Aster de la Nahanni

Réserve de parc national Nahanni

On retrouve l’aster de la Nahanni, une espèce endémique, à divers endroits où se rencontrent des tufs et des sources thermales dans la réserve de parc national Nahanni.

Les seuls endroits connus où existe cette petite plante à fleurs blanches sont dans le parc Nahanni.

Chaque élément d’un écosystème dépend d’un autre. Tout comme le tuf (une formation de calcite) a besoin d’eau pour se former, l’aster de la Nahanni a besoin d’un tuf et d’une source thermale pour survivre et prospérer.

En raison de sa rareté, l’aster de la Nahanni figure sur la liste des espèces préoccupantes en vertu de la Loi sur les espèces en péril, et Parcs Canada travaille sans relâche pour surveiller et protéger cette plante.

écouverte à deux ou trois endroits dans les années 1970, seuls deux dénombrements de l’aster avaient été effectués. Le plus récent a eu lieu en 2012.

Il restait beaucoup de points d’interrogation : comment se portent les populations depuis le dernier dénombrement? Qu’est-ce que l’aster de la Nahanni aime ou non comme habitat? Y a-t-il d’autres populations que l’on ne connaît pas?

Pendant l’été 2019, quatre employés de Packs Canada sont partis explorer des sources éloignées et fantastiques où pousse l’aster de la Nahanni afin de mieux comprendre sa biologie et sa répartition. Ils voulaient non seulement établir un programme de surveillance aux endroits connus, mais également se rendre à d’autres sources inexplorées en quête d’aster de la Nahanni.

Partez à l’aventure avec nous et retournons ensemble à cet été-là dans notre série hebdomadaire, « La vie (pas si secrète) des chercheurs d’aster de la Nahanni ». Nous publierons sur la page Facebook de Parcs Canada TNO au cours des huit prochaines semaines, et vous pouvez faire défiler l’écran pour lire les récits déjà publiés.

La vie (pas si secrète) des chercheurs d’aster de la Nahanni. Dans cette série hebdomadaire, les chercheurs vous raconteront des histoires pendant les huit prochaines semaines. Ils vous expliqueront exactement ce qu’ils ont fait pendant l’été 2019, vous parleront de toutes les choses sensationnelles qu’ils ont vues en cours de route et, surtout, ce leurs découvertes!

  • Épisode 1 – Nous planifions et nous nous préparons

    L’aster de la Nahanni est connu de la science seulement depuis 1975, lorsque les botanistes Scotter et Cody l’ont découverte à trois sources thermales dans la réserve de parc national Nahanni. Deux dénombrements, menés en 2003 et 2012, ont trouvé des populations à trois autres endroits, mais les différents objectifs et méthodes des dénombrements rendaient la comparaison difficile.

    Nous voulions pouvoir répondre aux questions suivantes :

    • Combien y a-t-il d’asters de la Nahanni?
    • Quelle superficie de chaque source couvraient-ils?
    • Quels pourraient être les facteurs ayant une incidence sur leur lieu de croissance?
    • Quel type d’habitat aime-t-il (ou non)?

    Le fait de pouvoir répondre à ces questions nous permettrait de planifier et de mieux gérer le travail de conservation, mais également d’obtenir des données exactes pour les dénombrements futurs.

    Étant donné que l’aster de la Nahanni n’avait jamais fait l’objet de surveillance, nous avons commencé par étudier la façon dont d’autres personnes surveillent les plantes rares, ainsi que le type d’information recueilli. Cela nous a aidés à préparer un nouveau voyage, un nouveau protocole et de nouvelles feuilles de données.

    Il ne restait qu’environ quatre semaines pour nous préparer au milieu d’une saison déjà bien remplie, alors nous avons absorbé tout le savoir possible.

    Nous avons examiné les rapports des dénombrements précédents afin d’en apprendre le plus possible au sujet de la plante et de son habitat tout à fait particulier, notamment en étudiant des photographies et des guides de l’aster de la Nahanni et d’autres espèces similaires afin de pouvoir identifier la plante sur le terrain. Nous avons en outre passé en revue des documents historiques ayant trait à des sources thermales et provenant de levés géologiques afin de déterminer les sources pouvant constituer un habitat pour cette espèce.

    Enfin, nous avons réuni notre matériel de camping, notre équipement de sécurité et notre équipement scientifique spécialisé en nous assurant de ne rien oublier. On ne peut pas revenir chercher quelque chose une fois que l’hélicoptère décolle!

  • Épisode 2 – Nous cartographions très soigneusement

    Personne ne savait où l’aster de la Nahanni pousse à chacune des sources, alors notre première tâche sur le terrain était de trouver les plantes.

    Pouvez-vous vous imaginer à quel point nous étions excités quand nous en avons trouvé un? Nous étions TELLEMENT heureux. Bien peu de gens ont cette chance!

    Les asters de la Nahanni sont plutôt petits et c’est difficile de les voir quand ils ne sont pas en fleur! Il nous a fallu au moins trois heures pour les trouver à chaque endroit. Nous avons parcouru des kilomètres à pied en exécutant des allers-retours à chaque source et en faisant extrêmement attention de ne pas endommager les tufs fragiles et de ne pas piétiner les plantes. Nous avons même été pieds nus à certains endroits pour réduire l’impact!

