Les chauves-souris des parcs nationaux des montagnes
Les chauves-souris, qui représentent le quart des espèces de mammifères connus de la planète, jouent un rôle important dans l’écologie de la forêt. Toutes les chauves-souris indigènes du Canada sont des insectivores, et elles avalent généralement la moitié de leur poids en insectes au cours d’une seule nuit de chasse. Leur valeur mondiale en tant qu’agents naturels de lutte contre les ravageurs pour l’agriculture et l’exploitation forestière se chiffre à des milliards de dollars. Nous pouvons aussi leur être reconnaissants de limiter le nombre de moustiques.
Les chauves-souris du Canada ont besoin de notre aide. Il existe plus de 1 000 espèces de chauves-souris dans le monde, mais seulement dix-sept d’entre elles sont régulièrement observées au Canada. La santé de plusieurs espèces en Amérique du Nord est compromise et leur nombre est en déclin en raison d’une maladie relativement nouvelle, le syndrome du museau blanc, qui pourrait avoir de graves conséquences sur la survie de ces espèces.
Ce que vous pouvez faire
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Le syndrome du museau blanc n’affecte pas les humains, mais les gens qui entrent dans les lieux d’hibernation de chauves-souris peuvent involontairement, disséminer les spores du champignon, se retrouvant sur leurs vêtements, bottes ou animaux de compagnie.
- Il est défendu d’entrer dans les cavernes des parcs nationaux sans permis. En général, les cavernes, les édifices abandonnés ou autres endroits où les chauves-souris pourraient hiberner sont à éviter. Si vous devez y entrer (et détenez un permis lorsque nécessaire), suivez le protocole décontamination du Réseau canadien de la santé de la faune.
- Si vous trouvez une chauve-souris morte, veuillez en informer le Réseau canadien de la santé de la faune (1 800 567-2033) ou un organisme provincial ou territorial de conservation de la faune. L’information transmise pourrait permettre de repérer les cas d’infection et d’en freiner la propagation
- Si vous observez une chauve-souris lors d’une visite dans un site de Parcs Canada, veuillez le signaler au personnel du parc ou composer le 1 888 773-8888.
- Apprenez-en davantage sur ces êtres fascinants et leur importance pour l’écologie. Parlez-en avec votre famille et vos amis ! Plus de gens les comprendront, mieux les chauves-souris se porteront!
Familiarisez-vous avec les chauves-souris en lisant les paragraphes qui suivent, puis transmettez à vos parents et à vos amis ce que vous avez appris au sujet de leur mode de vie fascinant. Plus nous serons nombreux à comprendre l’importante contribution écologique des chauves-souris, mieux notre planète se portera!
Le syndrome du museau blanc… De quoi s’agit-il?
Le syndrome du museau blanc est une maladie fongique qui s’attaque aux chauves-souris en hibernation. Le champignon pousse sur les chauves-souris pendant qu’elles hibernent dans des cavernes et des mines abandonnées, et il peut décimer plus de 90 % des individus d’une même population. Les chauves-souris atteintes du syndrome du museau blanc se réveillent plus souvent pendant leur hibernation, et elles en émergent plus tôt qu’elles ne le devraient. Elles épuisent ainsi leurs réserves de graisses et se voient forcées de quitter leur lieu d’hibernation de manière hâtive.
Depuis 2006, le syndrome du museau blanc a rapidement causé le déclin des populations de chauves-souris partout dans l’Est de l’Amérique du Nord. La maladie a tué au moins 5,7 millions d’individus depuis qu’elle a été découverte dans une caverne de l’État de New York en 2006. En décembre 2014, par suite de ces déclins marqués, trois espèces de chauves-souris ont été inscrites sur la liste des espèces en voie de disparition de la Loi sur les espèces en péril : la petite chauve-souris brune, la chauve-souris nordique et la pipistrelle de l’Est.
En 2016, le syndrome du museau blanc a été détecté près de Seattle, dans l’État de Washington, aux États-Unis. En prévision de l’arrivée de la maladie, Parcs Canada a entrepris des travaux de recherche et de surveillance afin de cerner les lieux abritant de fortes concentrations de chauves-souris et d’évaluer l’état de santé des populations. Il applique également des protocoles d’accès aux cavernes et de décontamination et prend des mesures pour protéger l’habitat des chauves-souris.
En 2015, Parcs Canada a produit une vidéo éducative en collaboration avec le Réseau canadien de la santé de la faune, afin de prévenir la propagation du syndrome du museau blanc au Canada. Cette vidéo montre les techniques de décontamination exemplaires à adopter pour restreindre la propagation du champignon à l’origine du syndrome du museau blanc, soit le protocole national de décontamination conçu par le Réseau canadien de la santé de la faune. La vidéo du Réseau canadien de la santé de la faune, “Protocole national de décontamination pour le syndrome du museau blanc”, et une nouvelle vidéo de renseignements généraux sur la conservation des chauves-souris seront accessibles sur la chaîne YouTube de Parcs Canada ce printemps.
