Rapports d'accidents - avril 2015
Sécurité en montagne
Un grimpeur bloqué sur une falaise aux chutes Cascade, dans le parc national de Banff – Le 26 avril 2015
Le dimanche 26 avril 2015, le Service de répartition de Banff a reçu un appel d’un groupe de grimpeurs qui faisaient de l’escalade en aval des chutes Cascade. Ils avaient entendu des appels à l’aide venant de plus haut et repéré un grimpeur qui se trouvait à environ 60 m au dessus d’eux, dans un secteur au relief difficile, et qui ne pouvait ni monter plus haut, ni redescendre. Le grimpeur n’était pas blessé et était assis sur une corniche.
L’appel a été acheminé au spécialiste de la Sécurité des visiteurs (SV) de service ce jour là, qui a rapidement conclu qu’il ne s’agissait pas d’une fausse alerte. Un second spécialiste de la SV est allé évaluer la situation à l’aide de jumelles depuis le terrain de stationnement et a conclu qu’un hélicoptère serait le meilleur moyen d’accéder au lieu. L’hélicoptère de Canmore a été appelé à se rendre en un point convenu de la bande d’atterrissage de Banff, en aval de la paroi rocheuse.
Trois spécialistes de la SV sont montés à bord et ont évalué la scène depuis l’hélicoptère. Ils ont jugé que le meilleur moyen pour eux d’accéder au lieu serait d’être déposés par l’hélicoptère sur une petite corniche à environ 10 m au-dessus et à la gauche du grimpeur. La corniche était si petite qu’ils ont jugé risqué de se détacher de l’élingue de l’hélicoptère sans avoir établi un ancrage dans la paroi rocheuse. Le premier sauveteur a donc été déposé sur place et a percé la paroi pour y placer un point d’ancrage tout en étant rattaché à l’élingue. Une fois le point d’ancrage en place, ce sauveteur s’y est accroché avant de se libérer de l’hélicoptère. Il a ensuite créé un autre ancrage à deux points pour recevoir le deuxième sauveteur.
Une fois les deux sauveteurs sur place, l’un d’eux est descendu auprès du grimpeur et lui a passé un harnais pour l’accrocher sur la corde. Puis, tous deux ont été hissés jusqu’au point d’ancrage initial où les sauveteurs avaient été déposés par l’hélicoptère. Le grimpeur et un sauveteur ont été hélitreuillés depuis le point d’ancrage initial à l’aide d’une technique faisant appel à un nœud de relâchement pour transférer leur poids de l’ancrage de la paroi à l’élingue de l’hélicoptère. Le deuxième sauveteur est descendu en rappel et a été récupéré en terrain praticable.
Analyse
Le grimpeur a commis quelques erreurs courantes dont nous pouvons tirer des leçons :
- Il est beaucoup plus difficile de descendre que de monter quand on fait de l’escalade. Malheureusement, bien des gens ne s’en rendent compte que quand ils ont atteint un point difficile où ils ne peuvent plus grimper. Ils veulent alors faire demi tour et c’est là qu’ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas redescendre.
- Examinez votre ligne de grimpe depuis le bas pour avoir une bonne idée de la difficulté du terrain par rapport à vos capacités. Si vous grimpez sans corde, vous n’avez pas le droit à l’erreur et très peu de possibilités de vous tirer d’un éventuel mauvais pas.
- Grimper seul est beaucoup plus dangereux qu’avec un partenaire. Si quelque chose va mal alors que vous êtes seul, vous n’avez personne pour vous venir en aide ou appeler les secours. Ce grimpeur a eu de la chance qu’il y ait, plus bas, un autre groupe qui a pu appeler à l’aide.
- Ayez toujours sur vous un appareil de communication. Ce grimpeur avait un téléphone, mais il était dans son sac, qu’il avait lancé au bas de la falaise quand il a commencé à avoir de la difficulté à progresser. S’il avait eu son téléphone sur lui, il aurait pu appeler à l’aide plus tôt et les spécialistes de la SV auraient pu lui parler et lui recommander de rester où il était en attendant les secours.
- Équipez-vous adéquatement pour l’activité que vous choisissez. Ce grimpeur n’avait ni harnais, ni matériel, ni corde, et portait des chaussures inadéquates pour l’escalade sur paroi rocheuse. Si vous allez en terrain accidenté ou exposé, apportez un harnais, un casque, de la corde et du matériel et sachez l’utiliser. Apprenez auprès de personnes expérimentées ou faites appel à un membre de l’Association des guides de montagne canadiens (AGMC) pour vous initier!
Finalement, le grimpeur a fait le bon choix quand il a compris qu’il n’était plus dans sa zone de confort, en restant immobile jusqu’à l’arrivée des sauveteurs. S’il avait essayé de redescendre sur ce terrain difficile et meuble, il aurait très bien pu déraper ou perdre prise et tomber.
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