    Toutes les sources doivent offrir les bonnes conditions pour que l’aster de la Nahanni y pousse, mais elles sont toutes très différentes. Nous avons pataugé à mi-cuisse dans des chenaux, nous avons failli rester pris dans la boue ailleurs, et nous avons fait une offrande de tabac à Gahnįhthah Mįe, un endroit spirituel et sacré pour les Dénés.

    En marchant, nous avons cartographié l’emplacement des plantes à l’aide de dispositifs GPS portatifs, de photos et de carnets de notes.

    Cela nous a aidés plus tard à calculer la superficie d’occupation afin de l’indiquer dans le Plan de gestion de l’aster de la Nahanni au Canada

    Si ce projet vous emballe autant que nous, veuillez faire parvenir vos commentaires au sujet du Plan de gestion d’ici le 21 juillet (la SEMAINE PROCHAINE!) ici : https://bit.ly/3epXzEi

  • Épisode 3 – Nous commençons à recueillir des données
     

    Maintenant que nous savions où se trouvaient les plantes à chaque source, nous étions en mesure d’étudier de plus près les conditions de croissance.

    Nous avons défini des parcelles d’un mètre sur un mètre afin d’établir une zone témoin. Nous avons effectué trois ou quatre décomptes en parcelles aléatoires à chaque endroit. Nous avons compté dans le quadrillage le nombre de tiges d’asters de la Nahanni et noté si la plante était en fleur ou avait des graines. Ceci nous a permis d’obtenir une estimation de la densité d’asters sur le site.

    S’il y avait de l’eau assez profonde à proximité, nous avons utilisé une sonde, un appareil de surveillance de la qualité de l’eau, pour mesurer les niveaux de pH, l’oxygène dissous, la température et la conductivité, car ces facteurs peuvent avoir une incidence sur la croissance des plantes.

     

    Comme les chercheurs avant nous, nous avons remarqué que l’aster de la Nahanni était plus commun, poussait en plus grande densité et fleurissait davantage près du bord des sources. Nous avons toutefois également trouvé de plus petits plants dotés seulement de feuilles dans des zones d’anciens tufs secs.

    Ces différences dans le type de croissance pourraient permettre de comprendre les facteurs environnementaux qui créent des conditions de croissance idéales pour l’espèce, ou de déterminer si des populations distinctes ont évolué avec le temps de sorte que les plantes à chaque source ont maintenant une apparence un peu différente. Nous avons soigneusement préservé dans un presse-spécimens quelques échantillons de chaque endroit à des fins de recherche, ainsi que des échantillons des espèces qui poussent près de l’aster de la Nahanni.

  • Épisode 4 – Nous étendons notre recherche

    Comme nous connaissons les asters de la Nahanni des sites connus, nous pourrions explorer de nouveaux endroits présentant des possibilités, soit trois sources ayant des caractéristiques de qualité de l’eau semblables, mais ne faisant pas partie des dénombrements précédents.

    En employant les mêmes méthodes qu’en 2012, nous avons survolé chaque source possible pour voir s’il y avait du tuf ou un autre habitat convenant à l’aster de la Nahanni. Nous avons vu tout de suite que le premier site ne convenait pas, car nous avons constaté que la source était presque tarie, qu’il n’y avait pas de tuf aux alentours, ni végétation quelconque ou substrat moussu.

    En revanche, la deuxième source comportait des prairies à bryophytes et des dépôts de calcium dans le sol qui semblaient très prometteurs.

    Après avoir atterri, nous avons rapidement trouvé d’autres espèces d’asters (Symphyotrichum boreale) qui poussaient en lisière de la forêt.

    Alors… une de nos techniciennes, Sheyanne, a repéré des plantes de deux pouces de haut dotées de feuilles étroites vert-mauve… peut-être des asters de la Nahanni! Après avoir cherché un peu plus, nous avons découvert une deuxième parcelle, que nous avons soigneusement cartographiée avant de compter les tiges et de prélever quelques échantillons. Ces plantes étaient un peu différentes de l’aster de la Nahanni des autres sites, et ne fleurissaient pas, donc nous n’étions pas tout à faire sûrs que c’était bien la même plante. Il fallait consulter des experts! Nous étions tous très excités au retour. Nous avions peut-être trouvé une nouvelle population!

    Quelle magnifique fin d’expédition!

  • Épisode 5 – Nous avons peut-être trouvé une nouvelle population

    C’était fantastique de découvrir ce qui semblait être un aster de la Nahanni à un nouvel endroit le dernier jour de notre voyage! Mais cela pouvait-il donc être vrai?

    Avions-nous vraiment trouvé un septième site d’aster de la Nahanni?

    ous ne pouvions pas être sûrs, pas avant d’envoyer des photos de la source et des spécimens de la plante à John Semple, l’expert mondial de cette espèce, afin qu’il vérifie notre découverte.