Les chauves-souris et le syndrome du museau blanc
Cavernes, enregistreurs et migration :
La protection des chauves-souris dans les parcs nationaux des montagnes du Canada
Parcs Canada est reconnu comme chef de file mondial de la conservation. Dans le cadre de son programme de conservation et de restauration, il prend des mesures pour préserver les parcs nationaux et contribuer au rétablissement des espèces en péril, dont les chauves-souris. Parcs Canada reconnaît l’important rôle que jouent les chauves-souris dans l’écosystème, et il cherche à approfondir ses connaissances sur les espèces présentes dans les parcs nationaux des montagnes, dans le but de mieux les protéger.
Dans les parcs nationaux des montagnes (parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers, parcs nationaux Banff, Yoho et Kootenay, parc national Jasper et parc national des Lacs-Waterton), Parcs Canada agit de manière proactive afin de contrer le syndrome du museau blanc. Il mène des recherches pour confirmer quelles espèces de chauves-souris sont présentes dans les parcs nationaux des montagnes et pour mieux connaître leur profil de répartition, leurs déplacements et leurs lieux d’hibernation. Nous siégeons également à l’équipe nationale chargée d’élaborer un programme de rétablissement pour les trois espèces de chauves-souris en voie de disparition.
Le personnel de Parcs Canada a recours à des enregistreurs de données et à des moniteurs acoustiques pour enregistrer les cris des chauves-souris qui ne peuvent pas être perçus par l’oreille humaine. Ces outils lui permettent de confirmer la présence de chauves-souris et d’identifier les différentes espèces. Dans certains parcs, nos chercheurs suspendent un filet à mailles fines (filet japonais) entre deux perches pour capturer des chauves-souris sans les blesser afin de confirmer l’identification des espèces. Parcs Canada prend la protection des chauves-souris très au sérieux. Ces recherches lui permettront aussi de déterminer l’habitat essentiel, de manière à assurer la meilleure protection et la meilleure gestion possibles des espèces présentes dans les parcs nationaux des montagnes.
Parcs Canada a élaboré son propre protocole de surveillance des chauves-souris tout en se conformant au North American Bat Monitoring Program. Nous travaillons en étroite collaboration avec Environnement Canada et d’autres partenaires pour que les données que nous recueillons contribuent à des initiatives de conservation de plus grande envergure et au rétablissement des espèces de chauves-souris en voie de disparition.
parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers | parcs nationaux Banff, Yoho et Kootenay
parc national Jasper | parc national des Lacs-Waterton
Parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers
Par le passé, l’activité des chauves-souris était mal connue dans les parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers. Les premières études sur les cavernes Nakimu, dans le parc national des Glaciers, étaient centrées sur la géologie et les caractéristiques physiques des cavernes, et non sur le rôle qu’elles jouaient dans la vie d’espèces sauvages comme les chauves-souris. Les relevés biologiques réalisés en 1976 ont abouti à la conclusion que les cavernes n’abritaient « aucun système biologique délicat ». Dans les années 1970, un relevé visuel échelonné sur trois jours en hiver n’a révélé aucune preuve de la présence de chauves-souris dans les cavernes, mais il est venu confirmer le bien-fondé de mener des études plus poussées dans une des cavernes. En 2013, face à la progression vers l’ouest du syndrome du museau blanc et à l’absence de données de référence sur la présence de chauves-souris dans les cavernes Nakimu et sur leur profil d’occupation de l’habitat, Parcs Canada a entrepris un projet visant à appuyer la conservation des chauves-souris. L’objectif consiste à mieux comprendre le profil d’occupation des cavernes par les chauves-souris, à consigner les différentes espèces présentes et à établir les paramètres temporels de l’utilisation des cavernes (c.-à-d. à déterminer si les chauves-souris y passent l’hiver).
Pendant une période de 18 mois en 2013 et en 2014, Parcs Canada a laissé des dispositifs d’enregistrement acoustique et des enregistreurs de température et d’humidité relative à plusieurs endroits dans les cavernes Nakimu. Ces dispositifs ont recueilli des données sur le climat des cavernes et ont enregistré tous les bruits ambiants, y compris les cris des chauves-souris. Il nous a ainsi été possible de déterminer quelles espèces de chauves-souris occupent les cavernes et à quelles périodes. En outre, nous avons prélevé des échantillons de sol dans les cavernes, et les résultats des analyses ne révèlent aucune trace du syndrome du museau blanc. Les données recueillies au cours de ces 18 mois serviront de cadre de référence sur les conditions ambiantes des cavernes Nakimu. Elles nous aident à mieux comprendre le profil de répartition des chauves-souris, leurs déplacements et les lieux où elles hibernent. Ces renseignements revêtent un caractère essentiel à l’heure où nous cherchons à prévenir la propagation du syndrome du museau blanc.
