du pape, en l'occurrence les missionnaires jésuites, arrivés à Québec en 1626.
Des objets amérindiens
Des objets d'origine amérindienne, tels que des éclats de chert vert, un fragment d'outil en pierre et deux pipes en terre cuite d'aspect noir, étaient mêlés aux artefacts de cette période. Des perles de verre ou rassades perdues par des Amérindiens ont aussi été retrouvées de même que quelques pipes en terre cuite argileuse blanche européenne fumées par des Amérindiens à l'intérieur du fort.
Des sols riches
De nombreux artefacts du Régime français ont été retrouvés dans les sols de la cour sud, dont ceux mis en place pour la construction des plates-formes à canon de 1691 et ceux déposés après l'abandon de la batterie de canons en 1742.
Les sols du XVIIe siècle
Les sols accumulés avant 1691 renfermaient :
- une quantité impressionnante de rassades (perles de verre),
- un sceau à ballot en plomb associé aux premières années d'occupation du site,
- quelques pièces de monnaie frappées sous Henri IV et Louis XIV (deux douzains de 1594 et 1595, un quart d'écu de 1603 et un liard de 1656),
- de petits dés à jouer en os,
- des restes osseux extrêmement nombreux et précieux pour documenter le menu de la table du gouverneur au XVIIe siècle.
Les sols du XVIIIe siècle
Quant aux sols déposés après 1742, ils contenaient :
- plusieurs fragments de bouteilles à vin, sur l'épaule desquelles apparaissait le blason de Charles de La Boische, marquis de Beauharnois, gouverneur entre 1726 et 1747 (le même blason était d'ailleurs peint au centre de plusieurs assiettes en faïence),
- une quantité appréciable de restes osseux (animaux de boucherie, gibier à poil et à plume et grande variété de poissons) qui permettront de mieux connaître le régime alimentaire des gouverneurs français quelques années avant la Conquête.
Des objets de luxe
Bien que peu nombreux, d'autres objets du Régime français témoignent d'un luxe certain. Parmi ceux-ci, il faut noter la présence, dans une ancienne fosse de latrines abandonnée en 1719 :
- d'une bouteille d'un modèle fabriqué en France entre 1660 et 1700,
- de verres à vin en verre fougère et en verre incolore, dans le style de Venise,
- d'un gobelet en porcelaine chinoise,
- d'un coquemar en terre cuite commune de la région de Bordeaux.
De nombreux projectiles d'artillerie
Le bombardement de 1759 a laissé peu de traces sur l'ensemble du site. Il ne fait aucun doute qu'on l'a nettoyé de la grande majorité des projectiles d'artillerie tirés depuis la rive sud du fleuve. On a récupéré une partie de ces projectiles utilisés dans la construction des fondations d'un bâtiment, dont les vestiges ont été retrouvés au cours de fouilles menées en 2001 près du kiosque Frontenac, au nord du site. Il s'agit de la plus importante collection de projectiles associés au bombardement de Québec rassemblés en un seul endroit. On a dénombré à cet endroit 45 projectiles différents :
- des boulets de canon de calibres divers,
- des bombes,
- des obus,
- des grenades à main.
Les objets du Régime anglais (1763-1834)
De riches latrines
Dans le cas des artefacts qui témoignent de la vie quotidienne des gouverneurs britanniques, ils proviennent en grande partie de deux fosses de latrines abandonnées en 1817, au moment où l'on installe des toilettes à l'eau au château.
De la vaisselle
Dans la première fosse de latrines, on a trouvé :
- plus d'une vingtaine d'assiettes en creamware de marque Wedgwood – marque populaire dans les deux dernières décennies du XVIIIe siècle –, qui ont peut-être été jetées parce qu'elles n'étaient plus au goût du jour ou qu'elles ne plaisaient plus à un nouveau gouverneur;
- une impressionnante collection de verrerie de table au plomb (plus d'une centaine de verres à vin de diverses tailles, plusieurs carafes et plusieurs rafraîchissoirs ).
Des objets pour les soins corporels
Dans la deuxième fosse de latrines, des objets davantage liés aux soins personnels et à l'hygiène ont été retrouvés :
- des pots de chambre,
- des pots à onguent,
- des fioles à lotions parfumées,
- des brocs,
- des bassins à toilette,
- des épingles pour ajuster les vêtements,
- une épingle en or sertie de turquoises importée de Chine et utilisée pour retenir un chapeau ou un turban.
Objets trouvés dans la cour sud
Parmi les autres objets retrouvés dans la cour sud, il ne faut pas oublier des lardoires (pour piquer des morceaux de lard dans la viande) et une plaque de poêle en fonte agrémentée d'un décor de couronne à plumes.
Une fosse à déchets révélatrice
Une fosse à déchets, située en contrebas de la fenêtre du lavoir, au sud du château, a révélé une très grande variété d'ossements de mammifères domestiques et sauvages, de restes de poissons, dont la variété est impressionnante, et, fait plutôt rare, de quelques coquilles de crustacés.
L'analyse des os pourrait être d'un précieux apport pour connaître une partie du régime alimentaire des gouverneurs britanniques au tournant du XIXe siècle.
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