Le coupe-feu du col Vermilion

Le mercredi 20 août 2003 - En raison des vents forts, la taille du feu échappé du ruisseau Tokumm, dans le parc national Kootenay, a doublé en quelques heures. Le feu ardent a fait rage dans le canyon Marble et est passé sur le côté est de la route 93S. Il a ensuite complètement changé de direction et s'est dirigé vers l'est et la vallée de la Bow. Cependant, le coupe-feu d'une largeur de deux kilomètres créé au col Vermillion a empêché la propagation du feu du ruisseau Tokumm au-delà de ce même col.

Le coupe-feu du col Vermilion
Le coupe-feu du col Vermilion (vue du côté ouest)
© Parcs Canada/S. Humphries/août 2003

Coupe-feux

Barrières planifiées stratégiquement, les coupe-feux sont créés dans le but d'enrayer ou de ralentir la propagation du feu en enlevant le combustible qui alimente l'incendie. Ils sont mis en place en retirant physiquement le combustible, en le brûlant à l'avance, en réduisant son inflammabilité au moyen d'eau ou de produits chimiques ignifuges à long terme, ou en combinant ces méthodes.

Coupe-feu du col Vermilion

Le feu du ruisseau Tokumm et celui du ruisseau Verendrye auraient pu quitter la vallée de la Vermilion et atteindre la vallée de la Bow si les conditions avaient été propices à la propagation.

Un coupe-feu infranchissable a été créé au sud du col Vermilion. Une fois terminée, cette barrière composée de multiples couches serait d'une largeur de deux kilomètres.

Lignes créées par les engins à chenilles

Du 11 au 15 août, six bulldozers (engins à chenilles) et une excavatrice ont créé des lignes de confinement physiques perpendiculaires à la route sur les côtés ouest et est. Les lignes ont été créées à des endroits permettant de se rendre à des points aussi élevés que possible dans la vallée. Les arbres ont été retirés et le sol a été gratté pour enlever les matières combustibles et ne laisser que le sol minéral (argile, gravier ou roc). Vis-à-vis la vallée de la Bow, les engins à chenilles ont créé une ligne d'une largeur de 30 m de chaque côté de la route. Une autre ligne de ce genre a été créée à 150 mètres au sud, mais seulement de la largeur d'une lame (6 m).

Lignes d'arrosage

La première ligne créée par les engins à chenilles étant en place, plus de deux kilomètres de lances d'incendie robustes (20 cm de diamètre) ont été transportés par le bulldozer jusqu'à une source d'eau située à un point élevé d'un versant. Tous les 30 mètres, une nouvelle ligne secondaire a été installée pour alimenter de larges arrosoirs automatiques. Ceux-ci ont créé une ligne de végétation trempée d'une largeur de 30 mètres au nord de la ligne créée par les engins à chenilles. Le secteur entre les barrières, appelé ligne noire, a également été arrosé abondamment.

Lignes d'agent ignifuge

Sur le côté ouest de la route, des hélicoptères ont répandu un agent ignifuge à long terme (un mélange de produits chimiques et d'eau) sur une ligne d'une largeur de 20 mètres parallèle à la ligne d'arrosage et au nord de celle-ci. Sur le versant est, un produit ignifuge a été répandu également sur de petites sections de terrain escarpé situées à l'extrémité supérieure de la ligne créée par les engins à chenilles.

Lignes noires

Le 16 août, les vents étaient propices au brûlage dirigé de la bande de 150 mètres située entre les lignes créées par les engins à chenilles. Des torches ont servi à allumer le combustible et à établir la « ligne noire ».

Achèvement du coupe-feu

Une fois toute la végétation brûlée, le coupe-feu avait une largeur de plus de 200 mètres, ce qui comprend les lignes noires, les lignes créées par les engins à chenilles et celles d'arrosage et d'agent ignifuge. Cependant, d'après les modèles de prédiction des feux, le vent pourrait transporter des étincelles et de la braise à plus d'un kilomètre devant les feux de forêt qui se propagent.