Pour obtenir une confirmation visuelle de la présence de chauves-souris, les chercheurs ont installé des filets japonais dans les cavernes et capturé plusieurs petites chauves-souris brunes en 2015. Ils ont procédé à un examen rapide des bêtes capturées et ont prélevé des échantillons d’ADN et recueilli d’autres données avant de les relâcher dans la nature. Les résultats des recherches indiquent que les parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers servent d’habitat à au moins neuf espèces de chauves-souris, dont la petite chauve-souris brune et la chauve-souris nordique, toutes deux classées espèces en péril. Dans les cavernes Nakimu, 65 % des chauves-souris enregistrées étaient des petites chauves-souris brunes. C’est de la fin de juillet à la mi-septembre que l’activité des chauves-souris était la plus intense. Les profils d’activité donnent à penser que les cavernes servent de lieu de rassemblement nuptial et peut-être d’hibernaculum (lieu d’hibernation).
Pour les chercheurs, les prochaines étapes consistent à installer de nouveaux filets japonais pour confirmer l’identification des chauves-souris résidentes et à surveiller les cris pour établir si les cavernes Nakimu servent bel et bien d’hibernaculum.
Parcs nationaux Yoho, Kootenay et Banff
On sait peu de choses sur les chauves-souris des parcs nationaux Banff, Yoho et Kootenay, mais les données recueillies permettent d’attester la présence de sept espèces, dont la petite chauve-souris brune, une espèce en voie de disparition.
Parcs Canada effectue des recherches pour confirmer l’identification des espèces présentes dans les parcs, leur nombre et les lieux qu’elles fréquentent :
- En 2015, Parcs Canada a installé des détecteurs acoustiques dans deux cavernes et une mine des parcs nationaux Banff et Yoho. Ils ont ainsi obtenu des preuves de l’existence d’un hibernaculum dans une caverne située en bordure de la promenade des Glaciers, dans le parc national Banff. La caverne renfermait deux chauves-souris en hibernation ainsi que de nombreux os de chauves-souris et du guano, ce qui sous-entend une occupation à long terme. Le personnel compte étendre son travail d’inventaire à d’autres cavernes et mines abandonnées des parcs nationaux Banff, Yoho et Kootenay.
- Des recensements ont également été réalisés dans les parcs nationaux Banff et Yoho en 2015. Les données recueillies seront transmises aux responsables du North American Bat Monitoring Program, un programme continental de surveillance des chauves-souris qui fournit des données fiables pour étayer la prise de décisions en matière de conservation et faciliter ainsi la gestion des populations de chauves-souris à l’échelle du continent. En 2016, ce travail de recensement sera étendu au parc national Kootenay.
Parc national Jasper
Parcs Canada collabore avec le ministère de l’Environnement et des Parcs de l’Alberta à un recensement des chauves-souris du parc national Jasper dans le cadre du North American Bat Monitoring Program. Les recherches révèlent que le parc national Jasper abrite au moins huit espèces de chauves-souris, dont la chauve-souris cendrée (la plus grosse des chauves-souris du Canada), de même que la petite chauve-souris brune et la chauve-souris nordique (toutes deux classées espèces en péril).
Une caméra Web installée par Parcs Canada dans un dortoir connu du Centre des Palissades pour l’enseignement de la gérance permet à quelque 1 900 jeunes par année de découvrir la vie secrète des chauves-souris. La ville de Jasper abrite aussi de nombreuses chauves-souris. Une nuit, Parcs Canada a installé un moniteur acoustique (pour enregistrer les cris des chauves-souris) dans une arrière-cour de la ville, et les chauves-souris y étaient si actives que la carte mémoire était remplie avant la matinée. Le dispositif a malgré tout enregistré les cris de sept des huit espèces de chauves-souris présentes dans le parc!
Chauves-souris en direct — parc national Jasper : mères et petits
Transmission en direct des chauves-souris du Centre des Palissades pour l’enseignement de la gérance (page en anglais seulement) En direct des mois de mai à août (expérience visuelle meilleure en juin et juillet)
Parc national des Lacs-Waterton
Avant les premières recherches sur les chauves-souris, les chercheurs croyaient que le parc national des Lacs-Waterton en abritait cinq espèces. Après avoir installé des filets japonais et réalisé des relevés acoustiques dans le cadre d’un partenariat avec le parc national Glacier, au Montana, Parcs Canada a pu confirmer la présence de huit espèces de chauves-souris dans le parc. L’étude, qui s’est échelonnée sur deux ans (2011 et 2012), a révélé que le parc des Lacs-Waterton se trouvait le long d’une importante route migratoire empruntée par les chauves-souris arboricoles (qui dorment dans les arbres), par exemple la chauve-souris argentée, la chauve-souris rousse et la chauve-souris cendrée. Pour les chauves-souris, les grands cours d’eau des parcs sont des autoroutes. Il est arrivé que les chercheurs enregistrent la présence de centaines de chauves-souris volant au-dessus de leurs têtes. Les scientifiques ont également confirmé la présence de la petite chauve-souris brune, une espèce en voie de disparition, dans un secteur habité du parc, et ils y ont installé des dortoirs devant servir d’habitat de rechange à l’espèce. Parcs Canada continue d’approfondir ses connaissances sur le profil d’occupation de l’habitat du parc par les chauves-souris, et il contribue à la base de données du North American Bat Monitoring Program en fournissant des renseignements recueillis dans le cadre d’un projet de surveillance réalisé à l’échelle du parc entier.
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