    Le lieu de notre découverte semblait idéal pour l’aster de la Nahanni, mais l’identification peut être très spécifique. Par exemple, la largeur des feuilles, le diamètre à la base de tige et le nombre d’inflorescences peuvent contribuer à distinguer l’aster de la Nahanni d’autres espèces apparentées. M. Semple a donc comparé nos spécimens à des spécimens d’Aster de la Nahanni pour vérifier tous ces aspects.

    Heureusement, il a confirmé nos espoirs : il y a une nouvelle population, même si elle est petite, à la source Persistent!

    Étant donné que l’aster de la Nahanni se trouve à si peu d’endroits, toute population supplémentaire peut aider à protéger l’espèce des phénomènes destructeurs aléatoires comme les glissements de terrain.

    De plus, il reste des sources thermales où les chercheurs d’aster de la Nahanni ne sont pas encore allés, et il pourrait donc y exister d’autres populations!

  • Épisode 6 – Nous nous préparons pour le futur

    Nous avons donc découvert une septième (!) population d’aster de la Nahanni, mais l’aventure ne s’arrête pas là.

    Puisque nous savions qu’il s’agissait d’une nouvelle population, nous avions beaucoup de travail à faire. Pendant tout l’été, nous devions recueillir toutes les données et tous les renseignements requis ainsi que des spécimens de plantes à un endroit afin de pouvoir organiser et analyser tout ça.

    Quand on fait une telle trouvaille, diffuser nos connaissances nouvellement acquises est primordial. Nous avons envoyé quelques photos et des spécimens montés au Musée canadien de la nature afin d’en assurer la conservation pour les Canadiennes et les Canadiens.

    De plus, nous avons soigneusement consigné toutes les données des parcelles et les données GPS recueillies, puis nous les avons épurées afin de découvrir ce qu’elles pouvaient nous révéler sur les plantes et leur habitat. Mel, notre technicienne des systèmes d’information géographique, a cartographié les données sur des images satellites pour que nous puissions voir facilement la répartition des plantes à chaque emplacement.

    Une fois notre organisation terminée, nous avons mis à jour les estimations sur l’abondance et la superficie occupée dans le Plan de gestion de l’aster de la Nahanni au Canada. La période de réception des commentaires du public sur ce document est d’ailleurs terminée, ce qui signifie qu’il sera bientôt achevé! Merci de votre aide!

    L’aster de la Nahanni se reproduit au moyen de rhizomes (de longues racines peu profondes) qui produisent des clones de la plante adulte. Il est donc difficile de compter les « individus » quand on fait une estimation de l’abondance; nos nouvelles méthodes de dénombrement dans les parcelles ont permis d’établir un processus uniforme en vue des évaluations futures.

    En examinant toutes les données, nous avons constaté que l’habitat de prédilection de cette plante rare est très variable. Même sur les sites individuels, nous avons remarqué des différences, en particulier près des grandes sources, où il y a à la fois des zones d’écoulement d’eau de source et d’anciennes terrasses de tuf sèches.

    Nous avons constaté que les plantes de l’aster de la Nahanni étaient plus denses, plus grandes et plus disposées à fleurir quand elles sont près d’eaux profondes, dans des secteurs où la température de l’air est plus élevée qu’ailleurs.

    La surveillance continue nous aidera à évaluer les besoins en matière d’habitat de cette plante et les changements au sein des populations d’aster de la Nahanni. Le plus excitant dans tout ça?

    Il nous reste beaucoup de choses à découvrir sur cette plante unique. Nous espérons que, au cours des cinq prochaines années prévues pour la mise en œuvre du Plan de gestion de l’aster de la Nahanni au Canada, nous en apprendrons davantage auprès des détenteurs du savoir autochtone et des chercheurs.

  • Épisode 7 – Nous sommes curieux de savoir ce que l’avenir nous réserve

    À en juger par les données recueillies pendant notre voyage de 2019 – sans oublier le nouveau site découvert à la source Persistent! – l’aster de la Nahanni se porte bien en ce moment. Par contre, comme l’aster se trouve seulement à sept endroits, les changements environnementaux comme les glissements de terrain, les espèces envahissantes et le changement climatique pourraient nuire aux plantes ou à leurs habitats et se transformer rapidement en menaces pour l’espèce.

    C’est pourquoi l’aster de la Nahanni est inscrit comme « espèce préoccupante » dans la Loi sur les espèces en péril.

    L’Agence Parcs Canada va continuer à veiller sur l’aster de la Nahanni suivant le Plan de gestion de l’aster de la Nahanni au Canada afin de protéger la population de l’aster de la Nahanni et de maintenir sa répartition et son abondance tout en améliorant notre compréhension du rôle et des besoins écologiques de l’espèce, et en faisant connaître celle-ci, les menaces possibles à sa conservation et les possibilités de recherche connexes.

    Si vous nous avez fait part de vos commentaires sur le Plan de gestion avant la fin de la période prévue pour les commentaires du public, qui était le 21 juillet, nous vous en remercions infiniment.

    Au cours des cinq prochains mois, nous travaillerons à l’intégration des commentaires dans le Plan, qui sera bientôt publié dans sa forme définitive.

 

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