Pour élargir le coupe-feu, il a fallu brûler une bande de forêt d'une largeur de deux kilomètres au sud dans le parc national Kootenay. Depuis le 17 août, lorsque la situation des vents était favorable, les équipes ont allumé une série de bandes parallèles aux lignes créées par les engins à chenilles et au sud de celles-ci. Des hélicoptères ont servi à allumer les bandes, au moyen de deux méthodes : des balles de ping-pong qui s'allument par elles-mêmes et qui sont remplies d'allume-feux chimiques; des lance-flammes à action localisée qui versent à un débit précis un combustible enflammé brûlant lentement. D'autres hélicoptères patrouillaient pour détecter les petits feux disséminés à l'extérieur des lignes créées par les engins à chenilles.

Le brûlage dirigé a pris fin le 20 août, journée même où le feu du ruisseau Tokumm s'est propagé comme prévu. Les étincelles et les braises provenant de l'incendie ont allumé plusieurs feux disséminés jusqu'à ½ kilomètre devant le feu principal. Le coupe-feu du col Vermilion a permis d'empêcher la propagation du feu du ruisseau Tokumm.

Les équipes utilisent actuellement de l'équipement de balayage infrarouge pour détecter les points chauds situés à l'extérieur du coupe-feu avant que ceux-ci s'enflamment.

Les répercussions des coupe-feux sur l'environnement

Les coupe-feux causent des perturbations environnementales importantes et ne sont créés qu'après mûre réflexion.

Agents ignifuges

Parcs Canada utilise des agents ignifuges à long terme considérés comme non toxiques pour les organismes terrestres et ayant un niveau de toxicité de bas à modéré, mais de courte durée, pour les organismes aquatiques. (Pour obtenir des précisions, veuillez consulter la fiche de renseignements du 26 août intitulée Utilisation d'agents extincteurs et ignifuges pour combattre les feux échappés de 2003.)

Lignes créées par les engins à chenilles

Puisque les lignes créées par les engins à chenilles perturbent le sol, elles augmentent le risque d'érosion due au vent et à l'eau ainsi que la possibilité de problèmes d'envasement pour les systèmes aquatiques. Les plantes non indigènes peuvent envahir les sols perturbés. Des lignes de ce genre créées sur des versants escarpés peuvent causer des avalanches dans de nouveaux secteurs. Elles peuvent également nuire à l'esthétisme en raison des lignes droites créées dans le paysage.

Lignes noires et contre-feux

Ces secteurs subissent des répercussions semblables à celles causées par les feux échappés et les écosystèmes tributaires du feu récupèrent rapidement.

Mesures d'atténuation

Lors de la création du coupe-feu, un accent spécial a été mis sur la protection des points de traverse des cours d'eau pour éviter qu'ils ne soient endommagés par les équipements lourds. Les agents ignifuges ont tous été répandus à plus de 30 mètres des secteurs aquatiques.

Une stratégie de remise en état est en cours d'élaboration au sujet des répercussions environnementales des activités de lutte contre le feu de 2003, dont le coupe-feu du col Vermilion. Cette stratégie comprend :

  • de nouveaux tracés des lignes créées par les engins à chenilles pour réduire le ruissellement, et ainsi prévenir l'envasement des cours d'eau, réduire les répercussions visuelles, diminuer la possibilité d'avalanches qui atteignent la route et remettre les sites dans leur état d'origine;
  • la stabilisation des versants escarpés pour prévenir les glissements futurs;
  • le remplacement du sol et d'autres matières organiques sur les terres perturbées et le réensemencement de la végétation indigène au besoin;
  • la transplantation de stocks indigènes pour créer une barrière entre les terres et la route;
  • le suivi des répercussions à court et à long termes des agents ignifuges ou de l'envasement sur la qualité de l'eau;
  • le suivi du reverdissement et de la pousse de végétation non indigène. Le suivi de la répartition des plantes et des animaux après la remise en état.

 

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